dimanche 20 février 2011

Les Confessions de foi orthodoxes

Ce qu'ont en commun toutes les Confessions de foi des XVI-XIXe siècles, c'est le fait d'avoir été composées par les patriarches d'Orient sans que l'Eglise Russe y participât. Néanmoins, ces textes ne soulevèrent pas de contestations dans l'Eglise russe et certains d'entre eux y acquirent, ainsi que dans la théologie russe, une importance toute particulière, de sorte qu'on finit par les appeler parfois « livres symboliques ». Ce sont avant tout « la Confession Orthodoxe de l'Eglise catholique et apostolique orientale » et « le Message des patriarches de l'Eglise catholique orientale sur la foi orthodoxe » (la Confession de Dosithée [Saint Dosithée (1641-1707), métropolite de Césarée de Palestine]). A ces deux documents on ajouta parfois un troisième « livre symbolique » : le Grand Catéchisme du métropolite Philarète [Sur saint Philarète, voir mon billet du 7 février 2011].

Tel était l'avis du métropolite Macaire (Boulgakov) [Macaire (1816-1882), métropolite de Moscou, 2e successeur de saint Philarète].

« On doit reconnaître, écrit-il, en qualité de guide permanent pour des exposés détaillés des dogmes dans la théologie dogmatique orthodoxe :

1) la Confession Orthodoxe de l'Eglise catholique et apostolique orientale ;

2) le Message des patriarches orientaux sur la foi orthodoxe et

3) le Grand Catéchisme chrétien ».

 
Ailleurs il écrit :

« La Confession Orthodoxe marque réellement une époque dans(... )l'histoire [de la théologie orthodoxe]. Auparavant les enfants de l'Eglise d'Orient n'avaient pas de livre symbolique à eux, où ils puissent trouver une direction très détaillée, venant de l'Eglise elle-même, un guide dans le domaine de la foi(...) La Confession Orthodoxe de Pierre Moghila [Pierre Moghila (1596-1647), métropolite de Kiev. Partisan d'une « orthodoxie occidentale » et accusé, à tort ou à raison, de crypto-romanisme. Sa Confession orthodoxe (1640) fut conçue comme une réplique aux déclarations protestantes ou protestantisantes comme la Confession de Loukaris.](...) a été  le premier livre symbolique de l'Eglise d'Orient. Là, pour la première fois, sont exposés tous ses dogmes, en son nom, avec toute l'exactitude possible (...) C'est donc là qu'est donnée la direction la plus détaillée et aussi la plus sûre dans le domaine de la foi, tant à tous les orthodoxes, qu'aux théologiens orthodoxes en particulier, dans leur explicitation détaillée des dogmes ».

Le professeur P. P. Ponomarev considère également ces trois textes comme ayant une place à part parmi les autres textes symboliques, tout en s'exprimant à leur sujet avec plus de circonspection que le métropolite Macaire. Il s'en réfère au Saint Synode qui les a, sans doute, approuvés en qualité de « direction », mais « ne les appelle pas ouvertement livres symboliques », et il écrit dans son article de l'Encyclopédie théologique : « s'en tenant exactement à l'opinion du Saint Synode, il convient de considérer ces documents précisément comme une direction pour l'acquisition de connaissances théologiques et, si l'on utilise l'expression des savants, les appeler livres symboliques, ceci toutefois seulement dans un sens relatif et non absolu de ces termes » et « à la condition expresse d'être exactement conformes à la doctrine antique universelle ».
 
Il est cependant difficile d'adhérer à une mise à part de ces textes, même aussi relative. Nous ne répéterons pas ce qui a déjà été dit sur le contenu, les qualités et les défauts de la Confession Orthodoxe et de la Confession de Dosithée. Elles ne supportent, de toute façon, aucune comparaison avec « la doctrine antique universelle » ni au point de vue exactitude, ni à celui du niveau de la pensée théologique. De nombreux textes symboliques de l'époque postérieure aux Conciles Œcuméniques leur sont aussi infiniment supérieurs. Et d'ailleurs leur acceptation par l'Eglise russe n'est que relative et plutôt tardive. La Confession Orthodoxe fut, il est vrai, éditée à Moscou en 1696 sous le pontificat du patriarche Adrien et le Règlement Spirituel de Pierre le Grand s'y réfère, tout comme à la Confession de Dosithée, en 1722. Il serait difficile, cependant, d'accorder de l'importance ecclésiastique au témoignage du Règlement Spirituel, car celui-ci aurait besoin, lui-même, d'un témoignage sur son orthodoxie et son caractère ecclésial.

Quoi qu'il en soit les deux Confessions n'exercèrent presque aucune influence sur la théologie russe avant les années 30-40 du XIXe siècle, c'est-à-dire avant l'époque où le comte Protassov devint Procureur suprême du Saint Synode. Elevé par les jésuites et ayant subi l'influence latine, Protassov souhaitait introduire dans l'Eglise russe des règles analogues à celles de l'Eglise romaine. C'est dans ce but qu'il commença à avancer l'idée de l'autorité des « livres symboliques » : la Confession orthodoxe de Pierre Moghila et la Confession de Dosithée, ceci d'autant plus que leur aspect latinisant était proche de son cœur. Quoi qu'il en soit, ainsi que le note avec raison Ponomarev, « l'attention toute particulière que l'Eglise russe témoigna envers la Confession Orthodoxe commença aux années 30-40 du XIXe siècle et c'est à partir de ce moment que les savants théologiens commencèrent à s'en occuper en Russie (quoique pas tous) », comme nous le verrons. En 1837, la Confession Orthodoxe fut traduite en langue russe [Elle avait été rédigée en latin], en vertu d'une décision du Synode. L'année suivante, 1838, en vertu de la même décision, fut faite la traduction de la Confession de Dosithée et c'est à partir de cette époque que commence leur vaste diffusion obligatoire dans les écoles théologiques et dans la théologie russe.
 
Pour ce qui est du Catéchisme du métropolite Philarète, nous ne pouvons, certes, pas faire ici une analyse théologique détaillée de cet ouvrage. Disons seulement que son niveau théologique est incontestablement supérieur à celui de la Confession Orthodoxe et de la Confession de Dosithée, auxquelles il se réfère dans sa dernière version sous l'influence de Protassov. Comme on le sait, le texte du Catéchisme publié en 1823-1824, fut soumis par la suite à des modifications à deux reprises. En 1827-1828, ces modifications se bornèrent à remplacer la langue russe dans les citations bibliques et patristiques par la langue slavonne.

En 1839, sur l'insistance du procureur suprême, Protassov, en collaboration avec le métropolite Séraphim (Glagolevsky) et d'autres membres du Saint Synode, des modifications plus sérieuses furent faites dans le texte même. Il convient de dire que la « correction » du Catéchisme dans le sens de sa latinisation et sa correspondance avec les Confessions de Moghila et de Dosithée, n'a pas toujours été heureuse. Ainsi cette édition ajoute aux mots « sont changés » (concernant les Saints Dons) les mots « ou transsubstantiés ». Ce terme est, il est vrai, expliqué avec référence à la Confession de Dosithée, dans un sens orthodoxe, celui d'un changement incompréhensible et réel. Néanmoins, on ne peut que regretter l'introduction dans le Catéchisme de ce terme scolastique étranger à la tradition orthodoxe. La doctrine de la rédemption est exposée d'une façon encore moins satisfaisante pour la conscience orthodoxe, à l'aide de notions « du prix et de la dignité infinis » du sacrifice sur la croix et « d'une entière satisfaction de la justice divine ». Cependant, le métropolite Philarète avait refusé de suivre en tout la Confession de Moghila et, malgré la pression faite sur lui, il n'introduisit pas dans son Catéchisme la doctrine latine sur les « commandements de l'Eglise » qui se rencontre, comme nous l'avons vu, dans la Confession Orthodoxe.
 
Dans l'ensemble et malgré tous ses défauts, le Catéchisme de Philarète représente un monument de la théologie russe, remarquable par la clarté de l'exposition ; cependant il serait faux de lui donner une place à part parmi les nombreux textes symboliques et de l'élever au rang d'un « livre symbolique ». En effet, nous avons vu qu'il n'est pas sans défauts et d'ailleurs le Saint Synode lui-même, en approuvant le Catéchisme, ne l'appelle pas « livre symbolique », mais se borne à le recommander en qualité de guide. D'autre part, l'autorité et l'importance du Catéchisme de Philarète se limitent à l'Eglise orthodoxe russe. Il est peu connu hors de ses limites, surtout parmi les Grecs.

C'est grand dommage, car c'est un ouvrage remarquable.

vendredi 18 février 2011

Etre vraiment chrétien...

Les chrétiens sont comme de la lumière pour les autres, pour tous les hommes du monde entier. Si nous sommes chrétiens nous devons ressembler au Christ.

Si vous voulez l'apprendre, l'art de la prévenance vous fera ressembler de plus en plus au Christ, car son cœur était humble et il était toujours attentif aux besoins des hommes. Une grande sainteté commence par cette attention aux autres ; pour être belle, notre vocation doit être toute remplie de cette attention. Là où Jésus a passé, il a fait du bien. Et la Vierge Marie à Cana n'a pensé qu'aux besoins d'autrui et à les communiquer à Jésus.

Un chrétien est un tabernacle du Dieu vivant. Il m'a créé, il m'a choisi, il est venu habiter en moi, parce qu'il avait besoin de moi. Maintenant que vous avez appris combien Dieu vous aime, quoi de plus naturel pour vous que de passer le reste de votre vie à rayonner de cet amour ? Être vraiment chrétien, c'est accueillir vraiment le Christ et devenir un autre Christ. C'est aimer comme nous sommes aimés, comme le Christ nous a aimés sur la croix.

Bienheureuse Teresa de Calcutta (1910-1997), fondatrice des Sœurs Missionnaires de la Charité
Something Beautiful for God (trad. La joie du don, Seuil 1975, p.31)

mercredi 9 février 2011

Via pulchritudinis

Le cardinal Poupard, Préfet de la congrégation pour la Culture, à la Curie romaine, explique, au micro de Radio Vatican, pourquoi la "voie de la beauté" est nécessaire à l’annonce de l’Evangile :

"Avec le soupçon qui pèse sur la vérité et la bonté, la via pulchritudinis, la voie de la beauté s’affirme toujours davantage comme nécessaire. Elle l’est pour nourrir la foi des fidèles comme pour témoigner de leur foi et pas seulement, évidemment, à travers les célébrations liturgiques, mais aussi dans toute la vie".

Q- Evangéliser par l’art est-ce aujourd’hui encore d’actualité, dans une culture matérialiste ?

"Evidemment, plus que jamais, répond le cardinal Poupard. Plus une culture est matérialiste plus il apparaît nécessaire de donner notre témoignage. Récemment à Paris, après Vienne l’année dernière, et avant Lisbonne, Bruxelles et Budapest, j’ai affirmé ce besoin d’évangéliser par l’art. J’ai fait la même chose aussi en Afrique du Sud la semaine dernière".

Q- Mais l’art a-t-il besoin de la foi ?

"C’est précisément l’exigence proposée par le Saint-Père dans sa Lettre aux artistes, lorsqu’il affirme :

"La foi a besoin de l’art".

Il l’affirme très simplement et il poursuit :

"Mais l’art a-t-il besoin de la foi ?"

Il répond :

"Oui, parce que la foi élargit l’horizon de façon étonnante, par la révélation de Dieu le Père, de Jésus, notre Dieu devenu notre frère et de l’Esprit Sanctificateur. Dans l’art, comme on le sait, tout artiste véritable dépasse le monde dans lequel il est immergé comme nous tous. Plus la culture est matérialiste et plus elle a besoin pour respirer, d’avoir l’oxygène que nous donne la foi. Elle en a besoin pour sa propre respiration".

Q- Comment voyez-vous la relation entre la liberté de l’art et le respect des personnes ?

"Nous disons : “la liberté pour quoi faire?” La liberté esthétique n’est pas un but en soi. La liberté est au service et une composante de la dignité de la personne. Le rapport est, dirais-je, ontologique. Il n’y a absolument pas d’opposition. Au contraire, la dignité de la personne et la liberté de l’expression artistique se nourrissent réciproquement".

Q- Pensez-vous que l'on puisse "se convertir" devant une œuvre artistique ?

"C’est le secret des consciences. La conversion est toujours l’œuvre de l’Esprit Saint qui se sert de tant de moyens, que personne, souvent, n’aurait pu imaginer. Les conversions qui semblent foudroyantes ont elles aussi une préparation et nous pouvons dire que la "via pulchritudinis", la voie de la beauté représente un de ces chemins privilégiés".




(9 novembre 2004, au Vatican, lors de la IXe session publique des 7 Académies pontificales

mardi 8 février 2011

L’Eglise orthodoxe russe change d’attitude à l’égard des suicides

Le texte d’une prière pour les suicidés a été soumis à l’examen de la commission liturgique du Saint Synode, ceci sur l’initiative du Patriarche Cyrille. Dans son allocution inaugurale au Concile des évêques le Patriarche a rappelé que souvent les proches des suicidés sollicitent les prêtres pour que ceux ci disent un office funèbre. Le patriarche a proposé d’élaborer une procédure concertée qui ne soit ni trop stricte ni trop indulgente.

Le Patriarche a dit : « Un rite a été élaboré à Moscou, je propose à la Commission liturgique de l’étudier, si le Synode venait à le valider il sera envoyé à tous les diocèses ». Les dispositions actuellement en vigueur ne permettent pas les offices funèbres pour les personnes suicidées ainsi que leur commémoration dans les églises lors des panikhides.

L’archiprêtre Georges Mitrofanov, membre de la Commission liturgique, estime qu’il convient d’appliquer le principe du bénéfice du doute : « Si nous ne connaissons pas les circonstances du suicide il est préférable de prier pour le défunt que de ne pas le faire. Lorsqu’il y a doute il convient de s’inspirer de la loi de l’amour et du pardon ».

News Rembler

Traduction Nicolas M.

lundi 7 février 2011

De la Tradition biblique à la Tradition ecclésiale dans une perspective orthodoxe


L’idée de Tradition est déjà présente dans l’Ancien Testament. Elle est reprise et développée dans le Nouveau Testament par les Apôtres, qui eux-mêmes se sont faits en premier lieu les hérauts de la Bonne Nouvelle.

Tradition biblique et apostolique

Dans la Bible, Dieu se présente comme le Dieu des Pères, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Le judaïsme a une conscience très forte de la tradition léguée par les Pères. Les Juifs se définissaient eux-mêmes par rapport à Abraham en s’appelant " Fils d’Abraham " (voir Jn 8 l’épisode sur la postérité d’Abraham). Le Christ a dit qu’il pouvait " faire de ces pierres des enfants d’Abraham " (Mt 3,9). L’autre grande référence est Moïse, qui est le père, le législateur, le prophète par excellence. Jésus se réfère aussi souvent à lui, par exemple dans l’Évangile de Matthieu, même s’il ne le nomme pas : " Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens… moi je vous dis… " (Mt 5,21-48), quand il se présente comme le fondateur de la Loi nouvelle par rapport à la loi ancienne. La référence à Moïse est la référence exemplaire à la grande tradition religieuse d’Israël dont les contemporains de Jésus sont les héritiers.

Et pour bien faire comprendre que ce n’est pas une référence archéologique, le Christ rappelle que " le Seigneur n’est pas le dieu des morts, mais le Dieu des vivants " (Lc 20,38). Les Pères dont il est question sont des réalités vivantes, ce qui permet de valoriser non seulement la généalogie directe de Jésus dans l’ancienne Alliance, mais aussi toute l’histoire du peuple d’Israël et celle de l’humanité avant le Christ, qui préparait, directement ou indirectement, la venue du Messie.

La Tradition apostolique. Dans le temps de la nouvelle Alliance, Jésus " transmet " lui aussi à ses disciples la Révélation. " Tout ce que J’ai entendu auprès de mon Père, Je vous l’ai fait connaître " (Jn 15,15). Il ne parle pas de lui-même mais comme il l’a entendu, et l’Esprit Saint viendra confirmer la parole de Jésus ensemencée dans les cœurs.

Le jour de la Pentecôte inaugure le temps de l’Esprit et le début la Tradition apostolique. À plusieurs reprises saint Paul rappelle qu’il n’a fait que recevoir et transmettre : " Pour moi, j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai transmis (paredôka) " (1 Cor 11,23). " Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu … et par lequel vous êtes sauvés si vous le retenez tel que je vous l’ai annoncé. …Je vous ai transmis (paredôka) avant tout, comme je l’avais moi-même reçu (parelabon), que Christ est mort pour nos péchés.... " (1 Cor 15,1-3).

C’est le principe de la transmission de la foi. Paul n’a rien inventé, il a tout reçu du Seigneur et des Apôtres et à son tour il le transmet. C’est le début de la transmission de génération en génération de l’Évangile, donc de la Tradition ecclésiale.

La Tradition ecclésiale. Certains distinguent, surtout dans le monde protestant, entre Tradition apostolique et Tradition ecclésiale. Jusqu’aux années 1960 en effet, les traditions réformées et luthériennes se refusaient de parler de la Tradition. L’adage sola scriptura avait été adopté comme règle de conduite, en réaction extrême contre la surévaluation du magistère de l’Église au Moyen ge. Avec le mouvement œcuménique, les grandes traditions protestantes s’ouvrent de plus en plus à la Tradition mais elles considèrent curieusement que dès que le canon du Nouveau Testament eut été défini, l’Église perdit la faculté de déterminer le contenu de la Tradition sacrée.

Cette séparation entre Tradition apostolique et Tradition ecclésiale est forcément problématique : dès l’instant où nous confessons que l’Église est apostolique dans son être profond, il y a identité entre Tradition ecclésiale et Tradition apostolique ; cela étant, la grande question est d’identifier clairement, avec le discernement nécessaire, ce qu’est la Tradition ecclésiale parmi les nombreuses traditions simplement humaines véhiculées dans la vie historique des Églises. Confesser que la Tradition ecclésiale est apostolique n’est pas simplement admettre la présence d’un lien direct avec les Apôtres et leurs premiers successeurs, mais signifie que l’enseignement de l’Église est, jusqu’à la fin des temps, apostolique, c’est-à-dire fidèle à l’enseignement même des Apôtres, qui eux-mêmes l’avaient reçu du Sauveur.

Tradition ecclésiale et Esprit Saint

Il n’existe qu’une seule Tradition, qui est la Tradition des Apôtres et de leurs successeurs jusqu’à aujourd’hui. C’est une Tradition que l’Orthodoxie confesse comme ininterrompue, qui sauvegarde la continuité, la permanence et l’identité de l’Église. L’Église n’existe elle-même que parce qu’elle est une, dans le temps et dans l’espace. Mais de même que l’Église une se diversifie géographiquement à travers des Églises locales, de même la Tradition une se décline dans les différentes Églises à travers des traditions légitimes qui ne portent pas atteinte à son unité foncière.

Coutume et Tradition. Il faut bien reconnaître qu’il existe quelque confusion dans de larges cercles de fidèles orthodoxes entre Tradition et " coutume ", cette dernière étant toujours entendue comme une loi figée et intangible. Sur des points aussi évidents que la rénovation du calendrier liturgique – qui est en décalage avec la vie cosmique et qui, par conséquent, ne rend plus correctement sa fonction symbolique –, la réforme entamée il y a près d’un siècle n’a pu encore aller à son terme, faute de consensus. Le conservatisme de l’Orthodoxie historique est d’abord la conséquence d’une histoire difficile faite de persécutions et de mise en séquestre de l’Église tant par l’Empire ottoman que par l’Empire russe à partir de Pierre le Grand.

La problématique tradition-coutume s’est pourtant posée très tôt dans l’histoire de l’Église. Déjà au IIIe s., dans sa querelle avec le pape Étienne, saint Cyprien de Carthage soulignait que " la coutume sans la vérité est une vieille erreur " (Lettre 74,9). Seule la vérité peut insuffler la nouveauté de l’Esprit dont la coutume ecclésiale a besoin. Ailleurs, Cyprien rappelle, à la suite de Tertullien, que le Christ a dit : " Je suis la vérité " mais n’a pas dit : " Je suis la coutume " soulignant ainsi que la Tradition, pour être ordonnée à la vérité et à la vie, doit demeurer en tension permanente entre coutume et liberté créatrice. La tradition ecclésiale ne constitue pas simplement la transmission linéaire et diachronique du dépôt de la foi apostolique : comme le note saint Irénée de Lyon, c’est une Tradition " de vérité " (“traditio veritatis”), garantie par le " charisme sûr de vérité " (“charisma veritatis certum”) préservé depuis l’origine à travers la succession apostolique et l’assistance permanente et verticale de l’Esprit Saint (Contre les Hérésies, IV, 26,2).

Tradition et Révélation. Dans une belle étude, le théologien Vladimir Lossky a naguère montré, en s’appuyant sur le témoignage de l’Église ancienne, que par-delà la ligne horizontale des traditions dans leur pluralité et leur diversité, la Tradition représente dans une perspective verticale " le mode unique de recevoir la Révélation " ; elle est la lumière ou encore l’évidence intérieure dans lesquelles la Révélation est reçue par l’Église. C’est donc la marque même de la présence de l’Esprit Saint dans l’Église. L’intérêt de l’approche de V. Lossky est de cerner le caractère surnaturel de la Tradition au-delà même de la diversité des contenus que celle-ci prend nécessairement dans la culture humaine. Comme le notait le saint évêque Philarète de Moscou au XIXe s., la vraie et sainte Tradition " ne consiste pas uniquement en une transmission visible et verbale des enseignements, des règles, des institutions et des rites : elle est en même temps une communication invisible et actuelle de grâce et de sanctification " (cité par Lossky, p. 152). Ainsi la Tradition ne peut-elle se réduire à une approche purement conceptuelle ; elle est indissociable de la vie charismatique de l’Église.

Révélation et Esprit Saint. Saint Irénée insiste sur le fait que la transmission de la Révélation se fait dans l’Esprit Saint, qu’elle est un mystère permanent dans lequel l’Esprit Saint joue le rôle principal. D’un côté il rend possible la communication de la foi, et de l’autre il rend possible la réception de cette foi. Et tandis que dans la transmission humaine, il peut y avoir déperdition, cette foi ne sort pas diminuée au cours de ce mouvement ininterrompu. Saint Irénée souligne que, dans la transmission du dépôt de la foi, " même le plus intelligent parmi les chefs des Églises n’ajoutera rien, et le plus faible en paroles ne retranchera rien " (Contre les hérésies, I, 10,2). Dans l’Église, il y a donc, par l’Esprit Saint, une identité totale de la foi à travers le temps, les communautés et les personnes.
[…]
© Michel Stavrou Cahier Évangile n° 141 (septembre 2007) pages 86-89.


Le sort du monde est suspendu à la Croix


Saint Philarète,  métropolite de Moscou (de 1821 à 1867)


"Le sort du monde est suspendu à la Croix, la vie du monde git dans le Sépulcre. La Croix illumine la larmoyante terre de la vie ; le soleil de la bienheureuse immortalité surgit et irradie depuis le Sépulcre."


Il n’est pas inutile de signaler que saint Philarète fut franc-maçon et martiniste.

dimanche 6 février 2011

Le schisme, oeuvre de Satan


« C'est bon signe que des Occidentaux se tournent vers l'Orthodoxie. Le fait que certains d'entre eux vénèrent aussi les saints qui vécurent en Occident avant le schisme catholique montre que le Saint-Esprit les illumine pour qu'ils retournent à la place qu’ils ont quittée. L’Occident était dans l'Eglise Orthodoxe jusqu'après les sept Conciles œcuméniques. Tant les Orthodoxes que les Catholiques sont coupables du schisme, parce qu'autant les uns que les autres ont manqué d'amour mutuel, mais au moins les Orthodoxes ont conservé la Foi. Le schisme a été l'œuvre de Satan, parce que si nous n'avions pas été séparés, le témoignage chrétien face au monde aurait été titanesque, et le diable n'aurait pas réussi à nous obséder de toutes les affaires présentes. »

Paroles prononcées le 24 Juillet (6 août) 2003 par le père Dionyius (Ignat) du Skite de Colciu, sur la Sainte Montagne de l'Athos. L'Ancien Dionysius, âgé de 94 ans, a été moine athonite depuis 1926.



samedi 5 février 2011

Les chrétiens ne devraient jamais juger personne

Les chrétiens ne devraient jamais juger personne, ni une prostituée, ni les pécheurs, ni les hommes aux mœurs dissolues, mais devraient poser un regard bienveillant en toute simplicité d’âme et avec un œil pur. La pureté du cœur en réalité consiste à voir les hommes pécheurs et faibles avec compassion et grande miséricorde.

Saint Macaire le Grand, IVe siècle, ermite au désert de Scété



Saint Macaire le Grand: Par la prière, veiller dans l’attente de Dieu

Saint Macaire le Grand (IVe siècle)
Homélies spirituelles, n° 33 (trad. Quéré-Jaulmes, coll. Icthus, vol. 11, p. 155 rev)

Il ne faut pour prier ni gestes, ni cris, ni silence, ni agenouillements. Notre prière, à la fois sage et fervente, doit être attente de Dieu, jusqu’à ce que Dieu vienne et visite notre âme par toutes ses voies d’accès, tous ses sentiers, tous ses sens. Trêve de nos silences, de nos gémissements et de nos sanglots : ne cherchons dans la prière que l’étreinte de Dieu.

Dans le travail, n’employons-nous pas tout notre corps à l’effort ? Tous nos membres n’y collaborent-ils pas ? Que notre âme elle aussi se consacre tout entière à sa prière et à l’amour du Seigneur ; qu’elle ne se laisse pas distraire ni tirailler par ses pensées ; qu’elle se fasse pleine attente du Christ. Alors le Christ l’illuminera, il lui enseignera la prière véritable, il lui donnera la supplique pure et spirituelle qui est selon Dieu, l’adoration « en esprit et en vérité » (Jn 4,24).

Celui qui exerce un commerce ne cherche pas simplement à réaliser un gain. Il s’efforce aussi par tous les moyens de le grossir et de l’accroître. Il entreprend de nouveaux voyages et renonce à ceux qui lui semblent sans profit ; il ne part qu’avec l’espérance d’une affaire. Comme lui, sachons conduire notre âme sur les voies les plus diverses et les plus opportunes, et nous acquerrons, ô gain suprême et véritable, ce Dieu qui nous apprend à prier dans la vérité.

Le Seigneur se pose dans une âme fervente, il en fait son trône de gloire, il s’y assied et y demeure.

jeudi 3 février 2011

Le Mont Saint Michel - Légende et Histoire

Concert pour le 80e anniversaire de la cathédrale orthodoxe russe des Trois Saints Docteurs à Paris

80-ème anniversaire de la cathédrale orthodoxe russe des Trois Saints Docteurs de Paris
A l'occasion du 80ème anniversaire de la cathédrale orthodoxe russe des Trois Saints Docteurs de Paris
Un concert exceptionnel aura lieu le 10 février 2011 à 20h30 à l'église Saint Germain des Près, 3 Place Saint Germain des Près 75006 Paris.

Choeur mixtes
Choeur d'enfants
Choeur d'hommes
Choeur du séminaire Othodoxe Russe en France
Ensemble de musique ancienne "Chersonèse"
Ensemble Voskressenie
Choeur Volga
Choeur Pokrov de Moscou

Entrée libre
 

mardi 1 février 2011

Grande Antienne (Tropaire) de la fête de la Sainte Rencontre (ou Présentation de Jésus au Temple ou Chandeleur)

Salut, pleine de grâce, Mère pure de Dieu et Vierge.
De toi a resplendi le Soleil de justice, Christ notre Dieu, illuminant ceux qui sont dans les ténèbres.
Et toi, juste vieillard, sois dans la joie, car tu as reçu dans tes bras le Libérateur de nos âmes,
Celui qui nous donne la résurrection.