Claude Lopez-Ginisty, administrateur du blog
http://orthodoxologie.blogspot.fr/ , a pris l'initiative louable de faire connaître les saints de Géorgie, ce pays qui fut l'un des premiers à être christianisés et, par voie de conséquence, un des plus persécutés, comme sa voisine l'Arménie.
Je me réjouis hautement de cette initiative car, à l'occasion d'un pèlerinage récent, j'ai eu un coup de coeur pour cette nation. La foi chrétienne lui est congénitale et elle refleurit avec une vivacité, une spontanéité, une sorte de jeunesse qui donnent une idée de ce que fut le printemps du christianisme. La vie du saint homme qui est relatée ici nous ramène aux temps des Pères du désert, et prouve que les récits à leur sujet que notre génération devenue sceptique considère comme légendaires ne le sont point, puisqu'ils trouvent leur exact répondant dans une existence vraiment extraordinaire qui s'est achevée il y a seulement dix-sept ans.
Je me réjouis hautement de cette initiative car, à l'occasion d'un pèlerinage récent, j'ai eu un coup de coeur pour cette nation. La foi chrétienne lui est congénitale et elle refleurit avec une vivacité, une spontanéité, une sorte de jeunesse qui donnent une idée de ce que fut le printemps du christianisme. La vie du saint homme qui est relatée ici nous ramène aux temps des Pères du désert, et prouve que les récits à leur sujet que notre génération devenue sceptique considère comme légendaires ne le sont point, puisqu'ils trouvent leur exact répondant dans une existence vraiment extraordinaire qui s'est achevée il y a seulement dix-sept ans.
J'ajouterai un détail au récit. La tombe de ce saint homme suinte en abondance de l'huile miraculeuse, avec laquelle j'ai eu la grâce d'oindre tous les pèlerins qui étaient présents à ce moment-là.
dimanche 16 septembre 2012
L'Archimandrite Gabriel,
né Goderdzi Ourguébadzé, est l'un des moines orthodoxes les
plus renommés de Géorgie. Il est né de Vassili et Barbara Ourguébadzé le
26 Août 1929, à Tbilissi, en Géorgie. Il fut baptisé enfant à l'église de la
sainte martyre Barbara, dans le district de Navtlughi par
l'ancienne "Sœur de la Miséricorde » Tamar Beguiashvili.
Le régime communiste était alors furieusement violent,
la religion était persécutée, les églises étaient détruites et fermées, les
gens innocents étaient assassinés et déportés.Goderdzi avait d'environ
deux ans quand son père, BasileOurguébadzé, fut assassiné dans des
circonstances incertaines. Après cela les membres de la famille
l'appelèrentVasiko en l'honneur de son père.
Vasiko était un garçon extraordinaire,
depuis son enfance, il était doté de la Grâce divine. Il avait l'habitude de
construire de petites églises de cailloux et d'allumer des allumettes à
l'intérieur. Barbara, sa mère (après le repos en Christ du Père Gabriel, sa
mère entra au couvent de Samtavro comme moniale sous le nom d’Anna.
Elle est enterrée à côté de son fils) avait peur que l'on voit les actions de
son fils, car il n'était pas exclu que l'on puisse espionner leur famille qui
élevait ce fils contre l'idéologie communiste.
Dans sa jeunesse, Vasiko se comportait
bizarrement, il cessait souvent de jouer avec ses amis et préférait être
seul et silencieux. Cependant, il avait encore un divertissement
inhabituel : il avait l'habitude de prendre un petit bâton dans ses mains
et de s'enfuir. Des oiseaux gazouillant se posaient sur lui, et le
suivaient tout le long du chemin. Ceci surprenait tout le monde.
Vasiko était un enfant au cœur tendre. Il ne
permettait pas de mettre un piège mortel pour les souris, il les prenait
vivantes dans une cage et par la suite, les libérait en dehors de la
cour.
Il entra à l'école à l'âge de six ans. Il fut
facile pour lui d'étudier la lecture, l'écriture et l'arithmétique, et il
acquit beaucoup d'amour par sa gentillesse. Il avait sept ans lorsqu'il
entendit le Nom de Dieu pour la première fois, ce qui eut un grand impact sur
son esprit et changea complètement sa vie ordinaire. Il ramassa
bientôt de l'argent pour acheter l'Evangile. Ce fut le début de sa vie
entièrement nouvelle. Depuis ce jour jusques à sa mort, le moine Gabriel fut
rempli par une pensée et une dévotion : ne vivre que pour le Christ. Il
faisait tout le temps la lecture de son Évangile et n'exprimait aucun intérêt
pour quoi que ce soit d'autre; il passait peu de temps pour les leçons afin
d'avoir plus de temps pour lire son Evangile. Avant d'aller au lit, il entrait
dans sa chambre et priait pendant une longue période dans le coin des icônes.
Quelques jours avant sa mort, le moine Gabriel s'est rappelé de la période de
son enfance:
"J'étais assis sur le balcon, au deuxième
étage, plongé dans mes pensées, quand une voix à l'intérieur de moi m'enjoignit
de regarder le ciel. Je me suis levé, je suis venu au bord du balcon, j'ai levé
les yeux et j'ai vu une grande croix érigée dans le ciel. Je ne savais pas
alors, mais je sais maintenant que c'était ma croix à porter pour l'amour de
Dieu et de mon peuple."
Son seul
autre souvenir se réfère à la même période de son enfance: "Alors que je
dormais la nuit, je me suis soudain réveillé et j'ai vu un démon avec une
figure terrible en face de moi. Il me regardait plein de rage. Grâce à la
miséricorde de Dieu, je n'ai pas eu peur, mais j'ai été tendu. Cependant, je
n'ai rien fait pour le chasser. J'ai simplement regardé avec surprise. Il
rugissait vers moi - Tu te bats contre moi, n'est-ce pas?! Et il m'a frappé
avec le poing. " Lorsque Barbara entra dans la chambre, elle trouva son
fils sans conscience. Mais Dieu sauva la vie de son élu.
Le
petit Vasiko eut encore un certain avantage de cet accident, ce
que montre le moine Gabriel dans un de ses souvenirs: "En voyant le démon,
ma foi dans le Christ est devenu plus forte et j'ai dit - si le démon existe,
alors Dieu existe encore plus. En outre, j'appréciais la beauté des êtres
humains. "
Dieu dota le petit
Vasiko âgé de 12 ans de la puissance divine et de révélations à
cause de son amour et de sa dévotion véritables.
* * *
La moniale Pélagie (ancienne
higoumène du couvent de la Sainte Vierge Marie de Gurjaani, du même
âge que le moine Gabriel et sa voisine) se souvient: "Un jour d'été mon
oncle est venu à la maison et a dit à haute voix pour que tout le monde entende
-" Gloire à Jésus-Christ, notre Seigneur, il semble qu'il préserve ses
élus sur la terre ". Sur la question -
"Qu'est-il arrivé? Qu'est-ce qui te surprend?" Il a répondu en
racontant l'étonnante histoire suivante: "Je marchais vers la
maison le long de la vieille route de sainte Barbara. Lorsque je me suis
approché de l'église de Saint-Georges détruite, j'ai vu Goderdzi, le fils
de Vasiko, nettoyant l'église des gros rochers sous le soleil brûlant.
Etant plongé dans le travail, il ne m'a pas remarqué pendant un certain temps.
Moi aussi, voyant cela, je ne dis rien, mais quand il m'a vu, il était heureux
et il m'a dit - "Viens, oncle Moukha, si tu le peux, et soulève
cela" - il montrait un gros rocher. Mon oncle était
appelé Moukha (chêne) pour sa force et ses capacités de lutte, son
vrai nom était Georges. Moukha continua - "J'ai bien essayé,
mais je n'ai pas réussi à déplacer le rocher. Vasiko dit alors
"Au Nom du Christ!", il l'a pris et l'a mis avec
les autres rochers rassemblés par lui hors de l'église". Notre
famille était religieuse, mais en raison du régime athée les membres de la
famille n'assistaient pas aux offices religieux et ne jeûnaient pas. Cependant,
mon oncle a commencé sa vie chrétienne à partir de ce jour-là.
Au cours de la Seconde
Guerre mondiale, les pauvres gens qui n'avaient pas d'informations de la ligne
de front, avaient l'habitude de venir vers Vasiko pour obtenir des
nouvelles de leurs proches. Le Père Gabriel, qui n'avait que douze, donnait
alors des réponses à tous les visiteurs et prêchait - "Allez à l'église,
n'abandonnez pas le Christ et ne perdez pas le salut de
vos âmes". Ses paroles se révélaient toujours vraies et les gens le
respectaient beaucoup. Les capacités extraordinaires de Vasiko et sa
clairvoyance apparente remettaient dans le cœur des gens la confiance en
l'Eglise. Le petit Vasikon'acceptait pas la louange et l'honneur des
hommes et lui-même s'humiliait d'une manière très étrange - il se mettait à la
poubelle et répétait haut et fort "Rappelle-toi toujours Vasiko, que
tu es une poubelle et ne pense jamais beaucoup de bien de
toi-même". Les membres de la famille se mettaient en colère contre Vasiko à
cause d'un tel comportement et le punissaient même, mais les gens
évitaient de se moquer de lui et de l'insulter.
Il est intéressant de
mentionner ici un autre événement étonnant dans la jeunesse du moine Gabriel.
Au cours des purges soviétiques et des persécutions, les gens cachaient les
icônes dans les greniers ou dans d'autres cachettes. Beaucoup de gens
devenaient moins fidèles et n'accordaient pas un juste respect aux choses
sacrées. Le petit Vasiko avait l'habitude de venir vers de telles
personnes et leur disait: "Vous avez une icône dans votre maison (il
montrait du doigt exactement l'endroit). Vous devez soit lui accorder le
respect qui lui est dû, ou me la donner. Je vais la garder. Plus tard, si vous
la voulez à nouveau, venez à moi et je serai heureux de vous la rendre".
Certains se sont repentis et ont gardé les icônes, d'autres, qui n'avaient pas
cette intention, lui donnèrent leurs icônes. Tous ont été surpris par un tel
comportement du petit garçon.Vasiko prenait soin des icônes avec un amour
particulier. Finement et avec diligence les icônes existantes embellies dans
son église et dans la cellule au couvent de Samtavro étonnent tout le
monde. Ces belles icônes décorent presque tous les murs et le plafond, ce qui fait
une impression inoubliable sur les pèlerins ou les invités.
La vie
idyllique du petit Vasiko ne dura pas longtemps. Sa mère, Barbara,
était une honnête femme qui travaillait dur. Elle était belle dans sa jeunesse
et elle se maria à l'âge précoce de quatorze ans. Du premier mariage elle eut
trois enfants, Emma, Michael et Goderdzi-Vasiko. Puis, après la tragédie
de la famille, lorsque son mari fut décédé, être une jeune femme de
22 ans s'est avéré être une situation désespérée. Elle n'avait personne pour
l'aider, et elle devait travailler dur pour subvenir aux besoins de sa famille.
De son second mariage, elle eut une fille - Juliette. Le moine Gabriel fut
confronté à une première expérience sérieuse à l'âge de douze ans. Sa mère,
bien qu'elle ne fût pas irréligieuse, ne permit pas à son fils de mener une vie
religieuse. Au début, quand son fils exprima une passion inhabituelle pour la
foi chrétienne, elle fut surprise. Mais quand elle fut témoin que la foi dans
la vie de Vasiko prenait une forme profonde et établie,
elle exigea catégoriquement que son fils renonce à son choix.
"Ne te tourmente pas! Vis comme vivent les gens ordinaires! Sois
religieux, mais pas au point de ne vouloir que le seul Evangile et la religion!
".
Plusieurs années plus
tard, quand sa mère et ses sœurs rendirent visite au moine Gabriel, qui était
gravement malade et qui mourut un an après, Barbara, sanglotant et pleurant,
implora son fils: "Quelle a été ta vie, Gabriel, des tortures et rien
d'autre! Tu n'as pas eu d'enfance. Il aurait beaucoup mieux valu m'écouter et
prendre bon soin de toi-même, tu étais un homme, n'est-ce pas?! "En voyant
pleurer la mère avec des larmes dans ses yeux, Gabriel fut désolé, désolé pour
sa mère, parce qu'elle ne le comprenait toujours pas, car elle participait aux
épreuves qui accablaient son fils et ses larmes étaient causées par une douleur
profonde. Après une courte pause, le Père Gabriel lui répondit d'une voix basse
et chaleureuse: "Je ne pouvais pas mener une vie différente."
A l'âge de douze ans non plus, il ne pouvait mener une
vie différente. En ce temps-là, entendant une fois de plus le refus de son
fils, Barbara en colère jeta l'Evangile dans les
toilettes. Vasiko l'en retira rapidement, et le mit contre sa
poitrine et il pleura en geignant d'une voix plaintive. Ce fut le dernier
moment, où Vasiko fut forcé de faire un choix dans sa vie. A
minuit, Vasiko prit son Évangile et abandonna sa maison. C'était la fin
de l'automne. Il marcha jour et nuit et finalement atteignit la ville
de Mtskheta. Tout d'abord, il vint au couvent de Samtavro.
L'higoumène Anousia (Kochlamazashvili) le reçut avec amour, en lui
donnant abri et nourriture. Mais elle ne pouvait pas le laisser là, car les
hommes n'étaient pas autorisés à rester dans le couvent. Elle lui offrit
d'aller au monastère de Svetitskhoveli (Pilier de
vie). Vasiko pria de bon cœur en face de l'icône de la Mère de Dieu
d’Iviron de Samtavro en demandant une cellule et le droit de
vivre dans le monastère. Il passa 3 jours dans le monastère de Svetitskhoveli,
mais le décret gouvernemental interdisait de donner abri aux adolescents
pendant une longue période. Ensuite, il alla
au monastère de Shio-Mghvime, où il fut accueilli pendant 3
jours et il fut ensuite accompagné au monastère de Zedazeni, où plusieurs
moines d'un grand âge vivaient. Ils aimèrent tant ce jeune croyant qu'ils
arrangèrent pour lui une cachette près du monastère, et l'y laissèrent pendant
plusieurs semaines. En raison du contrôle strict des
responsables spécialisés dans l'application de la loi, les moines
furent forcés d'envoyer ce fervent croyant au monastère de Béthanie. Ils lui
expliquèrent en détail comment se rendre au monastère et lui donnèrent un peu
de nourriture. A Béthanie, il fut accueilli par deux moines qui y vivaient - Père
George (plus tard canonisé sous le nom de saint Georges-Jean Mkheidzé) et
Père Jean (plus tard canonisé sous le nom de saint Jean Maisuradzé). Les
moines de Bethanie devinrent les confesseurs très aimés de Gabriel.
Après avoir quitté Béthanie, on ne sait rien sur son périple.
Depuis quelque
temps Vasiko était protégé par une femme bonne nommée Margo, qui
vivait à Tbilissi et gagnait sa vie en disant la bonne aventure. Le
petit Vasiko était désolé qu'une femme aussi bonne mène une vie
fausse et vive dans le péché. Un jour, Margo tomba malade. Vasiko la
calma et lui promis qu'il accepterait que les gens viennent à elle. Et, en
effet, les personnes qui venaient à la diseuse de bonne aventure furent
accueillies par le pieux enfant. Il prêcha l'amour de Dieu et essaya de les
rendre conscients du besoin qu'il y a de mener la vie chrétienne. Dieu
dota Vasiko de la faculté de prophétiser, et il parla avec les
visiteurs de leurs dangers futurs et des péchés commis, dont ils ne se
souvenaient pas du tout. Il leur a apprit à aller vers le prêtre
pour la confession et pour recevoir une Sainte Communion. Les gens étaient
étonnés par son comportement. Margo crut Vasiko, et cessa
son activité de divination, et elle commença la vie chrétienne. Cela
fit circuler de nombreuses rumeurs à Tbilissi ces années-là. La mère
de Vasiko continuait à rechercher son fils tout ce temps, et
finalement, elle trouva le lieu où il était: "S'il te plaît, reviens à la
maison et vis comme tu le souhaites. Je ne vais pas empêcher ton choix", dit-elle
à son fils, et elle fut très heureuse de le
retrouver. Vasiko retourna ensuite à la maison. Depuis ce temps
Barbara ne fut plus stricte avec son fils. Toutefois, maintes et maintes fois
elle lui recommanda de mener une vie ordinaire, et de ne pas vivre seulement
pour la foi.
Vasiko, avait
l'habitude, au moins une fois par mois d'aller à Béthanie et d'aider les
moines âgés en y faisant un travail différent dans le monastère. À l'âge de 16
ans, il alla au monastère de Martkopi en pèlerinage. Au cours de ce
voyage, il rencontra un honorable moine le Père Aitala, que Père
Gabriel estimait beaucoup et il se souvenait toujours de lui avec beaucoup
de respect et d'amour dans les années suivantes - "Un grand moine, doué de
clairvoyance".
Une histoire de plus
doit être mentionnée ici dans la vie du Père Gabriel, à la même période: un
jour, le gouvernement communiste décida de raser un parc public près de
l'ancien cimetière de Vera, où les jeunes soldats géorgiens, tués
dans la guerre pour l'indépendance de la Géorgie en 1921 avaient été enterrés.
Le terrain fut nettoyé avec des bulldozers. Vasiko reçut cet acte
brutal en plein cœur, de nuit il ramassa les os dans des sacs, et il les
enterra à nouveau secrètement dans un endroit sûr.
En 1949, Vasiko fut appelé au service militaire
dans l'armée soviétique. Il servit dans l'unité de garde-frontières
de Batoumi. Malgré le régime strict, il réussit à jeûner et alla même
secrètement à l'église Saint-Nicolas et y reçut les saints sacrements. Après
avoir fini le service militaire obligatoire, Vasiko retourna à son
domicile. Bientôt, il fut appelé à l'hôpital médical et fut interrogé au sujet
de ses visions d'enfance, quand à l'âge de 12 ans, il avait vu l'esprit du mal.
Après quelques jours il obtint un certificat, il fut reconnu mentalement malade
et il lui fut interdit de travailler à un poste quelconque. Il reçut une
pension de personne handicapée de catégorie II, ce qui était une grossière
violation de la loi, parce que le patient de cette catégorie n'était pas soumis à la conscription dans les
forces armées par la législation soviétique. Tout cela fut mené en accord avec
la sécurité soviétique et l'idéologie du parti communiste, afin qu'une personne
avec une telle conscience ne puisse pas constituer un danger pour le système
communiste. A partir de ce moment-là, Vasiko continua sa vie spirituelle
avec plus de dévotion. Dans la cour il construisit un logement de petite taille
pour lui-même, où il vécut et mena ses activités spirituelles dans la paix et
le calme. Il allait à la cathédrale de Sioni pour les prières et les
sermons.
Bientôt Sa Béatitude Melchisédek III,
Patriarche-Catholicos de Toute la Géorgie tourna son attention vers le
jeune croyant. Avec la bénédiction de Melchisédek III, Vasiko commença
à travailler comme gardien à la Cathédrale de Sioni, et plus tard
comme lecteur. En janvier 1955, il fut ordonné diacre, et le 23 février,
il prononça les vœux monastiques au monastère de Kutaisi Motsameta et
il fut appelé Gabriel, selon sa volonté. Trois jours après, il fut ordonné par
l'évêque Gabriel (Tchatchanidzé) hiéromoine de
l'éparchie de Kutaisi-Gaenati à la cathédrale
des Saints Pierre et Paul. Depuis le jour où il prononça ses vœux
monastiques, le moine Gabriel travailla dur avec un amour immense et
une pleine dévotion pour Dieu et le prochain. Avec la bénédiction
de Melchisédek III, il servit d'abord dans la cathédrale
de Sioni, et depuis 1960 dans le monastère de Béthanie avec son bien-aimé
Père spirituel Georges et le hiéromoine Basile (Pirtskhalava).
En 1962, après la mort du Père Jean, du père George et
du hiéromoine Basile (Pirtskhalava) le gouvernement ferma le monastère de
Béthanie. Le moine Gabriel revint à Tbilissi, et dans la cour de sa maison, il
construisit à lui seul une église avec sept coupoles. En 1962-1965 le
moine Gabriel servit dans la cathédrale de la Trinité de Tous les Saints, et il
eut une petite paroisse réunie autour de lui
Il est assez difficile pour la génération
contemporaine d'imaginer la capacité spirituelle inhabituelle d'un
jeune moine, qui a adopté une mesure sans précédent et étonnante pendant
le terrible régime communiste: il a brûlé un immense portrait de
Lénine devant le Conseil des ministres lors de la manifestation du 1er mai
1965. Il a prêché avec audace au peuple épouvanté: " La gloire n'est pas
nécessaire à ce mort, mais gloire au Christ, Qui a soumis la mort et nous a
bénis avec une vie éternelle." Furieuse, la foule lui a jeté des pierres
sans pitié. L'alarme de première catégorie (la plus élevée en Union soviétique)
a été déclarée dans la ville, et seule l'intervention du célèbre huitième régiment sauva la vie du moine Gabriel. A moitié
vivant et gravement touché, le moine Gabriel ayant 17 fractures du crâne et
d'autres parties du corps, fut transporté en isolation à l'hôpital du
département de la sécurité. Il fut condamné à mort et l'enquête n'examina le
cas que de manière formelle. Mais les autorités du régime communiste avaient un
intérêt particulier dans ce cas : ils exigèrent du moine Gabriel qu'il
avoue la conspiration présumée dans l'Église orthodoxe géorgienne, et en
retour, ils promirent d'épargner à sa vie la peine de mort. Malgré de longues
tortures, le moine Gabriel fut ferme. Au contraire, durant l'interrogatoire, il
traita une fois de plus Lénine de bête, et en conséquence il
fut roué de coups une fois de plus. Ces nouvelles incroyables et
sensationnelles furent répandues dans les médias de masse de l'Union
européenne et des États-Unis. Un tel développement fut reflété dans la
politique du Kremlin, et au lieu de la condamnation à mort, le moine
Gabriel fut amené à l'asile comme malade mental. Le gouvernement
soviétique prévoyait de le garder à jamais à l'hôpital psycho
neurologique. Mais Dieu préserva la vie de son élu d'un tel sort. Il est
intéressant de lire un extrait du diagnostic médical:
* * *
Hôpital Psycho neurologique la ville
de Tbilissi en République Socialiste Soviétique de Géorgie
19/1-1966, Tbilissi, 1 rue Electroni.
N ° 666
Patient: Vassili Ourguebadzé, né en
1929, éducation de 6è classe. Adresse: 11 rue Tetritskaro.
Le patient est gardé dans
l'hôpital psycho-neurologique de la ville le 18.VIII.1965, et il est
amené de la prison pour un traitement forcé. Diagnostic: personne psychopathe,
enclin à des atteintes de psychose schizophrénique. Il a été libéré de
l'hôpital le 19/XI-65. Selon l'anamnèse (Ensemble des renseignements fournis
au médecin par le malade ou par son entourage sur l'histoire d'une maladie ou
les circonstances qui l'ont précédée/NdT), il eut une vision fantomatique
de l'esprit du mal avec des cornes sur la tête à l'âge de 12 ans ... Le patient
prouve que tout le mal qui se déroule dans le monde est dû au Diable. Dès l'âge
de 12 ans, il a commencé à aller dans les églises, à prier, à acheter des
icônes, et il a étudié la littérature d'Eglise... Il ne mangeait rien les
mercredis et vendredis. Les adultes et les soldats riaient de cette absurdité:
"Le mercredi Judas vendit le Christ pour 30 pièces d'argent, et le
vendredi les prêtres juifs l'ont crucifié" : il était dans un
état de totale hallucination. Cela explique le fait que pour la manifestation
du 1er mai 1965, il a brûlé un grand portrait de Lénine, accroché sur le
bâtiment du Conseil des Ministres. Après interrogatoire, il a dit qu'il a fait
cela parce que l'image de la Crucifixion du Christ devrait être accrochée là,
et qu'il n'était pas possible d'idolâtrer un homme terrestre - le doute est
apparu en ce qui concerne son état de santé psychique, en raison de laquelle il
a été envoyé à l'expertise de psychopathie. L'examen a montré que
l'équilibre du patient est désorienté dans l'espace, dans le temps, et dans
l'environnement. Il se parle à lui-même à voix basse: il croit en l'existence
de l'essence céleste, de Dieu et des anges, etc. Tout en parlant, l'axe
principal d'un psychopathe est toujours tourné vers le fait que tout dépend de
la volonté de Dieu, etc. Il est isolé des autres malades mentaux dans le
département. Quand quelqu'un lui parle, il parle sûrement de Dieu, des anges,
et des icônes, etc. Il est incapable de critiquer son état. Il a été traité
avec la thérapie de l'aminazinophrazia et de la syptomicine, après
quoi il est passé devant la commission.
Décret N ° 42 / 1965
Président de la commission: le candidat de la
médecine, médecin-chef T. Abramishvili,
Membres: J. Shalamberidzé et le
médecin Kropov.
Il a été libéré de l'hôpital le 19
janvier1965 et a été pris à domicile par sa mère.
Médecin: Lezhava 19 Jan.1966.
* * *
Une telle conclusion
négative des médecins soviétiques prouve l'amour de Dieu de
Père Gabriel. Il est surprenant que les fonctionnaires soviétiques aient
écrit en guise de conclusion médicale, la description de Père de
Gabriel concernant Dieu, l'agréable vie vertueuse, qui fut suffisante
pour les fonctionnaires du parti communiste pour le libérer et le congédier de
l'hôpital psychiatrique. Lorsque que Dieu intervient dans les affaires humaines
beaucoup de choses étonnantes se produisent!
Le Père Gabriel fut
libéré dans les sept mois après son emprisonnement. Le
célèbre académicien géorgien A. Zurabashvili a largement
contribué à sa libération. Après trois décennies, lorsque le moine Gabriel
servait au couvent de Samtavro, le hiéromoine Gérasime, membre de
la confrérie Saint Germain d'Alaska du plus grand monastère
orthodoxe d'Amérique, lui a rendu visite. Plus tard, il a publié aux
Etats-Unis le livre "Un Confesseur du Christ dans la Géorgie
d'aujourd'hui". Le livre se termine par les paroles suivantes:
"Père Gabriel nous bénit et nous partîmes, ayant assisté au triomphe de
l'Église du Nouveau Testament à notre époque. "
Malgré
le fait que le sacerdoce du moine Gabriel ait été laissé intact, il fut
suspendu du ministère sacerdotal. C'est pourquoi il assistait aux sermons à
l'église avec la paroisse et recevait la Sainte Communion comme laïc. Il était
convoqué au département de sécurité assez souvent, et rentrait chez lui battu
sans pitié. Un jour, il fut battu très gravement, et il fut incapable de
marcher de façon indépendante. Les agents de sécurité soviétiques, appelèrent
alors les membres de la famille, et les informèrent de l'adresse où ils avaient
laissé le moine.
Depuis lors, le Père
Gabriel décida de changer complètement son mode de vie, qui était trop pénible
pour lui. Maintenant, il fut déterminé à faire semblant d'être comme les
malades mentaux et à l'extérieur de refuser son mode de vie habituel. Au lieu
d'être dans le silence, il prêchait bruyamment dans les rues. Si jusques à
présent il avait complètement refusé de boire du vin, maintenant il buvait
parmi les gens et faisait semblant d'être ivre. Prétendre être insensé est un
exploit inhabituel qui exige une force spirituelle et un esprit divin.
"Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de
Dieu est plus forte que les hommes (I Cor 1:25).
La modestie du moine
Gabriel était étonnante. Sa sœur aînée Mme Emma se souvient:
- Nous n'avons pas réussi à le comprendre. Il avait une
âme raffinée depuis son enfance. Après avoir été consacré en tant que prêtre,
les gens le respectaient beaucoup. Lorsque le moine Gabriel revenait à la
maison, il entrait dans son église et pleurait souvent d'une voix plaintive. Un
jour la porte de son église était ouverte et quand je l'ai entendu pleurer, je
me suis inquiétée et, entrant dans l'église, je lui ai demandé: Vasiko,
mon frère, pourquoi pleures-tu? Est ce que quelque chose qui te fait
mal?
- Ma sœur, le Christ est né dans une mangeoire,
mais les gens me respectent et me baisent la main.
Malgré la modestie
inhabituelle de Père Gabriel, de nombreuses personnalités laïques et de
l'église se comportaient avec grand respect et révérence envers lui, en raison
de sa grâce étonnante : l'amour, la bonté, la sagesse, la prophétie, la
connaissance de quelques pensées secrètes des hommes, et
la forte possession du temps, de l'espace, et de la matière.
Quatre ans avaient passé depuis que le moine Gabriel
avait quitté la prison et l'asile. Les autorités communistes ne pouvaient pas
supporter ses activités courageuses et sa religiosité. Il fut décidé de
détruire son église, ce qui était une expression de la lutte intérieure du
régime sanguinaire communiste envers le Père Gabriel. Cependant, il restaura
son église trois fois. Finalement, le chef du département de la police
soviétique, puis le secrétaire du comité du parti du district vinrent à lui
secrètement pour demander personnellement pardon. Le Père Gabriel
restaura l'église et la chapelle dans un court laps de temps, mais pas dans sa
forme initiale. Au lieu de sept coupoles il mit une seule et grande coupole. À
l'heure actuelle cette magnifique église est conservée dans le même état. En
1971, avec la bénédiction du Cathalicos-Patriarche de toute la Géorgie
Ephrem II et du métropolite Ilia (maintenant Cathalicos-Patriarche
de Géorgie, qui a ensuite dirigé le séminaire) il fut installé en tant que
prêtre du couvent et séminaire de Samtavro. Il lui fut donné une
vieille tour comme propriété permanente. Le Père Gabriel disait parfois avec
une vraie joie: " Par la miséricorde de Notre Sauveur et de Notre-Dame et
par la bénédiction de deux patriarches, j'ai reçu cette cellule".
De 1972 à 1990 Fr. Gabriel a réalisé un exploit
remarquable de pèlerinage dans les églises et les monastères détruits ou abandonnés
sous la pression du régime communiste. Si le chemin était long et lointain,
s’il y avait un endroit géographiquement difficile ou présentant certains
dangers, le Père Gabriel allait toujours seul. Sinon, il était toujours
accompagné par plusieurs croyants qui l'aidaient de quelque façon. Le Père
Gabriel avait coutume de dire: "[Il faut] Toujours croire que notre
travail n'est pas vain. Bien que de nombreuses églises et monastères sont
détruits ou fermés aujourd'hui, le saint ange envoyé par Dieu voit et
écoute notre diligence et notre supplication, et apporte avec
joie nos prières à Dieu, et Lui en fait prendre conscience. Nous trouvons
qu'il est difficile de faire toutes ces choses maintenant. Nous allons dans la
neige et la boue, recouverts d'une feuille de plastique, nous avons à prononcer
des sermons, mais il viendra un temps où ces églises et monastères seront
reconstruits et les offices seront rétablis "(cela semblait vraiment
impossible à l'époque).
A partir
de 1987, Père Gabriel choisit un très petit hangar pour son lieu
d'habitation dans le Kaklovani (une petite allée de noyers dans
la cour de Samtavro). Ce petit hangar était
utilisé précédemment dans le monastère comme poulailler. Plus tard,
il avait été laissé sans aucune affectation. Il quittait rarement le
monastère, seulement pour trois jours ou une semaine, puis de nouveau il
revenait dans sa demeure. Une telle manière de vivre
était, simultanément, une expression de son humilité et de son
ascétisme: il est assez difficile pour un homme de s'humilier à ce point; en
outre, de vivre dans un espace minuscule, où vous ne pouvez même pas vous
redresser correctement et résister à des gels en hiver sans chauffage, surtout
si les murs ont des failles de 2 à 3 centimètres, c'est une véritable ascèse
monastique.
Le moine Gabriel vécut la plupart du temps dans le petit
hangar. Il restait très rarement dans sa cellule de la vieille tour.
Une fois, l'ange saint lui apparut et lui fit une révélation au sujet du
morceau de Svetitskhoveli (Le pilier de vie/ Lieu où avait été ensevelie la
Tunique du Christ. ndT) et lui montra exactement l'endroit, où cette
sainte relique était cachée. Le moine Gabriel et les moniales prirent cette
sainte relique avec révérence et le mirent dans l'église de la Transfiguration de Samtavro,
où elle est conservée jusques à ce jour.
En 1990, le moine Gabriel alla au monastère
de Shio-Mghvime, car il avait l'intention de mener une vie solitaire comme
ermite. Là, il eut une révélation de Dieu de retourner au couvent
de Samtavro et de servir les gens là-bas. A partir de ce moment-là, jusques
à sa mort, le moine Gabriel vécut dans l'ancienne tour. Il admettait les
pèlerins comme un confesseur et servait le prochain avec le dévouement
désintéressé de ses fonctions. Au cours d'octobre/novembre 1991, la situation
politique en Géorgie devint tendue, mais seul le moine Gabriel sentait le
danger des malheurs à venir. Il disait: "Du sang sur
l'avenue Roustaveli! Du sang! Du sang des Géorgiens."
Lorsque le combat des armes à feu
avenue Roustaveli commença et qu'un géorgien tira sur un autre
géorgien, le moine Gabriel sonna les cloches de Samtavro et se lamenta.
Il redoubla le jeûne et refusa totalement de prendre de la nourriture. Il est
difficile de décrire la façon dont avec ardeur il se lamentait et pleurait et
suppliait sincèrement Dieu et Notre-Dame de sauver la Géorgie.
Le moine Gabriel ne
faisait aucune différence entre les gens. Il partageait les joies et les peines
de tous les gens qui venaient à lui. Combien d'entre eux ont été sauvés d'une
chute dans l'abîme de ténèbres spirituelles. Avec sa capacité de prophétie, il
les mettait sur le chemin de la Vérité.
Le moine Gabriel dissimulait presque
entièrement son pouvoir d'accomplir des miracles. Quoi qu'il en soit, dans les
cas extrêmes, comme lorsque la base de la foi chrétienne - la doctrine de
l’essence de la Trinité était questionnée, il exprima la capacité de
thaumaturge dont Dieu l'avait doté pour prouver la vérité divine. Un jour, il
reçut la visite d'un géorgien, adepte de l'hindouisme, qui avait l'habitude
d'aller en Inde et y était resté pendant une longue période et avait son maître
spirituel là-bas. Le Père Gabriel prit du pain; fit le signe de la croix sur
lui au nom de la Sainte Trinité et le pain éclata miraculeusement en flamme,
eau et blé. "Regarde et vois: il en va de même avec la Sainte Trinité en
trois hypostases: Le Père, le Fils et le Saint-Esprit" Alors Père Gabriel
fit à nouveau le signe de croix et l'eau, le blé et le feu se transformèrent en
pain. "Comme ce pain est entier et ne peut pas être divisée, il en va de
même avec la Sainte Trinité -. Une essence et indivisible"
Un jour, l'higoumène du monastère
de Xéropotamou du Mont Athos, l'archimandrite Joseph et des moines
sont arrivés en Géorgie. Ils ont visité Samtavro et ont pris la
bénédiction de Père Gabriel. Mais le staretz réprimanda le père
Joseph: "Comment as-tu osé dire avec un air de défi à la Vierge, qu'elle a
abandonné la Géorgie ". Nous sommes sous les prières et la miséricorde de
la Sainte Vierge, mais tu ne vois pas cela et tu désapprouves". En
entendant cela, Père Joseph fut horrifié et demanda pardon. Le Père
Gabriel étreignit l'invité grec avec amour et l'invita à la table. Il est
devenu notoire qu'avant de venir à Samtavro, les pères grecs avaient
visité la cathédrale de Svetitskhoveli. La situation politique tendue et
économique en Géorgie, accompagnée par les difficultés spirituelles de la
nation, récemment libéré du régime athée, était la raison pour laquelle
l'archimandrite respecté exprimant son regret pour la Géorgie se dit:
"Vierge Marie, Tu as abandonné la Géorgie!" .
Lors des adieux, les
pères exaltés suggérèrent au moine Gabriel de se rendre au Mont Athos, mais il
refusa et répondit: "Je suis ici, sur mon Athos. Je ne vais pas échanger
ma Géorgie pour l'Athos". Dans la même période, le
moine Gabriel reçut la visite du hiéromoine Gérasime, qui
arrivait des Etats-Unis en Géorgie précisément dans ce but.
Père Gérasime servait dans le monastère, fondé en Californie à
Platina par le hiéromoine américain renommé Seraphim Rose.
Après son retour dans son pays, le Père Gérasime et la fraternité
de Platina en Californie dédia au Père Gabriel un article dans la revue
américaine orthodoxe - ORTHODOX WORD.
Dans les dernières
années de sa vie Père Gabriel devint gravement malade (œdème). En plus de cela,
il s'était cassé la jambe et depuis ce temps jusques à sa mort, le moine
Gabriel fut couché dans son lit pendant un an et demi, et il fut
incapable de marcher. Ce n'est que dans de très rares occasions, endurant des
douleurs aiguës, qu'il demandait de l'aider à se lever et s'asseyait devant sa
cellule. "Votre vie est ma vie. Si vous ne vous sacrifiez pas pour
votre peuple, rien ne sortira", disait-il. La miséricorde de son
hospitalité ne peut être oubliée. Avant de se casser la jambe, il nourrissait
tout le monde avec des repas préparés par lui personnellement. Mais quand il
fut incapable de cuisiner, il demanda à Mère Parascève, ou à quelqu'un d'autre,
de faire cuire des repas, et avec beaucoup d'amour il invitait ceux qui
venaient à lui. Il était dans un effort permanent pour amener tout le monde
plus près de Dieu. Ses paroles remplies de Grâce et de puissance
divines pénétraient chaleureusement dans le cœur de chacun. Sa prière
était toujours accompagnée par d'abondantes larmes, et donc personne ne pouvait
y être indifférent.
Dans ces années, le Père Gabriel enseignait la plupart du
temps sur Dieu et l'amour du prochain, le repentir, l'humilité et la bonté.
Dans la dernière année de sa vie, il changea soudain sa prédication et donna un
enseignement au sujet de la Fin des Temps. "Vous verrez l'Antéchrist, vous
serez persécutés et vous devrez fuir vers les montagnes. N'ayez pas peur! Comme
les Israélites ne manquaient de rien dans le désert, quand ils quittèrent
l'esclavage du pharaon et l'Egypte, il en sera de même pour vous, Dieu prendra
soin de vous, qui irez à la montagne pour la liberté en Christ, pour fuir
l'Egypte de ce monde, et de l'esclavage du pharaon - l'Antéchrist. Vous devriez
connaître ce qui vous mènera vers la Terre promise - le Paradis et
vous fera briller comme le soleil."
Durant ses derniers jours le moine Gabriel prêchait et
enseignait l'amour à tous ses visiteurs avec des larmes dans ses yeux:
"Souvenez-vous, Dieu est amour. Ayez autant de bonté que vous le
pouvez pour vous sauver par cette bonté. Soyez modestes, car Dieu accorde Sa
miséricorde à Ses serviteurs humbles. Repentez-vous de vos péchés et n'attendez
pas "demain", car c'est là le piège du Diable. Aimez
vous les uns les autres, car l'homme sans amour ne peut pas hériter du
Royaume des Cieux.
Un jour avant sa mort le moine Gabriel dit: "Le
temps est venu pour mon départ." Puis il caressa l'icône de Notre Sauveur,
suspendu au-dessus de sa tête avec sa main droite, garda le silence pendant un
certain temps et dit: "Je Te suis, ô Christ, depuis l'âge de 12 ans. Je
suis prêt, prends-moi" Toute la nuit, jusques à 4 heures, il passa par
de terribles douleurs, puis il commença à respirer bruyamment et
appela: "Ma mère, ma mère, ma sœur, ma sœur." Tous vinrent du
couvent, les membres de sa famille, les laïcs, un médecin et les prêtres.
Le Père Gabriel regarda l'icône de saint Nicolas
de Myre avec amour. L'archevêque Daniel lut les prières des
agonisants. À la fin, le Père Gabriel sourit et il mourut en paix.
C'était le 2 novembre 1995.
Selon ses dernières volontés, le moine Gabriel
fut enterré dans la cour du couvent de Samtavro enveloppé de toiles
de sac, selon une tradition monastique ancienne. Au cours de l'enterrement, son
corps était entouré des gens qui l'aimaient. Personne ne voulut jeter de la terre
sur lui et tous dispersèrent la terre près de la tombe. Ensuite, la terre
elle-même se déplaça, comme le couvrant, atteignant sa poitrine et enfin son
corps fut entièrement recouvert de terre. Selon sa volonté les paroles
suivantes furent écrites sur sa tombe:
"La vérité est dans l'immortalité de
l'Esprit" - Moine Gabriel
De nombreuses guérisons
miraculeuses sont effectuées sur la tombe du moine Gabriel. Il existe plusieurs
livres publiés en Géorgie ainsi que dans les autres pays sur les enseignements,
la vie et les œuvres de l'archimandrite Gabriel.
* * *
Saint Staretz Gabriel, prie Dieu pour
nous!
Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après
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