VÉRITABLE
SENS DE LA PHRASE :
« LA
CHAIR ET LE SANG NE PEUVENT HÉRITER DU ROYAUME DE DIEU »
(suite
7)
«Vous avez été réconciliés par son
corps de chair »
Saint
Irénée, Contre les hérésies, livre V, chapitre 14, paragraphes 1 & 2
14, 1 Ce qui
prouve bien que ce n'est pas à la
substance même de la chair et du sang que Paul s'en prenait, quand il
disait qu'ils ne peuvent hériter du royaume de Dieu, c'est le fait que l'Apôtre
s'est servi constamment, à propos de notre Seigneur Jésus-Christ, des termes «
chair » et « sang ». Il entendait par là, d'une part, mettre en lumière
l'humanité de celui-ci — car le Seigneur lui-même se disait Fils de l'homme —,
d'autre part, affirmer énergiquement le
salut de notre chair — car, si la
chair ne devait pas être sauvée, le Verbe de Dieu ne se serait pas fait chair,
et, s'il ne devait pas être demandé compte du sang des justes, le Seigneur
n'aurait pas eu de sang —.
Mais en fait, depuis le commencement, le sang des justes élève la voix, comme le
montrent les paroles adressées par Dieu à Caïn, après que celui-ci eut tué son
frère : « La voix du sang de ton frère crie jusqu'à moi. »(Genèse 4, 10)
Et il sera demandé compte de leur sang, comme le prouvent les paroles de Dieu à
Noé et à ses compagnons : « Du sang de vos âmes je demanderai compte à
toute bête. »(Genèse 9, 5) Et encore : «
Quiconque répand le sang d'un homme,
son propre sang sera répandu en
compensation du sang versé. »
(Genèse 9, 6) De même aussi, le Seigneur disait à ceux qui allaient répandre
son sang : « II sera demandé compte de
tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis le sang d'Abel le juste
jusqu'au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le
sanctuaire et l'autel : en vérité, je vous le dis, tout cela viendra sur cette
génération. » ( Matthieu 23, 35-36) Il laissait entendre par là que l'effusion du sang de tous les justes
et de tous les prophètes ayant existé depuis le commencement allait être récapitulée en lui-même et
qu'il serait demandé compte de leur sang en sa personne. Or, il ne serait pas demandé compte de ce sang,
si celui-ci ne devait être sauvé; et le Seigneur n'aurait pas non plus
récapitulé ces choses en lui-même, s'il ne s'était fait lui aussi chair et sang
conformément à l'ouvrage modelé aux origines, sauvant ainsi en lui-même à la fin ce qui avait péri au commencement en
Adam.
14, 2 Par contre,
si le Seigneur s'est incarné à l'aide d'une autre «économie», s'il a pris chair
d'une autre substance, il s'ensuit qu'il n'a pas récapitulé l'homme en lui-même
: on ne peut même plus le dire chair, puisque la chair, à proprement parler,
c'est ce qui succède à l'ouvrage modelé aux origines au moyen du limon. Si le
Seigneur avait dû tirer d'une autre substance la matière de sa chair, le Père
aurait pris, à l'origine, une autre substance pour en pétrir son ouvrage. Mais
en fait, le Verbe sauveur s'est fait
cela même qu'était l'homme perdu, effectuant ainsi par lui-même la
communion avec lui-même et l'obtention du salut de l'homme. Or ce qui était perdu possédait chair et sang,
car c'est en prenant du limon de la terre que Dieu avait modelé l'homme (Genèse
2, 7), et c'est pour cet homme-là qu'avait lieu toute l'« économie » de la
venue du Seigneur. Il a donc eu, lui
aussi, chair et sang, pour récapituler en lui non quelque autre ouvrage,
mais l'ouvrage modelé par le Père à l'origine, et pour rechercher ce qui était perdu (Luc 19, 10) . C'est pourquoi l'Apôtre dit dans son
épître aux Colossiens : « Et vous aussi,
vous étiez autrefois éloignés de lui et ennemis de sa pensée par vos œuvres
mauvaises ; mais maintenant vous avez
été réconciliés en son corps de chair par le moyen de sa mort, pour vous
présenter devant lui saints, sans tache ni reproche. »(Colossiens 1,
21-22) « Vous avez été, dit-il, réconciliés en son corps de chair » : cela,
parce que la chair juste a réconcilié la
chair captive du péché et l'a réintroduite dans l'amitié de Dieu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire