Je publie ici la suite de cette importante étude théologique sur le racisme empruntée au remarquable site http://www.incommunion.org, qui est le "website of the
Orthodox Peace Fellowship". J'ai déjà recommandé dans mon billet précédent cette organisation et ce site, et je les recommande de nouveau vivement. Je répète ce que j'ai dit précédemment : travailler pour la paix est le seul comportement évangélique, et la seule réponse aux maux de notre temps, quoi qu'en disent les sceptiques.
Cette étude aborde cette fois la question sous l'angle ecclésiologique :
Le principe racial sape le système gouvernemental sacré de
l'Eglise.
Dans une église organisée selon des critères de race,
l'église du diocèse local n'a pas de zone qui lui soit propre, mais les
juridictions ethniques des autorités suprêmes ecclésiastiques sont étendues ou
restreintes en fonction du flux et du reflux des peuples sans cesse déplacés ou
en fonction de la migration en groupe ou individuellement…
Si le principal racial est appliqué, il n'y a pas d'église
diocésaine ou patriarcale, pas d'église provinciale ou métropolitaine, aucune
église épiscopale, pas même une simple paroisse, qu'il s'agisse de
l'église de village, de petite ville ou de banlieue : aucune ne peut exister en
fonction de son lieu propre ou sa région propre, et réunir en son sein tous ceux
qui partagent la même foi. Le Christ se trouve ainsi divisé, comme il le fut chez
les Corinthiens, entre ceux qui disaient: "Je suis de Paul, je suis
d'Apollo, je suis de Céphas» (1 Cor 1:12.
Aucun concile œcuménique ne trouverait juste ni conforme aux
intérêts de la chrétienté dans son ensemble d'admettre une réforme ecclésiastique
fondée sur l'identité ethnique, qui ne ferait que servir les particularités éphémères des
passions humaines et des basses préoccupations: outre le fait que cela
annulerait les acquis législatifs de tant de grands Conciles œcuméniques, cela entraînerait
d'autres résultats nocifs à la fois manifestes et potentiels. Et d'abord, l’introduction
d’un exclusivisme de type judaïque, où la notion de race serait vue comme une
condition sine qua non pour être
chrétien, en particulier dans la structure hiérarchique. Chaque non-grec, par
exemple, serait donc légalement exclu de ce qui serait appelé l'Eglise grecque
et de sa hiérarchie, tous les non-bulgares de l'Eglise bulgare, et ainsi de
suite. En tant que Juif, saint Paul, l'Apôtre des Gentils, ne pourrait avoir
été pasteur que dans une nation, la communauté juive. De même, saints Cyrille
et Méthode, d'origine grecque, n'auraient pas été acceptés chez les Slaves.
Quelle perte pour l'Eglise!...
Dans cette perspective, le sacré et le divin sont rendus
tout à fait humains, l'intérêt séculaire est placé au-dessus des préoccupations
spirituelles et religieuses, chacune des églises étant fondée sur la race, et
réservée aux siens. De la sorte la doctrine de la foi dans "l'Église une,
sainte, catholique et apostolique" reçoit un coup mortel. Si tout cela se
produit, le racisme entre en conflit ouvert avec l'esprit et l'enseignement du
Christ.
D’après la version française de Claude Lopez-Ginisty
Source : http://orthodoxologie.blogspot.fr/
Il existe même, ce qui est pire que tout, un racisme interne à certaines Eglises. Ainsi dans l'Eglise orthodoxe de Jérusalem, dont les fidèles sont tous arabes, la haute hiérarchie est réservée à des Grecs, exclusivement. C'est la situation décrite au paragraphe 4, mais à l'intérieur d'une même Eglise. L'Eglise de Rome, quant à elle, a depuis longtemps ouvert sa hiérarchie orientale, même au plus haut niveau (patriarches), à des ecclésiastiques du cru.
Pour excuser ces situations choquantes, on invoque les séquelles de l'histoire, ce qui est vrai. Mais depuis quand l'Evangile, depuis quand l'Eglise du Christ sont-ils prisonniers de l'histoire ? Qu'il y a de progrès à faire encore pour conquérir cette liberté qui doit caractériser les disciples du Christ !
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