Le Saint-Esprit, il faut penser à lui comme à une Personne,
il faut s'adresser à lui comme à une Personne. C'est beaucoup plus difficile
que pour le Père et le Fils car, l'Esprit Saint, nul ne connaît son Nom, c'est l’Innommé,
comme l'appelait l’évêque Jean de Saint-Denis.
Si l'on y réfléchit bien, nous ne connaissons pas non plus les
noms ni du Père ni du Fils. Père et Fils caractérisent leurs rapports, leurs
relations. Mais quel est le Nom du Père ? Le tétragramme IHWH ? El
Shaddaï ? Elohim ? El Elyon ?
Tous ces noms se rapportent à des opérations, à des actions de Dieu, mais pas à
son « être même ». Le seul dont nous connaissions le Nom, c'est le Fils,
mais c'est seulement son nom d'homme : JESUS, et non pas son Nom de Dieu ; tout
ce que nous savons de lui c'est qu'il est Fils de Dieu.
Pour le Saint-Esprit, c'est encore plus flagrant : son Nom
ne caractérise même pas ses rapports avec le Père et le Fils : le Père est
Saint, le Fils est Saint, le Père est Esprit, le Fils est Esprit…
Pourtant, nous pouvons le connaître en l'expérimentant par
ses dons, dons qu'il communique avec puissance. « Nous ne connaissons du
Saint-Esprit que ses énergies, ses dons, ses grâces » (monseigneur Jean). Du
même : « Il se donne si profondément qu'on ignore son Nom ». Ce serait une
erreur grave de confondre ces dons, ces énergies avec Lui-même. On appelle
Souffle, Vie, Feu, et c'est juste car c'est ce qu'il donne ; mais ce n'est
pas Lui.
Premièrement, il est « vivificateur », proclamons-nous
dans le Symbole de la foi :
a)
quand Dieu insuffle en Adam son souffle de vie, c'est le Saint-Esprit ;
b)
c'est le Saint-Esprit qui donne vie au Verbe, Fils
de Dieu, dans le sein de Marie ;
c)
c'est le Saint-Esprit qui communique la vie
divine à tous les hommes dans le sein de l'Eglise, qui en fait des « hommes
nouveaux » conformes au Christ, en qui il vient résider, en sorte qu'ils sont
tous « temple du Saint-Esprit ».
Bien entendu la vie et l'amour divin sont indissociables :
c'est l'amour qui transforme sur le plan purement humain et sur le plan
divino-humain. C'est l'amour qui déifie. Et le Saint-Esprit est celui qui
communique l'amour.
Dans une certaine tradition catholique romaine, héritée de
saint Augustin, le Saint-Esprit est considéré comme l'amour mutuel que se
portent le Père et le Fils, donc c'est un rapport, c'est une relation, ce n'est
plus une Personne. Non ! Ceci est une hérésie. Ce qui est vrai, c'est que le
Saint-Esprit communique l'amour, donc communique la déification.
Comment ? en opérant l'unité dans la diversité et la
diversité dans l'unité.
Il y a diversité des dons. Selon la tradition, ces
dons sont au nom de sept : sagesse, intelligence, conseil, force, science,
piété, crainte de Dieu (tout cela dans le prophète Isaïe). Mais il faut aller
plus loin et se rapporter à l'énumération qui est faite par saint Paul dans la
première épître aux Corinthiens au chapitre 13 : « Il y a diversité des
dons (charismes), mais le même Esprit ; diversité des ministères, mais le même
Seigneur ; diversité d'opérations, mais le même Dieu qui opère tout en tous ».
Ainsi est bien marquée la distinction de l'économie du Saint-Esprit, de
l'économie du Fils et de l'économie du Père.
L'apôtre ajoute : « A chacun, la manifestation de l'Esprit
est donnée pour l'utilité commune », c'est-à-dire que les dons (les charismes)
sont donnés par grâce (charis)
gratuitement, mais pas pour rien, pas pour un but gratuit ou égoïste, mais pour
l'utilité commune, pour être et se rendre utiles à tous, donc pour le service
de tous. Axiome : les dons de l'esprit
sont toujours pour la charité, qui est le « don le plus excellent ». C'est
pourquoi (toujours selon l'apôtre Paul) l'Esprit-Saint réalise l'unité par le
lien de la charité.
Ce qui est dit des dons peut se dire aussi de la charité. L’Esprit-Saint distingue les personnes, mais
pour les unir. Et comment ? par l'amour. Le péché contre l'Esprit, c'est
lorsque l'on blesse la charité ; la forme la plus extrême de ce péché étant le
refus de la miséricorde divine, comme fit Judas. Mais il y a mille et une
manières de blesser la charité.
En résumé : tournez-vous vers le Saint-Esprit comme vers une
Personne débordante du feu de l'amour divin et qui communique cet amour avec
une douce puissance inoubliable. Sentez comme il enveloppe tout, pénètre tout, remplit tout, comme il fait sa demeure en nous, s’unit à nous pour y
siéger, se fait un avec nous, sans confusion ni altération, nous embrase de son
feu et nous fait devenir conformes à Dieu, fils de Dieu et dieux nous-mêmes.
Amen.
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