Ceci est un post-scriptum à mon billet du 21 mars.
J’y ai prouvé par les textes, d’une manière irréfutable –
j’attends toujours la contradiction – le caractère chrétien, je dirai même
l’exigence chrétienne, dès le grade d’apprenti, du Régime rectifié. Je me suis
en particulier fondé sur « la formule de l’engagement des
apprentis » où celui qui est reçu
« promet sur le saint Evangile […] d’être fidèle à la sainte religion
chrétienne, etc. »
Or voici ce que je découvre dans une étude, au demeurant
intéressante et instructive, intitulée « De la Stricte Observance au Rite
écossais rectifié » signée d’un auteur que par courtoisie je ne désignerai
que par ses initiales : P. N. Bon historien de la maçonnerie en général et
du Rectifié en particulier, P. N. sait trouver les documents, les rassembler,
les éclairer l’un par l’autre : tout cela est irréprochable. Il les fait
aussi parler, et c’est là que les choses se gâtent, car le langage qu’il leur
prête, c’est le sien propre, conformément à ses idées préconçues, quitte à les
torturer au besoin. Qu’on en juge :
A propos de la formule référée plus haut, il écrit en note
ce qui suit :
13] Il ne suffit pas d'exiger dans un serment la fidélité
à la religion chrétienne (ou israélite, ou musulmane) pour que
l'objet de ce serment devienne chrétien (ou israélite ou musulman).
Imaginez qu'une telle clause soit ajoutée au serment d'Hippocrate,
cela ne ferait pas de la pratique médicale une pratique chrétienne
(ou israélite ou musulmane).
Oh ! l’admirable
sophisme ! comment comparer ce qui relève de l’éthique professionnelle (le
serment d’Hippocrate) à ce qui relève du sacré, du religieux même ? Car
enfin il est bien question de fidélité à une religion précisément nommée et
qualifiée de « sainte », fidélité sanctionnée par un serment prêté
sur le Livre saint de cette même religion (qui est le « saint
Evangile » et non pas la Bible comme dans les rites
anglo-saxons) !
Que
serait une « fidélité » (fidelitas)
à une religion qui ne reposerait pas sur la « foi » (fides) à cette même religion ? Une
imposture, une hypocrisie, une tartufferie !
Le
même auteur a beau exciper du fait (incontestable) que, dans la France du
XVIIIe siècle, tous les engagements maçonniques étaient pris sur l’évangile, et
plus précisément sur l’évangile de saint Jean, qui était parfois seul présent
en loge (les rapports de police le prouvent). Et d’en conclure que cette
présence relevait d’une habitude sociale. Probablement, encore qu’elle ait pu
être signifiante pour certains. Mais, signifiante, elle l’était (et l’est
toujours) dans les loges rectifiées, vu la doctrine métaphysique que celles-ci
enseignent et qui est indissociable de la révélation chrétienne : quantité
de textes doctrinaux l’attestent (comme ceux que j’ai précédemment cités), et
soutenir le contraire, c’est les censurer, les bâillonner !
Qu’on
laisse donc parler les textes sans leur prêter une voix d’emprunt, ils savent
très bien s’exprimer seuls et parler vrai !
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