Dormition & Assomption de la Mère de Dieu
Les catholiques romains célèbrent avec faste, le 15 août, l’Assomption de la Vierge Marie ; ils en ont même fait un dogme (Pie XII en 1950). Les orthodoxes orientaux célèbrent avec une sérénité calme et joyeuse, le 14 août au soir (c’est-à-dire le 15 août, puisque la journée liturgique débute le soir, à vêpres), la Dormition de la Mère de Dieu. Les orthodoxes occidentaux célèbrent les deux fêtes, comme les deux volets du même diptyque.
Les catholiques romains ignorent tout à fait la Dormition. Les orthodoxes n’ignorent pas l’Assomption car elle est englobée dans la célébration de la Dormition, chants et textes liturgiques en faisant mainte fois mention.
L’une et l’autre célébration ne reposent sur aucune Ecriture « divinement inspirée ». Nulle part on ne parle de ce qui advint à Marie après l’épisode du Golgotha. Cependant, les circonstances de sa mort firent l’objet d’une tradition pieuse qui se répandit en Orient puis en Occident dès avant le VIe siècle, puisque saint Grégoire de Tours (539-594) en fait mention et que l’Eglise antique a incorporée dans ses offices liturgiques.
Un siècle plus tard, saint Jean Damascène (676-749) en donne la relation suivante dans sa deuxième Homélie sur la Dormition de la Vierge Marie.
« […] Il fallait que celle qui dans l'enfantement avait gardé intacte sa virginité, conservât son corps sans corruption, même après sa mort.
« […] Vous voyez, chers pères et frères, tout ce que nous révèle ce tombeau plein de gloire. Et comme preuve qu'il en est bien ainsi, voici ce qui est écrit en propres termes dans l’Histoire euthymiaque, (1) au troisième discours, chapitre 40.
« On dit plus haut comment sainte Pulchérie éleva dans Constantinople de nombreuses églises au Christ. L'une d'elles est celle qui fut édifiée aux Blachernes au début du règne de Marcien, de divine mémoire (2). Ces souverains donc, ayant bâti en cet endroit un sanctuaire dédié à la glorieuse et toute sainte Théotokos, Marie toujours Vierge, et l'ayant orné de tout le décor possible, étaient à la recherche de son corps très saint, qui avait reçu Dieu. Ils firent appeler l'archevêque de Jérusalem, Juvénal, et les évêques de Palestine, qui se trouvaient alors dans la capitale à cause du concile qui s'était tenu à Chalcédoine (3) , et ils leur dirent :
«Nous apprenons qu'il y a, à Jérusalem, la première église de la toute sainte Théotokos et toujours Vierge Marie, magnifique entre toutes, à l'endroit appelé Gethsémani, où le corps de cette Vierge, qui fut le séjour de la vie, fut déposé dans un cercueil. Or nous voulons faire venir ici cette relique pour la sauvegarde de cette capitale. »
Prenant la parole, Juvénal répondit :
« Dans la sainte Ecriture inspirée de Dieu, on ne raconte pas ce qui se passa à la mort de la sainte Théotokos Marie, mais nous tenons d'une tradition ancienne et très véridique qu'au moment de sa glorieuse dormition tous les saints Apôtres, qui parcouraient la terre pour le salut des nations, furent assemblés en un instant par la voie des airs à Jérusalem. Quand ils furent près d'elle, des anges leur apparurent dans une vision et un divin concert des puissances supérieures se fit entendre. Et ainsi, dans une gloire divine et céleste, la Vierge remit aux mains de Dieu sa sainte âme d'une manière ineffable. Quant à son corps, réceptacle de la divinité, il fut transporté et enseveli, au milieu des chants des anges et des apôtres et déposé dans un cercueil à Gethsémani où pendant trois jours persévéra sans relâche le chant des chœurs angéliques. Après le troisième jour, ces chants ayant cessé, les apôtres présents ouvrirent le cercueil à la demande de Thomas qui seul avait été loin d'eux et qui, venu le troisième jour, voulu vénérer le corps qui avait porté Dieu. Mais son corps digne de toute louange, ils ne purent aucunement le trouver; ils ne trouvèrent que ses vêtements funèbres déposés là, d'où s'échappait un parfum ineffable qui les pénétrait, et ils refermèrent le cercueil. Saisis d'étonnement devant le prodige mystérieux, voici seulement ce qu'ils pouvaient conclure : Celui qui dans sa propre personne daigna s'incarner d'elle et se faire homme. Dieu le Verbe, le Seigneur de la gloire, et qui garda intacte la virginité de sa Mère après son enfantement, Celui-là avait voulu encore, après son départ d'ici-bas, honorer son corps virginal et immaculé du privilège de l'incorruptibilité et d'une translation avant la résurrection commune et universelle. »
1 Attribuée au patriarche Euthimios (ou Euphemos) de Constantinople (Ve - VIe siècles).
2 Marcien, empereur de 450 à 457. Pulchérie, son épouse, impératrice de 450 à 453.3 En 451.
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