jeudi 26 octobre 2017

Les racines chrétiennes de la laïcité

Une excellente étude parue dans le site chrétien 
https://fr.aleteia.org/

Non, la laïcité ne date pas de 1905 !
Ces dernières années, en France, l’habitude a été prise d’opposer à la laïcité le christianisme, les deux étant supposés absolument contraires l’un à l’autre. Preuve en est notamment le nombre de procédures contre les crèches de Noël en mairie, perçues comme une « atteinte à la laïcité » par certaines associations. L’erreur est justement là : la laïcité n’est pas un pur produit républicain, mais tire au contraire son origine dans le christianisme. Explications.
Une filiation historique 
Ce mot, souvent utilisé en lieu et place d’athéisme, a pourtant une définition tout à fait différente de ce dernier. Le mot « laïkos » en grec signifie ce qui est du peuple, populaire pourrait-on dire, bien que le sens s’approcherait plus de celui de profane. Il fut utilisé la première fois par l’Église des premiers siècles pour désigner d’abord l’assemblée qui assistait à l’office puis, plus largement, ceux qui n’étaient pas dans un état religieux, contrairement aux prêtres et aux moines, lesquels étaient des « kléros ». La même summa divisio se retrouve presque mots pour mots en Français de nos jours : les laïcs et les clercs.
Il n’a donc rien à voir avec l’athéisme qui, rappelons-le, signifie « sans dieu » en grec, c’est-à-dire qui ne croit pas à l’existence de forces surnaturelles.
La France, un royaume laïc depuis le début
Une erreur fréquente est de penser qu’avant la Révolution, la France était un régime religieux ou « de droit divin », expression très équivoque qui laisse penser que le droit civil émanait directement d’une source religieuse. On nous l’apprend à l’école et pourtant, si on s’en tient à la définition stricte de laïcité, la France a toujours eu un régime laïc. Affirmer l’inverse reviendrait à dire qu’elle était une théocratie, ce qui est faux. Il y a théocratie quand des personnalités religieuses gouvernent (comme en Iran ou Tibet traditionnel) ou lorsque le pouvoir civil est aussi une autorité religieuse comme dans beaucoup de civilisation païennes (Égypte, Rome, Japon…) ou en islam (Empire ottoman, Maroc). Or la France n’a jamais connu cela. Le roi, seul garant de l’intérêt général, n’était pas prêtre et n’avait aucune juridiction religieuse, il était donc laïc. Il avait un certain pouvoir sur les clercs qui étaient ses sujets, mais pas sur les dogmes, les sacrements ou la discipline de l’Église — un pouvoir néanmoins limité par certains privilèges ecclésiastiques permettant de garantir l’indépendance de l’Église. De même l’Église n’avait aucune juridiction sur l’État.
C’est là toute la formule chrétienne du pouvoir.
La séparation du spirituel et du temporel 
Que d’encre (et de sang !) n’a pas fait couler la fameuse réponse du Christ « rendez à César ce qui est à César » ! Qui, à l’époque, se doutait que l’Église poserait grâce à elle les bases d’une formule politique originale : la séparation du spirituel et du temporel. D’un coté les rois gouvernent les hommes, de l’autre, l’Église gouverne les âmes : le pouvoir est laïc.
Paradoxalement, c’est César et non Dieu qui est finalement tombé de haut : on donne une pièce à lui plutôt qu’à Dieu, certes, mais cela veut précisément dire qu’il n’est pas Dieu. Il était Pontifex Maximus, pont entre terre et ciel, le voilà pauvre créature pècheresse. Lui à qui on élevait des temples et vouait un culte se fait un jour exclure des églises par saint Ambroise de Milan après avoir fait massacrer les habitants de Salonique. « Tu peux décider de réprimer une révolte par ce que tu es l’Empereur, mais pas en massacrant une toute une ville innocente, parce que tu es chrétien » dit-il en substance à Théodose qui ne peut revenir qu’après une pénitence publique.
Inversement, lorsque Boniface VIII, par ailleurs très grand pape, a prétendu gouverner l’Occident et faire des rois ses vassaux, c’est cette même doctrine de séparation des deux ordres qui donna à Philippe le Bel les arguments pour s’y opposer victorieusement. Il faut dire que le cas d’espèce ressemblait fort à la jurisprudence puisqu’il s’agissait entre autres de savoir si le clergé pouvait se voir prélever des impôts. Difficile de dire un « non » catégorique, avec cette phrase du Christ écrite noir sur blanc dans l’Évangile…
Bien sûr il y eut bien des exceptions et des compromissions. Les États pontificaux étaient en quelque sorte une théocratie, il y avait dans l’Empire des princes-évêques, il y avait des veto autrichiens et français pour l’élection du Pape. Mais ce n’était là que des arrangements avec le principe, le principe est resté.
La laïcité a souvent conduit les responsables politiques à nier les racines chrétiennes de l’Europe. Il faudra pourtant un jour reconnaître les racines chrétiennes de la laïcité.

Charles Rouvier  7 février 2017




jeudi 19 octobre 2017

SORTIE PROCHAINE DE L'OUVRAGE DE JEAN-FRANCOIS VAR SUR JEAN-BAPTISTE WILLERMOZ



·
IMG_4223(1).JPG
·         
JBW par JFV.jpg      0
à paraître
19,50 €  
Sortie Prévue Du Livre Novembre 2017




Jean-François VAR est indubitablement un maçon expérimenté, puisqu’on a fêté en avril dernier ses 40 ans de vie maçonnique. 
Durant ce long espace de temps, il a pratiqué tous les rites, à l’exception d’un, en usage à la Grande Loge Nationale Française dont il était alors membre. Mais c’est en intégrant en 1982 le Grand Prieuré des Gaules et en devenant « rectifié », qu’il se convainquit que la maçonnerie rectifiée est le nec plus ultra de la maçonnerie sous sa forme chrétienne, laquelle est sa forme primitive. Et cela néanmoins sans mésestimer les autres formes revêtues par l’Art royal, dont il continue à pratiquer certaines concurremment au Régime rectifié, qui demeure son rite de prédilection.
Il y a 35 ans, la littérature consacrée à la maçonnerie rectifiée était indigente. Seuls pouvaient être cités les ouvrages brillants de Jean Tourniac, alias Jean Granger, Grand Maître – Grand Prieur du Grand Prieuré des Gaules. Brillants mais contestables, comme Jean-François Var s’en rendit compte en étudiant assidûment les textes doctrinaux de Jean-Baptiste Willermoz. Il constata un décalage évident entre les deux.  

Il décida alors de mettre au service du Régime et de son fondateur les qualifications acquises du fait de sa formation universitaire : ancien élève de l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm et formé à la méthodologie en histoire, il a en outre été, quarante années durant, haut fonctionnaire au Sénat.
S’ensuivirent donc un peu plus de 80 articles, contributions à des revues et à des dictionnaires, conférences, participations à divers colloques…consacrés pour l’essentiel au Régime rectifié, mais pourtant pas uniquement, car il s’est intéressé à toutes les formes historiques de la maçonnerie chrétienne, depuis la maçonnerie opérative des origines en passant par les divers avatars de la maçonnerie symbolique ou spéculative. 
Une trilogie est en cours de publication chez Dervy Livres qui porte le titre significatif de La Maçonnerie à la Lumière du Christ.
Le présent ouvrage édité grâce à l’amitié de Serge Goasguen s’inscrit dans cet ensemble.   


Entretien Accordé À Nos Éditions Par Jean-François VAR À L'occasion De La Sortie De La Réédition De Son Ouvrage "Jean-Baptiste Willermoz, Fondateur Du RER"


Jean-François Var, un ouvrage sur Jean-Baptiste Willermoz. Un de plus. Pourquoi ?

- Quand je l’ai rédigé, il y a un quart de siècle…, ce n’était pas un de plus. Il n’en existait qu’un, celui d’Alice Joly, intitulé (assez sottement) Un mystique lyonnais et les secrets de la franc-maçonnerie (1730-1824), datant de 1938. Copieux ouvrage d’érudition (330 pages) car Alice Joly (1898-1979), archiviste de la bibliothèque municipale de Lyon (son époux Henri Joly était bibliothécaire en chef de la ville de Lyon), avait sous la main tous les documents, et elle en a tiré profit. De ce point de vue, cet ouvrage est irremplaçable et n’a pas été supplanté. J’en ai à mon tour largement tiré parti. Cependant il est très gênant par son parti pris assez sarcastique et moqueur à l’égard de Willermoz et des siens. À la fin du livre, Alice Joly s’excuse presque « de l’avoir si complaisamment accompagné tout au long de sa quête obstinée du secret de la franc-maçonnerie »… Heureusement qu’elle l’a fait, et que, indépendamment de la documentation, elle se laisse lire car son style est agréable.
Je n’en dirai pas autant de René Le Forestier (1868-1951), connu surtout par son monumental ouvrage posthume La Franc-Maçonnerie templière et occultiste : aux XVIIIe et XIXe siècles publié en 1970 par les soins d’Antoine Faivre. Le style, je regrette de le dire, en est pesant. Sur le fond, je citerai Robert Amadou : Le Forestier est aussi inévitable qu’il est peu fiable – et en effet Alain Bernheim a répertorié les innombrables erreurs de Le Forestier. Et enfin ce dernier nourrit une constante animosité envers ceux dont il s’occupe (pourquoi alors l’avoir fait ?), notamment Willermoz, qu’il accable de ses sarcasmes.
Ainsi donc mon travail fut pour ainsi dire une première.

Et l’envie vous en est venue tout d’un coup ?

- Oui et non. L’envie, je l’avais. Mais je répondis à une commande. Mon ami Pierre Noël, à l’époque (et durant de nombreuses années) Grand Maître – Grand Prieur du Grand Prieuré de Belgique, m’invita à venir faire une conférence à la loge rectifiée de Bruxelles Geoffroy de Saint-Omer, de la Grande Loge Régulière de Belgique. Nous tombâmes d’accord pour que le sujet en fût Jean-Baptiste Willermoz, pour la simple raison qu’il n’avait jamais été traité sous un format aussi accessible. Il en fut ainsi. Ma prestation plut, au point que la loge (à l’instigation de Pierre Noël) décida de l’éditer sous forme de plaquette, assortie d’une préface de lui-même sous son pseudonyme de Guy Verval. Cela se passait en 1992.
Je puis dire, maintenant que le réalisateur matériel n’est plus de ce monde, que cette plaquette me consterna, à cause de ses nombreuses et parfois énormes coquilles (elle n’avait pas été soumise à ma révision). Je pensai à cette réflexion de Jean Granger me disant, dans des circonstances analogues, qu’il se croyait devenu un coquillard, c’est-à-dire un pèlerin de saint Jacques.
Ensuite les choses en restèrent là. Puis en 2013, mon traducteur ordinaire en castillan, Ramòn Marti, insista pour réaliser une édition ibérique de ce travail. Ce qui fut fait. Et après cela, d’autres frères, de langue française ceux-là, réclamèrent une édition française de ce travail. C’est alors que je la proposai à Serge Goasguen.

C’est donc un reprint pur et simple…

- Pas du tout. De reprint, il ne pouvait être question, vu la mauvaise qualité de la version princeps. Mais Pierre Noël (auteur, je le rappelle, de la préface initiale) et moi, après avoir relu nos textes respectifs, nous tombâmes d’accord pour n’y rien changer, sauf à l’indiquer de la façon la plus claire possible. Pour ma part, cela ne s’est produit que deux ou trois fois, et jamais à propos de l’exégèse que je donne de la pensée de Willermoz, exégèse invariable chez moi comme sa pensée l’était chez lui. Les seules et rares modifications que j’ai apportées à mon exposé sont liées aux événements survenus depuis 25 ans dans ce qu’on est convenu d’appeler le « paysage maçonnique français ». Et, je le répète, que j’ai signalé explicitement.

Donc, l’utilité de ce Willermoz…

… tient au fait que je procure, sous un format maniable, tout ce qu’il est bon et nécessaire de connaître sur Jean-Baptiste Willermoz. Sur l’homme attachant qu’il fut, et sur son œuvre maçonnique, œuvre de toute une vie, à savoir le Régine écossais rectifié. Il en fut le concepteur, l’architecte en chef, le maître d’œuvre, car il sut, par son ascendant, mobiliser des équipes constituées d’hommes de tous les âges et de toutes les conditions sociales. Non seulement il fut un efficace meneur d’hommes, mais il fut aussi un pédagogue de premier ordre : en témoignent les « instructions », c’est-à-dire les enseignements initiatiques et ésotériques qui jalonnent, de grade en grade, son Système. Celui-ci est caractérisé par une qualité qui le différencie de tous les autres Systèmes ou Régimes sans exception : une totale cohérence marquée par une progression continue d’un terme à l’autre du Régime. Et cela, nous le devons à Willermoz et à lui seul.

Cet ouvrage, je l’ai conçu comme un hommage à un homme, un maçon, que d’année en année j’admire et je vénère de plus en plus. Mais aussi et peut-être surtout comme une sorte de vade-mecum indispensable. Je voudrais, l’ambition n’est pas mince ! Que tout maçon rectifié l’ait à sa portée et ne cesse de s’en servir. Tel est mon souhait. S’il se réalise, j’aurai reçu mon salaire.
+33 (0) 9 54 20 85 42 - +33 (0) 6 61 76 92 67
editions@lapierrephilosophale.com
©2008 La Pierre Philosophale - Tous droits réservés - Conception et réalisation