La Grande Profession du Régime écossais rectifié a toujours excité les curiosités, depuis le convent de Wilhelmsbad au moins. Et aujourd’hui plus que jamais, où sont émises et répandues à son sujet des idées souvent loufoques, en tout cas toujours éloignées de la réalité.
D'où la nécessité renouvelée de la mise au point qui suit.
A PROPOS DU R.E.R.
ET DE LA GRANDE PROFESSION
par MAHARBA
Le Rite Ecossais Rectifié est à l'ordre du jour, pour le
meilleur et pour le pire.
Ses chefs n'en peuvent mais, et ses membres constatent,
surpris, prêts à assumer et inquiets de savoir comment.
C'est l'aspiration de la société, tant maçonnique que
profane, qui rehausse aujourd'hui la valeur initiatique du R.E.R.
Nul ne le conteste, même si certains s'en fâchent : cette
valeur est grande et justifie un premier rôle.
Mais la nature et la vocation du R.E.R. partagent les
exégètes dans la qualification, et ses adeptes les éprouvent en des expériences
très diverses.
D'où la nécessité de fixer le sens actuel du R.E.R.
traditionnel, pour répondre à l'attente et aux serments.
Il faut établir l'inventaire du dépôt transmis aux
Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte. Les textes s'offrent à cette fin,
statuts, règlements, rituels, catéchismes, instructions, correspondances, qui
sont nombreux, sûrs et admirables.
Mais un serviteur fidèle n'enfouit pas son talent.
Le même désir qui éleva les monuments littéraires du R.E.R.
doit l'animer encore. Il exige que le dépôt soit sans cesse exploité ; il en
précise le bon usage.
Puis, la franc-maçonnerie, dont le R.E.R. brûle d'être un
fleuron, subordonne le parler au faire ; subsidiairement l'écrit à l’oral, et le profane —
s'agit-il de lecteurs ou d'auditeurs — au sacré.
N'empêche que des exposés publics secondent parfois de malhabiles quêtes et
d'autres fois préviennent un sacrilège, désamorcent une manœuvre.
Quand s'y croire autorisés, ou y autoriser ? Et quoi révéler
de quelles vérités secourables aux hommes de désir? Voilà, les questions que
les temps posent et dont la mise au point, par ces temps, s'impose. Si Dieu
veut, elle ne tardera pas.
*
* *
Voici, en primeur et d'urgence, cernée une question
particulière : la Grande Profession du R.E.R.
Des études imprimées, des rumeurs ont excité la curiosité et
causé une controverse. Des légendes y ont saisi prétexte à naître ou à
renaître.
Or, les faits sont patents ; ils composent l'histoire et
manifestent la doctrine des Grands Profès. Rappelons-les.
1) La Grande Profession, en même temps que la Profession,
des Collèges métropolitains a été instituée lorsque fut créé l'Ordre des
Chevaliers
Bienfaisants de la Cité Sainte, au Convent national des
Gaules tenu à Lyon en 1778.
Au Couvent de Wilmelmsbad, elle cessa d'exister
officiellement. Un demi-siècle suffit à l'abolir en fait, à quelques exceptions
près qui étaient individuelles.
Aussi, le 29 mai 1830, Joseph-Antoine Pont, Eques a Ponte alto, et dans ses propres
termes, « Visiteur général dépositaire de confiance de feu ab Eremo qui était dépositaire général et archiviste de la IIe
province, devenu depuis sa mort seul dépositaire légal du Collège
métropolitain établi à Lyon » ; constatant « l'inaction et la suspension
indéfinie des travaux du dit Collège métropolitain » ; considérant qu'il se
trouve être « le seul grand dignitaire de l'Ordre subsistant du dit Collège et
qu'il est aussi important qu'urgent de pourvoir à l'érection d'un collège » ;
vu les articles 22, 23, 24 et 25 des Statuts et règlements de l'Ordre des
Grands Profès qui prévoient un tel cas et parent au danger d'extinction ;
accorde une charte pour la constitution du Collège et Chapitre provincial des Grands
Profès à Genève.
La Suisse, où le R.E.R. et l'Ordre des Chevaliers
Bienfaisants de la Cité Sainte continueront de s'abriter jusqu'à nos jours,
devenait aussi le conservatoire de la Grande Profession.
2) La Grande Profession ne peut être confondue avec un grade
maçonnique ni avec un degré chevaleresque[a]
et surtout pas avec ces grades et ces degrés qu'elle surplombe.
Un but lui est assigné : veiller à l'intégrité et favoriser
la culture du dépôt inhérent au Saint Ordre primitif, qui existe depuis toujours
et que l'Ordre des C.B.C.S., issu d'une double tradition maçonnique et
chevaleresque, incarne à présent. Car les quatre grades symboliques du
R.E.R.(apprenti, compagnon, maître, maître de Saint-André) et les deux degrés
de l'Ordre intérieur (Ecuyer novice et C.B.C.S.) visent à former et à employer
des dépositaires de confiance, selon le rang et l'ouverture dont il jouit. Le
Grand Profès est un dépositaire général de toute confiance.
3) La Grande Profession du R.E.R., classe suprême de l'Ordre
des Chevaliers Bienfaisants de.la Cité Sainte, est l'acte par lequel les
chevaliers et les frères des classes inférieures du même Ordre qui en seront
trouvés dignes sont initiés, après les épreuves requises, à la connaissance des
mystères de l’ ancienne et primitive maçonnerie et reconnus propres à recevoir
l'explication finale des emblèmes, symboles et allégories maçonniques.
On n'entre donc point dans cette classe par quelque
initiation cérémonielle ni par quelque nouvelle décoration. La simplicité vers
quoi tend le système entier de l'Ordre des C.B.C.S., y culmine dans la pure
spiritualité.
La Grande Profession enchâsse l'arcane de la
Franc-Maçonnerie et y participe, quoiqu'elle soit point d'essence maçonnique.
Ses secrets sont inexprimables et c'est ainsi qu'elle forme, de soi, une classe
secrète.
4) Les Grands Profès, selon leurs lois, ne dissimulent pas
davantage qu'ils n'exhibent leur qualité. Mais une classe ou d'ailleurs un
Ordre, dont la spiritualité — mieux : l'esprit — fait le fond, saurait-il se
vulgariser sans déchoir et sans perdre son honneur avec son mode et sa raison
d'être ?
Les Grands Profès refusent, statutairement, les candidatures,
et ils se cooptent à l'unanimité obligatoire. Des « "Supérieurs Inconnus
», au sens quasi mythologique du titre, l'incognito leur manque, puisqu'ils
sont tous C.B.C.S. connus.
5) Des mêmes « Supérieurs Inconnus », il manque encore aux
G.P. le genre de supériorité que ce titre implique. Leurs statuts et règlements
excluent l'intervention dans la machinerie administrative de l'Ordre pyramidal
dont ils sont la pierre à pointe, imperceptible par beaucoup.
6) De droit et de devoir, et éminemment, incombent aux G.P.
les tâches que le soin de l'Ordre requiert avec modération de tous les Maçons
Ecossais Rectifiés et de tous les C.B.C.S., Veilleurs et Gardiens, ils
spéculent aussi, poussant aux recherches et aux réflexions sur le dépôt dont
ils encouragent les partisans.
Cette action des Grands Profès, quelle variété dans ses
aspects contingents !
Mais jamais le Grand Architecte de l'Univers ne l'a laissé
s'interrompre. Et il n'est pas de cas où elle se soit exercée — comment
l'aurait-elle pu ? comment le pourrait-elle sans se renier ? — d'autre façon
qu'en esprit et en vérité, pour le meilleur du R.E.R. et de l'Ordre des C.B.C.S.
; pour le bien de la Franc-Maçonnerie ; à l'aide des hommes qui, partout,
prient, souvent à leur propre insu, pour que luise le soleil de justice, source
unique de lumière et de chaleur, où le Seigneur a dressé sa tente et dont
souffle son Esprit.
[a]
Ainsi, par exemple, la ligne successorale des G.P. du R.E.R. n'est ni
identique, ni apparentée à la filiation initiatique d'aucun grade ou d'aucune
classe de l'Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coens de l'Univers, fondé par
Martines de Pasqually.
L'histoire, le droit et la coutume protestent contre
toute confusion de ces deux descendances dont la seconde ne paraît d'ailleurs
pas s'être perpétuée jusqu'à nos jours.
Cette mise au point a paru dans la réputée revue "Le Symbolisme" en 1969. Elle était signée Maharba, anagramme d'Abraham, pseudonyme sous lequel se dissimulait Robert Amadou (dont le nom sacerdotal dans l’Église syriaque était Ibrahim).
C'était une mise au point "autorisée" (le terme est dans le texte) par les responsables de la Grande Profession, afin de mettre un terme aux billevesées auxquelles celle-ci donnait lieu.
Il en va de même aujourd'hui, où l'imaginative, cette folle du logis, se donne toute licence. Puissent ces propos d'autorité lui imposer silence.
Bonjour à vous
RépondreSupprimerJe ne comprends pas la raison de cette publication. Quelles raisons de publier cette "mise au point " de Robert Amadou ? Est-elle destinée à votre obédience ou à d'autres, Obédiences ou Frères ?
Cette "mise au point autorisée" (et dont R. A. m'avait laissé l'initiative si besoin était, quoi qu'en disent certains qui savent mieux que moi ce qui s'est dit dans ces entretiens confidentiels) est destinée à tous, car le besoin s'en fait sentir à moi, vu le nombre de billevesées qui se répandent sur la Grande Profession, de la part de n'importe qui. C'est à n'importe qui que je m'adresse, sans considération d'obédiences maçonniques ou non maçonniques ou d'absence d'obédience, tout simplement pour rétablir la vérité quand je l'ai jugé nécessaire comme en son temps Maharba.
RépondreSupprimerC'est tout, et c'est assez.
J'ajoute, puisqu'il le faut, un deuxième commentaire.
RépondreSupprimerCette re-publcation d'un texte ancien et passablement oublié mais toujours d'actualité, a suscité de la part de certains irascibles un tintamarre aussi virulent qu'indécent. J'ai été accusé - pas moins - d'avoir déformé la vérité, disons : menti (le mot a été prononcé) en prétendant faussement que Robert Amadou m'avait donné licence de faire ce que j'ai fait ; et, simultanément, on l'a accusé, lui, d'avoir commis un acte qu'il n'avait pas le droit de commettre ; sans apercevoir la contradiction qu'il y avait entre ces deux accusations !
Je réitère donc avec solennité que Robert Amadou - que Dieu ait en sa sainte garde ! - que j'ai fréquenté intimement durant ses dernières années parisiennes (qu'on demande donc à Catherine son épouse !) m'a autorisé à lever son anonymat si à mon sens le besoin s'en faisait sentir ; et il ne paraissait pas autrement préoccupé par l'éventualité d'une quelconque radiation, à laquelle je ne crois pas, et dont il n'a cure là où il est !
On n'empêchera jamais les méchants de mentir, Dieu leur pardonne !, mais il faut dénoncer les mensonges.