ENCORE RUBINSTEIN !
Je viens d'écouter, cette fois sur TouTube, une version de
plus, la 4e, du concerto l'Empereur par Artur Rubinstein, de nouveau en 1975,
donc toujours à 88 ans.
YouTube n'est pas ce qu'il y a de mieux pour le rendu
sonore, mais il y a les prises de vue...
C'était un concert avec l'orchestre symphonique de
Jérusalem, orchestre tout à fait convenable, dirigé avec beaucoup de véhémence
par Alexandre Schneider.
Ce qui était fascinant, c'était la face de Rubinstein et ses
mains.
Rubinstein, tel un vieux sachem, complètement habité par la
musique, quasiment possédé et pourtant totalement lucide (ses regards de côté
vers l'orchestre pour vérifier que l'ensemble tombait juste).
Et ses mains... Mains de vieillard, mais animées d'une vie
propre, d'une agilité, d'une vélocité... J'ai toujours été fasciné (pour avoir
fait jadis du piano) par les mains d'un grand pianiste : ce sont des entités
autonomes, douées, je le répète, d'une vie propre, et aussi d'une mémoire à
elles qui ne passe plus par le cerveau. C'est un phénomène assez stupéfiant.
Quant à l'interprétation, elle ressemblait comme une soeur à
celle de la même année dont j'ai déjà parlé, toutes choses égales d'ailleurs,
en particulier compte tenu de la différence d'un enregistrement sur le vif et
d'un enregistrement en studio. Il m'a semblé repérer quelques fausses notes.
Mais cela m'a rappelé la réflexion d'un ami pianiste alors que nous assistions
à une exécution par "Rubi" du 2e de Brahms : "Quel filou !
toutes ses fausses notes sonnent juste !".
Eh oui, c'était un des miracles de Rubinstein, cet
homme-musique, comme auraient dit les Indiens.
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