samedi 31 décembre 2011

Les moines prient même pour les démons

Les moines ne prient pas seulement pour les vivants et les morts, mais même pour les créatures les plus misérables, les démons, qui, malheureusement, même si des milliers d'années ont passé, sont devenus pires et ont progressé dans leur méchanceté.

Un jour, un moine ressentit beaucoup de douleur et, pendant qu'il était agenouillé en prière, il dit ce qui suit: "Tu es Dieu et, si Tu le veux, tu peux trouver un moyen de sauver ces malheureux démons qui les premiers ont joui d'une grande gloire, mais maintenant sont pleins de tout le mal et la ruse du monde. Sans Ta protection, ils auraient dévoré tous les êtres humains. " Tandis qu'il prononçait ces paroles, en priant dans la douleur, il vit près de lui, la tête d'un chien qui lui tirait la langue et se moquait de lui. Il semble que Dieu a permis que cela se produise dans le but d'informer le moine qu'il est prêt à accepter les démons à condition qu'ils se repentent, mais qu'eux-mêmes ne veulent pas que leur salut.

On se rend compte par cet incident, non seulement le grand amour des moines, qu'ils reçoivent comme une sorte d'Amour infini qui est Dieu, mais aussi l'amour de Dieu, qui est prêt à sauver les démons et, en dépit des milliards de crimes qu'ils ont commis, si seulement ils se repentent.

reproduit du site:


vendredi 30 décembre 2011

Image & ressemblance selon saint Basile le Grand (2)



« Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » Vois-tu en quoi le Seigneur nous donne ce qui est à la ressemblance ? « Car il fait lever son soleil sur les méchants et les bons, et fait pleuvoir sur les justes et les injustes. » Si tu deviens adversaire du mal, sans rancune et oublieux de l’inimitié de la veille, si tu aimes tes frères et leur es compatissant, tu ressembles à Dieu. Si tu pardonnes du fond du cœur à l’ennemi, tu ressembles à Dieu. Si ton attitude envers le frère qui t’a offensé est semblable à celle de Dieu envers toi pécheur, par la miséricorde envers le prochain, tu ressembles à Dieu. Ainsi tu possèdes ce qui est à l’image, parce que tu es raisonnable (logikos), mais tu deviens à la ressemblance en acquérant la bonté. Acquiers « des entrailles de compassion et de la bienveillance » afin de revêtir le Christ. Les actions qui te font acquérir la compassion sont les mêmes, en effet, que celles qui te font revêtir le Christ, et l’intimité avec lui te fait intime avec Dieu. Ainsi cette histoire [de la Genèse] est-elle une éducation de la vie humaine. « Créons l’Homme à l’image » : qu’il possède par la création ce qui est à l’image, mais qu’il devienne aussi à la ressemblance. Dieu en a donné la puissance ; s’il t’avait créé aussi à la ressemblance, où serait ton privilège ? Pourquoi as-tu été couronné ? Et si le Créateur t’avait tout donné, comment le royaume des cieux s’ouvrirait-il pour toi ? Mais il se fait qu’une partie t’est donnée, tandis que l’autre a été lissée inachevée : c’est pour que tu t’achèves toi-même et que tu sois digne de la rétribution qui vient de Dieu.

-- Comment devenons-nous donc à la ressemblance ?
-- Par les évangiles.
 
-- Qu’est-ce que le christianisme ?
-- C’est la ressemblance de Dieu autant qu’il est possible à la nature de l’Homme. Si tu as reçu la grâce d’être chrétien, hâte-toi de devenir semblable à Dieu, revêts le Christ. Comment le revêtiras-tu si tu n’es pas baptisé ? si tu ne portes pas le vêtement d’incorruptibilité ? Renonces-tu à la ressemblance à Dieu ? Si je te disais : voilà, deviens semblable à l’empereur, ne trouverais-tu pas que je suis un bienfaiteur ? Et maintenant que je veux te rendre semblable à Dieu, vas-tu fuir la parole qui te déifie, vas-tu te boucher les oreilles afin de ne pas entendre les paroles salvatrices ?

Saint Basile de Césarée, Sur l’origine de l’homme, op. cit. I, 17.

Cet autre passage de la première homélie est lui aussi riche de sens. Relevons seulement quelques traits saillants.

Le premier, et le plus frappant, déjà exprimé dans le paragraphe 16, est que Dieu a laissée inachevée sa création afin que l’Homme acquière l’honneur et la gloire d’achever cette création. Or cette création, c’est celle de lui-même, de sorte que l’Homme « s’achève lui-même », qu’il devienne co-créateur de lui-même. C’est assez prodigieux !

Deuxième trait : la ressemblance avec Dieu s’acquiert par la compassion, le pardon des ennemis, la bonté, la miséricorde… Les membres du Régime rectifié qui connaissent leurs classiques se souviendront qu’Henri de Virieu, dans le « Mémoire sur la bienfaisance » qu’il a présenté au convent de Wilhelmsbad et qu’il a fait approuver par lui, exprime en d’autres termes exactement la même idée, à savoir que la pratique de la bienfaisance est un moyen sûr d’acquérir la ressemblance à Dieu. La clef de cela est donnée dans le présent texte : ces actions de bienfaisance ou de compassion font revêtir le Christ et rendent intime avec Dieu, en un mot elles sont un instrument de déification (le terme est dans le texte).


Troisième trait : ces actions, morales en soi, ont une finalité qui dépasse la morale, puisqu’elles ont une incidence qu’on peut qualifier d’essentielle sur la nature de l’Homme..


Enfin, dernier trait, présent en filigrane : le royaume des cieux est supérieur au paradis puisqu’on n’y accède qu’en ayant conquis la ressemblance parfaite alors qu’elle était encore imparfaite à l’origine.






Image et ressemblance selon saint Basile le Grand

« Créons l’Homme à notre image et à notre ressemblance ». Nous possédons l’un par la création, nous acquérons l’autre par la volonté. Dans la première structure, il nous est donné d’être nés à l’image de Dieu ; par la volonté se forme en nous l’être à la ressemblance de Dieu. Ce qui relève de la volonté, notre nature le possède en puissance, mais c’est par l’action que nous nous le procurons. Si en nous créant, le Seigneur n’avait pris à l’avance la précaution de dire « Créons » et « à la ressemblance », s’il ne nous avait pas gratifiés de la puissance de devenir à la ressemblance, ce n’est pas par notre pouvoir propre que nous aurions acquis la ressemblance à Dieu. Mais voilà qu’il nous a créés en puissance capable de ressembler à Dieu. En nous donnant la puissance de ressembler à Dieu, il a permis que nous soyons les artisans de la ressemblance à Dieu, afin que nous revienne la récompense de notre travail, afin que nous ne soyons pas comme ces portraits sortis de la main d’un peintre, des objets inertes, afin que le résultat de notre ressemblance ne tourne pas à la louange d’un autre. En effet, lorsque tu vois le portrait exactement conformé au modèle, tu ne loues pas le portrait, mais tu admires le peintre. Ainsi donc, afin que ce soit moi l’objet d’admiration et non un autre, il m’a laissé le soin de devenir à la ressemblance de Dieu. En effet, par l’image je possède l’être raisonnable, et je deviens à la ressemblance en devenant chrétien.

Saint Basile de Césarée, Sur l’origine de l’Homme, première homélie : l’Etre à l’image, I, 16 (Sources chrétiennes n° 160, 1970)

(à suivre)

Ces considérations de saint Basile et les suivantes sont d’une importance primordiale. Comme tous les Pères grecs, il introduit une distinction radicale entre « à l’image » et « à la ressemblance ». L’image divine dans l’être humain résulte d’un don gratuit de Dieu, l’Homme n’y est pour rien. En revanche, il lui faut acquérir, conquérir la ressemblance par son travail ; c’est-à-dire que Dieu Créateur lui confie le soin de compléter son œuvre que lui-même a volontairement laissée inachevée, de façon que l’Homme devienne le coopérateur de Dieu, qu’il soit, comme dit saint Paul, le « co-ouvrier » de Dieu.

Ainsi, l’image est reçue passivement, tandis que la ressemblance s’obtient par l’action.

Est-il besoin de souligner combien tout cela « parle » à un maçon rectifié, et a fortiori à un chevalier bienfaisant de la cité sainte ?

Comme on le verra, les propos de saint Basile dans le paragraphe suivant seront encore en totale harmonie avec les enseignements du Régime rectifié.











mardi 27 décembre 2011

La légende des deux saints Jean

A l'occasion de la fête de saint Jean l'évangéliste :

« Depuis la construction du premier temple à Jérusalem jusqu’à la captivité à Babylone, les loges des francs-maçons furent dédiées au roi Salomon. Depuis, et jusqu’à la venue du Messie, elles furent dédiées à Zorobabel, et ensuite, jusqu’à la destruction finale du temple par Titus sous le règne de Vespasien, elles furent dédiées à saint Jean Baptiste. Toutefois, à cause des massacres et désordres sans nombre qui accompagnèrent cet événement mémorable, la franc-maçonnerie tomba dans un profond déclin et ses réunions ne rassemblaient plus suffisamment de membres pour être régulières.

« C’est alors qu’à une assemblée générale du métier tenue dans la cité de Benjamin, on fit observer que la principale raison de cette décadence était l’absence d’un grand maître pour le patronner. Aussi députa-t-on sept membres particulièrement éminents auprès de saint Jean l’évangéliste, qui était alors évêque d’Ephèse, pour solliciter de lui qu’il occupe la charge de grand maître. Sa réponse fut que, bien qu’il fût accablé par les ans, ayant dépassé quatre-vingt-dix ans, étant donné qu’il avait été initié dans la franc-maçonnerie dans les débuts de sa vie, il acceptait cette charge. Ainsi il compléta par sa science ce que l’autre saint Jean avait commencé par son zèle, et de la sorte il traça ce que les francs-maçons nomment une ligne parallèle. Depuis lors les loges de francs-maçons, dans tous les pays chrétiens, ont été dédiées à saint Jean Baptiste et à saint Jean l’évangéliste. »

Extrait du Mackey’s Lexicon (1845)
Cité dans les By-ways of freemasonry, a Series of Essays descriptive of various features of Masonic practice and policy by the Rev. John T. Lawrence, M. A (Oxon.), Past Assistant Grand Chaplain., Eng., etc. , London, A. Lewis, 13 Paternoster Row, E. C., 1911.


La poésie d'Adhuc Stat



« Tel fût de colonne resté seul debout sous le ciel de Grèce ou de Sicile trouve dans la poésie de l’abandon plus de beauté que n’en possède la Maison Carrée miraculeusement préservée. »

Georges Pompidou, Anthologie de la poésie française, Introduction p. 8 (Paris, Librairie Générale Française, 1961).

Bien entendu j’ai détourné cette notation de Georges Pompidou, très empreinte d’un romantisme – la poésie des ruines ! - qui ne s’harmonise en rien avec le Rectifié, d’une sobriété si classique en toutes choses. Le préromantisme commençait pourtant alors à florir et les ruines progressivement découvertes de la Rome antique fournissaient aux peintres, dessinateurs et graveurs (Hubert Robert, Piranèse…), des poncifs très attrayants, sans parler des écrivains (Jean-Jacques Rousseau…). Mais on voit mal Jean-Baptiste Willermoz se livrer à la moindre pâmoison ! S’il est un rite qui ne sacrifie en rien à l’affect, c’est bien le rectifié !

Cette citation, avec la portée inattendue que je lui prête, est donc un jeu de l’esprit, qu’on pourrait d’ailleurs poursuivre dans la même ligne avec « Prospero Motu », le mausolée, le temple en ruines…


Comme quoi tout se prête à tout.

samedi 24 décembre 2011

Christ est né !



Glorifions-le avec les anges !


Glorifions-le avec les bergers aux cœurs simples !


Glorifions-le avec les mages épris de la Sagesse !





Mosaïque, Santa Maria in Trastevere (Rome)

Aujourd'hui est un jour décisif dans l'histoire de l'humanité.


Aujourd'hui les cieux s'inclinent jusqu'à terre et la grotte devient le ciel.

Aujourd'hui la créature vierge devient féconde du Créateur.

Aujourd'hui le dessein divin interrompu par la chute et le péché reprend son cours.

Aujourd'hui le Saint, béni soit-il, foule aux pieds notre misère pour libérer l'homme de la mort.

Aujourd'hui le Verbe de Dieu « vient ressaisir cet Adam qu'il avait modelé à l'origine et qui s'était échappé des mains du Père et il le ressaisit d'une étreinte si forte qu'il ne lui échappera plus jamais ».

Aujourd'hui est le jour prédit par le prophète Isaïe (54/5) des noces du Créateur avec sa créature.

Aujourd'hui, comme nous le chantons, le Verbe « participe à la chair coupable pour lui communiquer la nature divine ; né homme il demeure Dieu, et l'univers par lui retrouve la Trinité ».

Oui, jour décisif, jour unique, car plus rien après n'est comme avant !

La résurrection elle-même est contenue en germe dans ce moment décisif de l'incarnation du Verbe. Certes, aucun événement n'est plus important que la résurrection, qui fait exploser tous les conditionnements, est en particulier ce conditionnement absolu et absolument dominateur qu'est la mort.

Mais la résurrection n'est possible que parce que le Fils de Dieu pré-éternel s'est fait fils de la femme dans le temps ; que lui, sans péché, s'est chargé du poids de notre nature blessée et rendue infirme par le péché et que lui, Dieu, a engagé en tant qu'homme, nouvel Adam, la lutte contre la mort introduite par le premier Adam et qu'il a remporté la victoire sur la mort par sa propre mort. Et nous avec lui, puisque, partageant notre propre nature, il nous appelle à partager la sienne : c'est cela le dessein de Dieu dont le cours a repris.


Que la mort et la résurrection du Christ soient contenues en germe dans sa nativité, cela est montré par l'icône où l'Enfant Dieu est emmailloté de langes dans la crèche comme l'Homme Dieu sera emmailloté du linceul dans le tombeau.


Gloire à ton abnégation, ô Christ !

Car toi qui es la Vie illimitée, tu nous libèreras, par toi et avec toi, des liens de notre condition mortelle et pécheresse qui nous retiennent captifs et dans lesquels tu es venu volontairement t'emprisonner !

Oui, rien n'est plus important dans la totalité de l'histoire universelle que le Verbe de Dieu fait homme, que l'habitation corporelle sur terre en la personne du Christ de la plénitude de la Divine Trinité. C'est pourquoi l'apôtre Paul parle à ce sujet de « la plénitude des temps ».

Voici en effet l'accomplissement de l'histoire que Dieu a préparée pour l'homme sa créature aimée. Tout ce qui précède est la préparation et tout ce qui suit est le déploiement de cet événement foudroyant :

« Dieu s'est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ».


Nativité de notre Seigneur, A.D. 2011




dimanche 18 décembre 2011

Jean Tourniac et son erreur


On m’interroge au sujet de Jean Tourniac et de ses ouvrages, en particulier les Principes et problèmes spirituels du Rite écossais rectifié et de sa chevalerie templière, paru en 1969 et réédité en 2001, les deux fois chez Dervy.

Je dois mettre en garde les lecteurs non avertis : ils ne doivent pas se laisser abuser par le titre. C’est un ouvrage de fiction, de fantasy

Ce n’est pas là qu’ils trouveront des notions exactes sur le Régime écossais rectifié, mais bien plutôt des considérations biaisées parce que passées par le filtre des idées préconçues de l’auteur, lequel, disciple inconditionnel de Guénon, les tenait de lui : Guénon dont toutes les assertions proférées ex cathedra sont autant de dénis de l’histoire. Il en va de même de celles de Tourniac, qui vont à contre-sens des faits documentés relativement au Rectifié. Exemple flagrant : le contre-sens, voulu, délibéré, qui apparaît dès le titre. Jean-Baptiste Willermoz, le fondateur du Régime écossais rectifié, avait bataillé pour éliminer la prétention d’une filiation templière et fait admettre sa position par le convent de Wilhelmsbad en 1782. La chevalerie du Régime rectifié n’était donc pas « templière », au contraire de celle de la Stricte Observance d’où il était issu : Tourniac affirme ostensiblement le contraire

Un auteur qui m’est proche, Jean-François Var, a écrit que l’œuvre de Willermoz a consisté à « détemplariser » le Rectifié et à y incorporer la doctrine de Martines de Pasqually. Or, Tourniac, durant les sept années où il fut Grand Maître et Grand Prieur du Grand Prieuré des Gaules, s’efforça d’orienter le GPDG dans un sens directement opposé. Il ne prononça jamais le nom de Martines de Pasqually, et il ne cachait pas la condescendance méprisante qu’il éprouvait à l’égard de Willermoz. Il proclama le Régime écossais rectifié comme successeur spirituel de l’Ordre du Temple, à qui il attribuait toutes les caractéristiques ésotériques (et anhistoriques) dont Guénon le parait. De surcroît, il chercha à le judaïser et à l’islamiser, ce à quoi la nature foncièrement chrétienne du Rectifié se refusait.

Il échoua dans son entreprise, ce qui était à prévoir. Il en fut très mortifié, et s’en prit avec virulence à son successeur, et au Grand Prieuré des Gaules lui-même, qu’il accusa (faussement) d’antisémitisme.

Au total, on peut lire Tourniac, qui écrit non sans brio, mais en aucun cas pour se documenter sur la réalité spirituelle du Rectifié. 

 Le manque d’études sur la doctrine, très riche, du Rectifié se fait cruellement sentir.


mardi 13 décembre 2011

Camille Savoire chrétien ?



On assiste ces derniers temps à des tentatives de réhabilitation, non de la personnalité de Camille Savoire, elle n’en a pas besoin, mais de ses supposées croyances religieuses.

Or, que disait-il de lui-même ? Voici quelques extraits significatifs de son manifeste de 1935 : « Pourquoi voulons-nous réveiller le Rite rectifié en France ? »

« En ce qui me concerne, je reconnais que c’est lors de mon admission au sein du Rectifié que j’ai trouvé le chemin de l’initiation et compris le caractère initiatique de la franc-maçonnerie. Ce sentiment, tous les maçons du Grand Orient reçus au grade de Chevalier Bienfaisant de la Cité sainte, qu’ils soient [tenez-vous bien !] athées ou déistes, matérialistes ou spiritualistes, catholiques, protestants ou israélites d’origine devenus libres-penseurs, l’ont ressenti intensément […]


« Tels sont les motifs qui (nous) ont guidés et qui ont fait justice à (nos) yeux des reproches d’archaïsme adressés aux formes rituelles du rectifié, étant donné surtout qu’en maçonnerie tout n’est que symbole dont l’interprétation est laissée à la libre interprétation [sic] de chacun [application, sans doute, au symbolisme de la méthode de la « libre pensée » !].


« J’avoue que le libre-penseur que j’ai toujours été n’a manifesté en entrant au Rite rectifié aucune hésitation ni éprouvé aucun scrupule lorsqu’on lui a demandé de déclarer qu’il professait l’esprit du christianisme, surtout lorsque le Grand Prieur a ajouté : "Il s’agit ici de l’esprit du christianisme primitif résumé dans la maxime : Aime ton prochain comme toi-même. [Bien évidemment était évacué le début de la « maxime » qui est, comme on sait : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Cela ne se prêtait assurément pas à une « libre interprétation » !].


« Quant à la présence dans le temple d’un livre ouvert à la première page de l’évangile de saint Jean, sur lequel le néophyte prête serment, je ne m’en suis nullement offensé, car il constitue [le meilleur est à venir] non pas un texte religieux, MAIS UN RESUME TRES ECLECTIQUE DE L’ESOTERISME ANCIEN EXPLIQUANT L’ORIGINE DE LA VIE DANS L’UNIVERS » !!!



Ebouriffant ! pharamineux ! Quel éclatant exemple de christianisme « initiatique » et non religieux !



Si c’est cela le christianisme, moi je suis fakir !



Texte cité dans l'Histoire du Grand Prieuré des Gaules par Jean-Marc Vivenza (éd. du Simorgh, 2011), p.165.






lundi 12 décembre 2011

L'obéissance totale à Dieu

L’obéissance totale à Dieu supprime toute suffisance de soi-même et toute emprise venant du monde. Celui qui obéit vraiment à Dieu domine le monde, il est royalement libre et jouit pleinement de cette dignité royale.
La chasteté n’est point une catégorie physiologique, elle est dans la structure pure de l’esprit. Dans le sacerdoce conjugal elle est l’offrande réciproque et son don total et unanime à Dieu, la désappropriation et la consécration de son existence.
La pauvreté est cette réceptivité ouverte d’un pauvre envers les desseins de Dieu, d’un pauvre qui ne veut savoir et suivre que le Verbe dans le monde, qui n’aspire qu’à une seule possession, celle des souffles de l’Esprit.
La prière en tant qu’état constant de l’âme, la prière devenue chair, fait merveilleusement de tout travail, de toute parole, de tout acte, une prière, signe vivant de la présence de Dieu, ministère de la louange, vivante eucharistie.

dimanche 11 décembre 2011

Le sacerdoce des laïcs

Les laïcs forment un milieu qui est à la fois le monde et l’Église. Ils ne peuvent pas accorder les moyens de grâce (sacrements) ; par contre, leur sphère est la vie de grâce. Par la simple présence dans le monde des " êtres sanctifiés ", " Verbifiés ", des prêtres dans leur substance même, le sacerdoce universel des laïcs détient le pouvoir du sacre cosmique, de la liturgie cosmique : hors des murs du temple, les laïcs continuent dans leur vie la liturgie de l’Église. Par leur présence active, ils introduisent la Vérité des dogmes vécus dans le social et dans les rapports humains et délogent ainsi les éléments démoniaques et profanés du monde.

samedi 10 décembre 2011

La seule vraie initiation...


Pour les maçons rectifiés

La seule vraie initiation - la nôtre - ne peut opérer qu’avec le Christ. Elle requiert deux éléments indispensables : la présence agissante du Christ, et la foi qui nous fait agir avec le Christ. La présence du Christ, c’est l’Evangile, la foi, c’est l’épée. Les deux sont nécessaires. L’initiation se réalise par la coopération active de l’initié : chacun de nous, avec l’Initiateur : le Christ.

Devenir pierre vivante du Temple vivant, c’est s’incorporer mystiquement au Corps du Christ, Corpus Christi. Or, qu’est-ce que le Corps mystique du Christ (Corpus mysticum Christi) ? L’Eglise. La vraie Maçonnerie construit l’Eglise.

L’initiation coopère avec le sacrement, elle abaisse les barrières des passions, elle fait place nette pour que le sacrement agisse sans rien qui s’oppose à lui. L’initiation fait de nous une coupe à remplir à ras bord par le vin de l’amour et de la connaissance de Dieu. Elle creuse en nous une Eglise intérieure, voire une simple grotte, une étable, dans laquelle, par la grâce du sacrement répondant à la force vraie de notre désir, le Christ naîtra, puis grandira jusqu’à nous emplir entièrement, comme jadis la Gloire de l’Eternel dans le Temple de Jérusalem, se conformant à nous pour que nous nous conformions à Lui, « jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus (...) à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite du Christ » (Ephésiens IV, 13).







samedi 3 décembre 2011

Un Amour sans limites



Dieu est un Amour sans limites, un Amour qui s’exprime non seulement dans les hommes, mais dans le monde total, dans le monde des animaux, des plantes, des fleurs, des minéraux, les étoiles, les galaxies… Je crois qu’il y a là un aspect que nous oublions bien vite et que nous oublions de manière d’autant plus étrange que les orthodoxes parlent très souvent, précisément, de leur piété cosmique ; ils parlent de l’univers, de la terre – mais quelle est la place de cette piété cosmique dans leur vie personnelle, dans leur spiritualité personnelle ?  Si nous voulons comprendre quelle pourrait être une telle piété, je vous engage à lire attentivement le psaume 103 (104), en particulier les trente premiers versets de ce psaume. Voyez d’ailleurs comment en général les livres de l’Ancien Testament nous font participer à tout l’acte créateur. Dans ce psaume 103, c’est le monde entier des animaux, depuis les poissons jusqu’au quadrupède, jusqu’au loup, qui entre en jeu. Ils nous sont représentés comme étant l’objet d’une sollicitude divine. Nous retrouvons d’ailleurs ceci dans l’Évangile ; il n’arrive rien à un oiseau, à un pinson, qui ne soit permis par Dieu (cf. Mt 6,26 ; Lc 12,24). La bonté de Dieu s’étend à chacune de ses créatures.


Eh bien, est-ce qu’il n’est jamais arrivé à tous ces orthodoxes qui parlent si volontiers de leur piété envers la terre et de leur conscience cosmique, est-ce qu’il ne leur est jamais arrivé, par exemple, de prendre dans leur main une pierre, de prendre dans leur main une fleur, et d’être capable, pendant une heure, d’en faire un objet de méditation et d’union avec Dieu ? De quelle manière ? Il y aurait d’abord un procédé très simple que connaissent bien tous ceux qui pratiquent la prière de Jésus. On peut essayer de prononcer le nom de Jésus non seulement sur les hommes, mais aussi sur les animaux, les chiens familiers, sur les animaux sauvages, les tigres et les lions, et aussi prononcer le nom de Jésus sur les pierres, sur les fleurs, sur les fruits, sur la neige, sur la pluie, sur le soleil, sur la lune. Nous trouvons tout cela dans l’Ancien Testament, et surtout dans ce psaume 103, et rappelez-vous aussi le cantique des trois enfants dans la fournaise appelant le vent, la pluie à bénir le Seigneur (cf. Dn 3,51-90). »

Père Lev Gillet Un moine de l’Eglise d’orient