- Monseigneur, vous avez évoqué le sens de la vie.
Existe-t-il un sens universel de la vie que vous pourriez révéler à toute
personne qui viendrait vous poser cette question ?
-
Formuler un sens universel de la vie serait très complexe, et si c’était possible,
ce serait déjà fait. Mais je pense que pour nous, chrétiens, il n’y a rien de
plus grand que le sens qu’a formulé Jésus Christ et l’objectif qu’il nous
laisse : chercher d’abord le Royaume des cieux, toute chose vous sera
donnée par surcroît.
Il n’est pas facile d’expliquer à tout le
monde aujourd’hui ce qu’est le Royaume de Dieu. D’habitude, les gens, même les
croyants, se représentent le Royaume de Dieu comme ce qui nous attend après la
mort et qui ne concerne donc pas directement notre vie. Pourtant, les chrétiens
pratiquants peuvent témoigner de ce que le Royaume de Dieu peut être présent
dès notre vie terrestre, si toutefois nous le désirons.
A l’église, nous touchons au Royaume des
cieux qui devient une réalité de notre vie par l’expérience de la prière, par
notre participation aux sacrements et avant tout par le sacrement de
l’Eucharistie (la Communion), dans lequel nous ne communiquons pas seulement
avec Dieu, mais nous nous unissons à lui spirituellement, moralement et
physiquement.
Cette présence du Royaume de Dieu que nous
ressentons pleinement à l’église peut et doit pénétrer toute notre vie. Si nous
plaçons cette expérience de communion au Royaume des cieux à la première place,
tout le reste se construit autour et vient s’y surajouter. Je peux en témoigner
de par mon expérience personnelle. Mais je peux en témoigner aussi de par
l’expérience de très nombreuses personnes de mon entourage, mes amis, mes
paroissiens, ma mère. Sans parler des gens des générations précédentes qui,
bien plus que nous, ont su incarner ce commandement dans leur vie.
- Comment ce commandement d’aspirer au Royaume de
Dieu s’exprime-t-il dans le comportement du croyant, en dehors du fait qu’il va
à l’église ? Et que ressent-il ? Amour de Dieu, amour du prochain, de
la vie, ou quelque chose d’autre ?
-
Là encore, il n’y a pas de modèle de comportement que l’on pourrait prescrire
pour mettre ce commandement en pratique. Chacun trouve sa manière d’incarner ce
commandement dans sa propre vie s’il veut vraiment le suivre.
On attribue à saint Augustin cette
remarquable sentence : « Aime Dieu et fais ce que tu veux ».
Cela veut dire que si quelqu’un aime vraiment Dieu, il n’a pas besoin des
autres commandements, car il les observera de toutes façons, parce qu’il aime
Dieu. S’il aime Dieu, il aimera son prochain. S’il aime Dieu, il ne commettra
pas de péchés mortels, ne se permettra aucune mauvaise pensée, etc.
Si quelqu’un met le Royaume de Dieu et les
idéaux spirituels à la première place, tout le reste lui sera donné par
surcroît. La quête du Royaume de Dieu et de sa justice, que nous a enseignée le
Seigneur Jésus Christ devient le leitmotiv de sa vie, non seulement de sa vie
religieuse, mais aussi de sa vie privée, de sa vie familiale, de sa vie
personnelle.
Comment cela se manifeste-t-il
concrètement ? S’il s’agit d’un chrétien orthodoxe, il fondera une famille
unie, aimera sa femme et ses enfants, il aura autant d’enfants que le Seigneur
lui en aura donné. Il sera le défenseur et le nourricier de sa famille. Dans le
domaine professionnel, il se laissera également guider par les normes morales
chrétiennes : s’il est entrepreneur, il ne volera pas, refusera toute
corruption, ne se permettra aucune action amorale au nom de son profit
personnel, portera sa croix de baptême, même si cela est contraire au code
vestimentaire.
Je ne dis pas s’il faut porter la croix
sous son vêtement ou par-dessus, c’est secondaire. Je dis que l’homme doit
avoir le droit de se laisser guider par les normes spirituelles et morales
chrétiennes dans tous les domaines de la vie.
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