samedi 31 décembre 2011

Les moines prient même pour les démons

Les moines ne prient pas seulement pour les vivants et les morts, mais même pour les créatures les plus misérables, les démons, qui, malheureusement, même si des milliers d'années ont passé, sont devenus pires et ont progressé dans leur méchanceté.

Un jour, un moine ressentit beaucoup de douleur et, pendant qu'il était agenouillé en prière, il dit ce qui suit: "Tu es Dieu et, si Tu le veux, tu peux trouver un moyen de sauver ces malheureux démons qui les premiers ont joui d'une grande gloire, mais maintenant sont pleins de tout le mal et la ruse du monde. Sans Ta protection, ils auraient dévoré tous les êtres humains. " Tandis qu'il prononçait ces paroles, en priant dans la douleur, il vit près de lui, la tête d'un chien qui lui tirait la langue et se moquait de lui. Il semble que Dieu a permis que cela se produise dans le but d'informer le moine qu'il est prêt à accepter les démons à condition qu'ils se repentent, mais qu'eux-mêmes ne veulent pas que leur salut.

On se rend compte par cet incident, non seulement le grand amour des moines, qu'ils reçoivent comme une sorte d'Amour infini qui est Dieu, mais aussi l'amour de Dieu, qui est prêt à sauver les démons et, en dépit des milliards de crimes qu'ils ont commis, si seulement ils se repentent.

reproduit du site:


vendredi 30 décembre 2011

Image & ressemblance selon saint Basile le Grand (2)



« Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » Vois-tu en quoi le Seigneur nous donne ce qui est à la ressemblance ? « Car il fait lever son soleil sur les méchants et les bons, et fait pleuvoir sur les justes et les injustes. » Si tu deviens adversaire du mal, sans rancune et oublieux de l’inimitié de la veille, si tu aimes tes frères et leur es compatissant, tu ressembles à Dieu. Si tu pardonnes du fond du cœur à l’ennemi, tu ressembles à Dieu. Si ton attitude envers le frère qui t’a offensé est semblable à celle de Dieu envers toi pécheur, par la miséricorde envers le prochain, tu ressembles à Dieu. Ainsi tu possèdes ce qui est à l’image, parce que tu es raisonnable (logikos), mais tu deviens à la ressemblance en acquérant la bonté. Acquiers « des entrailles de compassion et de la bienveillance » afin de revêtir le Christ. Les actions qui te font acquérir la compassion sont les mêmes, en effet, que celles qui te font revêtir le Christ, et l’intimité avec lui te fait intime avec Dieu. Ainsi cette histoire [de la Genèse] est-elle une éducation de la vie humaine. « Créons l’Homme à l’image » : qu’il possède par la création ce qui est à l’image, mais qu’il devienne aussi à la ressemblance. Dieu en a donné la puissance ; s’il t’avait créé aussi à la ressemblance, où serait ton privilège ? Pourquoi as-tu été couronné ? Et si le Créateur t’avait tout donné, comment le royaume des cieux s’ouvrirait-il pour toi ? Mais il se fait qu’une partie t’est donnée, tandis que l’autre a été lissée inachevée : c’est pour que tu t’achèves toi-même et que tu sois digne de la rétribution qui vient de Dieu.

-- Comment devenons-nous donc à la ressemblance ?
-- Par les évangiles.
 
-- Qu’est-ce que le christianisme ?
-- C’est la ressemblance de Dieu autant qu’il est possible à la nature de l’Homme. Si tu as reçu la grâce d’être chrétien, hâte-toi de devenir semblable à Dieu, revêts le Christ. Comment le revêtiras-tu si tu n’es pas baptisé ? si tu ne portes pas le vêtement d’incorruptibilité ? Renonces-tu à la ressemblance à Dieu ? Si je te disais : voilà, deviens semblable à l’empereur, ne trouverais-tu pas que je suis un bienfaiteur ? Et maintenant que je veux te rendre semblable à Dieu, vas-tu fuir la parole qui te déifie, vas-tu te boucher les oreilles afin de ne pas entendre les paroles salvatrices ?

Saint Basile de Césarée, Sur l’origine de l’homme, op. cit. I, 17.

Cet autre passage de la première homélie est lui aussi riche de sens. Relevons seulement quelques traits saillants.

Le premier, et le plus frappant, déjà exprimé dans le paragraphe 16, est que Dieu a laissée inachevée sa création afin que l’Homme acquière l’honneur et la gloire d’achever cette création. Or cette création, c’est celle de lui-même, de sorte que l’Homme « s’achève lui-même », qu’il devienne co-créateur de lui-même. C’est assez prodigieux !

Deuxième trait : la ressemblance avec Dieu s’acquiert par la compassion, le pardon des ennemis, la bonté, la miséricorde… Les membres du Régime rectifié qui connaissent leurs classiques se souviendront qu’Henri de Virieu, dans le « Mémoire sur la bienfaisance » qu’il a présenté au convent de Wilhelmsbad et qu’il a fait approuver par lui, exprime en d’autres termes exactement la même idée, à savoir que la pratique de la bienfaisance est un moyen sûr d’acquérir la ressemblance à Dieu. La clef de cela est donnée dans le présent texte : ces actions de bienfaisance ou de compassion font revêtir le Christ et rendent intime avec Dieu, en un mot elles sont un instrument de déification (le terme est dans le texte).


Troisième trait : ces actions, morales en soi, ont une finalité qui dépasse la morale, puisqu’elles ont une incidence qu’on peut qualifier d’essentielle sur la nature de l’Homme..


Enfin, dernier trait, présent en filigrane : le royaume des cieux est supérieur au paradis puisqu’on n’y accède qu’en ayant conquis la ressemblance parfaite alors qu’elle était encore imparfaite à l’origine.






Image et ressemblance selon saint Basile le Grand

« Créons l’Homme à notre image et à notre ressemblance ». Nous possédons l’un par la création, nous acquérons l’autre par la volonté. Dans la première structure, il nous est donné d’être nés à l’image de Dieu ; par la volonté se forme en nous l’être à la ressemblance de Dieu. Ce qui relève de la volonté, notre nature le possède en puissance, mais c’est par l’action que nous nous le procurons. Si en nous créant, le Seigneur n’avait pris à l’avance la précaution de dire « Créons » et « à la ressemblance », s’il ne nous avait pas gratifiés de la puissance de devenir à la ressemblance, ce n’est pas par notre pouvoir propre que nous aurions acquis la ressemblance à Dieu. Mais voilà qu’il nous a créés en puissance capable de ressembler à Dieu. En nous donnant la puissance de ressembler à Dieu, il a permis que nous soyons les artisans de la ressemblance à Dieu, afin que nous revienne la récompense de notre travail, afin que nous ne soyons pas comme ces portraits sortis de la main d’un peintre, des objets inertes, afin que le résultat de notre ressemblance ne tourne pas à la louange d’un autre. En effet, lorsque tu vois le portrait exactement conformé au modèle, tu ne loues pas le portrait, mais tu admires le peintre. Ainsi donc, afin que ce soit moi l’objet d’admiration et non un autre, il m’a laissé le soin de devenir à la ressemblance de Dieu. En effet, par l’image je possède l’être raisonnable, et je deviens à la ressemblance en devenant chrétien.

Saint Basile de Césarée, Sur l’origine de l’Homme, première homélie : l’Etre à l’image, I, 16 (Sources chrétiennes n° 160, 1970)

(à suivre)

Ces considérations de saint Basile et les suivantes sont d’une importance primordiale. Comme tous les Pères grecs, il introduit une distinction radicale entre « à l’image » et « à la ressemblance ». L’image divine dans l’être humain résulte d’un don gratuit de Dieu, l’Homme n’y est pour rien. En revanche, il lui faut acquérir, conquérir la ressemblance par son travail ; c’est-à-dire que Dieu Créateur lui confie le soin de compléter son œuvre que lui-même a volontairement laissée inachevée, de façon que l’Homme devienne le coopérateur de Dieu, qu’il soit, comme dit saint Paul, le « co-ouvrier » de Dieu.

Ainsi, l’image est reçue passivement, tandis que la ressemblance s’obtient par l’action.

Est-il besoin de souligner combien tout cela « parle » à un maçon rectifié, et a fortiori à un chevalier bienfaisant de la cité sainte ?

Comme on le verra, les propos de saint Basile dans le paragraphe suivant seront encore en totale harmonie avec les enseignements du Régime rectifié.











mardi 27 décembre 2011

La légende des deux saints Jean

A l'occasion de la fête de saint Jean l'évangéliste :

« Depuis la construction du premier temple à Jérusalem jusqu’à la captivité à Babylone, les loges des francs-maçons furent dédiées au roi Salomon. Depuis, et jusqu’à la venue du Messie, elles furent dédiées à Zorobabel, et ensuite, jusqu’à la destruction finale du temple par Titus sous le règne de Vespasien, elles furent dédiées à saint Jean Baptiste. Toutefois, à cause des massacres et désordres sans nombre qui accompagnèrent cet événement mémorable, la franc-maçonnerie tomba dans un profond déclin et ses réunions ne rassemblaient plus suffisamment de membres pour être régulières.

« C’est alors qu’à une assemblée générale du métier tenue dans la cité de Benjamin, on fit observer que la principale raison de cette décadence était l’absence d’un grand maître pour le patronner. Aussi députa-t-on sept membres particulièrement éminents auprès de saint Jean l’évangéliste, qui était alors évêque d’Ephèse, pour solliciter de lui qu’il occupe la charge de grand maître. Sa réponse fut que, bien qu’il fût accablé par les ans, ayant dépassé quatre-vingt-dix ans, étant donné qu’il avait été initié dans la franc-maçonnerie dans les débuts de sa vie, il acceptait cette charge. Ainsi il compléta par sa science ce que l’autre saint Jean avait commencé par son zèle, et de la sorte il traça ce que les francs-maçons nomment une ligne parallèle. Depuis lors les loges de francs-maçons, dans tous les pays chrétiens, ont été dédiées à saint Jean Baptiste et à saint Jean l’évangéliste. »

Extrait du Mackey’s Lexicon (1845)
Cité dans les By-ways of freemasonry, a Series of Essays descriptive of various features of Masonic practice and policy by the Rev. John T. Lawrence, M. A (Oxon.), Past Assistant Grand Chaplain., Eng., etc. , London, A. Lewis, 13 Paternoster Row, E. C., 1911.


La poésie d'Adhuc Stat



« Tel fût de colonne resté seul debout sous le ciel de Grèce ou de Sicile trouve dans la poésie de l’abandon plus de beauté que n’en possède la Maison Carrée miraculeusement préservée. »

Georges Pompidou, Anthologie de la poésie française, Introduction p. 8 (Paris, Librairie Générale Française, 1961).

Bien entendu j’ai détourné cette notation de Georges Pompidou, très empreinte d’un romantisme – la poésie des ruines ! - qui ne s’harmonise en rien avec le Rectifié, d’une sobriété si classique en toutes choses. Le préromantisme commençait pourtant alors à florir et les ruines progressivement découvertes de la Rome antique fournissaient aux peintres, dessinateurs et graveurs (Hubert Robert, Piranèse…), des poncifs très attrayants, sans parler des écrivains (Jean-Jacques Rousseau…). Mais on voit mal Jean-Baptiste Willermoz se livrer à la moindre pâmoison ! S’il est un rite qui ne sacrifie en rien à l’affect, c’est bien le rectifié !

Cette citation, avec la portée inattendue que je lui prête, est donc un jeu de l’esprit, qu’on pourrait d’ailleurs poursuivre dans la même ligne avec « Prospero Motu », le mausolée, le temple en ruines…


Comme quoi tout se prête à tout.

samedi 24 décembre 2011

Christ est né !



Glorifions-le avec les anges !


Glorifions-le avec les bergers aux cœurs simples !


Glorifions-le avec les mages épris de la Sagesse !





Mosaïque, Santa Maria in Trastevere (Rome)

Aujourd'hui est un jour décisif dans l'histoire de l'humanité.


Aujourd'hui les cieux s'inclinent jusqu'à terre et la grotte devient le ciel.

Aujourd'hui la créature vierge devient féconde du Créateur.

Aujourd'hui le dessein divin interrompu par la chute et le péché reprend son cours.

Aujourd'hui le Saint, béni soit-il, foule aux pieds notre misère pour libérer l'homme de la mort.

Aujourd'hui le Verbe de Dieu « vient ressaisir cet Adam qu'il avait modelé à l'origine et qui s'était échappé des mains du Père et il le ressaisit d'une étreinte si forte qu'il ne lui échappera plus jamais ».

Aujourd'hui est le jour prédit par le prophète Isaïe (54/5) des noces du Créateur avec sa créature.

Aujourd'hui, comme nous le chantons, le Verbe « participe à la chair coupable pour lui communiquer la nature divine ; né homme il demeure Dieu, et l'univers par lui retrouve la Trinité ».

Oui, jour décisif, jour unique, car plus rien après n'est comme avant !

La résurrection elle-même est contenue en germe dans ce moment décisif de l'incarnation du Verbe. Certes, aucun événement n'est plus important que la résurrection, qui fait exploser tous les conditionnements, est en particulier ce conditionnement absolu et absolument dominateur qu'est la mort.

Mais la résurrection n'est possible que parce que le Fils de Dieu pré-éternel s'est fait fils de la femme dans le temps ; que lui, sans péché, s'est chargé du poids de notre nature blessée et rendue infirme par le péché et que lui, Dieu, a engagé en tant qu'homme, nouvel Adam, la lutte contre la mort introduite par le premier Adam et qu'il a remporté la victoire sur la mort par sa propre mort. Et nous avec lui, puisque, partageant notre propre nature, il nous appelle à partager la sienne : c'est cela le dessein de Dieu dont le cours a repris.


Que la mort et la résurrection du Christ soient contenues en germe dans sa nativité, cela est montré par l'icône où l'Enfant Dieu est emmailloté de langes dans la crèche comme l'Homme Dieu sera emmailloté du linceul dans le tombeau.


Gloire à ton abnégation, ô Christ !

Car toi qui es la Vie illimitée, tu nous libèreras, par toi et avec toi, des liens de notre condition mortelle et pécheresse qui nous retiennent captifs et dans lesquels tu es venu volontairement t'emprisonner !

Oui, rien n'est plus important dans la totalité de l'histoire universelle que le Verbe de Dieu fait homme, que l'habitation corporelle sur terre en la personne du Christ de la plénitude de la Divine Trinité. C'est pourquoi l'apôtre Paul parle à ce sujet de « la plénitude des temps ».

Voici en effet l'accomplissement de l'histoire que Dieu a préparée pour l'homme sa créature aimée. Tout ce qui précède est la préparation et tout ce qui suit est le déploiement de cet événement foudroyant :

« Dieu s'est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ».


Nativité de notre Seigneur, A.D. 2011




dimanche 18 décembre 2011

Jean Tourniac et son erreur


On m’interroge au sujet de Jean Tourniac et de ses ouvrages, en particulier les Principes et problèmes spirituels du Rite écossais rectifié et de sa chevalerie templière, paru en 1969 et réédité en 2001, les deux fois chez Dervy.

Je dois mettre en garde les lecteurs non avertis : ils ne doivent pas se laisser abuser par le titre. C’est un ouvrage de fiction, de fantasy

Ce n’est pas là qu’ils trouveront des notions exactes sur le Régime écossais rectifié, mais bien plutôt des considérations biaisées parce que passées par le filtre des idées préconçues de l’auteur, lequel, disciple inconditionnel de Guénon, les tenait de lui : Guénon dont toutes les assertions proférées ex cathedra sont autant de dénis de l’histoire. Il en va de même de celles de Tourniac, qui vont à contre-sens des faits documentés relativement au Rectifié. Exemple flagrant : le contre-sens, voulu, délibéré, qui apparaît dès le titre. Jean-Baptiste Willermoz, le fondateur du Régime écossais rectifié, avait bataillé pour éliminer la prétention d’une filiation templière et fait admettre sa position par le convent de Wilhelmsbad en 1782. La chevalerie du Régime rectifié n’était donc pas « templière », au contraire de celle de la Stricte Observance d’où il était issu : Tourniac affirme ostensiblement le contraire

Un auteur qui m’est proche, Jean-François Var, a écrit que l’œuvre de Willermoz a consisté à « détemplariser » le Rectifié et à y incorporer la doctrine de Martines de Pasqually. Or, Tourniac, durant les sept années où il fut Grand Maître et Grand Prieur du Grand Prieuré des Gaules, s’efforça d’orienter le GPDG dans un sens directement opposé. Il ne prononça jamais le nom de Martines de Pasqually, et il ne cachait pas la condescendance méprisante qu’il éprouvait à l’égard de Willermoz. Il proclama le Régime écossais rectifié comme successeur spirituel de l’Ordre du Temple, à qui il attribuait toutes les caractéristiques ésotériques (et anhistoriques) dont Guénon le parait. De surcroît, il chercha à le judaïser et à l’islamiser, ce à quoi la nature foncièrement chrétienne du Rectifié se refusait.

Il échoua dans son entreprise, ce qui était à prévoir. Il en fut très mortifié, et s’en prit avec virulence à son successeur, et au Grand Prieuré des Gaules lui-même, qu’il accusa (faussement) d’antisémitisme.

Au total, on peut lire Tourniac, qui écrit non sans brio, mais en aucun cas pour se documenter sur la réalité spirituelle du Rectifié. 

 Le manque d’études sur la doctrine, très riche, du Rectifié se fait cruellement sentir.


mardi 13 décembre 2011

Camille Savoire chrétien ?



On assiste ces derniers temps à des tentatives de réhabilitation, non de la personnalité de Camille Savoire, elle n’en a pas besoin, mais de ses supposées croyances religieuses.

Or, que disait-il de lui-même ? Voici quelques extraits significatifs de son manifeste de 1935 : « Pourquoi voulons-nous réveiller le Rite rectifié en France ? »

« En ce qui me concerne, je reconnais que c’est lors de mon admission au sein du Rectifié que j’ai trouvé le chemin de l’initiation et compris le caractère initiatique de la franc-maçonnerie. Ce sentiment, tous les maçons du Grand Orient reçus au grade de Chevalier Bienfaisant de la Cité sainte, qu’ils soient [tenez-vous bien !] athées ou déistes, matérialistes ou spiritualistes, catholiques, protestants ou israélites d’origine devenus libres-penseurs, l’ont ressenti intensément […]


« Tels sont les motifs qui (nous) ont guidés et qui ont fait justice à (nos) yeux des reproches d’archaïsme adressés aux formes rituelles du rectifié, étant donné surtout qu’en maçonnerie tout n’est que symbole dont l’interprétation est laissée à la libre interprétation [sic] de chacun [application, sans doute, au symbolisme de la méthode de la « libre pensée » !].


« J’avoue que le libre-penseur que j’ai toujours été n’a manifesté en entrant au Rite rectifié aucune hésitation ni éprouvé aucun scrupule lorsqu’on lui a demandé de déclarer qu’il professait l’esprit du christianisme, surtout lorsque le Grand Prieur a ajouté : "Il s’agit ici de l’esprit du christianisme primitif résumé dans la maxime : Aime ton prochain comme toi-même. [Bien évidemment était évacué le début de la « maxime » qui est, comme on sait : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Cela ne se prêtait assurément pas à une « libre interprétation » !].


« Quant à la présence dans le temple d’un livre ouvert à la première page de l’évangile de saint Jean, sur lequel le néophyte prête serment, je ne m’en suis nullement offensé, car il constitue [le meilleur est à venir] non pas un texte religieux, MAIS UN RESUME TRES ECLECTIQUE DE L’ESOTERISME ANCIEN EXPLIQUANT L’ORIGINE DE LA VIE DANS L’UNIVERS » !!!



Ebouriffant ! pharamineux ! Quel éclatant exemple de christianisme « initiatique » et non religieux !



Si c’est cela le christianisme, moi je suis fakir !



Texte cité dans l'Histoire du Grand Prieuré des Gaules par Jean-Marc Vivenza (éd. du Simorgh, 2011), p.165.






lundi 12 décembre 2011

L'obéissance totale à Dieu

L’obéissance totale à Dieu supprime toute suffisance de soi-même et toute emprise venant du monde. Celui qui obéit vraiment à Dieu domine le monde, il est royalement libre et jouit pleinement de cette dignité royale.
La chasteté n’est point une catégorie physiologique, elle est dans la structure pure de l’esprit. Dans le sacerdoce conjugal elle est l’offrande réciproque et son don total et unanime à Dieu, la désappropriation et la consécration de son existence.
La pauvreté est cette réceptivité ouverte d’un pauvre envers les desseins de Dieu, d’un pauvre qui ne veut savoir et suivre que le Verbe dans le monde, qui n’aspire qu’à une seule possession, celle des souffles de l’Esprit.
La prière en tant qu’état constant de l’âme, la prière devenue chair, fait merveilleusement de tout travail, de toute parole, de tout acte, une prière, signe vivant de la présence de Dieu, ministère de la louange, vivante eucharistie.

dimanche 11 décembre 2011

Le sacerdoce des laïcs

Les laïcs forment un milieu qui est à la fois le monde et l’Église. Ils ne peuvent pas accorder les moyens de grâce (sacrements) ; par contre, leur sphère est la vie de grâce. Par la simple présence dans le monde des " êtres sanctifiés ", " Verbifiés ", des prêtres dans leur substance même, le sacerdoce universel des laïcs détient le pouvoir du sacre cosmique, de la liturgie cosmique : hors des murs du temple, les laïcs continuent dans leur vie la liturgie de l’Église. Par leur présence active, ils introduisent la Vérité des dogmes vécus dans le social et dans les rapports humains et délogent ainsi les éléments démoniaques et profanés du monde.

samedi 10 décembre 2011

La seule vraie initiation...


Pour les maçons rectifiés

La seule vraie initiation - la nôtre - ne peut opérer qu’avec le Christ. Elle requiert deux éléments indispensables : la présence agissante du Christ, et la foi qui nous fait agir avec le Christ. La présence du Christ, c’est l’Evangile, la foi, c’est l’épée. Les deux sont nécessaires. L’initiation se réalise par la coopération active de l’initié : chacun de nous, avec l’Initiateur : le Christ.

Devenir pierre vivante du Temple vivant, c’est s’incorporer mystiquement au Corps du Christ, Corpus Christi. Or, qu’est-ce que le Corps mystique du Christ (Corpus mysticum Christi) ? L’Eglise. La vraie Maçonnerie construit l’Eglise.

L’initiation coopère avec le sacrement, elle abaisse les barrières des passions, elle fait place nette pour que le sacrement agisse sans rien qui s’oppose à lui. L’initiation fait de nous une coupe à remplir à ras bord par le vin de l’amour et de la connaissance de Dieu. Elle creuse en nous une Eglise intérieure, voire une simple grotte, une étable, dans laquelle, par la grâce du sacrement répondant à la force vraie de notre désir, le Christ naîtra, puis grandira jusqu’à nous emplir entièrement, comme jadis la Gloire de l’Eternel dans le Temple de Jérusalem, se conformant à nous pour que nous nous conformions à Lui, « jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus (...) à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite du Christ » (Ephésiens IV, 13).







samedi 3 décembre 2011

Un Amour sans limites



Dieu est un Amour sans limites, un Amour qui s’exprime non seulement dans les hommes, mais dans le monde total, dans le monde des animaux, des plantes, des fleurs, des minéraux, les étoiles, les galaxies… Je crois qu’il y a là un aspect que nous oublions bien vite et que nous oublions de manière d’autant plus étrange que les orthodoxes parlent très souvent, précisément, de leur piété cosmique ; ils parlent de l’univers, de la terre – mais quelle est la place de cette piété cosmique dans leur vie personnelle, dans leur spiritualité personnelle ?  Si nous voulons comprendre quelle pourrait être une telle piété, je vous engage à lire attentivement le psaume 103 (104), en particulier les trente premiers versets de ce psaume. Voyez d’ailleurs comment en général les livres de l’Ancien Testament nous font participer à tout l’acte créateur. Dans ce psaume 103, c’est le monde entier des animaux, depuis les poissons jusqu’au quadrupède, jusqu’au loup, qui entre en jeu. Ils nous sont représentés comme étant l’objet d’une sollicitude divine. Nous retrouvons d’ailleurs ceci dans l’Évangile ; il n’arrive rien à un oiseau, à un pinson, qui ne soit permis par Dieu (cf. Mt 6,26 ; Lc 12,24). La bonté de Dieu s’étend à chacune de ses créatures.


Eh bien, est-ce qu’il n’est jamais arrivé à tous ces orthodoxes qui parlent si volontiers de leur piété envers la terre et de leur conscience cosmique, est-ce qu’il ne leur est jamais arrivé, par exemple, de prendre dans leur main une pierre, de prendre dans leur main une fleur, et d’être capable, pendant une heure, d’en faire un objet de méditation et d’union avec Dieu ? De quelle manière ? Il y aurait d’abord un procédé très simple que connaissent bien tous ceux qui pratiquent la prière de Jésus. On peut essayer de prononcer le nom de Jésus non seulement sur les hommes, mais aussi sur les animaux, les chiens familiers, sur les animaux sauvages, les tigres et les lions, et aussi prononcer le nom de Jésus sur les pierres, sur les fleurs, sur les fruits, sur la neige, sur la pluie, sur le soleil, sur la lune. Nous trouvons tout cela dans l’Ancien Testament, et surtout dans ce psaume 103, et rappelez-vous aussi le cantique des trois enfants dans la fournaise appelant le vent, la pluie à bénir le Seigneur (cf. Dn 3,51-90). »

Père Lev Gillet Un moine de l’Eglise d’orient






mardi 29 novembre 2011

la triple barrière



Aux hommes séparés de Dieu par une triple barrière : la nature, le péché et la mort, le Seigneur a accordé de le posséder pleinement et de s’unir à lui immédiatement, du fait qu’il a écarté un par un tout obstacle : celui de la nature par son incarnation ; celui du péché par sa mort ; celui de la mort par sa résurrection. Voilà pourquoi saint Paul écrit : le dernier adversaire qui sera réduit, c’est la mort (1 Corinthiens 13, 12).


Nicolas Cabasilas La Vie en Christ III, 7 (trad. différente dans « Sources chrétiennes » n° 355).






lundi 28 novembre 2011

L'incarnation, la croix, la résurrection



Le mystère de l’incarnation du Verbe contient en soi la signification de tous les symboles et énigmes de l’Ecriture, ainsi que le sens caché de toute la création sensible et intelligible. Mais celui qui connaît le mystère de la croix et du tombeau, connaît aussi les raisons essentielles de toutes ces choses. Enfin celui qui pénètre plus loin encore et se trouve initié au mystère de la résurrection, apprend la fin pour laquelle Dieu a créé toutes ces choses au commencement.


Saint Maxime le Confesseur, Centuries gnostiques, I, 66.


jeudi 17 novembre 2011

Aphorisme spirituel (13)

Le péché et la pénitence

Le péché est le choix libre par l'homme d'une autre obéissance que celle de Dieu.

Le péché est un acte libre : son engendreur, c'est la liberté.

Il n'a pas d'ontologie, il n'existe pas par lui-même. Il est la manifestation d'une liberté face à une autre liberté. La pénitence revient à retrouver la bonne direction.

Le mal naît par opposition au bien ; c'est un jeu, un conflit, une illusion. La pénitence est la fin des illusions.

Le péché ne prend pas sa racine au sein de la nature humaine, mais au sein de la liberté : il n'est pas originel.

mercredi 16 novembre 2011

Une parole libératrice de saint Basile le Grand

Parole de saint Basile, trompé par son meilleur ami :

"Nous ne sommes plus que quatre : le Père, le Fils, le Saint Esprit, et leur humble serviteur Basile".

Alors disparaissent, et la tromperie, et le ressentiment dû à la tromperie.

dimanche 13 novembre 2011

Martines de Pasqually

Merci à mon ami le chevalier A Valle Sancta d'avoir attiré notre attention sur la recension par Dominique Clairembault, publiée sur le site http://www.philosophe-inconnu.com/, de l'oeuvre maîtresse de Michelle Nahon récemment parue sur Martines de Pasqually. Michelle Nahon est présidente de la Société Martinès de Pasqually, société fondée en 1989 et qui se consacre avec grand succès à mettre au jour le maximum possible d'éléments historiques sur la vie et l'action du "théurge inconnu", comme l'appelait Robert Amadou. Cette société publie un bulletin annuel très apprécié dont le principal (mais pas unique) contributeur n'est autre que... Michelle Nahon. C'est le résultat de trente années de recherches que présente son ouvrage.

Dominique Clairembault en propose une recension de haute tenue : claire, complète, impartiale, copieuse aussi, en un mot scientifique. Je vous recommande de la lire, avant d'acquérir, et de lire (ce qui s'impose) l'ouvrage lui-même. Ce vous sera l'occasion de visiter, ou de revisiter, ce remarquable site consacré à Louis-Claude de Saint-Martin, et alentours (si j'ose dire), et animé par le même Dominique Clairembault.

livre

jeudi 10 novembre 2011

Nul n'est jamais vraiment seul



Lorsque tu pries seul, et que ton esprit est distrait, et que tu es épuisé et oppressé par ta solitude, souviens-toi alors que, comme toujours, Dieu, la Trinité, te regarde avec un regard plus brillant que le soleil, il en est de même ainsi pour les anges, pour ton propre ange gardien, et pour tous les saints de Dieu. Ils le font, réellement. Car tous, ils sont unis en Dieu, et où Dieu est, ils sont eux aussi. Là où est le soleil, là aussi convergent ses rayons. Essayez donc d'un peu comprendre cela.

saint Jean de Cronstadt

Pris de l'excellent site orthodoxe belge http://stmaterne.blogspot.com/





Un blog martinésiste chrétien

Un nouveau blog vient d'être créé il y a quelques jours seulement, qui a la particularité d'être un blog martinésiste chrétien et de présenter une conception chrétienne des Elus cohens. Ce qui en étonnera plus d'un.

La qualité des textes déjà publiés m'incite à vous recommander d'aller le visiter.

mercredi 9 novembre 2011

Graecia orthodoxa

Voici un blog universitaire de grand intérêt.

Le conférence dont voici le lien http://graecorthodoxa.hypotheses.org/1870#more-1870 ne pourra manquer de susciter l'attention des lecteurs férus de l'histoire de l'Eglise.

L'histoire relatée ici est celle des influences "orthodoxes" en Occident, déjà attestée au XIIIe siècle en Ombrie (Assise et alentours), mais aussi - c'est l'objet de ce texte - bien plus tard, aux XVe et XVIIe siècle, à Venise, refuge des moines et lettrés byzantins après la prise de Constantinople par Mahmoud II en 1453. C'est d'un vif intérêt.

Cela prouve derechef (on le savait déjà) qu'un rideau de fer ne s'est pas abattu entre l'Orient et l'Occident chrétiens lors du schisme de 1054, ni même lors de la prise de Constantinople par les croisés en 1204.

lundi 7 novembre 2011

JESUS (ter)

Je vous ai déjà instamment recommandé le Jésus de Jean-Christian Petitfils.

Je n'insisterai jamais suffisamment pour vous dire de le lire et de le faire lire. Les incroyants, pour prendre connaissance d'arguments scientifiques qui leur sont rarement proposés. Les fidèles, pour, non pas étayer leur foi, qui n'a pas besoin d'arguments rationnels, mais pour avoir de quoi répondre aux objecteurs qui font parade d'une pseudo-science.

Je répète : lisez et faites lire ! C'est un acte de salubrité publique.

Exceptionnellement, j'emprunte tout ce qui suit, c'est-à-dire les explications de l'auteur, à un autre blog : celui de Valeurs actuelles.


Jean-Christian Petitfils : « S’arrêter devant le mystère »



Connu pour ses biographies de Louis XIV ou de Louis XVI, l'historien explique à "Valeurs actuelles" sur quelles sources peut s’appuyer une biographie de Jésus.

Comment un historien plutôt spécialisé sur l’Ancien Régime français en arrive-t-il à travailler si loin de ses bases, et comment travailler sur un sujet où les sources sont si rares et qui émanent toutes de disciples de Jésus ?

En fait, c’est un sujet sur lequel je travaille depuis longtemps, accumulant depuis vingt-sept ans études historiques, travaux d’exégèse, ouvrages d’archéologie biblique. Jésus est le personnage le plus connu de l’Histoire universelle. Comment ne pas se poser de questions non seulement sur son enseignement spirituel, son message éthique, mais aussi sur sa personne ? Au-delà des affirmations de la foi chrétienne, nombreux sont les croyants ou les incroyants qui s’intéressent à sa figure historique. Qui est-il vraiment ? Que sait-on de lui ? Que dit-il de lui-même ? Pour effectuer ce travail d’enquête historique, on dispose de quelques sources documentaires extérieures aux communautés chrétiennes : deux ou trois passages de Flavius Josèphe, qui font mention de Jésus (« homme exceptionnel », «accomplissant des choses prodigieuses »), des textes religieux juifs permettant de mieux situer son environnement, comme la Mishna, compilation rabbinique des vieilles lois et traditions orales juives, enfin de nombreuses données archéologiques, liées au développement récent des fouilles en Israël, je pense à une synagogue du Ier siècle de notre ère qu’on a trouvée à Magdala, la ville d’où vient Marie Madeleine, sur les bords du lac de Tibériade, une synagogue que Jésus a certainement connue, de même qu’il a connu la petite maison datant de la même époque dont on a retrouvé en 2009 les fondations au centre du village de Nazareth. Mais, bien entendu, la source principale reste les Évangiles canoniques : pour l’historien, la question est de savoir si les faits rapportés n’ont pas été déformés, voire dénaturés, par les affirmations de foi des premières communautés chrétiennes. Son premier travail consiste donc à les dater, à connaître leur genèse et, partant de là, à évaluer leur historicité. La conclusion est qu’au plan historique ils apparaissent comme relativement fiables. Evidemment, on ne peut pas raconter la vie de Jésus comme celle d’un personnage de l’époque moderne, sur lequel les sources abondent. Il s’agit ici de déterminer les hypothèses les plus plausibles, les plus cohérentes.

Contrairement à l’idée reçue, vous affirmez que l’Évangile de Jean est le plus historique.

 
C’est vraiment le texte d’un témoin oculaire, le « disciple bien-aimé », qui n’est pas l’un des Douze, comme on le dit souvent, mais un membre de la haute aristocratie de Jérusalem. Il connaît à la perfection la ville, le Temple, son administration, son personnel. C’est lui, par exemple, qui permet à Pierre d’entrer dans la cour du grand prêtre. Il est difficile de l’identifier au fils de Zébédée, l’humble pêcheur du lac de Génésareth, d’autant qu’il semble mieux connaître la géographie de la Judée que celle de la Galilée. Certes, il n’a pas suivi constamment Jésus, mais pour son ministère galiléen il a été renseigné par quelques apôtres dont André, qui authentifieront son texte : « Nous savons que son témoignage est vrai. » Jean est à la fois le plus mystique des évangélistes et en même temps le plus historique.


Il est particulièrement important pour l’historien de bien saisir cette double perspective qui se déploie tout au long de son Évangile. Jean n’invente rien, ne crée jamais des histoires ou des situations à seule fin de faire passer un message. On peut considérer que tous les détails qu’il donne sont authentiques. L’ennui est qu’il en est assez avare ! Il s’attache à tirer une signification symbolique de la réalité. Prenons les noces de Cana, par exemple. Il transcende cette humble noce villageoise, à laquelle Jésus a bien participé avec sa famille et ses cinq premiers disciples et au cours de laquelle il a opéré son premier miracle (l’eau changée en vin), en une noce eschatologique de Dieu et de son peuple. Il omet de nous donner le nom des mariés et le lien de parenté entre eux et Marie, venue de Nazareth, à quelques kilomètres de là. Mais tous les détails qu’il fournit, par exemple la présence de six et non de sept jarres de pierre (sept étant le chiffre de la perfection), signifient pour lui l’imperfection de l’Israël ancien. D’où la mention qu’il en fait. Ceux qui prétendent que l’épisode de Cana est une pure invention se trompent, parce qu’ils négligent l’intention profonde de cet auteur extrêmement subtil, dont les exégètes n’ont pas fini de découvrir la richesse cachée. Quand on lit l’évangile de Jean, il faut avoir constamment en tête ce double registre : le fait matériel et sa dimension symbolique et spirituelle. Ce qui revient à dire que le fait matériel, en lui-même, ne peut être qu’authentique.


Accepter cette dimension historique repose pourtant sur un postulat, celui de la bonne foi des rédacteurs des Évangiles.


Les Évangiles ne sont pas des ouvrages historiques, au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Ce sont des biographies catéchétiques destinées à annoncer la mort et la résurrection de Jésus ainsi que le salut offert par lui au monde. Les évangélistes et les auteurs chrétiens du Ier siècle, comme Paul, ont un respect scrupuleux de la vérité. « Si quelqu’un retranche quelque chose des paroles du livre qui contient cette prophétie, écrit Jean dans l’Apocalypse, Dieu l’effacera du livre de vie, l’exclura de la Ville sainte et ne lui donnera point part à ce qui est écrit dans ce livre. » La thèse inverse a été énoncée par Rudolf Bultmann, cet exégète protestant du début du XXe siècle, qui a fait un travail de recherche particulièrement poussé, mais qui était animé d’un scepticisme radical, ravageur même, qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans les autres sciences humaines. Pour lui, on ne peut atteindre le Jésus de l’Histoire parce que tous les textes ont été travaillés, « mythologisés » : le Christ de la foi n’est que la création des premières communautés chrétiennes et c’est lui seul qui peut être objet d’étude. Disons-le, cette approche-là est aujourd’hui largement dépassée, même chez ceux qui se réfèrent encore à ses travaux. De plus en plus de chercheurs – particulièrement aux États-Unis, où la recherche est féconde – admettent la fiabilité historique des Évangiles, au moins dans les traits principaux qu’ils rapportent.

D’autant que les Évangiles, selon vous, ont tous été écrits avant l’an 70, c’est-à-dire à une époque où beaucoup de témoins oculaires étaient encore vivants…

Paul, vers 55, écrit : Jésus « est apparu à Céphas (Pierre), puis aux Douze, et à plus de 500 frères à la fois, la plupart vivent encore ». On peut considérer que dix ans plus tard, date à laquelle les Évangiles ont été écrits, tous ces gens n’avaient pas disparu. Outre Jean qui meurt à Ephèse en l’an 101, il y avait encore Siméon, cousin germain de Jésus, qui s’éteint au tournant du siècle : un témoin plus jeune que Jésus, mais qui a connu son milieu d’origine.


Ce milieu d’origine (c’est un point important, mal connu en France, que je souligne dans mon livre), ce sont les Nazôréens, c’est-à-dire les descendants d’un petit clan davidique, venus de Mésopotamie au IIe siècle avant notre ère, qui s’étaient installés en Galilée sur les ruines d’un ancien village qu’ils avaient baptisé Nazara ou Nazareth, autrement dit « le petit surgeon », allusion au rejeton de la race de Jessé. Ce groupe marginal, qui s’était établi également dans un autre village appelé Kokhaba (« l’étoile », autrement dit l’étoile de David), prétendait descendre directement du roi David, alors qu’on avait perdu la trace de cette antique lignée, vieille de mille ans. Jésus passait pour leur héritier, leur prétendant. Toute la difficulté pour Jésus a été de se détacher de ce clan et de son aspiration à un messianisme temporel. Il ne veut pas être intronisé roi des Juifs. Il refuse d’être le chef d’une révolte militaire contre l’occupant, comme l’ont fait un certain nombre de faux messies après la mort d’Hérode le Grand. « Mon royaume n’est pas de ce monde », dira-t-il à Pilate. Quand Jésus retourne à Nazareth après avoir accompli des guérisons, des exorcismes, et annoncé la proximité du royaume de Dieu, les Évangiles nous montrent la déception immense qu’il provoque parmi les siens. Les membres du clan, ses « frères » - autrement dit ses cousins dans l’Orient ancien – comptaient sur lui. Ils ne tardent pas à s’apercevoir qu’il n’était pas le Messie attendu.

Vous sollicitez aussi un certain nombre de reliques généralement dédaignées par les historiens…

La plupart des médias se sont arrêtés à l’analyse au carbone 14 du linceul de Turin, faite en 1988. Or, les conclusions négatives de cette analyse sont aujourd’hui balayées par les derniers travaux scientifiques. On a établi notamment que les taches de sang figurant sur les trois grandes reliques de la Passion pouvaient se superposer : le linceul de Turin, le suaire d’Oviedo (linge qui aurait été mis sur le visage de Jésus aussitôt après sa mort) et la tunique d’Argenteuil, que Jésus aurait portée sur le chemin de croix. Le groupe sanguin est le même, AB : la simple probabilité d’observer le groupe AB sur les trois linges s’établit à 0, 000125, soit une chance sur 8 000 (le groupe sanguin AB représente à peu près 4 % de la population), et je ne parle pas des autres probabilités de concordance du modelé des taches sanguines. Compte tenu de beaucoup d’autres travaux, on peut considérer que l’analyse au carbone 14 n’est pas fiable pour des linges aussi pollués et que ces trois reliques sont authentiques. Ce sont par conséquent des sources très précieuses, en particulier pour le déroulement de la Passion.


On a énormément écrit sur Jésus. Est-il encore possible d’apporter du neuf sur le sujet ? Mon livre a d’abord pour ambition de présenter à un large public une synthèse complète de tous les travaux et de toutes les avancées récentes de la recherche sur le Jésus de l’Histoire. Cela n’avait pas été fait depuis de nombreuses années, peut-être depuis le livre de Daniel-Rops,Jésus en son temps, qui est bien dépassé aujourd’hui. Cela dit, j’ai essayé d’apporter certains éclairages peu connus, en particulier sur la Passion de Jésus.


J’ai montré – en m’appuyant sur l’évangile de Jean – qu’il n’y avait pas eu de “procès juif”, au sens d’une comparution de Jésus devant le Sanhédrin en séance plénière. Les synoptiques, qui ne présentent qu’une seule “montée” de Jésus à Jérusalem, ont composé à ce sujet un récit destiné à présenter de manière schématique et didactique les discussions et débats ayant opposé Jésus aux pharisiens et aux sadducéens. Jean montre que ces discussions, parfois fort vives, se sont déroulées à chaque fois que Jésus venait à Jérusalem pour les grandes fêtes (la Pâque, Soukkot, Hanukkah…). Il y a eu en réalité une réunion secrète du Sanhédrin après la résurrection de Lazare, en dehors de la présence de Jésus qui n’était pas encore en prison à ce moment-là. Poussé par le grand prêtre en exercice, Joseph dit Caïphe, les deux groupes religieux rivaux qui composaient ce Grand Conseil, les pharisiens et les sadducéens, se sont mis d’accord pour arrêter cet « agitateur », les premiers parce qu’il se faisait l’égal de Dieu, les seconds, parce qu’il avait trois ans auparavant (en l’an 30) chassé les marchands du Temple et par là menacé le pouvoir financier des grands prêtres. Après son arrestation le jeudi soir, 13e du mois de Nisan (2 avril de l’an 33), Jésus comparaît devant l’ancien grand prêtre Hanne, beau-père de Caïphe, qui l’interroge sur sa doctrine et ses disciples. Cette séance, à laquelle ont probablement assisté un certain nombre de membres de l’aristocratie de Jérusalem, peut-être Jean l’évangéliste lui-même, n’était pas une réunion formelle du Sanhédrin, qu’on n’avait matériellement pas le temps ni même le droit de convoquer en cette période de fête pascale. Le lendemain matin, Jésus, transféré chez Caïphe, est livré à Pilate.


J’ai voulu aussi replacer le procès romain de Jésus dans son contexte historique. Ponce Pilate avait fait l’objet l’année précédente, en 32, d’une plainte émanant de quatre princes hérodiens, tous fils d’Hérode le Grand, à cause de l’affaire dite des boucliers d’or. Ces boucliers portant des inscriptions à la gloire de Tibère avaient été introduits de nuit à Jérusalem par le préfet romain. La population juive, ennemie farouche de toute forme d’idolâtrie, en avait été émue. Une lettre avait été envoyée à Tibère, qui avait réprimandé Pilate. Celui-ci est animé par un violent mépris à l’égard de ses administrés et surtout des autorités juives. Cela transparaît dans le texte de Jean en particulier. Ce sont pour lui des collaborateurs – l’occupant méprise toujours le collaborateur en même temps qu’il s’en sert. Dans le procès de Jésus, il refuse de se faire manipuler par les grands prêtres. Il va donc tout faire pour libérer Jésus, non par compassion, mais par antijudaïsme, par volonté de provoquer Hanne et Caïphe. Mais il n’ira pas jusqu’au bout, à cause de la crainte d’être dénoncé une nouvelle fois à l’empereur. Quand ils lui disent : « Si tu le relâches tu n’es pas ami de César… Nous n’avons pas d’autre maître que César », il cède et fait crucifier Jésus.

Beaucoup de livres à succès, notamment ceux de Jacques Duquesne, ont eu pour ambition de “démythifier” les Évangiles. Ce n’est pas votre démarche…

Mon livre est un livre d’historien, mais d’historien ouvert sur la foi, sur le miracle ; je ne dis pas comme Renan : « Si le miracle a quelque réalité, mon livre n’est qu’un tissu d’erreurs. » L’historien doit s’arrêter devant le mystère ; il ne saurait asséner, par exemple, au nom d’un positivisme hors d’âge, que la multiplication des pains n’a été qu’un banal partage de casse-croûtes tirés du sac. Les Évangiles en parlent à six reprises, preuve que l’événement a frappé les esprits. L’historien ne peut pas se prononcer sur les miracles, sur la Résurrection, il ne peut que constater les faits rapportés. Le Christ de la foi ne s’oppose pas au Jésus de l’histoire, mais l’historien s’interdit au nom de sa seule science de passer de l’un à l’autre. Une telle démarche en effet relève de la foi, par conséquent de la liberté de chacun.


Propos recueillis par Laurent Dandrieu


dimanche 30 octobre 2011

JESUS (bis)

J’ai recommandé il y a trois semaines le Jésus de Jean-Christian Petitfils après une lecture cursive – ce qui ne veut pas dire : superficielle : ma formation m’a appris à jauger un livre de cette façon.


J’ai maintenant achevé de le lire ligne à ligne, je peux même dire de le déguster. Et je persiste plus que jamais dans mon conseil : lisez-le et faites-le lire !

Il ne faut pas se dissimuler que l’auteur a un parti-pris. Le fameux poncif sur l’objectivité de l’historien est une blague à laquelle personne ne croit – expers sum, c’est-à-dire que je m’y connais. Je pose même en principe qu’un historien qui n’a pas de sympathie, c’est-à-dire de compréhension par l’intérieur, pour ce qu’il étudie, ne peut faire qu’un mauvais travail. Ce serait par exemple mon cas si j’étudiais Robespierre, ce monstre froid et sanguinaire. Là où, en revanche, l’objectivité est non seulement possible mais indispensable, c’est dans la recherche et le traitement des documents.

Jean-Christian Petitfils remplit parfaitement les conditions que je viens d’énoncer. Il éprouve une admiration sans failles pour Jésus, admiration qui est celle de l’historien, même si celle du croyant n’est pas loin derrière. Mais cette admiration est étayée par une foule impressionnante de documents : sa bibliographie est impressionnante (21 pages du livre) et l’on voit bien à la teneur des très nombreuses notes que cette bibliographie a été utilisée (contrairement à certains travaux universitaires qui proposent pour la parade une bibliographie fournie dont l’auteur n’a pas utilisé le dixième…)

La narration de Petitfils suit donc les évangiles (dont il prouve l’authenticité testimoniale), et singulièrement celui de saint Jean, qu’il affirme être le plus fiable historiquement et géographiquement. Cette thèse n’est pas nouvelle, je l’avais découverte jadis sous la plume d’une historienne juive, Jacqueline Genot-Bismuth dans son ouvrage Jérusalem ressuscitée, La Bible hébraïque et l’Évangile de Jean à l’épreuve de l’archéologie nouvelle, F.-X. de Guibert, 1992. Sa thèse se résume en ceci : « L’Évangile de Jean correspond de façon absolument photographique à la situation des années 20-30, y compris les termes utilisés pendant le procès de Jésus, qui sont très fiables. » L’amusant est que le site Wikipédia qui reprend cette phrase (extraite d’une interview de J. Genot-Bismuth par Markos Zafiropoulos et Bertrand Meheust dans la revue Synapse ) agrémente ces propos de cette indication : « Cet ouvrage n'a aucune réception dans les milieux académiques et scientifiques spécialisés. » Ce qui prouve quoi ? que lesdits milieux sont congénitalement bornés, et c’est vrai dans tous les domaines.

Quoi qu’il en soit, Petitfils adopte les thèses de J. Genot-Bismuth, y compris celle, qui a d’abord heurté mes convictions reçues, selon laquelle Jean l’évangéliste n’était pas le fils de Zébédée le pêcheur et le frère de Jacques, mais un (jeune) prêtre du Temple, appartenant à une famille aristocratique ecclésiale. J’avoue que les arguments avancés sont plutôt convaincants (pp. 524 à 528).

Qu’on n’aille pas croire que Petitfils reçoive tous les textes évangéliques comme… paroles d’Evangile. Il en fait un examen critique assez poussé ; mais il s’appuis sur l’exégèse la plus récente qui, à la faveur des nombreuses découvertes archéologiques et épigraphiques de ces dernières années, conclut de plus en plus à une rédaction précoce des évangiles, en tout cas avant la destruction de Jérusalem par Titus en 70. L’exégèse qui repoussait très tard dans le temps cette rédaction est complètement dépassée et poussiéreuse ; c’est malheureusement la seule que connaissent nos journalistes autoproclamés exégètes, qui sont tout simplement mal informés… Dur pour des journalistes !

Je n’entrerai pas dans le détail de tout ce que moi, qui ne suis pourtant pas totalement ignare, ai appris à la lecture de ce grand bouquin. Je ne veux pourtant pas terminer sans parler des sept annexes où l’auteur étudie les sources antiques (juives et latines), analyse les évangiles apocryphes, expose ses hypothèses sur la généalogie et la datation des évangiles synoptiques, analyse l’évangile de Jean, met en valeur l’historicité des évangiles, expose l’état de la recherche sur Qûram et les manuscrits de la mer Morte, et enfin inventorie les « reliques de la Passion », c’est-à-dire le linceul de Turin (le Saint Suaire), la tunique d’Argenteuil et le suaire d’Oviedo, dont il prouve, à l’aide d’arguments empruntés à la médecine légale la plus avancée, la parfaite authenticité. Qui qu’en grogne ! Et malgré la couardise (pardon !) de l’Eglise catholique romaine qui s’était laissé impressionner par une pseudo-expertise au carbone 14 en octobre 1988 – l’Eglise romaine mais pas le pape Jean XXIII.

En bref, ne laissez pas passer cette occasion de vous instruire. Vous convaincre, c’est autre chose, ce n’est pas le labeur de l’historien, c’est l’action douce et puissante de la grâce.


samedi 8 octobre 2011

JESUS

JESUS


Quand il s’agit du Christ Jésus, le premier plumitif venu se croit en droit d’écrire à son sujet tout et n’importe quoi, et plutôt n’importe quoi. Ses assertions sont présentées comme fondées sur la base (branlante) de connaissances (défectueuses) mais sont en réalité solidement ancrées sur le socle de préjugés bien arrêtés. En l’occurrence, les connaissances ne servent que de faire-valoir aux préjugés. La conclusion a été décidée bien avant la démonstration, que si besoin on fausse celle-ci pour mieux parvenir au résultat prédéterminé. C’est ainsi qu’au piteux Jacques Duquesne (Jésus, 1994), ont succédé les plus piteux encore Mordillat et Prieur, auteurs de la série télévisée Christus (1997) – qu’il eût été plus honnête d’intituler Anti-Christus ; puis, le succès ayant été au rendez-vous, ils produisirent plusieurs livres aux titres « raccrocheurs » destinés à exploiter le filon. Encore ne cachaient-ils pas leurs intentions : dénoncer, faire éclater, l’imposture du christianisme, fondé sur la fraude, la mystification et aussi la violence, et principal acteur de l’antisémitisme.

Si je qualifie ces deux journalistes de l’adjectif peu amène de « piteux », c’est que, si chacun est libre de proférer n’importe quelle opinion sur n’importe quel sujet, ce quelqu’un n’a pas le droit de torturer les preuves pour les contraindre à appuyer cette opinion. Or les preuves de nos deux lascars sont pipées, leur prétendue exégèse date de plus d’un siècle, au point que tous les spécialistes, même les plus « libéraux », ce qui veut dire agnostiques, l’ont abandonnée depuis belle lurette.


Mais, comme les journalistes sont censés connaître tout mieux que tout le monde, et le connaître en esprits libres et totalement indépendants (belle imposture que celle-là !), il se trouve suffisamment de gogos pour les croire sur parole. Et il n’est pas bon de mettre celle-ci en doute. C’est ainsi qu’une réplique que j’avais co-écrite à la suite d’un long article que ces messieurs avaient fait paraître dans Libération à leur propre gloire, ne fut jamais publié par ce quotidien comme inappropriée.


Quant à Jacques Duquesne, le pauvre homme ! Il se veut catholique, mais catholique dans le vent, catholique libéré ! Jacques Duquesne se lançant dans l’exégèse, c’est monsieur Jourdain faisant de la prose sans le savoir.


Pourquoi ce long préambule ?


Pour annoncer la parution toute récente d’un Jésus écrit, celui-là par un historien véritable.


On ne présente pas Jean-Christian Petitfils aux amateurs d’histoire. Ecrivain fécond, il est un des meilleurs historiens français d’aujourd’hui. L’histoire est à la fois une science et un art. Comme toute science, elle a des règles, que Jean-Christian Petitfils applique avec méthode et rigueur. Comme art, elle s’apparente à la littérature, car elle doit captiver le lecteur et non le rebuter. Jean-Christian Petitfils sait narrer, et c’est cela qui fait son succès même auprès de ceux à qui la rigueur scientifique importe peu. Bref, c’est un historien à succès. Chose qui ne plaît guère à ses confrères universitaires ; car Jean-Christian Petitfils n’en est pas un. Produit de l’Alma Mater, il n’a pas eu la reconnaissance de se mettre à son service : cela ne pardonne pas ! d’où la réputation d’ « amateur ». Quiconque n’occupe pas une chaire et, de surcroît, vend bien ses livres ne peut être qu’un amateur. J’exagère à peine. Tel fut le sort du regretté Philippe Ariès, dont les qualités éminentes de découvreur d’un domaine jusque-là ignoré de l’histoire, la mort, furent reconnues…après la sienne ! Fort heureusement, ce mécompte a été épargné à Jean-Christian Petitfils qui jouit, hormis les envieux, d’une réputation de bon aloi.


Jean-Christian Petitfils avait jusqu’à présent deux domaines de prédilection, sans rapport l’un avec l’autre, mais auxquels ses études assez diverses l’avaient préparé. Le premier est l’histoire politique : il a publié plusieurs ouvrages sur La Droite en France, l’extrême Droite en France, la Démocratie giscardienne, les Socialismes utopiques, le Gaullisme…Le second domaine, ce sont des biographies de personnages illustres du XVIIe et du XVIIIe siècle : Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, le Régent, Lauzun, Fouquet, Mlle de la Vallière…


Et voici qu’il s’attaque au sujet le plus redoutable qui soit : Jésus. Pour cette redoutable entreprise, il mobilise toutes les ressources que les sciences actuelles procurent : archéologie, épigraphie, histoire socio-culturelle et politique, histoire des formes littéraires, physiologie aussi (pour le linceul de Turin)… ; car, comme le souligne l’auteur, les recherches sur le Christ sont désormais, et ne peuvent être autres que multidisciplinaires.


Quel est le but de cette entreprise redoutable ?


« Tenter d’esquisser un portrait historique du Christ, donner l’interprétation la plus plausible des événements, en utilisant les outils de la science moderne, tel est l’objet de ce livre. Il s’agit de trouver la voie étroite entre les études techniques, difficiles d’accès, réservées à un public érudit, et les reconstitutions naïvement concordistes qui fleurissent encore pour les besoins de la catéchèse, mais n’ont qu’un rapport très lointain avec la recherche. » (p. 18)


Et plus loin :


« Encore lui faut-il [à l’historien] se libérer des a priori de l’utopie rationaliste et des conceptions positivistes et scientistes qui ont longtemps prévalu. Cela suppose – tout particulièrement pour la vie de Jésus- de rester ouvert au mystère et au surnaturel. Nier l’existence possible des miracles par exemple, les récuser comme de simples enfantillages, relève non de la science historique, mais de présupposés philosophiques. » (p. 19)


Et encore :


« L’honnêteté historique s’accommode mal d’un militantisme antireligieux, tout comme du reste d’un fondamentalisme obsolète. A condition de respecter les strictes limites des deux domaines, il est possible d’arriver à une approche rationnelle – et non rationaliste – du fondateur de la seule religion qui se veut incarnée. » (p. 21)


Incarnée : le mot clé est prononcé. C’est parce Dieu s’est incarné en un homme donné, en un temps donné, en un lieu donné, parce qu’il a honoré l’histoire, qu’il est tellement important de la connaître, cette histoire.


Je serai certainement appelé à revenir sur ce livre. En attendant, jetez-vous dessus, et dedans. Vous apprendrez beaucoup, vous réfléchirez beaucoup.



mardi 4 octobre 2011

La matière conforme au Divin

La chair du Christ donne à l'Incarnation un sens cosmique, universel, parce que dans le corps du Christ se trouve représentée toute la matière du monde. Si en une seule et unique occasion le Divin a pu s'unir avec l'humain, matériel, et le transfigurer sans l'anéantir, cela signifie que notre monde matériel est tellement conforme au Divin que le jour pourra réellement venir où, selon les paroles de l'apôtre Paul (1Co 15, 28), Dieu sera tout en tous, où tout sera pénétré, illuminé, consacré, transfiguré par la Divinité.

Cela pose au chrétien non une question mais une mission. Pour lui, le monde matériel n'est pas le fruit du hasard, la matière est aussi appelée à entrer dans un mystère de communion. Et il est possible de dire que le chrétien est le seul matérialiste sérieux et conséquent, le seul à croire en la matière, en ses possibilités infinies et insondables, en sa constante vocation d'entrer dans le mystère de Dieu.

Métropolite Antoine de Souroje (Bloom), Entretiens sur la foi et l'Eglise, Editions du Cerf, 2011.

samedi 1 octobre 2011

Aphorismes spirituels (12)

Selon saint Irénée :

Le Verbe s'incarne pour opérer la communion de Dieu avec l'Homme ;

Le Saint-Esprit conduit au Verbe pour opérer la communion de l'Homme avec Dieu.

vendredi 30 septembre 2011

Aphorismes spirituels (11)

La triade : jouissance, possession, puissance - conséquence du péché d'Adam - est le reflet de la triade : béatitude, royauté, gloire, lesquelles ne sont réelles qu'en Dieu. Sinon, ces vertus deviennent des vices et s'excluent l'une l'autre.

Le combat se mène par les trois vertus dialectiques: pauvreté, chasteté, obéissance, qui se résument en une : abnégation.

mercredi 28 septembre 2011

Les sagesses toutes écroulées...

Une pensée forte du père Bouyer :

« Devant les sagesses toutes écroulées d'un monde mourant d'avoir fui son Créateur, pouvons-nous tarder encore à retisser dans la fidélité la tunique sans couture de l'unique Sauveur! Le grand Pan est mort: tous les oracles se sont tus. Ce qu'il y avait pourtant de nostalgie divine dans la sagesse de l'Acropole ne peut plus attendre davantage que nos voix réconciliées attestent enfin la Sagesse du seul Icare remonté aux deux : le crucifié du Golgotha. L'Alpha du matin éternel peut seul nous faire rejoindre par-dessus le chaos l'Oméga du jour sans plus de soir. »



Louis Bouyer, Les Lieux magiques du Graal, 1986.

mardi 27 septembre 2011

Histoire de la spiritualité chrétienne

Histoire de la spiritualité chrétienneHistoire de la spiritualité chrétienneHistoire de la spiritualité chrétienne


Les Editions du Cerf ont eu l’heureuse initiative de rééditer toute une série d’ouvrages du père Louis Bouyer (1913-2004).

Louis Bouyer a été un des théologiens les plus remarquables et les plus passionnants du XXe siècle. D’abord pasteur luthérien, il passa au catholicisme romain (très précisément à l’Oratoire) sous l’effet de la lecture de saint Athanase. A une connaissance très sûre de la Tradition, il alliait un esprit d’une ouverture exceptionnelle. Marqué par les œuvres de Vladimir Lossky et de Serge Boulgakov, il était très proche de la théologie orthodoxe – comme tout ceux qui fréquentent assidûment les Pères grecs. Mais il n’avait pas renié son protestantisme d’origine, dont il trouvait l’accomplissement dans le catholicisme. D'autre part, il avait assimilé l'oeuvre de Mircea Eliade, et il était devenu ami de Tolkien...

Son œuvre considérable révèle un théologien qu’on pourrait dire éclectique si ce mot n’avait pas pris la connotation d’un mélange sans rime ni raison, nous dirons donc non conformiste. Ce en quoi il était conforme à l’Evangile.

J’ai choisi de vous présenter aujourd’hui ces trois volumes (un quatrième fut l’œuvre de Louis Cognet), qui ne sont pas de la théologie stricto sensu mais donnent accès à ce monde extra-ordinaire de la spiritualité, disons de la mystique, dont les théologiens patentés se sont si longtemps méfié. Mentionnons simplement la férocité avec laquelle Bossuet poursuivit Fénelon.

Ces trois volumes datent de 1961-1965, mais ils n’ont pas pris une ride.

lundi 19 septembre 2011

Aphorismes spirituels (10)

Toute la métaphysique du monde est dans le rythme de mort et de résurrection.

dimanche 18 septembre 2011

Justice divine et justice humaine

La justice humaine et la Justice divine aboutissent toutes deux à des résultats paradoxaux et inverses l'un de l'autre : la justice humaine à l'injustice, par parcimonie ; la Justice divine à la Miséricorde, par surabondance.

Une prière maçonnique

Très Saint et Très Glorieux Seigneur Dieu, Toi, Grand Architecte du ciel et de la terre, qui es le donateur de tous dons et de toutes grâces, et qui as promis que là où deux ou trois seront réunis en ton Nom Tu seras au milieu d'eux ; en ton Nom nous nous assemblons et nous réunissons, Te suppliant humblement de nous bénir dans nos entreprises, de nous donner ton Saint-Esprit pour illuminer nos esprits par la sagesse et l'intelligence, afin que nous puissions Te connaître et Te servir justement et que toutes nos actions servent à ta Gloire et au salut de nos âmes.

Nous t'en supplions humblement au nom et pour l'amour de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Amen. »

Prière de la Grande Loge des Anciens (fondée en 1751)

Et après cela, on soutiendra que la maçonnerie a toujours été antichrétienne !





jeudi 1 septembre 2011

Aphorismes spirituels (suite 9)

Que va faire l’Homme chargé du péché ?


L’Homme est appelé à la royauté : elle se change en possession ;
Il est appelé à la béatitude : elle se change en jouissance ;
Il est appelé à la gloire : elle se change en domination.
Le péché a détourné ces tensions de leur finalité : Dieu.


Premier aspect du péché : l’oubli de Dieu ;
Second aspect du péché : le parasitage de la création par l’esprit démoniaque.

L’Homme va donc tâtonner pour retrouver l’image de Dieu dans la profondeur de son être, et cheminer vers la ressemblance, qui est la pénétration de l’image par les énergies divines.

L’Homme s’exerce comme tête de l’univers et aussi comme initiateur de l’univers, comme sacralisateur de l’univers, comme principe serviteur de l’univers, pour épanouir la vie.

L’univers va se mettre à l’image de l’Homme : c’est tout le domaine du sacré, de l’Eglise comme paradis nouveau, pour préparer la vie avec Dieu qui est un mariage.


L’Homme doit servir l’univers pour en faire l’épouse de Dieu.










mercredi 31 août 2011

Aphorismes spirituels (suite 8)

L’Homme (suite)







Le péché a éloigné l’Homme de Dieu et lui a rendu la nature hostile.

Dès lors le chemin humain suit deux mouvements :
- retrouver la ressemblance ;
- retrouver la concordance avec la nature.


Dieu veut que nous connaissions ses pensées et il nous les révèle.
Nous pouvons ne pas les suivre mais, si nous les suivons, nous devenons capables d’être fils de Dieu.

Même l’Homme abouti (celui du 6e jour) n’est pas achevé. Il est à l’image, il lui est proposé de devenir à la ressemblance.

L’Homme à la fois est dans le temps et est éternel. Il est en corrélation avec l’univers et l’univers est en corrélation avec l’Homme.


Le Christ est à la fois inscrit dans le temps et dans l’espace, et l’Adam pré-éternel avant le temps.










Aphorismes spirituels (suite 7)

L’Homme (suite)







Le péché a éloigné l’Homme de Dieu et lui a rendu la nature hostile.


Dès lors le chemin humain suit deux mouvements :
- retrouver la ressemblance ;
- retrouver la concordance avec la nature.

Dieu veut que nous connaissions ses pensées et il nous les révèle.
Nous pouvons ne pas les suivre mais, si nous les suivons ; nous devenons capables d’être fils de Dieu.

Même l’Homme abouti (celui du 6e jour) n’est pas achevé. Il est à l’image, il lui est proposé de devenir à la ressemblance.

L’Homme à la fois est dans le temps et est éternel. Il est en corrélation avec l’univers et l’univers est en corrélation avec l’Homme.


Le Christ est à la fois, inscrit dans le temps et dans l’espace, et l’Adam pré-éternel avant le temps.










mardi 30 août 2011

Aphorismes spirituels (suite 6)

Qu’est-ce que l’Homme vivant ?



L’Homme est la synthèse du visible et de l’invisible, de l’esprit et de la poussière de la terre, il est consubstantiel au ciel et à a terre, à l’esprit et à la matière.

Il résume aussi les règnes de l’univers : monde angélique, animal, végétal, minéral. En ce sens il résume l’univers, il est microcosme.

L’Homme a une double vocation par rapport au monde cosmique :
- l’harmoniser, le résumer, le synthétiser ;
- libérer ses éléments, les harmoniser dans la liberté.










lundi 29 août 2011

Pharisaïsme

Evêque Jean de Saint-Denis, Le Verbe incarné¸ Paris, Patrimoine orthodoxe, 1985, pp. 170-171




Dans une religion légaliste et moraliste, du style de celle des pharisiens dont la sagesse et la vertu furent souvent très grandes, il y a des positions parce que Dieu n’est pas intérieur à nous. Dieu est au ciel et moi je suis ici ou là sur terre. Entre ces deux positions supposées, j’établis toute une relation ; c’est la qualité ou l’intensité de cette relation que je dirai être « vertu » ou « bénédiction de Dieu » ou « récompense » ou « châtiment ». Déjà les amis de Job ont développé ces idées de façon sublime… mais le Très-Haut ne les approuve pas !

Car si Lui, Dieu, ou moi, sa créature, ne sommes pas conformes à ce que suppose ma religion, alors ma vertu ne vaut rien et ce que j’ai cru être la grâce de Dieu n’est qu’illusion.

C’est pourquoi les pharisiens refusent toute surprise, tout ce qui n’est pas prévu, codifié par la Loi, tandis que les véritables adorateurs de Dieu sont toujours surpris par Lui et s’en réjouissent ; ils sont reconnaissants aux êtres ou aux circonstances qui les surprennent et dérangent leurs habitudes de pensée ou d’action, détruisent leur réputation et même leur existence ici-bas.

Rappelez-vous la définition de la « joie parfaite » chez saint François d’Assise (Fioretti, chapitre VIII), qui ne veut être qu’un commentaire de saint Paul : « Je ne me glorifierai en rien, sauf en la croix de Notre Seigneur Jésus-Christ » (Galates 6, 14) – croix qui est un scandale pour le pharisien, attaché à garder sa « situation ».

dimanche 28 août 2011

La déification de l'Homme



 

Tous les orthodoxes et les amis de l’Orthodoxie connaissent le chef-d’œuvre insurpassé de Vladimir Lossky Essai sur la théologie mystique de l’Eglise d’Orient, paru pour la première fois en 1944, maintes fois réédité depuis, et en dernier lieu en 2005 par les éditions du Cerf dans une nouvelle présentation.

Il faut y ajouter un autre ouvrage qui n’a pas connu le même retentissement lors de sa première parution en 1970 et que les éditions du Cerf viennent également de rééditer en mai dernier dans une nouvelle présentation.

Cet ouvrage est également un chef-d’œuvre, qui traite d’une manière admirable ce qui, aux yeux de l’Orthodoxie, est la substance même du dessein divin à l’égard de l’homme et ensuite du monde : Dieu s’est fait Homme pour que l’Homme devienne Dieu.

Bien que Vladimir Lossky ait, dans son Essai¸ traité de la question avec sa précision coutumière, le thème n’avait pas particulièrement frappé les esprits occidentaux. Le cardinal Daniélou, dans sa préface de 1970 que reproduit la présente édition, décrit l’émerveillement que produisit en lui la lecture des travaux de Myrrha Lot-Borodine consacrés à la question de la déification. Il écrit :  "La lecture de cet ouvrage fut pour moi décisive. Il cristallise quelque chose que je cherchais, une vision de l'homme transfiguré par les énergies divines." Et il ajoute : "Ce qui fait la valeur exceptionnelle de l'œuvre de Madame Lot-Borodine, c'est qu'elle a retrouvé l'expression vivante de la mystique byzantine et qu'elle a su la faire percevoir."

C’est le recueil de ces travaux que présente l’édition de 2011 comme celle de 1970. Depuis lors, la notion de déification a fait son chemin dans le monde catholique romain. Elle est souvent présente dans les écrits du cardinal Daniélou sous le terme plus soft de « divinisation ». Surtout, elle a fait l’objet de la thèse de théologie du père François Brune Pour que l’homme devienne Dieu publiée en 1983. Ce qui donne à la réédition des travaux de Myrrha Lot-Borodine un caractère d’actualité.

Qui était Myrrha Lot-Borodine ? Une théologienne d’origine russe, épouse du grand médiéviste Ferdinand Lot, et qui a partagé ses recherches entre la littérature du Moyen-Age, et tout particulièrement les romans du cycle arthurien et du cycle du Graal (sa thèse de doctorat porta sur La femme dans l'œuvre de Chrétien de Troyes ) et la théologie orthodoxe, entre autres la pensée de Nicolas Cabasilas.

Qu’un ou une spécialiste de la théologie orthodoxe s’intéresse activement à la littérature médiévale n’est pas un cas unique, comme le prouve, entre autres, la thèse de doctorat (posthume, hélas) de Vladimir Lossky Théologie négative et connaissance de Dieu chez Maître Eckhart (1960) - Vladimir Lossky que passionnaient aussi la Table Ronde et la quête du Graal. Mais il faut bien avouer que ces cas sont rarissimes.

Dans ses essais Myrrha Lot-Borodine traite de la déification avec grande précision et à la grande manière universitaire, c’est-à-dire avec abondance de citations, en particulier, fait notable, de saint Maxime le Confesseur ; mais aussi, comme le note le cardinal Daniélou, avec un lyrisme presque mystique et d’une grande beauté d’expression.

Pas plus que de Vladimir Lossky on ne peut faire l’économie de Myrrha Lot-Borodine !















vendredi 26 août 2011

Les Leçons de Lyon


Les « Leçons de Lyon aux élus coëns » sont le titre donné par le regretté Robert Amadou à un document mis au jour et publié par lui en 1999 dans un état beaucoup plus complet que les  "Conférences des Elus Cohens de Lyon" publiées par Antoine Faivre en 1975, lesquelles, quoique imparfaites, ont néanmoins eu l’avantage d’être seules accessibles aux hommes de désir durant près d’un quart de siècle.

Ces « Leçons de Lyon », Catherine Amadou les publie de nouveau aujourd’hui dans une édition « revue et corrigée ». Comparaison rapide faite, les corrections ne portent que sur des points de détail et n’affectent évidemment pas le texte des « Leçons », non plus que ceux, dus à Robert Amadou, de la « Préface » (pp. 13 à 71) et de l’ « Introduction » (pp. 73 à 200). La seule différence flagrante est celle de la couverture qui, indépendamment des mentions, légèrement mises à jour, se présente en caractères verts sur fond blanc au lieu de caractères blancs sur fond vert de la première édition.

Pourquoi la lecture et la méditation des « Leçons de Lyon » sont-elles indispensables, et pour les martinistes et pour les maçons rectifiés ?

Parce que, durant ces années 1774-1776 (années de la création du Régime rectifié), en l’absence de Martines de Pasqually,  due à son départ d’abord pour Saint-Domingue, puis pour le ciel, ses disciples les plus fervents se sont ingéniés à percer les obscurités, pour ne pas dire les énigmes, de sa doctrine et, ce qui n’est pas le moins important, à ajuster les enseignements du Maître à ceux de la Sainte Eglise catholique romaine dont ils étaient tous, Magistro volente¸ les disciples – au point que les réformés, comme Hauterive, avaient dû abjurer et se convertir au catholicisme.

Dans cette lignée, les « Leçons de Lyon » nous présentent le texte d’un martinésisme christianisé. D’un martinésisme, qui au lieu d’être clos et renfermé sur soi-même comme celui qui résulte du Traité sur la réintégration, est, parce que chrétien, dynamique et ouvert sur des perspectives infinies.

C’est pourquoi Robert Amadou conseillait à tous ceux qui portaient au martinésisme un intérêt autre que textuel et historiographique, de partir, non du Traité (tout en le connaissant), mais des Leçons de Lyon.

Autre importante considération. Indépendamment des excellents travaux de Serge Caillet qui, tant dans ses publications que dans le cadre de son Institut Eléazar, œuvre comme un martinésien de stricte observance, les meilleures et plus profondes exégèses qui ont été produites au sujet du martinésisme sont celles qu’a commises Robert Amadou, à savoir :

- l’Introduction à son édition (« première édition authentique d’après le manuscrit de Louis-Claude de Saint-Martin ») publiée par la Diffusion rosicrucienne (Le Tremblay, 1995) ;

- les Préface et Introduction aux Leçons de Lyon.

On n’a jamais rien écrit de plus pertinent.

Aussi mets-je en fait qu’un maçon rectifié ou un martiniste qui ne les a pas lues et méditées n’est ni martiniste ni maçon rectifié, sauf en figure.