mardi 8 mars 2011

Le Pardon, par Serge Boulgakov

Le Pardon

Par l’archiprêtre Serge Boulgakov (1871-1944),



Là où il n’y a pas de pardon, il ne peut y avoir d’amour, et nous nous éloignons de Dieu.

Le monde est mû par la vengeance, la loi vétéro-testamentaire était la loi de la vérité mais non de l’amour : œil pour œil.

Le pardon est l’œuvre en nous de la grâce divine, mais cette grâce ne nous est pas donnée sans notre acceptation.

L’Evangile nous apprend le pardon dans la prière de Jésus [le Notre Père], dans la parabole de l’esclave implacable, dans le commandement de pardonner septante fois sept fois : telle est la volonté de Dieu exprimée aux apôtres.

Dieu, en la personne du Christ, a pardonné. Le don du pardon est une manifestation de notre similitude à Dieu, Dieu nous octroie et crée en nous la faculté du pardon. La colère de Dieu éclate contre le refus du pardon, signe de non repentir. Le repentir est un élan du cœur vers Dieu et, par conséquent, une libération du péché, un état d’humilité. Le refus du pardon lorsqu’on est prisonnier de la hargne, lorsque l’on se détourne de Dieu, c’est la victoire du mal et du diable.

En quoi consiste la force du pardon, quelle en est la nature et qu’est-ce qu’elle n’est pas ? Il existe des contrefaçons du pardon :

1) l’indifférence par rapport au bien et au mal, ou l’oubli sous couvert de non condamnation. Or, de même que Dieu ne tolère pas le mal et le péché quoiqu’en les pardonnant, de même l’homme ne doit pas tolérer le mal ;

2) l’impunité du mal, la non résistance au mal. Le mal, le péché demandent châtiment, ceci tout d’abord pour le bien de celui qui a transgressé, ainsi que pour celui de la société, combat contre le mal, combat armé, s’il le faut. Le pardon n’a pas à laisser le mal se renforcer et le péché triompher.

Quel est le pardon dont nous parle l’Evangile ? L’Evangile nous parle de ce qui s’accomplit dans le cœur de l’homme, de l’amour qui lave le péché ainsi que le mal commis par autrui, de même que Dieu lave les péchés que nous commettons. Lorsque nous sommes pardonnés, le péché ne nous est plus incriminé, le pardon nous confère une joie toute particulière, celle d’être délivré du péché, d’être pardonné. Lorsque nous pardonnons, nous délivrons notre cœur de la hargne, du désir de vengeance, du pouvoir du diable.

C’est bien là notre victoire sur le mal qui est en nous.

Notre Seigneur est une personnification du pardon. Mais Lui, ignorant la colère, n’a-t-Il pas dit des pharisiens qu’ils étaient hypocrites, n’a-t-Il pas d’Hérode qu’il était un renard, n’a-t-Il pas chassé les marchands du temple, ne va-t-Il pas présider au jugement dernier ?

Le Seigneur n’a pas ressenti la colère dans Ses souffrances : "Père, pardonne-leur ! " Satan provoquait en Lui la vengeance : "Descends de la croix" ; cela aurait signifié le triomphe du mal. L’Eglise chante "Dieu sans colère, gloire à Toi". Cependant le châtiment divin s’est accompli à l’égard de la Ville sainte, des femmes et des filles de Jérusalem, de ceux qui clamaient que le sang du Seigneur retombe sur eux et sur leurs descendants. Le jugement de Dieu s’est accompli, mais le triomphe du bien s’est manifesté par l’Agneau conduit sans mot dire vers les souffrances.

Le pardon est le déni de la colère, la victoire sur Satan, le triomphe de l’amour pour ses ennemis, ce à quoi nous appelle le Seigneur. Là où il n’y a pas de pardon, il ne peut y avoir d’amour, et nous nous éloignons de Dieu. Il est contre nature de pardonner ; le monde est mû par la vengeance… Mais aspirer au pardon, prier pour le pardon, c’est tendre vers Celui dont le cœur est humble. Le cœur de chacun est couvert de cicatrices et de blessures : la volonté de pardon, le refus de la colère les guérit.

Il nous faut conjuguer dans nos existences, dans nos vies civiques, dans notre attitude à l’égard de la patrie, l’intransigeance à l’égard de la mécréantise avec l’absence du désir de se venger des mécréants. Sinon, la vengeance entraînera la lutte et le châtiment, nous mènera vers l’indignité et engendrera une nouvelle colère.

Contrôle permanent de soi, ascétisme de la condamnation et du châtiment, voilà l’enseignement du Carême. Que chacun regarde sans colère sa propre vie, ses propres ennemis. Séparez la hargne de la juste colère, pardonnez. Et si vous ne pouvez réfréner la colère, vous abstenir de vous condamner vous-même, au moins ne vous laissez pas vous délecter de la colère.

Que celui qui ne parvient pas à trouver le juste chemin, qui ne parvient pas à se redresser, qu’il se retourne et qu’il voit sa colère et qu’il en soit horrifié. Et cela peut devenir le début du pardon.



1 commentaire:

  1. cher frere merci pour cette lecon ,d une des plus grande vertu de l evangile.a lire se texte je me rend compte ,qu ont esseille veritablement de devenir chretien,est que le chemin et long.paix et amour en christ mon frere tribus liliis.

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