En réponse à Éric Week
J'ai
apprécié votre commentaire du 28 avril, il m'a inspiré une réponse qui s'est
transformée en nouvelle chronique. En vous lisant j'ai réalisé à quel point nos
sociétés se sont laissé perturber par l'islam, il y a une raison à cela, elle
ne tient pas seulement au fait que l'islam est une religion dominatrice qui
s'incruste et qui s'étend, elle tient autant au fait que nos sociétés ont imperceptiblement
et sans trop s'en préoccuper écarté les principes spirituels qui ont
fondé notre civilisation.
Je tiens à citer le
passage suivant de votre commentaire : « depuis que nous ne
parlons plus que d'une seule religion, omniprésente dans notre vie quotidienne
(ce qui est un comble pour une république prétendument laïque comme la France),
nous n'avons plus qu'une vision anachronique des évènements. Tout est vu, pour
certains, soit à partir du 7me siècle soit à partir du moment présent ! »
Le point que vous
soulevez est vrai et il est d'une grande importance, il est d'autant plus
important que peu de gens prennent le temps de s'en rendre compte et d'y
réfléchir. C'est un peu comme si la leçon du christianisme s'était perdue,
comme si une partie de l'humanité (la chrétienté) consentait à s'immobiliser
pour permettre à une autre partie de l'humanité empêtrée dans ses chaînes
(l'oumma islamique) de « rattraper son retard. »
Or nous
éprouvons de la difficulté à admettre que l'oumma islamique tient absolument
à ses chaînes, qu'elle ne cherche nullement à avancer et que plutôt de se
libérer elle a choisi de tout faire pour enchaîner le reste de l'humanité.
Le christianisme est
enraciné dans l'histoire, son avènement a signalé la victoire de l'histoire sur
le mythe: Jésus, Dieu incarné, a souffert et a été crucifié sous Ponce Pilate,
il s'agit là d'un fait historique. Le christianisme enseigne que Dieu est
intervenu dans l'histoire de l'humanité et que par le Christ il fait désormais
partie de l'humanité. Son intervention a non seulement changé le cours de
l'histoire mais elle a été également le facteur de changement le plus important
depuis deux mille ans.
Le christianisme,
religion historique, est par le fait même la religion de la proximité de Dieu
et de son action à travers les hommes. Le mythe qu'il soit monothéiste ou
polythéiste consacre l'éloignement de Dieu (ou des dieux) dont la volonté ne se
fait connaître que par les verdicts du destin et/ou par la bouche des
prophètes.
Dans le
christianisme les humains et l'Esprit de Dieu participent activement aux
progrès de l'humanité, l'œuvre n'est jamais terminée, elle se poursuit sans
relâche soutenue par l'espérance. Dans le mythe tout est programmé
d'avance ou tout est décret divin, décret devant lequel les humains n'ont
d'autre choix que de s'incliner.
L'islam constitue, à
bien y penser, la réaction la plus forte et la plus durable contre
le christianisme, c'est le mythe qui se relève de sa défaite et qui
cherche à poursuivre le combat avec l'histoire. Le mythe c'est exclusivement le
passé immuable qui s'impose aux esprits et qui limite les actions
humaines. Ce n'est donc pas un hasard si le coran a été déclaré parole de Dieu
(Allah) immuable et valable pour l'éternité, et ce n'est pas un hasard si les
islamistes se réfèrent constamment à l'époque mythique de Mahomet et des
premiers califes.
Il est pratiquement
impossible de s'appuyer sur un mythe immuable pour faire progresser l'humanité
car tout progrès constitue une menace mortelle pour le mythe. Les musulmans
modernistes qui l'ont tenté se sont heurtés contre un mur fait de granit. Les
occidentaux devenus amnésiques ou volontairement inconscients du rôle
du christianisme dans le façonnement et le progrès de leur civilisation,
croient utile de le reléguer au rang de mythe, oubliant qu'en ce faisant ils
renoncent à eux-mêmes et se condamnent à la régression.
La chrétienté ne
peut se payer le luxe de stagner dans l'espoir qu'un jour l'oumma
islamique acceptera de se libérer de ses chaînes. La chrétienté
doit continuer à avancer même si la distance qui la sépare de l'islam
ne cesse de s'agrandir. L'amour chrétien ne s'exprime pas par
la stagnation ou la régression mais par l'exemple.
On comprend pourquoi
les relativistes culturels et les multiculturalistes sont hostiles au
christianisme, pour eux toutes les religions se valent et elles
relèvent toutes du mythe. Le christianisme qui s'est inscrit dans l'histoire,
qui a élevé l'humanité et l'a fait progresser, doit être déconstruit pour le
rendre inopérant et compatible avec cette utopie multiculturelle que
les ingénieurs sociaux s'acharnent à réaliser. Dans cette guerre larvée contre
le christianisme les multiculturalistes ont découvert un allié de
circonstances, l'islam. Un allié qu'ils pensent contrôler mais qui a tôt
fait de les instrumentaliser pour assurer son enracinement à court terme
et son hégémonie future.
Il est grand temps de dissiper la confusion au sujet du
christianisme et de prendre conscience de sa valeur irremplaçable, non
seulement en tant que religion mais également en tant que chemin à
emprunter dans notre quête d'une société plus pacifique et plus humaine.
Rédigé le 29/04/2012 dans Chronique d'Hélios d'Alexandrie | Lien permanent
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