Lettre pastorale pour la Pâque
de l’an 2012
Aux fidèles et clercs bien-aimés de Dieu
de l’église catholique orthodoxe de France
de l’église catholique orthodoxe de France
I
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l est actuellement de bon ton en France, par
un Français auprès des Français, de décrier son pays, sa terre, de crier que tout
se vaut puisque rien n’a vraiment de valeur vraie, de s’angoisser régulièrement
et quotidiennement de préférence, puisqu’il n’y a de Dieu ni dans l’univers ni
dans le cœur, de mépriser le politique toujours menteur, avide et incompétent,
de rechercher mollement quelques tâches auxquelles se dévouer sans mettre en
cause les vacances fréquentes, de célébrer les anniversaires douloureux,
personnels ou collectifs, de montrer hargne, rogne et grogne comme le
soulignait un général célèbre, de nier ou de vanter en toutes choses les
aspects multiples de l’âme… et principalement de jalouser son voisin.
« Il est de bon ton pour Dieu »
auprès des Français de leur susciter, en ce même temps, des inspirations pour
l’esprit, des causes à défendre, des épreuves pour transformer les cœurs, des
personnes dévouées et des serviteurs fidèles attachés à promouvoir la communion
universelle et à découvrir la personne unique.
Vous direz peut-être qu’il en va ainsi pour
tous les peuples. Vous aurez raison et vous aurez tort :
-
raison
car il n’y a nul peuple qui ne soit éprouvé et parfois méprisable en certaines
mœurs, à certaines époques ; raison aussi car tout peuple est connu de
Dieu et tenu par l’Esprit-Saint au sein de la symphonie-cacophonie des
nations ;
-
vous
aurez tort car les Français ont des caractères spécifiques où la jalousie tient
la tête des maux.
Laissant
la recherche de la vertu qui tiendrait en France la tête des bienfaits, nous
pouvons et devons ouvrir les yeux et les oreilles pour chercher l’issue à ces
maux.
Souvenez-vous
en et lisez le chapitre 4 (1-10) de la Genèse : la jalousie se jette sur
le frère, sur l’autre, sur l’innocent et même sur Dieu pour le supprimer, pour
le tuer. Elle prépare pour les siens une réputation désastreuse d’arrogance,
une répulsion sans fin, un isolement physique et spirituel. Elle soumet les
siens à l’hostilité de l’univers car tout l’échauffe et l’alimente, elle verse
le sang dans ses accès de violence, elle se persécute elle-même, elle a fort
mauvaise opinion d’elle-même.
Comment
combattre ce plus terrible des défauts, comment domestiquer son énergie ou,
mieux, l’éradiquer, l’anéantir ? Sommes-nous capables de mener
individuellement et collectivement la lutte ? Pouvons-nous affronter face
à face l’esprit meurtrier qui sous-tend la jalousie ? Et, si nous nous
donnons à ce combat, par où pouvons-nous commencer, par l’intérieur ou par
l’extérieur ?
La
tradition primordiale de l’humanité et les sagesses, reçues ou acquises,
recommandent de ne jamais s’opposer de front à un tel ennemi. Elles disent de
se préparer à passer à l’autre bord, comme on passe une rivière, par un saut
vital, sans transition, l’autre bord étant l’acquisition d’un aspect essentiel
de la charité qui consiste – sans démériter, sans jugement sur soi-même – à se
réjouir de son frère, à donner sa vie pour lui, à le servir, s’il s’agit de
Dieu (qui est le Tout-Autre) à Le désirer sans restriction aucune.
Soit,
à opérer une pâque. Cet exercice pascal porte le nom de pénitence, de pâque
ascétique et nous savons par Jésus, notre Maître et Sauveur, qu’ « il
y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour
quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentir (Lc 15,
7). »
Cette
pâque, la pénitence courageuse, entraînera la joie parce qu’elle supprime
le goût du meurtre inscrit dans l’âme et
dans le corps essentiellement par la jalousie. Au passage à l’autre rive la
joie se lèvera.
Ayant
introduit la France pour ce propos, faut-il alors envisager d’emmener tous les
Français vers le don de soi, l’amour et le service du frère ? Certes non,
car le petit nombre y suffit, au commencement. Où trouver le petit
nombre ? Peut-être dans l’église
du lieu, celle qui dispose en son cœur, comme toute église, de la présence de Celui qui a accompli la plus sublime
de toutes les pâques – le passage par toute mort, celle du don de sa vie par
l’amour des hommes.
Appuyés
sur Lui, les pénitents joyeux sont certains de réussir, de tuer toute montée du
meurtre en eux et autour d’eux, que ce soit le meurtre venu du mépris, de la
jalousie et de l’envie, du jugement, de l’égoïsme, de la vanité, de l’orgueil
ou de toute autre source.
Nous,
disciples du Christ, avons le privilège de pouvoir suivre l’Agneau immolé dès
la fondation du monde jusqu’à son immolation pascale. Il nous procurera ainsi
la joie parfaite de la Résurrection.
Allons
ainsi, là où nous vivons, au delà de nos qualités et de nos défauts, en
disciples du Christ qui opèrent une multitude de pâques personnelles dans la
lumière de sa Pâque et la puissance de sa Résurrection.
Christ
est ressuscité. Alleluia !
Votre évêque
X Germain.
Pour tous les chrétiens d'occident qui suivent le calendrier grégorien, catholiques romains, protestants, orthodoxes, demain commence la Semaine sainte. Il y aura pour moi pendant cette sainte hebdomade abstinence de publication.
Je veux néanmoins anticiper la Pâque en diffusant une lettre pastorale qui me paraît mériter attention et méditation.
Je souhaite à tous une Semaine sainte vivifiante culminant en la Pâque glorieuse.
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