Ce qui a puissamment contribué à son rayonnement, c'est son "Entretien avec Motovilov" , redécouvert bien après la mort de l'un et de l'autre, entretien au cours duquel il fait partager à son interlocuteur l’expérience de la transfiguration par et dans le Saint-Esprit, et où il prononce cette parole mémorable : "Le but de la vie chrétienne, c'est l’acquisition du Saint Esprit de Dieu. Ces pages sont un exemple parmi les plus éblouissants de cette "théologie mystique "qui est propre à l’Église orthodoxe.
Il faut à tout prix se pénétrer de cet écrit rempli d'un souffle miraculeux et d'une lumière pénétrante par delà les signes d'écriture. Et il faut lire aussi sa vie, miracle (elle aussi) d'ascèse héroïque et d'amour sans limites. Pour cela, un opuscule indispensable : Séraphim de Sarov, Sa vie, Entretien avec Motovilov et Instructions spirituelles (Bégrolles-en-Mauge, Abbaye de Bellefontaine, "Spiritualité orientale n°11, n. éd. 2004).
Anecdote qui n'est pas sans intérêt : c'est à Sarov où le Saint-Esprit avait manifesté sa puissance, que les soviétiques implantèrent un arsenal de recherches sur l'arme atomique, cette puissance diabolique.
Autre anecdote : les reliques de saint Séraphim, qui avaient disparu durant toute l'ère soviétique, furent retrouvées après la chute du communisme, et transférées solennellement à Moscou.
Saint Séraphim est fêté deux fois : le 15 janvier (2 janvier selon le calendrier julien), date de sa "naissance au ciel" (selon la belle expression des orthodoxes) et le 1er août (19 juillet), date de sa canonisation en 1903 et du transfert de ses reliques.
Je reproduit ci-dessous la relation d'un de ses miracles opéré en Alsace (source orthodoxologie).
Apparition de saint Séraphin de Sarov en Alsace
Un de mes amis m'a envoyé une lettre en français, dans
laquelle une dame d'Alsace lui demandait de lui envoyer quelque chose sur
l'Église orthodoxe russe: un livre de prières, ou quelque chose de similaire.
En réponse, ils ont envoyé quelque chose, et l'affaire s'est terminée.
Ensuite, je suis allé en Alsace et j'ai rendu visite à cette
femme pour faire connaissance, mais à ce moment-là elle n'était pas là. J'ai
rencontré sa belle-mère, femme âgée et chrétienne au cœur pur d'une grande
miséricorde.
Elle m'a dit ce qui suit... Leur famille était d'une
ancienne lignée noble d'Alsace, de confession protestante. Il faut dire que
dans cette région d'Alsace les habitants sont divisés selon les deux fois: il y
a une moitié catholique, et une moitié protestante. Ils ont en commun l'église,
où ils célèbrent les offices à tour de rôle. Au fond de cette église, il y a un
autel romain, avec toutes les statues et les choses nécessaires, mais, quand
les protestants officient, ils tirent un rideau devant tout cela, ils mettent
leur table au milieu et ils prient.
Récemment, des protestants d'Alsace ont lancé un mouvement
en faveur de la vénération des saints. Cela s'est produit après la lecture du
livre de Sabatier[1] à propos
du saint catholique François d'Assise. Etant pasteur protestant lui-même, l'auteur a
été impressionné par le mode de vie de ce juste lors de sa visite à Assise. La famille de mes amis fut
également sous l'influence de ce livre. Bien que restant protestants, ils
ressentaient encore un certaine insatisfaction. Ils souhaitaient vénérer les
saints et participer aux sacrements. Quand le pasteur les a enseignés, ils lui
ont demandé de ne pas fermer le rideau sur l'autel catholique, afin qu'ils
puissent au moins voir les statues des saints. Leurs pensées étaient à la recherche
de la véritable Église.
Et ainsi, un jour, cette jeune femme, qui était malade,
était assise dans le jardin et lisait la vie de François d'Assise. Le jardin
était tout en fleurs. Il y avait un grand silence dans la campagne ... Toujours
lisant, elle s'est légèrement endormie. "Je ne sais pas comment c'est
arrivé", dit-elle ensuite. "François lui-même s'est approché de moi, avec
un un homme âgé voûté et lumineux, comme un patriarche. Il était tout en blanc.
J'ai eu peur. Mais François s'est approché de moi et m'a dit: "Ma fille!
Tu es à la recherche de la véritable Église - elle est là, où il est lui! "[...]
Le vieil homme blanc garda le silence et il sourit en
acquiesçant aux paroles de François. La vision s'est terminée. Elle se
réveilla. Et pour une raison quelconque, sa pensée lui suggéra: "Ceci est
lié à l'Église russe". Et la paix descendit sur son âme.
C'est après cette vision, qu'elle a écrit la lettre,
mentionnée au début de cette histoire. Deux mois plus tard, je leur ai à
nouveau rendu visite, et alors elle m'a dit elle-même ce qui suit. Ils ont
embauché un travailleur russe. Voulant savoir s'il était bien installé,
l'hôtesse est venue dans sa chambre et a vu une icône dans le coin, sur le mur,
et elle a reconnu la même personne âgée, qu'elle avait vue dans la vision de
François. Surprise et effrayée, elle a demandé: "Qui est ce vieillard?
"- "C'est saint Séraphim, notre saint orthodoxe," a déclaré le
travailleur. Et puis elle s'est rendu compte seulement alors du sens des
paroles de François disant que la vérité est dans l'Église Orthodoxe.
Version française de Claude Lopez-Ginisty
d'après
http://www.fatheralexander.org/booklets/english/chudesa_e.htm
[1]
Paul SABATIER. Vie de saint François d'Assise, édition
définitive. Paris, Fischbacher 1931.(1ère version 1894). Ouvrage
remarquable, et remarqué.
DIEU soit loué !
RépondreSupprimerAlleluia !
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