mercredi 31 octobre 2012

La tolérance est-elle une vertu ?


N’en déplaise à la vulgate maçonnique, si la tolérance est une vertu, j’entends montrer que cette vertu est passive et contrainte, qu’elle n’est pas pérenne, et par conséquent que ce n’est pas une vertu. Je le ferai en m’appuyant sur les réalités concrètes et non au moyen de ratiocinations déployées dans le vide.

Sans m’appesantir (mais sans néanmoins me priver du plaisir de la citer) sur la fameuse boutade de Claudel : la tolérance, il y a des maisons pour ça ! (d’ailleurs il n’y en a plus), je dirai que le langage ordinaire nous fournit déjà une indication utile. Tolérer ne signifie nullement accepter, accueillir, apprécier ; cela signifie supporter de plus ou moins bon gré, plus ou moins sous la contrainte. Rapportons-nous à la physiologie et prenons le cas d’un organe du corps humain, l’estomac par exemple : on dira que l’estomac a bien (ou mal) toléré telle nourriture, tel médicament, tel acte médical comme l’introduction d’une sonde. L’aspect passif et /ou contraint de la tolérance est ici patent. Et cette tolérance est de plus limitée dans sa durée et dans ses proportions. Le mode d’existence d’un organe quel qu’il soit est de préserver intacte son identité,  d’empêcher qu’elle soit altérée, qu’elle devienne autre, ce qui risque de se produire s’il y a intromission d’un élément ou d’un corps étranger. En ce cas se déclenchent des mécanismes de défense : c’est le processus de l’immunité. Et la tolérance va nécessairement prendre fin de deux façons possibles, et deux seulement : ou l’assimilation (par digestion, etc.) ou l’expulsion par rejet. Ainsi, si l’on veut qu’un corps étranger reste à demeure par le moyen d’une greffe (d’organe ou de matériel : cœur artificiel, etc.) il faut annihiler ces défenses naturelles pour instaurer une tolérance forcée (d’où un risque réel d’échecs). Ce qui vaut pour tous les organes vaut aussi pour cet ensemble d’organes, lui-même grand organe, qu’est le corps humain. Si par malheur ce corps étranger ne peut être ôté ou expulsé (par exemple un éclat d’obus, ou tout autre intrus), alors le tissu commence à se désagréger tout autour : c’est la gangrène. Et si l’on n’intervient pas pour amputer, pour séparer du corps le membre qui lui devient étranger, indésirable et dangereux, c’est alors le corps tout entier qui se désorganise, qui tombe en lambeaux : tel fut ce qui advint au malheureux roi Louis XVIII avant même sa mort…

On voit aisément que tout ce qui vient d’être dit est transposable terme à terme à cet organe particulier qu’est la société humaine. Toute société humaine quelle qu’elle soit fonctionne en cas d’intromission d’éléments étrangers selon le processus de tolérance-assimilation ou tolérance-rejet, pour la bonne et simple raison que c’est un processus naturel et que la société humaine est certes un corps social mais aussi un corps naturel, gouverné par les lois de la nature. Et de même qu’il existe dans la nature physiologique un seuil de tolérance à partir duquel se déclenchent les mécanismes de défense, de même en existe-t-il un dans la nature sociologique, comme l’a démontré Alfred Sauvy, qui l’a évalué à quelque 10 % de la population d’un groupe social  déterminé se comportant comme un organisme ; au-delà de ce seuil l’assimilation devient impossible et alors se déclenche quasi inévitablement le mécanisme de rejet.

On m’objectera peut-être que cette conception organiciste  est issue des écrivains contre-révolutionnaires, en particulier Bonald. Peut-être bien. Mais fondée qu’elle est sur une constatation empiriques des réalités, elle a toutes chances de leur être beaucoup plus adéquate que la rationalité pure, qui se comporte le plus souvent en lit de Procuste.

En effet, toutes les sociétés dans toutes les civilisations et en tous temps ont toujours possédé des constitutions organiques. L’individu, l’homme isolé, y est inconcevable, car il n’existe pas. Ce qui existe, c’est l’homme en condition, existant et explicable par la multitude d’appartenances qui sont les siennes et le rattachent, le relient (la religion est une de ces appartenance) à des organes ou organismes ancrés dans la vie réelle, laquelle ne peut se dérouler indépendamment d’eux, et qui ne sont point conçus et mis en œuvre  dans l’abstraction théorique, comme la plupart de ceux que secrète de nos jours l’inventivité administrative. Dans l’ancienne France, l’homme n’existe pas indépendamment de toute une série de réseaux qui le relient à ces organes vivants que sont sa famille, non pas la famille mononucléaire de notre époque mais la famille étendue dans le temps (la lignée) et dans l’espace (la parenté) ; son métier, lui aussi organisé en corps ou corporations ; sa paroisse, dépendant de ce grand corps, le premier de l’Etat, qu’est l’Eglise, elle-même subdivisée en une multitudes des corps subalternes ; sa commune, elle aussi composée de divers corps ou organes ; l’Etat enfin, c’est-à-dire le roi et le royaume, avec là aussi tous les corps qui concourent à l’administration. Et cette multiplicité, on pourrait dire cette prodigalité organique établit entre toutes ses composantes des liens étroits de solidarité que ne distendent pas les conflits qui se produisent inévitablement mais sans jamais mettre en question cette physiologie de la société. Rien n’est plus étranger à cette société-là que la « lutte des classes ».

Ajoutons, ce qui n’est pas anodin, que tous ces corps possèdent des us et coutumes, des lois écrites et non écrites qui leurs sont propres (ce sont là les « privilèges », privae leges, lois particulières), qu’aucune puissance ne peut abroger sans le consentement de ceux que ces privilèges régissent (lequel n’est jamais donné). Tel fut le cas, mais l’exemple n’est pas unique, du duché de Bretagne lors de sa réunion à la couronne de France par François Ier. Tout cela apporte de sérieuses limitations au pouvoir prétendument absolu du roi, fût-il Louis XIV, pouvoir qui dans la réalité est notablement moindre que celui d’un président de la Ve république !

Qu’y avait-il alors besoin de tolérance ? Dans cette configuration, il n’y avait pas place pour elle.

On m’objectera la question religieuse. Il faut y regarder de plus près, car elle donne matière à bien des idées fausses, à bien des contre-sens qui font malheureusement florès en particulier dans l’enseignement public ; quant à la presse, n’en parlons même pas…

La notion de tolérance en matière de religion était totalement inconnue non seulement dans l’ancienne France mais aussi dans tous les pays d’Europe et d’Amérique de l’époque moderne. Elle était inconnue car elle était tout simplement inconcevable. En effet, la religion étant pour ainsi parler la base et la colonne de la société, en France comme ailleurs, le principe organique d’unicité rendait nécessaire l’existence d’une foi unique. C’est pourquoi ceux qui se soustrayaient à cette foi unique étaient considérés et punis comme ennemis de la société. Cela avait été le cas des chrétiens dans l’Empire romain avant Constantin, ç’avait été le cas des cathares ou albigeois en France méridionale aux XIIe et XIIIe siècles, c’était depuis le XVIe siècle le cas des protestants en pays catholiques et des catholiques en pays protestants.

Telle était la règle. Les réalités obligèrent à lui apporter des amodiations. Ainsi en Allemagne, l’empereur Charles-Quint, conscient de l’impossibilité où il était de réduire les protestants à quia par la force en quinze ans de conflit, se résigna, bien plus réaliste qu’on ne l’a dit et en tout cas que son fils et successeur Philippe II, à conclure en 1555 la paix d’Augsbourg. Fut-ce une paix de tolérance, une paix de liberté religieuse ? en aucune façon ! nul n’en voulait. Elle organisa une  juxtaposition d’intolérances. En vertu du principe cujus regio ejus religio, tous les sujets d’un prince souverain, sans exception, étaient tenus d’embrasser la religion dudit prince.

Ce qui était  applicable en Allemagne, conglomérat de plusieurs centaines de principautés, ne l’était nullement en France, pays unitaire. D’où les guerres de religion, qui durèrent trente-six ans, et ruinèrent entièrement le pays. Quid alors de l’édit de Nantes, signé le 13 avril 1598 et promulgué ensuite non sans rencontrer de nombreuses résistances ? Est-ce un édit de tolérance, comme on l’a dit trop légèrement ? En aucun cas : c’est un édit de pacification entre belligérants dont aucun n’avait pu écraser l’autre, édit exigeant l’oubli de part et d’autre pour ramener la pays dans le royaume, et imposé par un roi qui fut peut-être le plus pragmatique de tous les souverains de France. Edit qui suscita la colère des excités des deux camps, dont beaucoup appelèrent à l’assassinat du roi (le régicide étant devenu licite chez les théologiens extrémistes des deux partis) ; et selon des recherches récentes, il ne serait pas à exclure que le meurtre en 1610 fût en relation avec ce bouillonnement de haines religieuses.

Quoiqu’il en soit, la tolérance n’avait aucune part dans l’édit de Nantes. Il organisait, a-t-on pu dire, la « coexistence de deux intolérances », et cela au sein d’un seul et unique royaume – grande différence avec l’Allemagne. Coexistence d’ailleurs inégale car les protestants (pourtant anciens coreligionnaires d’Henri IV) n’avaient toujours pas droit à un état-civil, n’étaient pas admissibles aux principaux emplois (il y eut des exceptions éclatantes, dont Sully) et si le culte était autorisé, c’était en des localités ou châteaux limitativement énumérés et à l’exclusion de Paris et les lieux de résidence de la cour.

Dans l’esprit du temps qui vient d’être décrit, c’était une situation bâtarde et provisoire qui ne devait durer que jusqu’à la conversion finale de tous les protestants. La France était le seul pays d’Europe, hormis le cas particulier de l’Allemagne, qui admît le dualisme religieux, et cette situation était perçue par tous comme une anomalie anti-naturelle. C’est pourquoi lorsqu’en 1685 Louis XIV abrogea l’édit de son grand-père, ce fut un applaudissement général dans toutes les classes de la société – à l’exception évidemment des intéressés. Ce qui apparaît à nos yeux comme une faute politique majeure du règne était au contraire salué comme un retour à la règle et à la norme : point de disparité dans un corps social où le religieux et le politique étaient indissociables bien que distincts, point de corps étranger.

On mesure mal aujourd’hui la distance abyssale qui sépare de cette conception multiséculaire de la société, celle qui prévalut et prévaut toujours depuis la révolution de 1789. Il n’est que de lire l’intitulé de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Le voilà l’individu,  l’homme libéré de tous ses conditionnements : l’homme en soi, l’homme sans qualités,  un être de raison, un être irréel. Ce vieux réactionnaire que fut Taine s’en moquait en disant  que cet homme de la Déclaration était comme né orphelin et mort célibataire…   « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. » Pétition de principe ! Les deux qualités sont antinomiques, comme l’a fait remarquer Soljenitsine, et le jeu de contrariété voire d’antagonisme entre liberté et égalité a scandé et continue de scander toute l’histoire politique et sociale de la France.

Mais enfin, la tolérance est-elle proclamée ? Nullement. Des droits positifs sont affirmés, dont la liberté d’opinion et la liberté d’expression, mais dans les limites prescrites par la loi, expression de la volonté populaire. Quel besoin de la tolérance, puisqu’il n’y pas lieu qu’elle s’exerce !  Et en effet elle ne s’exerça pas, puisque les prêtres et évêques dits réfractaires ou non jureurs, ceux qui refusèrent de prêter serment à la constitution civile du clergé du 12 juillet 1790 furent traqués, pourchassés, emprisonnés, déportés, mis à mort…Leur refus de jurer portait atteinte à l’unité de la société : même cas de figure que pour les premiers chrétiens dans l’empire romain. Eh oui, la France révolutionnaire obéissait, en dépit des déclarations de principe, aux règles naturelles de défense d’un organisme agressé et qui s’en défend par l’intolérance. Ensuite vinrent tous les éléments réputés étrangers à l’organisme révolutionnaires : le roi, la reine, les aristocrates, les agioteurs, les contre-révolutionnaires, et tous les « ennemis du peuple », jusques et y compris Robespierre lui-même. Bref, la révolution française porta, au nom du peuple, l’intolérance à son comble, et son exemple fut un peu plus d'un siècle plus tard imité et amplifié.

Au total, la tolérance n’eut jamais le dessus sous aucun régime ; et pourquoi ? parce qu’elle n’est pas naturelle. C’est à tout prendre un pis-aller en attendant mieux… ou pire.

Or il y a bien mieux à offrir, et ce sont les enseignements du Christ qui l’offrent, ce mieux (il faut bien que je prêche pour mon clocher !) Et c’est l’amour fraternel. Etant bien entendu que l’amour fraternel ne doit pas se limiter à la famille, à la fratrie ; non plus qu’à cette famille élargie qu’est la fraternité maçonnique ; mais il doit englober tous les hommes, qui sont tous frères parce que tous fils du même Dieu, même s’ils ne le savent pas et même s’ils ne le croient pas. Et comme parmi les frères on compte aussi des frères ennemis, le Christ ajoute à cela l’amour des ennemis.

L’amour des ennemis, par exemple l’amour des islamistes… diable ! (et je ne prononce pas ce nom à la légère)… mais c’est terriblement difficile, presque impossible. C’est justement pour cela que c’est une vertu ; car une vertu facile, c’est un leurre. C’est la plus héroïque et la plus parfaite des vertus, car c’est elle qui peut, quand à grand ahan on la pratique,  construire, édifier un homme parfait. Et qu’est-ce qu’un homme parfait ? c’est un homme déifié, conformément au dessein éternel de Dieu. Un  homme devenu participant de la nature divine, comme dit l’apôtre Pierre dans sa première épître, un homme devenu par grâce ce que Dieu est par nature.  L’amour des ennemis est un instrument efficace entre tous de la déification. C’est un instrument  redoutable car plus qu’aucun autre il met à mort l’égo. L’amour des ennemis est un amour divin, c’est celui qu’a manifesté le Christ cloué sur la croix ; et c’est cet amour qui déifie car il rend semblable au Christ comme le fut Etienne lors de sa lapidation.

L’apôtre Paul, pédagogue plus qu’aucun, dit en substance ceci (je transpose) : le Seigneur vous a donné ce commandement, auquel il faut se conformer, mais qui est presque hors d’atteinte. Et moi je vous conseille d’aller progressivement : pour commencer, supportez-vous les uns les autres … la voilà la tolérance ! 


La charité

 Mais il ajoute un mot, un simple mot qui change tout : « dans l’amour », en latin in charitate,     en grec en agapè (Ephésiens 4, 2). La tolérance, pour devenir une vertu, doit changer de  nature, elle doit être remplie et pour ainsi dire transfigurée par l’amour.

 L’amour, ou la charité (c’est le même mot) est le moteur universel. C’est un brasier ardent.   Mais, comme tout foyer, il  besoin d’être alimenté. Et par quoi ? par la foi et l’espérance. On trouve là la trilogie paulinienne des vertus dites théologales parce qu’elles viennent de Dieu et mènent à Dieu.

Cessons donc d’invoquer cette misérable tolérance, louons et proclamons l’amour fraternel !

…Néanmoins, j’espère que vous aurez toléré mon bavardage !...


30 octobre 2012


P.S. La tolérance peut même parfois être le masque de pensées parfaitement intolérables. Voltaire était orfèvre en la matière, témoin cette lettre à lui adressée par Mme du Deffand (14 mars 1764) :
" Je répète sans cesse ce que vous m'avez dit dans une de vos lettres, qu'il faut mépriser les hommes et qu'il faut les tolérer. Ils sont contents de la tolérance et ne s'aperçoivent point du mépris."
in Xavier Martin, Voltaire méconnu. Aspects cachés de l'humanisme des lumières (1750-1800). Ed. Dominique Martin Morin.




 



samedi 27 octobre 2012

sur le martyre du Père Fadi Haddad


Déclaration du Patriarcat d'Antioche sur le martyre du Père Fadi Haddad



Calligraphie du Notre Père en Arabe 





Père martyr Fadi 


"Ô Ami des hommes, Toi Qui es le Dieu de la paix et le Père des miséricordes"

Nous tournons vers Toi nos cœurs douloureux et demandons Ta grâce, car dans Ta compassion tu nous mènera à la paix, Tu nous traiteras avec amour, Tu auras de la compassion pour nous, et Tu nous guideras vers la raison et la conscience, nous, les humains qui sont créés à Ton image et à Ta divine ressemblance.Le 18 Octobre de cette année, le Révérend Père Fadi Haddad, prêtre de la paroisse du prophète Elie à Qatana a accompli une mission humanitaire noble pour ramener un membre de sa paroisse qui avait été enlevé quelques jours plus tôt. Ce qui s'est passé a été plus difficile que prévu et le Père Fadi a été lui-même enlevé avec l'autre intermédiaire, la rançon, et un véhicule privé. Cette série d'événements tragiques a commencé par les négociations avec les ravisseurs qui réclamaient une somme énorme d'argent.Il y avait eu l'espoir que les consciences serait sobres, de peur qu'une tragédie douloureuse se produise, ce qui est arrivé, car le corps du Père Fadi Haddad a été retrouvé dans la matinée du jeudi 25 Octobre dans la région de Drousha. Sur lui étaient d'indescriptibles marques de torture et de mutilations. Il a été identifié par le Révérend Père Elias el-Baba, prêtre de la ville de Hina et il a été transporté à la clinique de la ville. Le patriarcat à Damas a été informé de son martyre, que son sang pur et sans tache soit en sacrifice pour la réconciliation et l'harmonie.Nous nous tournons vers Dieu, qu'Il soit exalté, demandant la miséricorde et le pardon pour lui. Dans le même temps, cependant, nous condamnons dans les termes les plus sévères cet acte ignoble et barbare contre des civils, des innocents et des hommes de Dieu qui s'efforcent d'être des apôtres de la paix qui rassemblent les cœurs, pansent les plaies de la souffrance, consolent ceux qui sont dans l'angoisse, et renforcent les faibles dans ces circonstances difficiles. Nous exprimons la profondeur de notre douleur tandis que notre nation bien-aimée est témoin d'actes odieux qui sont sans précédent dans sa longue histoire, qui a joui d'une vie construite sur le fondement de l'amour, de la coopération, de la paix et de l'harmonie.Nous demandons instamment à tous les citoyens, aux organisations humanitaires et à tous ceux de bonne volonté et de bonnes intentions, qui constituent la majorité de notre peuple pacifique et épris de la vie, de se joindre à nous pour condamner l'enlèvement, l'assassinat, la destruction, le vol qualifié et les voies de fait qui ont lieu contre la sécurité et le bien-être des citoyens. Nous les appelons au dialogue, à la paix et à l'harmonie, en particulier les hommes de Dieu parmi eux.De même, nous appelons les enfants de ce pays à coopérer et à se soutenir mutuellement dans ces circonstances difficiles afin de contenir le mal qui nous assaille dans l'espoir de mettre un terme à cela et au bain de sang innocent qui a lieu tous les jours, où des personnes innocentes de toutes les composantes de la société dans le pays tombent. Nous espérons arriver à mettre un point final à cela par tous les moyens humanitaires qui conduisent à la proclamation de la paix plutôt qu'à l'éclatement de la guerre, à l'amour au lieu de la haine, au rapprochement au lieu de l'aliénation, comme notre histoire commune l'a connu et le connaît.Nous nous tournons vers nos bien-aimés enfants, et affirmons que nous sommes les enfants de la résurrection et de la vie, parce que notre Seigneur nous l'a enseigné quand Il a dit:

"Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie"

Nous sommes les enfants de l'espoir qui triomphe de tout sentiment humain de faiblesse. Nous leur rappelons que la crucifixion du Sauveur a précédé sa résurrection d'entre les morts. Le chemin vers le Golgotha ​​se termine avec la vie surgissant de la tombe avec la lumière de la glorieuse Résurrection du Sauveur.
Nous affirmons à tous nos enfants que nous restons fermes dans notre foi et notre espérance dans la puissance de notre Seigneur qui a voulu que nous ayons la vie, et en abondance (Jean 10:10). Nous les appelons dans l'amour du Christ à rester dans leur pays et leur nation et pour ne pas rester à la frontière de la tragédie et de pleurer nos morts, car c'est la volonté de la vie que nous puissions grandir dans la foi et l'espérance. Nous les exhortons à se tourner vers l'avenir que nous construisons par la puissance de la foi, à réaliser une vie libre et digne pour les enfants de notre nation et de notre peuple.
Nous demandons à Dieu que le martyre du Père Fadi Haddad soit un sacrifice offert pour les enfants de cette nation et un point d'arrêt aux douloureux événements que nous vivons en ces mauvais moments.
Nous demandons la miséricorde riche et abondante de Dieu pour notre bien-aimé défunt martyr et nous nous tournons vers lui pour demander la miséricorde pour notre peuple, notre nation bien-aimée, et pour tous les peuples et les pays affligés de ce Moyen-Orient.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


vendredi 26 octobre 2012

LES HOMMES DE DESIR









LES HOMMES DE DESIR
Par Serge Caillet et Xavier Cuvelier-Roy
(Grenoble, Le Mercure Dauphinois, septembre 2012)

Que voilà un bon livre, aussi agréable qu’il est utile !

Imaginez une conversation entre hommes de bonne compagnie, en un mot, civilisés (vertu qui n’est plus de mode), à laquelle on se sent courtoisement convié, ce qui est un agrément de plus...

Oh, ce ne sont pas les soirées de Saint-Pétersbourg, cette brillante escrime à fleurets mouchetés ; non, c’est un de ces entretiens aimables et érudits tels qu’il pouvait s’en tenir autour du Philosophe inconnu dans les salons de la marquise de la Croix (manifestations spirites exclues !) Qu’on ne s’attende pas à de grandes théories métaphysiques ou mystiques, à des thèses fracassantes : elles ont sagement été laissées aux penseurs patentés ou autoproclamés. Bien plus modestement, comme les auteurs l'annoncent, ils se sont assigné pour but d’instruire ceux qui manquent des connaissances de base sur Martines de Pasqually, Louis-Claude de Saint-Martin , Jean-Baptiste Willermoz, Papus et la suite, tous « hommes de désir » relevant à quelque titre que ce soit du « martinisme » , cette notion polysémique dont est rappelée d’emblée la précieuse définition qu'en donna  Robert Amadou (dont l’ombre bienveillante plane sur ces entretiens) ; sur ces hommes mais aussi sur ce qui fut créé par eux, à cause d’eux et en se référant à eux.

C’est donc un livre documentaire, un livre factuel, un livre d'histoire "événementielle" (ce genre honni et proscrit du temps que le marxisme triomphait à l'université – honni et proscrit et dont pourtant le public n’a cessé de raffoler), et c’est en en même temps une galerie de portraits. Le risque était grand de l’aridité, tant est complexe et embrouillée la matière du martinisme et du martinésisme, déjà du temps de Papus et plus encore après lui ! Quel foisonnement d’ordres, de contre-ordres, de désordres… Une vraie forêt de Brocéliande où ne manquent ni les mages, ni les bonnes et les mauvaises fées ! Combien de fois ai-je pensé m’y perdre… Eh bien, j’y vois plus clair, conduit que j’ai été par la main de ce guide assuré qu’est Serge Caillet, qui en arpente les tours et détours pour ainsi dire les yeux bandés – et son complice Xavier Cuvelier-Roy ne paraît pas davantage désorienté !

Or le risque d’aridité que je viens de mentionner est complètement esquivé par ce ton de conversation agréable et plaisante, honnête comme on disait au grand siècle, où deux amis se donnent la réplique, sans pédanterie, sans affectation, sans commérages non plus (autre risque soigneusement évité). Serge Caillet enseigne en contant, en racontant, et Xavier Cuvelier-Roy est un partenaire efficace et habile. Nous serions au théâtre, je dirais qu’il tient à merveille son emploi de second rôle afin de mettre en valeur la vedette… Qu’ils me pardonnent cette apparente irrévérence, mais je suis convaincu que c’est dans cet esprit qu’ils se sont distribués les rôles. Et les amateurs de théâtre ou de cinéma tomberont d’accord qu’un second rôle a autant d’importance qu’un premier rôle.

Qu’on n’aille pourtant pas croire que l’ouvrage soit purement narratif et dépourvu d’idées, de notations, de réflexions souvent précieuses. Que non pas ! mais elles ne se haussent pas du col, elles surgissent à l’improviste, sans affectation, aux détours de la promenade. Je ne les cite pas, je laisse au lecteur le soin de les découvrir. Il en est une néanmoins que je mentionnerai car elle m’est chère et je me réjouis de la partager avec Serge : c'est que les filiations spirituelles, et les transmissions spirituelles qu'elles véhiculent, ne sont assujetties ni au temps ni à l'espace, car l'Esprit souffle où il veut et ne tient aucun compte de cette chaîne successorale mécanique à quoi Guénon veut l’assujettir et qu’il appelle à tort Tradition.

Par ce travail en commun, Serge et Xavier ont remis les faits en place. Vu ce qu’on lit ici ou là, c'était une nécessité. Attendons maintenant les ouvrages annoncés sur Martines de Pasqually (envisagé sous un autre angle que dans l’utile travail historique de Michelle Nahon) ainsi que sur le martinisme en général, dont nul n’est mieux à même de traiter que Serge Caillet depuis la naissance au ciel de Robert Amadou. Nous en espérons qu’ils remettent en place les idées et conceptions, ce qui est d’une nécessité encore plus urgente.

SERGE ET XAVIER, UN GRAND MERCI.


mardi 16 octobre 2012

la reine Marie-Antoinette, saint Michel & la France

Marie-Antoinette, dernière reine de France

Je tiens à rappeler qu’aujourd’hui 16 octobre sera commémoré le 215e anniversaire de la mise à mort de la reine Marie-Antoinette, qui a marqué la fin de son martyre. Pourquoi la fin ? Parce que ce martyre avait commencé dès le 11 août 1792, date de l'incarcération de la famille royale au Temple, et n'avait cessé de gagner en cruauté depuis lors : 21 janvier 1793, le roi Louis XVI est guillotiné sur la place dite de la Révolution, dénommée depuis comme par exorcisme place de la Concorde ; 13 juillet 1793, le dauphin, âgé de huit ans, lui est arraché non sans violences ; 2 août 1793, elle est transférée à la Conciergerie ; 3 au 16 octobre, son procès est mené d'une manière qui anticipe sur les procès staliniens par le sinistre Fouquier-Tinville ;16 octobre environ midi elle est guillotinée sur la même place de la Révolution. 

Elle avait seulement 38 ans, mais paraissait une vieille femme tant les épreuves l’avaient affectée : ses cheveux avaient entièrement blanchi. Louis XVI, pour sa part, avait 39 ans lors de sa mise à mort.

La reine martyre, durant longtemps, n'a pas joui de la même "aura" que le roi martyr dans les milieux royalistes. On lui a fait grief de sa vie insouciante et légère durant les quinze première années du règne, sans prendre en considération qu'elle avait 19 ans (et le roi 20 ans) quand elle est devenue reine de France, on lui a reproché ses dépenses, ses fréquentations, ses imprudences - qu'il n'est pas question de nier : sa mère l'impératrice Marie-Thérèse et son frère l’empereur Joseph II lui en faisaient eux-même remontrance... Mais de là à y voir la cause de l'effondrement de la monarchie ! Les historiens modernes, retenant ce que la méthode historique marxiste a de bon en ce qui concerne les faits matériels : économiques sociaux, etc. ont fait justice des romans que l’historiographie romantique avait bâtis autour des seuls individus. Romans qui se nourrissaient en partie de la phraséologie révolutionnaire. Il n'est que de citer quelques lignes de son acte d'accusation :« Examen fait de toutes les pièces transmises par l’accusateur public, il en résulte qu’à l’instar des MessalineFrédégonde et Médicis, que l’on qualifiait autrefois de reines de France et dont les noms à jamais odieux ne s’effaceront pas des fastes de l’histoire, Marie-Antoinette, veuve de Louis Capet, a été, depuis son séjour en France, le fléau et la sangsue des Français. » Elle est « la cause des troubles qui agitent depuis quatre ans la nation et ont fait tant de malheureuses victimes. »
Tout cela est aussi risible que mensonger. Il n'empêche : il en demeure quelque chose dans l'inconscient collectif, et il est des royalistes pour penser qu'elle a été la perte irresponsable du roi.

Il faut lui rendre justice. Indépendamment de l'exécution de son mari, auquel elle était sincèrement attaché, qu'on imagine un peu la torture de celle qui (ayant lu Rousseau !) se voulait plus mère qu'épouse, à se voir arracher (c'est le mot) son fils chéri ; torture renouvelée (car on ne lui cachait rien) de savoir qu'on faisait de lui, à 8 ans ! une brute avinée (il n'y a pas de mots plus exacts) sous couleur d'en faire "un bon citoyen"; torture poussée au dernier degré de la sauvagerie lorsqu'on poussa le jeune enfant, entièrement mis sous condition, à venir témoigner devant le tribunal révolutionnaire que sa mère et sa tante avaient procédé sur lui à des caresses incestueuses... On connaît alors l’apostrophe de Marie-Antoinette : "J'en appelle à toutes les mères !", apostrophe saluée par les applaudissements de l'assistance au grand dépit de Fouquier-Tinville... Si ce calvaire n'a pas expié ses peccadilles, alors qu'exige-t-on de plus !

Marie-Antoinette en 1793
Condamnée à mort à 4 heures du matin pour être exécutée à midi, la reine rédigea ce texte qu'on appelle improprement "le testament de Marie-Antoinette", mais qui est une lettre adressée à sa belle-soeur Madame Elisabeth, soeur de Louis XVI et sa compagne de captivité au Temple (qui devait à son tour être guillotinée le 10 mai 1794). Cette lettre est moins connue que le "testament " de Louis XVI mais elle est fort édifiante. La voici :


LETTRE DE MARIE-ANTOINETTE A SA SŒUR MARIE-ELISABETH.

Paris le 16 Octobre 1793. 4h30 du matin.

« C'est à vous, ma soeur, que j'écris pour la dernière fois : je viens d'être condamnée non pas à une mort honteuse, elle ne l'est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère, comme lui, innocente, j'espère montrer la même fermeté que lui dans ces derniers momens.
Je suis calme comme on l'est quand la conscience ne reproche rien ; j'ai un profond regret d'abandonner mes pauvres enfants ; vous savez que  je n'existais que pour eux et vous, ma bonne et tendre sœur. Vous qui avez, par votre amitié, tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse! J'ai appris, par le plaidoyer même du procès, que ma fille était séparée de vous. Hélas! la pauvre enfant, je n'ose pas lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre ; je ne sais même pas si celle-ci vous parviendra : recevez pour eus deux ici ma bénédiction. J'espère qu'un jour, lorsqu'ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous, et jouir en entier de vos tendres soins.
Qu'ils pensent tous deux à ce que je n'ai cessé de leur inspirer : que les principes et l'exécution exacte de ses devoirs sont la première base de la vie ; que leur amitié et leur confiance mutuelle en feront le bonheur. Que ma fille sente qu'à l'âge qu'elle a elle doit toujours aider son frère par des conseils que l'expérience qu'elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer; que mon fils, à son tour, rende à sa sœur tous les soins, les services que l'amitié peut inspirer ; qu'ils sentent enfin tous deux que, dans quelque position où ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union. Qu'ils prennent exemple de nous : combien, dans nos malheurs notre amitié nous a donné de consolation; et dans le bonheur on jouit doublement, quand on peut le partager avec un ami ; et où en trouver de plus tendre, de plus cher que dans sa propre famille ? Que mon fils n'oublie jamais, les derniers mots de son père, que je lui répète expressément : " qu'il ne cherche jamais à venger notre mort. »
J'ai à vous parler d'une chose bien pénible à mon cœur. Je sais combien cet enfant doit vous avoir fait de la peine; pardonnez-lui, ma chère sœur ; pensez à l'âge qu'il a, et combien il est facile de faire dire à un enfant ce qu'on veut, et même ce qu'il ne comprend pas : un jour viendra, j'espère, où il ne sentira que mieux tout le prix de vos bontés et de votre tendresse pour tous deux. Il me reste à vous confier encore, mes dernières pensées; J'aurais voulu les écrire dès le commencement du procès ; mais outre qu'on ne me laissait pas écrire, la marche en a été si rapide que je n'en aurais réellement pas eu le téms.
Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où j'ai été élevée, et que j'ai toujours professée ; n'ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s'il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop, s'ils y entraient une fois, je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j'ai pu commettre depuis que j'existe. J'espère que, dans sa bouté, il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis long-tems pour qu'il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté. Je demande pardon à tous ceux que je connais, et à vous, ma sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j'aurais pu vous causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu'ils m'ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes et à tous mes frères et sœurs. J'avais des amis; l'idée d'en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j'emporte en mourant ; qu'ils sachent, du moins, que, jusqu'à mon dernier moment, j'ai pensé à eux. Adieu, ma bonne et tendre sœur; puisse cette lettre vous arriver! Pensez toujours à moi; je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfans : mon Dieu ! qu'il est déchirant de les quitter pour toujours. Adieu, adieu, je ne vais plus m'occuper que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m'amènera peut-être un prêtre ; mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot, et que je le traiterai comme un être absolument étranger. »

La tradition assure qu'un  prêtre "réfractaire" (ayant refusé de prêter serment à la constitution civile du clergé) se tenait à une fenêtre d'un étage élevé d'un immeuble situé sur le passage de la charrette conduisant à la guillotine, immeuble marqué d'avance, et que la reine l'aperçut qui lui donnait l'absolution, ce qui la réconforta. Vraie ou non, cette anecdote est touchante.  

Marie-Antoinette dans la charrette (croquis par David)
Tel fut le martyre de l'épouse du roi très-chrétien. Leurs restes furent transportés et inhumés le 21  janvier 1815 dans la basilique de Saint-Denis, la nécropole royale, où un double monument leur fut élevé.
dernier billet de Marie-Antoinette

Saint Michel, protecteur de la France

 On a peu remarqué que ce même 16 octobre est une des trois fêtes de saint Michel.

La première, le 8 mai,  commémore l'apparition de saint Michel au pape saint Grégoire le Grand, en 590, sur ce qui devait ensuite devenir le "château Saint-Ange",
castel Sant'Angelo, à Rome. A cette commémoration fut associée à la même date celle de l'apparition du même archange sur le mont Gargan, dans les Pouilles. 

Vient ensuite la fête la plus connue, celle du 29 septembre, qui commémore la dédicace à saint Michel d'une église à Rome.

Et enfin, la troisième, celle du 16 octobre, quasiment oubliée de nos jours, est pourtant la fête spécifiquement française puisqu'elle célèbre l'apparition de saint Michel à l'évêque d'Avranches saint Aubert sur le mont Tombe, et la dédicace le 16 octobre 709 des prémices de ce qui deviendra au fil des siècles une des merveilles du monde, l'abbaye du Mont Saint-Michel, "Saint-Michel au péril de la mer", citadelle de prière demeurée inviolée à travers toutes les guerres.
Saint Michel combattant le dragon
flèche du Mont Saint-Michel
Or saint Michel est, on le sait (ou on ne le sait plus), le protecteur de la France. C'est lui qui, accompagné de sainte Marguerite et de sainte Catherine, est venu révéler à Jeanne d'Arc sa mission, et l'a accompagnée jusque dans sa prison, elle, autre martyre.

Comme rien ne survient par hasard, il n'est pas indifférent que l'archange protecteur et patron de la France ait accompagné la reine de France à sa demeure dernière. En effet, parmi ses fonctions, il a celle d'être "psychopompe" , accompagnateur des âmes, et nul doute qu'il a accompagné la reine de France à sa demeure céleste.

Saint Michel, chef des milices célestes, est aussi celui qui a précipité Satan, "le grand dragon" des hauteurs célestes et qui de même le vaincra à l'accomplissement des temps (Apocalypse 12, 9 et 20, 2). 

A cette fonction apocalyptique, la terre de France et la lignée royale de France demeureront-elles étrangères ? Il est permis de croire que non.

En tout état de cause,la reine Marie-Antoinette est et restera liée à l'archange saint Michel, comme le roi Louis XVI à saint Maxime le Confesseur.




samedi 13 octobre 2012

THÉOLOGIENS SANS DIPLÔMES



Ce que je publie ci-dessous déplaira à beaucoup et encolérera quelques-uns, je pense notamment à un de mes amis intimes (il se reconnaîtra) qui est chaud partisan de l'oecuménisme. Or si celui-ci est souhaitable avec l'aide du Saint-Esprit, il n'en reste pas moins que l'écart théologique, sans parler de l'ecclésiologie, reste abyssal. Les deux méthodes, j'emploie ce terme à dessein, de la théologie dans les deux traditions, occidentale et orientale, ou, disons mieux, catholique romaine et orthodoxe, sont inconciliables. La théologie latine, formatée par la scolastique et par le thomisme (doctrine officielle de l'Eglise de Rome depuis Léon XIII), est dans l'incapacité d'appréhender la "théologie mystique de l'Eglise d'Orient" (Lossky) - il serait plus exact de dire "des Eglises orthodoxes", maintenant qu'il y en a partout dans le monde. Les seuls théologiens latins qui ont exprimé une vraie compréhension de la théologie orthodoxe, sont ceux qui se sont soustraits au carcan thomiste et ont fréquenté les Pères grecs : le cardinal Daniélou, le père Louis Boyer, le père Urs von Balthasar, de nos jours le père François Brune, et j'en oublie. Et aussi, notons-le, le pape Jean-Paul II. Mais de la part de la majorité, incompréhension complète.
Je n'adhère donc pas entièrement aux jugements abrupts que le métropolite Ephraïm porte sur les théologiens latins en bloc. Il n'empêche que la triste réalité qu'il décrit a bel et bien existé : une
colonisation de l'enseignement théologiques en pays orthodoxe par la pensée théologique latine, le plus souvent exposée en latin par des enseignants catholiques romains. Ainsi, en Russie, c'est seulement le métropolite Philarète de Moscou, de sainte mémoire , métropolite de 1826 à 1867, qui mit fin à cet enseignement en latin.
Face à cette colonisation théologique , les réactions des décolonisés n'ont pas toujours été bienveillantes, ce qui explique la rudesse de propos comme ceux du métropolite Ephraïm. Il n'en reste pas moins que l'immense majorité des chrétiens d'Occident n'imaginent même pas cette situation inqualifiable où la pensée et la langue de certaines Eglises ont été vampirisées par celles d'une autre Eglise. Avec la complicité coupable des hiérarques desdites Eglises, il faut bien le reconnaître. Néanmoins de tels comportements furent en totale contradiction, et avec l'évangile, et avec les conciles, qui ont tous interdit qu'une Eglise domine sur une autre.


THÉOLOGIENS SANS DIPLÔMES

Métropolite Ephraïm de Boston


Le peloton d'exécution.
Il y a une cinquantaine d'années, alors que j'étais étudiant à l'académie de théologie, notre professeur de dogmatique, le père Ioannis Romanides, nous raconta une histoire de ses années d'étude à l'Académie Théologique de l'université d'Athènes. Afin d'obtenir son doctorat de l'université, père Ioannis, nouvellement ordonné prêtre à l'époque (années 50), avait à défendre sa dissertation devant un panel de professeurs de théologie. Le sujet de la dissertation était "Le péché des origines" (c-à-d le péché de nos ancêtres, Adam et Eve, terme que l'on traduit souvent mal par "péché originel"). Comme les questions fusaient de tous ces professeurs qui avaient tous reçu leurs titres et diplômes dans des universités catholiques-romaines ou protestantes en Europe occidentale, le père Ioannis répondait du mieux qu'il pouvait, avec tout son talent bien connu. Pour finir, le doyen du département de théologie, le grand ponte en personne, le professeur Panayiotes Trembelas, pointa du doigt le p. Ioannis, qui était habitué à ces interrogations et se tenait debout devant ce panel de professeurs assis :

"Dans votre mémoire, vous avez nombre de citations des écrits de Syméon le Nouveau Théologien," dit le prof. Trembelas.

"C'est exact, monsieur le professeur," répondit le père Ioannis, avec la déférence requise.

"Vous devez les supprimer toutes," continua le prof. Trembelas. "Syméon ne peut pas être cité comme source dans votre travail, car il n'a jamais reçu de diplôme théologique."

(Oui, vous avez bien lu!)

Sans sourciller face à l'incroyable remarque de Trembelas, le père Ioannis répondit calmement "Fort bien, ce que vous dites, monsieur le professeur. Voudriez-vous aussi que je supprime toutes mes références à Matthieu, Marc, Luc et Jean les Évangélistes, car eux non plus n'ont pas reçu de diplôme de théologie? Eux aussi n'étaient pas des théologiens diplômés."

Un léger murmure amusé se fit entendre parmi les distingués professeurs...


La captivité latine
C'est triste à dire, mais la remarque malheureuse de Trembelas était une preuve solide de la maladie qui a longtemps affligé les écoles théologiques "orthodoxes", et en frappe encore aujourd'hui. Cette maladie est appelée "la captivité latine." C'est l'histoire de quelque 200 ans pendant lesquels la théologie académique, scolastique et pédante (ou plus précisément du rationalisme) de l'Occident a été au coeur des académies théologiques orthodoxes, imprégnant tout de fond en comble. Le métropolite Anthony Khrapovitsky [Antoine de Kiev], père George Florovsky et père Ioannis Romanides se sont longuement plaints dans leurs écrits, de cette peste spirituelle. En certains endroits de Russie et d'Ukraine, cette "captivité" était si forte que même les cours théologiques dans certains séminaires orthodoxes étaient donnés en latin. A l'occasion, en ces terres, les séminaristes étaient obligés de prêcher en latin dans les paroisses avoisinantes! Imaginez un peu la pauvre babushka qui devait s'en tirer avec ça....
En ayant cela à l'esprit, on comprend plus facilement pourquoi les grands dirigeants religieux orthodoxes sont si empressés de s'unir aux non-orthodoxes dans le mouvement oecuménique. Pensez-y un instant : si vous avez toujours cru que l'Église Orthodoxe était si appauvrie théologiquement qu'elle n'avait pas même une théologie du Saint Esprit, ou avait des saints qui n'avaient pas leur diplôme de théologie et n'étaient pas des "docteurs en théologie", alors vous aussi vous auriez été attiré par d'autres appartenances religieuses.
L'Église a sa méthode traditionnelle pour préparer son clergé, et cette méthode a bien fonctionné pendant des siècles, bien avant que les séminaires ne furent inventés au 17ème siècle. Comme nous l'avons mentionné en d'autres occasions, le père George Florovsky, un des plus éminents théologiens orthodoxes du 20ème siècle, n'a jamais été étudiant dans la moindre académie théologique.
Son éducation théologique, il ne l'a tirée que des offices sacrés. Et si vous voulez être sérieusement étudiant en théologie, alors vous pouvez entamer des études théologiques telles que celles du tropaire final pour les saints moines : "par le jeûne, les vigiles et la prière, tu as obtenu les dons célestes," comme saint Syméon le Nouveau Théologien - malgré le fait que, selon le prof. Panayiotes Tremblas, ce saint n'était pas un "théologien diplômé".
Hélas, la "captivité latine" est toujours très présente. Un séminaire orthodoxe en Amérique avait un prêtre catholique-romain y enseignant la patristique, jusque récemment. Un autre séminaire orthodoxe en Amérique a plusieurs catholiques-romains dans son comité de direction. Dès lors, on comprend mieux pourquoi cette orthodoxie mondaine est si avide de s'impliquer dans le mouvement oecuménique. Un problème mène inexorablement à l'autre.

L'école du Saint Esprit
Mais, Dieu merci, l'Orthodoxie prévaut encore dans notre hymnologie et dans les divins offices, et dans le coeur de nombre de clercs et de fidèles.
Que nous enseigne par exemple le tropaire final de la Pentecôte?
Tu es béni, Ô Christ notre Dieu,
Toi qui fit descendre sur tes apôtres le Saint Esprit,
transformant par Ta sagesse de simples pêcheurs en pêcheurs d'hommes

Oooh, nous y voilà, c'est là que Matthieu, Marc, Luc et Jean ont obtenu leurs diplômes théologiques! De l'école du Saint Esprit. Je savais que la grâce divine devait avoir quelque chose à faire dans cette histoire. Rien d'étonnant que nous appelions nos saints "inspirés de Dieu" et "théophores!" Rien d'étonnant que nous les invoquions pour la guérison de l'âme et du corps! rien d'étonnant que nous vénérions leurs saintes reliques, et célébrions leur mémoire, et sollicitions leur intercession! Rien d'étonnant que nous vénérions des gens tels que saint Jean de Cronstadt, et saint Nectaire d'Égine, et le prophète Élie, et saint Seraphim de Sarov, et même ce saint Syméon le Nouveau Théologien qui n'avait pourtant pas de diplôme universitaire!

Anecdote
Il y a quelques années, avant mon ordination, je marchais en compagnie d'un des pères dans notre monastère à Brookline, Massachussets.
"Alors, tu es diplômé en théologie à présent?" me demanda-t'il.
"Je n''en sais trop rien. C'est ce qu'ils m'ont dit, en tout cas."
"Et alors, que va-tu faire avec ton diplôme?"
J'ai un peu réfléchi, et pour finir j'ai répondu "Eh bien je vais veiller à toujours le porter autour du cou lorsque je sortirai. Comme ça au moins, je suis sûr que je ne serai pas embarqué par la fourrière..."


Nb
Les académies théologiques ont leur place dans l'Église Orthodoxe. Cependant, elles doivent être convenablement dirigées, dans la prière et avec beaucoup de discrétion. Il n'existe pas de système éducatif parfait. Mais si on suit convenablement des règles bien précises, telles que celles des "Trois niveaux d'éducation chrétienne" qui ont été inspirés par Joseph l'Hésychaste de la sainte Montagne, alors on a un guide de très bonne qualité pour un tel système.

+ Ephraim

Riche site internet consacré au père Romanides :
http://www.romanity.org/

samedi 6 octobre 2012

Pour le repos de la reine Marie-Antoinette, martyrisée le 16 octobre 1793




Saint Denis : Samedi 13 octobre 2012 à 12h00, messe (rit extraordinaire) à la mémoire de Marie-Antoinette, Reine de France et de Navarre, célébrée en la Basilique royale de Saint-Denys, en présence de S.A.R. le prince Sixte Henri de Bourbon Parme.

Paris : Mardi 16 octobre 2012, messe anniversaire de Requiem pour le repos de l’âme de la Reine Marie Antoinette, en l’Église Saint Nicolas du Chardonn

et, Paris Ve, métro Maubert Mutualité

Lyon : Samedi 13 Octobre 2012 à 10h30, messe à la mémoire de la Reine Marie-Antoinette et pour la France, en l’Eglise Saint Georges, Quai Fulchiron Lyon 5°

Limoges : Mardi 16 octobre à 18h00, messe en l’église Saint Pierre du Queroix.

Nancy : Mardi 16 octobre 2012, messe à la mémoire de la Reine Marie-Antoinette en la Chapelle du Sacré-Coeur.

Ceyssac : Mardi 16 octobre à 18h30, messe anniversaire de requiem de l’assassinat de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette en l’église de Ceyssac.

Autriche : Samedi 13 octobre à 18h30, messe à la mémoire de la Reine Marie-Antoinette en l’église des Capucins (Kapuzinerkirche ou Sainte-Marie-des-Anges) de Vienne.

jeudi 4 octobre 2012

Exposition sur les Templiers à Troyes



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A partir des archives inédites de l’ordre du Temple, les auteurs retracent l’histoire des commanderies de Champagne, parmi les plus anciennes de France ; ils évoquent la vie quotidienne des templiers, tout à la fois guerriers, commerçants, artisans et exploitants agricoles.
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Bas du formulaire
Catalogue d'exposition "Templiers. Une histoire, notre trésor" présentée à l'Hôtel-Dieu-le-Comte, Troyes (16 juin - 31 octobre 2012).

Délivrer le tombeau du Christ à Jérusalem ! L’appel du pape Urbain II est accueilli avec enthousiasme par les chevaliers d’Occident qui reprennent la Ville sainte le 15 juillet 1099. Mais les croisés manquent de bras et d’argent. Les frères du Temple forment en 1129 le premier ordre religieux-militaire de la chrétienté. Moines et soldats, faisant vœu de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, ils vouent leur existence à la défense de la Terre sainte, jusqu’à la mort.

Avec le concours des meilleurs spécialistes, ce livre fait revivre l’épopée templière entre Orient et Occident.  Les différentes facettes du mythe sont explorées. Pourquoi l’arrestation et le procès ? Y avait-il un trésor ? Les templiers ont-ils pu s’enfuir et recréer une nouvelle confrérie ? Qu’en disent la littérature, le cinéma ou la bande dessinée ?



Voir détails de l'exposition sur ArtActu.com 

mardi 2 octobre 2012

L'Eglise du Saint-Esprit





Un ouvrage fondamental enfin réédité.


Résumé
Le théologien russe présente sa vision d'une ecclésiologie eucharistique et sa conviction concernant le caractère charismatique de la vie ecclésiale, les dons de l'Esprit étant donnés non pour eux-mêmes mais en vue d'un ministère pour constituer le Corps du Christ.
Quatrième de couverture
C'est au cours de la sombre année 1940-1941 que Nicolas Afanassieff commence L'Église du Saint-Esprit, « cet hymne à la gloire de l'Église qui seule peut unir par l'Amour au milieu d'une humanité déchirée par la haine ». Ce livre, il l'a porté jusqu'à sa mort en 1966, sans pour autant parvenir à lui donner sa forme définitive. C'est sa femme, assistée d'un de ses plus fidèles disciples, qui en acheva la publication. L'ouvrage est le fruit non seulement d'une longue réflexion, mais aussi d'une vie de prière, de méditation et de service de l'Église. « On pense généralement, confiait-il à sa femme, que j'écris grâce à mon esprit logique et abstrait et grâce à mon érudition. Certes, ce sont là des choses utiles. Mais je commence à écrire par le sang et les larmes de mon coeur. »

On retrouve dans ce livre tous les thèmes que le grand théologien russe a développés, tant dans son enseignement à l'Institut Saint-Serge que dans ses articles : sa vision d'une « ecclésiologie eucharistique », qu'il avait d'ailleurs esquissée dans une contribution très remarquée à l'ouvrage collectif La Primauté de Pierre dans l'Église orthodoxe (1960) ; son sens de la primauté de l'Amour ; enfin, et surtout, sa conviction touchant le caractère charismatique de la vie ecclésiale. Pour lui, l'Église commence dans l'Esprit. Elle vit par Lui et en Lui. Les dons de l'Esprit ne sont pas accordés pour eux-mêmes mais en vue d'un ministère dans l'Église, pour constituer le Corps du Christ. Il n'est, en effet, pas un principe d'anarchie, mais d'organisation pour l'Église.

La traduction de cette somme ecclésiologique, préfacée par Olivier Rousseau o.p., l'un des pionniers du mouvement oecuménique, répond à l'un des voeux bien souvent formulés par le père Congar : que la voix de l'orthodoxie se fasse davantage entendre dans la recherche théologique contemporaine. Il n'est donc pas surprenant que la large vision charismatique de l'Église qui nous est ici présentée se trouve en profonde résonance avec les mouvements de renouveau spirituel qui se font jour actuellement dans les Églises chrétiennes.

30,40 € à La Procure

A la mémoire du Philosophe inconnu



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Éternelle mémoire



Une messe à l’intention de

Monsieur Louis-Claude de SAINT-MARTIN,
qui se voulut le Philosophe inconnu,

sera célébrée le dimanche 14 octobre 2012, à 11 h,
en l’église Saint-Roch, 296, rue Saint-Honoré, 
Paris Ier,

à l’occasion du 209e anniversaire de son entrée dans la Lumière sans déclin, 
le 14 octobre 1803.


Vous êtes invités à venir prier pour lui et avec lui.

 

Catherine Amadou






ÉTERNELLE MÉMOIRE, ÉTERNELLE MÉMOIRE, ÉTERNELLE MÉMOIRE.









« Un jour, à Saint-Roch, j’assistai au renouvellement des vœux du baptême que l’on fit faire aux enfants des deux sexes qui avaient fait leur première communion dans la quinzaine de Pâques. Cette cérémonie me causa beaucoup d’attendrissement et me parut propre à opérer même sur les gens âgés de très salutaires impressions. En général, lorsque l’on considère l’Église dans ses fonctions elle est belle et utile. Elle ne devrait jamais sortir de ces limites-là. Par ce moyen elle deviendrait naturellement une des voies de l’esprit. »

Mon portrait historique et philosophique, par Saint-Martin, n° 1114 (avril 1803).