VÉRITABLE SENS DE LA PHRASE :
« LA CHAIR ET LE SANG NE PEUVENT HÉRITER DU ROYAUME DE DIEU »
Cette phrase de saint Paul, dans la première épître aux Corinthiens (15, 30)
est répétée à l’envi par ceux que j’appelle les sarcophobes, les ennemis de la
chair, qui jettent sur elle l’anathème comme si elle était sous le coup d’une culpabilité
irrémissible et par conséquent vouée, non au salut, et même pas à l’enfer, mais
à l’anéantissement.
Prise à la lettre, cette phrase leur donne apparemment raison. Mais ce
qu’oublient ou négligent ces esprits simplistes – ou obsédés par leurs
préjugés, comme les hérétiques que combat saint Irénée – c’est que s’il y a un
écrivain sacré qui s’accommode mal d’une lecture au premier degré, c’est bien
saint Paul. Chez lui, il y a la lettre et il y a l’esprit. C’est cette lecture
spirituelle que développe saint Irénée dans cette quatrième section de la
première partie du livre V de son traité, dont je donnerai d’amples extraits,
vu leur importance sotériologique.
« La
chair et le sang »
Saint Irénée, Contre les hérésies, livre V, chapitre
9, paragraphes 1 à 3
9, 1 C'est ce qui a été dit aussi ailleurs
par l'Apôtre en ces termes : « La chair
et le sang ne peuvent hériter du royaume de Dieu », (1 Corinthiens 15, 50) texte que tous les hérétiques allèguent dans leur
folie et à partir duquel ils s'efforcent
de prouver qu'il n'y a pas de salut pour l'ouvrage modelé par Dieu. Car ils
ne comprennent pas que trois choses,
ainsi que nous l'avons montré, constituent l'homme parfait : la chair, l'âme et
l'esprit. L'une d'elles sauve et forme, à savoir l'esprit ; une autre est
sauvée et formée, à savoir la chair ; une autre enfin se trouve entre
celles-ci, à savoir l'âme, qui tantôt suit l'esprit et prend son envol grâce à
lui, tantôt se laisse persuader par la chair et tombe dans des convoitises
terrestres. Ceux donc qui n'ont pas l'élément qui sauve et forme en vue de la
vie, ceux-là sont et se verront appeler à bon droit «sang et chair», puisqu'ils
n'ont pas l'esprit de Dieu en eux. C'est d'ailleurs pourquoi ils sont dits «
morts » par le Seigneur — « Laissez, dit-il, les morts ensevelir leurs morts » (Luc
9, 60) —, car ils n'ont pas l'esprit qui vivifie l'homme. 9, 9, 2 Mais ceux qui craignent Dieu, qui croient à l'avènement de
son Fils et qui, par la foi, établissent à demeure dans leurs cœurs l'esprit de
Dieu, ceux-là seront justement nommés hommes «purs»( Matthieu 5, 8) ,
«spirituels» (1 Corinthiens 2, 15 & 3, 1) et «vivant pour
Dieu» (Romains 6, 11), parce qu'ils ont l'esprit du Père qui purifie l'homme et
l'élève à la vie de Dieu.
Faiblesse de la chair et promptitude de l'esprit
Car si, au
témoignage du Seigneur, « la chair est faible », de même aussi « l'esprit est
prompt » (Matthieu 26, 41), c'est-à-dire capable d'accomplir tout ce qu'il
désire. Si donc quelqu'un mélange la promptitude de l'esprit, en manière
d'aiguillon, à la faiblesse de la chair, ce qui est puissant l'emportera
nécessairement sur ce qui est faible :
la faiblesse de la chair sera absorbée par la force de l'esprit, et un tel
homme ne sera plus charnel, mais spirituel, à cause de la communion de l'esprit.
Ainsi les martyrs rendent-ils témoignage et méprisent-ils la mort, non selon la
faiblesse de la chair, mais selon la promptitude de l'esprit. Car la faiblesse
de la chair, ainsi absorbée, fait éclater la puissance de l'esprit ; l'esprit, de son côté, en absorbant la
faiblesse, reçoit en lui-même la chair
en héritage. Et c'est de ces deux
choses qu'est fait l'homme vivant : vivant grâce à la participation de l'esprit,
homme par la substance de la chair.
Image de ce qui est terrestre et image de ce
qui est céleste
9, 3 Donc, sans l'esprit de Dieu, la chair
est morte, privée de vie, incapable d'hériter du royaume de Dieu ; le sang est
étranger à la raison, pareil à une eau que l'on aurait répandue à terre. C'est
pourquoi l'Apôtre dit : « Tel a été
l'homme terrestre, tels sont aussi les hommes terrestres. »(1 Corinthiens 15, 48) Mais, là où est l'esprit du Père, là est l'homme
vivant : le sang, animé par la raison, est gardé par Dieu en vue de la
vengeance (Apocalypse 6, 10 &19, 2) ; la
chair, possédée en héritage par l'esprit, oublie ce qu'elle est, pour acquérir
la qualité de l'esprit et devenir conforme au Verbe de Dieu. C'est pourquoi
l'Apôtre dit : « Tout comme nous avons
porté l'image de ce qui est terrestre, portons aussi l'image de ce qui est céleste.
»(1 Corinthiens 15, 49) Quel est ce « terrestre » ? L'ouvrage modelé. Et
quel est ce « céleste » ? L'esprit. De même donc, veut-il dire, que, privés de
l'esprit céleste, nous avons vécu autrefois dans la vétusté de la chair
(Ephésiens 2, 3), en désobéissant à Dieu, de même, maintenant que nous avons
reçu l'esprit, « marchons dans une nouveauté de vie» (Romains 6, 4), en
obéissant à Dieu. Ainsi donc, parce que nous ne pouvons être sauvés sans l'esprit
de Dieu, l'Apôtre veut nous exhorter à conserver cet esprit de Dieu par la foi
et par une vie chaste, de peur que, faute d'avoir part à ce divin esprit, nous
ne perdions le royaume des cieux : voilà pourquoi il proclame que la chair à elle seule, avec le sang, ne peut
hériter du royaume de Dieu.
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RépondreSupprimerEstá claro que San Ireneo y Willermoz dicen cosas totalmente opuestas. Si el RER hubiese existido en tiempos de Ireneo, su doctrina estaría recogida como hereje.
RépondreSupprimerY sobre la resurrección de los cuerpos gloriosos Willermoz es muy explícito al respecto:
"Preguntamos a esos hombres carnales y materiales que no ven nada más que por los ojos de la materia, y aquellos que son lo bastante infelices como para negar la espiritualidad de su ser, y a los que también, unidos exclusivamente al sentido literal de las tradiciones religiosas, no quieren ver en la forma corporal del hombre primitivo antes de su caída más que un cuerpo de materia como el del que están actualmente revestidos, reconociendo solamente una materia más purificada. Es Jesús-Cristo mismo el que va a probarles la diferencia esencial de estas dos formas corporales y su destino, revistiéndose de una después de su resurrección, después de haber destruido la otra en la tumba".
"Jesús-Cristo deposita en la tumba los elementos de la materia, y resucita en una forma gloriosa que ya no tiene más la apariencia de la materia, que incluso no conserva los Principios elementales, y que no es más que una envoltura inmaterial del ser esencial que quiere manifestar su acción espiritual y la hace visible a los hombres revestidos de materia".
Tratado de las dos naturalezas, epígrafe 18.
J'ai répondu sur facebook que, contrairement à l'interprétation ci-dessus, Willermoz ne dit pas autre chose que les Pères de l'Eglise, à commencer par saint Irénée. Simplement il s'exprime avec ses termes qui ne sont pas ceux d'un théologien mais ceux d'un martinésien. Mais le fond est le même, j'en suis convaincu depuis longtemps.
SupprimerC'était aussi l'opinion de Robert Amadou. Combien je regrette qu'il ne soit plus des nôtres pour démontrer cela lumineusement.
Je le ferai à ma façon, plus tard. Le travail est en cours.
Merci, esperamos impacientes tu trabajo.
RépondreSupprimerMuchas gracias.
SupprimerIl me faut encore quelque temps. Ce devrait être prêt pour la Saint-Michel.
il va falloir aussi que j'apprenne l'espagnol :-)
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