VÉRITABLE
SENS DE LA PHRASE :
« LA
CHAIR ET LE SANG NE PEUVENT HÉRITER DU ROYAUME DE DIEU »
(suite
3)
« Souffle de vie » et «Esprit vivifiant»
Saint
Irénée, Contre les hérésies, livre V, chapitre 12, paragraphes 1 à 3
12, 1 Car, comme la chair est capable de corruption, elle l'est aussi
d'incorruptibilité, et, comme elle
est capable de mort, elle l'est aussi de vie. Ces choses se cèdent mutuellement
la place, et l'une et l'autre ne sauraient demeurer au même endroit, mais l'une
est expulsée par l'autre et, du fait que l'une est présente, l'autre est
détruite. Si donc la mort, en s'emparant de l'homme, a expulsé de lui la vie et
a fait de lui un mort, à bien plus forte raison la vie, en s'emparant de l'homme, expulsera la mort et rendra l'homme
vivant pour Dieu. Car, si la mort a fait mourir l'homme, pourquoi la vie,
en survenant, ne le ferait-elle pas revivre ? Comme le dit le prophète Isaïe : « Dans sa puissance, la mort a dévoré »
; et encore : « Dieu essuiera toute larme
de tout visage. » (Isaïe, 25, 8)
Or la
première vie a été expulsée parce qu'elle avait été donnée par le moyen d'un
simple souffle et non par le moyen de l'Esprit. 12, 2 Car autre chose est le «
souffle de vie » (Genèse 2, 7), qui fait l'homme psychique, et autre chose
l'«Esprit vivifiant»,(1 Corinthiens
15, 45) qui le rend spirituel. Et c'est pourquoi Isaïe dit : « Ainsi parle le Seigneur, qui a fait le
ciel et l'a fixé, qui a affermi la terre et ce qu'elle renferme, qui a donné le
souffle au peuple qui l'habite et l'Esprit à ceux qui la foulent aux pieds »
(Isaïe 42, 5) : il affirme par là que le souffle a été donné indistinctement à
tout le peuple qui habite la terre, tandis que l'Esprit l'a été exclusivement à
ceux qui foulent aux pieds les convoitises terrestres. C'est pourquoi le même Isaïe,
reprenant la distinction que nous venons de dire, dit encore : « Car l'Esprit sortira d'auprès de moi, et
tout souffle c'est moi qui l'ai fait » (Isaïe 57, 16) : il range de la
sorte l'Esprit dans une sphère à part, aux côtés de Dieu, qui, dans les derniers
temps, l'a répandu' sur le genre humain par la filiation adoptive ; mais il situe le souffle dans la sphère
commune, parmi les créatures, et il le déclare chose faite. Or ce qui a été
fait est autre que Celui qui l'a fait. Le souffle est donc chose temporaire,
tandis que l'Esprit est éternel. Le souffle connaît un instant de vigueur, il
demeure un moment, puis il s'en va, laissant privé de souffle l'être en lequel
il se trouvait auparavant ; l'Esprit, au
contraire, après avoir enveloppé l'homme du dedans et du dehors, demeure
toujours avec lui et, dès lors, jamais ne l'abandonnera.
« Mais, dit l'Apôtre à l'adresse des hommes
que nous sommes, ce qui apparaît d'abord,
ce n'est pas le spirituel, mais d'abord le psychique, puis le spirituel» (1
Corinthiens 15, 46) Rien de plus juste, car il fallait que l'homme fût d'abord
modelé, qu'après avoir été modelé il reçût une âme, et qu'ensuite seulement il
reçût la communion de l'Esprit. C'est pourquoi aussi « le premier Adam a été fait âme vivante, mais le second Adam a
été fait Esprit vivifiant »(1 Corinthiens 15, 45). De même donc que celui qui avait été fait âme vivante, en
inclinant vers le mal, a perdu la vie, ainsi ce même homme, en revenant au bien et en recevant l'Esprit
vivifiant, retrouvera la vie.
12, 3 Car ce n'est pas une chose qui était morte et une autre qui est rendue à la
vie, de même que ce n'est pas une chose qui était perdue et une autre qui
est retrouvée, mais, cette brebis même qui était perdue, c'est elle que le
Seigneur est venu chercher.(Matthieu 18, 11) Qu'est-ce donc qui était mort ? De toute évidence, la substance de la
chair, qui avait perdu le souffle de vie et était devenue sans souffle et
morte. C'est elle que le Seigneur est venu rendre à la vie, afin que, comme
nous mourons tous en Adam parce que psychiques, nous vivions tous dans le
Christ parce que spirituels (1 Corinthiens 15, 22), après avoir rejeté, non
l'ouvrage modelé par Dieu, mais les convoitises de la chair, et avoir reçu
l'Esprit Saint.
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