Le site pravoslavie.ru
publie un article sur une
conférence organisée récemment par
l’Agence RIA Novosti au sujet de l’inhumation des restes de Lénine et rapporte
notamment l’intervention de l’archiprêtre Vladimir Viguiliansky, chef du
service de presse du Patriarcat de Moscou. Nous publions ci-après cet article
in-extenso.
La question de l’inhumation du corps d’Oulianov-Lénine est
constamment en ébullition dans la société russe, et ce particulièrement lors des
dates liées au nom de celui-ci. Il n’y a, comme précédemment, aucune décision,
mais il semble que l’opinion publique soit déjà formée. Selon le dernier
sondage, effectué en avril, la majorité des Russes (56%) considèrent que les
restes de Lénine doivent être rapidement retirés de la Place Rouge. Il convient
de noter que ce chiffre est de 10% supérieur à celui que l’on avait il y a dix ans.
Ces données ont été lues lors de la conférence qui s’est déroulée dans les locaux
de l’agence« RIA Novosti »sur le thème : «
Vladimir Lénine : quand enterrera-t-on les restes du guide ? » Les données des
sondages sur les réseaux sociaux sont encore plus révélatrices. C’est ainsi que
67% des usagers du réseau « VKontakt » se sont prononcés pour le retrait du
corps du « guide » et son inhumation, ce chiffre s’élevant à 85% pour les usagers
de Facebook, qui ont participé aux sondages effectués sur les plateformes de «
RIA Novosti ».
Comment sortir de l’impasse au sujet de cette question qui, de
toute évidence, agite la majorité des citoyens du pays, indépendamment de leurs
convictions politiques et religieuses ? C’est ce dont il a été question lors de
la conférence de presse.
Le « Club russe des mécènes orthodoxes », qui dispose à ce jour
de cinquante sections dans plus de 50 régions de Russie, a un programme précis à
ce sujet. Un vote est actuellement en cours sur le site du Club, la question étant :
« faut-il enterrer le corps de Lénine ? » On peut répondre jusqu’au 30 mai.
Comme l’a expliqué le président du Club, André Poklonsky, l’idée
est très simple : effectuer d’abord un sondage, et si une écrasante majorité se prononce ensuite pour l’enterrement, envoyer
une lettre au président de la Fédération de Russie, afin de soumettre
l’initiative correspondante au niveau législatif à la Douma. Le Club, pour sa
part, est prêt à financer la procédure d’enlèvement et d’enterrement du corps de Lénine, et promet de prendre, intelligemment
et avec tact, toutes les mesures indispensables. Si, finalement, on enterre les
restes de Lénine, il sera mis ainsi un terme à une certaine étape historique, dit
Poklonsky, tandis que la Place Rouge[1]
– le cœur de la Russie –sera libérée de« la mission pagano-nécrophile » comme l’un
des députés de la Douma a récemment défini le séjour des restes de Lénine au mausolée.
Aujourd’hui beaucoup disent : il y a des affaires plus importantes
que celles qui sont du domaine du passé. Mais pour faire ses adieux une fois pour
toutes aux terribles conséquences du communisme, ce pas symbolique doit être absolument
entrepris.
Le chef du service de presse du Patriarcat de Moscou,
l’archiprêtre Vladimir Viguilianskya exprimé sa position au sujet de la question
discutée. Il a rappelé que, début des années 2000, on s’était intéressé à
l’opinion de S.S. le Patriarche Alexis II au sujet de l’inhumation du corps de
Lénine. Le Patriarche était d’accord que cela était indispensable, mais il n’a plus
soulevé la question par la suite afin « de ne pas dresser les gens les uns contre
les autres ». Le père Vladimir a dit ensuite qu’il proposera au président élu,
après son investiture, de rendre aux communistes leur « chose sacrée », c’est-à-dire
le corps de Lénine, et qu’ils fassent avec
celui-ci ce qu’ils veulent :soit l’enterrer, soit l’exposer à Chouchenskoïe,
Razliv, Oulianovsk, etc.…, ou qu’ils autorisent à le regarder moyennant payement
ou sans payement, ou encore qu’ils livrent ses restes à la terre.
Depuis les années 1990, a fait remarquer le chef du service patriarcal
de presse, il s’étonne du fait que soient toujours en vigueur de nombreux mots
et symboles soviétiques, ce qui donne lieu à un principe de dualité ou de« triplicité », lorsque
l’on pense une chose, on en dit une autre et on en fait encore une autre.
Aujourd’hui, beaucoup de symboles ont perdu leur signification, tandis
que les mots ne correspondent pas à leur propre sens. C’est ainsi, par exemple
que les journaux « les plus démocratiques » sont appelés « Le Komsomol de Moscou
» et « La vérité des komsomols ».
« L’État ne peut exister avec de telles mauvaises herbes,
avec l’expression « comme si » a constaté le père Vladimir. Le mausolée sur la Place
Rouge, c’est un immense « comme si », et « c’est tout comme si» nous n’étions
pas des idolâtres. Il faut anéantir tous ces « comme si », qui font que notre vie
soit ambiguë. Jusqu’à présent, nous ne pouvons déterminer, a dit la
vice-présidente de « MediaSoyouz » (Union des médias), Hélène Zelinskaïa, ce qu’est
pour nous la Place Rouge : un lieu de déroulement des défilés, une surface de patinage,
un lieu de concert ou une demeure des morts. Dans cette confusion est scellée une
sorte de blessure de notre conscience sociale, il faut enfin s’orienter dans ce
domaine. Il faut commencer, a-t-elle ajouté, par « enlever le cadavre de la principale
place du pays ». La place la plus indiquée pour l’enterrer, considère la
vice-présidente de « MediaSoyouz », est
le cimetière Volkovo à Saint-Pétersbourg, où reposent les parents de Lénine. Les
obsèques du« guide »des prolétaires, qui ont été différées de 88 ans aideront la société russe, enfin, à tourner la page
d’un sombre passé.
Vassily Pisarevsky
[1]
En fait, « Belle place ». En russe ancien krasny signifie à la fois rouge et
beau, et doit ici être compris dans ce dernier sens, maintenant archaïque.
J'aurais, moi, une solution : jeter ces ossements aux chiens. Mais non, je suis chrétien : j'ai pitié des chiens !
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