mardi 1 mai 2012

Lénine, ou comment s'en débarrasser



Le site pravoslavie.ru publie un article sur une conférence organisée récemment par l’Agence RIA Novosti au sujet de l’inhumation des restes de Lénine et rapporte notamment l’intervention de l’archiprêtre Vladimir Viguiliansky, chef du service de presse du Patriarcat de Moscou. Nous publions ci-après cet article in-extenso.

La question de l’inhumation du corps d’Oulianov-Lénine est constamment en ébullition dans la société russe, et ce particulièrement lors des dates liées au nom de celui-ci. Il n’y a, comme précédemment, aucune décision, mais il semble que l’opinion publique soit déjà formée. Selon le dernier sondage, effectué en avril, la majorité des Russes (56%) considèrent que les restes de Lénine doivent être rapidement retirés de la Place Rouge. Il convient de noter que ce chiffre est de 10% supérieur à celui que l’on avait il y a dix ans. Ces données ont été lues lors de la conférence qui s’est déroulée dans les locaux de l’agence« RIA Novosti »sur le thème : « Vladimir Lénine : quand enterrera-t-on les restes du guide ? » Les données des sondages sur les réseaux sociaux sont encore plus révélatrices. C’est ainsi que 67% des usagers du réseau « VKontakt » se sont prononcés pour le retrait du corps du « guide » et son inhumation, ce chiffre s’élevant à 85% pour les usagers de Facebook, qui ont participé aux sondages effectués sur les plateformes de « RIA   Novosti ».

Comment sortir de l’impasse au sujet de cette question qui, de toute évidence, agite la majorité des citoyens du pays, indépendamment de leurs convictions politiques et religieuses ? C’est ce dont il a été question lors de la conférence de presse.

Le « Club russe des mécènes orthodoxes », qui dispose à ce jour de cinquante sections dans plus de 50 régions de Russie, a un programme précis à ce sujet. Un vote est actuellement en cours sur le site du Club, la question étant : « faut-il enterrer le corps de Lénine ? » On peut répondre jusqu’au    30 mai.

Comme l’a expliqué le président du Club, André Poklonsky, l’idée est très simple : effectuer d’abord un sondage, et si une écrasante majorité se prononce ensuite pour l’enterrement, envoyer une lettre au président de la Fédération de Russie, afin de soumettre l’initiative correspondante au niveau législatif à la Douma. Le Club, pour sa part, est prêt à financer la procédure d’enlèvement et d’enterrement du corps de Lénine, et promet de prendre, intelligemment et avec tact, toutes les mesures indispensables. Si, finalement, on enterre les restes de Lénine, il sera mis ainsi un terme à une certaine étape historique, dit Poklonsky, tandis que la Place Rouge[1] – le cœur de la Russie –sera libérée de« la mission pagano-nécrophile » comme l’un des députés de la Douma a récemment défini le séjour des restes de Lénine au mausolée.
Aujourd’hui beaucoup disent : il y a des affaires plus importantes que celles qui sont du domaine du passé. Mais pour faire ses adieux une fois pour toutes aux terribles conséquences du communisme, ce pas symbolique doit être absolument entrepris.

Le chef du service de presse du Patriarcat de Moscou, l’archiprêtre Vladimir Viguilianskya exprimé sa position au sujet de la question discutée. Il a rappelé que, début des années 2000, on s’était intéressé à l’opinion de S.S. le Patriarche Alexis II au sujet de l’inhumation du corps de Lénine. Le Patriarche était d’accord que cela était indispensable, mais il n’a plus soulevé la question par la suite afin « de ne pas dresser les gens les uns contre les autres ». Le père Vladimir a dit ensuite qu’il proposera au président élu, après son investiture, de rendre aux communistes leur « chose sacrée », c’est-à-dire le corps de Lénine,  et qu’ils fassent avec celui-ci ce qu’ils veulent :soit l’enterrer, soit l’exposer à Chouchenskoïe, Razliv, Oulianovsk, etc.…, ou qu’ils autorisent à le regarder moyennant payement ou sans payement, ou encore qu’ils livrent ses restes à la terre.

Depuis les années 1990, a fait remarquer le chef du service patriarcal de presse, il s’étonne du fait que soient toujours en vigueur de nombreux mots et symboles soviétiques, ce qui donne lieu à un principe de       dualité ou de« triplicité », lorsque l’on pense une chose, on en dit une autre et on en fait encore une autre. Aujourd’hui, beaucoup de symboles ont perdu leur signification, tandis que les mots ne correspondent pas à leur propre sens. C’est ainsi, par exemple que les journaux « les plus démocratiques » sont appelés « Le Komsomol de Moscou » et « La vérité des komsomols ».

« L’État ne peut exister avec de telles mauvaises herbes, avec l’expression « comme si » a constaté le père Vladimir. Le mausolée sur la Place Rouge, c’est un immense « comme si », et « c’est tout comme si» nous n’étions pas des idolâtres. Il faut anéantir tous ces « comme si », qui font que notre vie soit ambiguë. Jusqu’à présent, nous ne pouvons déterminer, a dit la vice-présidente de « MediaSoyouz » (Union des médias), Hélène Zelinskaïa, ce qu’est pour nous la Place Rouge : un lieu de déroulement des défilés, une surface de patinage, un lieu de concert ou une demeure des morts. Dans cette confusion est scellée une sorte de blessure de notre conscience sociale, il faut enfin s’orienter dans ce domaine. Il faut commencer, a-t-elle ajouté, par « enlever le cadavre de la principale place du pays ». La place la plus indiquée pour l’enterrer, considère la vice-présidente de « MediaSoyouz »,  est le cimetière Volkovo à Saint-Pétersbourg, où reposent les parents de Lénine. Les obsèques du« guide »des prolétaires, qui ont été différées de 88 ans aideront la           société russe, enfin, à tourner la page d’un sombre passé.
Vassily Pisarevsky

Source :          http://www.pravoslavie.ru/jurnal/53145.htm

[1] En fait, « Belle place ». En russe ancien krasny signifie à la fois rouge et beau, et doit ici être compris dans ce dernier sens, maintenant archaïque.

J'aurais, moi, une solution : jeter ces ossements aux chiens. Mais non, je suis chrétien : j'ai pitié des chiens !

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