Il n’y a pas de mauvaise nature…
Saint Augustin, Cité de Dieu,
XII, ix, 1
Quand on déchoit en
effet, le mal n’est pas dans l’objet, mais dans la manière d’agir ; car il n’y a pas de mauvaise nature, mais
l’agir est désordonné parce qu’on se détache, contrairement à l’ordre naturel,
de l’Etre souverain, pour aller vers ce qui a moins d’être. Ainsi l’avarice
n’est pas la disposition vicieuse de l’or, mais de l’homme qui aime l’or d’un
amour dépravé et délaisse la justice incomparablement préférable à l’or. La luxure non plus n’est pas le vice des
corps, mais d’une âme qui aime d’une
façon pervertie les voluptés corporelles et délaisse la tempérance qui nous
accorde avec des choses bien plus belles dans leur spiritualité et, dans leur
incorruptibilité plus gracieuses. Ni la jactance n’est le vice de la louange
humaine, mais de l’âme qui, dans un amour pervers de cette louange, méprise le
témoignage de la conscience. Ni l’orgueil n’est le vice de celui qui donne la
puissance ou de cette puissance même, mais celui de l’âme, quand l’amour
dépravé de son autorité propre lui fait mépriser l’autorité plus juste d’un
plus puissant. C’est pourquoi celui qui aime
vicieusement un bien de n’importe
quelle nature, même s’il l’obtient, devient
mauvais dans ce bien même, et misérable par la privation d’un meilleur
bien.
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