Homélie de saint Léon le Grand sur la Transfiguration
Sermon 51, 3-4
L'Eglise fête aujourd'hui la Transfiguration du Seigneur à laquelle sont associés trois dans le ciel : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, trois sur la hauteur: Moïse, Elie et le Fils de l'Homme, et trois sur la terre : Pierre, Jacques et Jean.
Le Christ manifeste ainsi sa nature humaine glorifié, qui fut celle d'Adam aux origines et qui sera celle que le Nouvel Adam communiquera à la fin des temps à tous ceux des humains qui auront accepté son salut.
Un détail non négligeable à relever : Satan, qui parodie sacrilègement tout ce que Dieu fait, a choisi cette même date du 6 août pour inciter l'homme à faire exploser à Hiroshima la bombe atomique, cette gloire luciférienne.
Transfiguration monastère sainte Catherine du Sinaï (VIe siècle)
Le Seigneur découvre sa gloire devant les témoins qu'il a
choisis, et il éclaire d'une telle splendeur cette forme corporelle qu'il a en
commun avec les autres hommes que son visage a l'éclat du soleil et que ses
vêtements sont aussi blancs que la neige.
Par cette transfiguration il voulait avant tout prémunir ses
disciples contre le scandale de la croix et, en leur révélant toute la
splendeur de sa dignité cachée, empêcher que les abaissements de sa Passion
volontaire ne bouleversent leur foi.
Mais, il ne prévoyait pas moins de fonder l'espérance de
l'Église, en faisant découvrir à tout le Corps du Christ quelle transformation
lui serait accordée ; ses membres se promettraient de partager l'honneur qui
avait resplendi dans leur chef.
Le Seigneur lui-même avait déclaré à ce sujet, lorsqu'il
parlait de la majesté de son avènement: « Alors
les justes brilleront comme le soleil dans le royaume de leur Père »
(Matthieu 13,43). Et l'apôtre saint Paul atteste lui aussi: « J'estime qu'il n'y a pas de commune
mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire que le Seigneur va
bientôt révéler en nous » (Romains 8,18). Et encore: « Vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec
lui en Dieu. Quand paraîtra le Christ qui est votre vie, alors, vous aussi vous
paraîtrez avec lui en pleine gloire » (Colossiens 3,3-4).
Cependant, pour confirmer les apôtres et les introduire dans
une complète connaissance, un autre enseignement s'est ajouté à ce miracle. En
effet, Moïse et Élie, c'est-à-dire la Loi et les Prophètes, apparurent en train
de s'entretenir avec le Seigneur. Ainsi, par la réunion de ces cinq hommes
s'accomplirait de façon certaine la prescription: « Toute parole est garantie par la présence de deux ou trois
témoins » (Deutéronome 19,15).
Qu'y a-t-il donc de mieux établi, de plus solide que cette
parole? La trompette de l'Ancien Testament et celle du Nouveau s'accordent à la
proclamer; et tout ce qui en a témoigné jadis s'accorde avec l'enseignement de
l'Évangile.
Les écrits de l'une et l'autre Alliance, en effet, se
garantissent mutuellement ; celui que les signes préfiguratifs avaient promis
sous le voile des mystères est montré comme manifeste et évident par la splendeur
de la gloire présente. Comme l'a dit saint Jean, en effet: « Après la Loi communiquée par Moïse, la grâce
et la vérité sont venues par Jésus Christ » (Jean 1,17). En lui s'est
accomplie la promesse des figures prophétiques comme la valeur des préceptes de
la Loi, puisque sa présence enseigne la vérité de la prophétie, et que sa grâce
rend praticables les commandements.
Que la foi de tous s'affermisse avec la prédication de
l'Évangile, et que personne n'ait honte de la croix du Christ, par laquelle le
monde a été racheté.
Que personne donc ne craigne de souffrir pour la justice, ni
ne mette en doute la récompense promise ; car c'est par le labeur qu'on
parvient au repos, par la mort qu'on parvient à la vie. Puisque le Christ a
accepté toute la faiblesse de notre pauvreté, si nous persévérons à le
confesser et à l'aimer, nous sommes vainqueurs de ce qu'il a vaincu et nous
recevons ce qu'il a promis. Qu'il s'agisse de pratiquer les commandements ou de
supporter l'adversité, la voix du Père que nous avons entendue tout à l'heure
doit retentir sans cesse à nos oreilles: « Celui-ci
est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute ma dilection ; écoutez-le
! » (Matthieu 17, 5)
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