dimanche 18 décembre 2011

Jean Tourniac et son erreur


On m’interroge au sujet de Jean Tourniac et de ses ouvrages, en particulier les Principes et problèmes spirituels du Rite écossais rectifié et de sa chevalerie templière, paru en 1969 et réédité en 2001, les deux fois chez Dervy.

Je dois mettre en garde les lecteurs non avertis : ils ne doivent pas se laisser abuser par le titre. C’est un ouvrage de fiction, de fantasy

Ce n’est pas là qu’ils trouveront des notions exactes sur le Régime écossais rectifié, mais bien plutôt des considérations biaisées parce que passées par le filtre des idées préconçues de l’auteur, lequel, disciple inconditionnel de Guénon, les tenait de lui : Guénon dont toutes les assertions proférées ex cathedra sont autant de dénis de l’histoire. Il en va de même de celles de Tourniac, qui vont à contre-sens des faits documentés relativement au Rectifié. Exemple flagrant : le contre-sens, voulu, délibéré, qui apparaît dès le titre. Jean-Baptiste Willermoz, le fondateur du Régime écossais rectifié, avait bataillé pour éliminer la prétention d’une filiation templière et fait admettre sa position par le convent de Wilhelmsbad en 1782. La chevalerie du Régime rectifié n’était donc pas « templière », au contraire de celle de la Stricte Observance d’où il était issu : Tourniac affirme ostensiblement le contraire

Un auteur qui m’est proche, Jean-François Var, a écrit que l’œuvre de Willermoz a consisté à « détemplariser » le Rectifié et à y incorporer la doctrine de Martines de Pasqually. Or, Tourniac, durant les sept années où il fut Grand Maître et Grand Prieur du Grand Prieuré des Gaules, s’efforça d’orienter le GPDG dans un sens directement opposé. Il ne prononça jamais le nom de Martines de Pasqually, et il ne cachait pas la condescendance méprisante qu’il éprouvait à l’égard de Willermoz. Il proclama le Régime écossais rectifié comme successeur spirituel de l’Ordre du Temple, à qui il attribuait toutes les caractéristiques ésotériques (et anhistoriques) dont Guénon le parait. De surcroît, il chercha à le judaïser et à l’islamiser, ce à quoi la nature foncièrement chrétienne du Rectifié se refusait.

Il échoua dans son entreprise, ce qui était à prévoir. Il en fut très mortifié, et s’en prit avec virulence à son successeur, et au Grand Prieuré des Gaules lui-même, qu’il accusa (faussement) d’antisémitisme.

Au total, on peut lire Tourniac, qui écrit non sans brio, mais en aucun cas pour se documenter sur la réalité spirituelle du Rectifié. 

 Le manque d’études sur la doctrine, très riche, du Rectifié se fait cruellement sentir.


1 commentaire:

  1. "Un auteur qui m’est proche, Jean-François Var"

    Un orthodoxe d'Occident ressemble fort à JF VAR.
    Cela sent fort la schizophrénie des pires "guenolatres".
    Quelle tristesse...

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