jeudi 30 septembre 2010

Saint Michel archange

Le 29 septembre est la fête officielle de saint Michel ; on verra qu'il y en a d'autres.
En dépit de son appellation usuelle, saint Michel n'est pas du tout un archange - avant-dernier des cercles angéliques - mais il appartient au tout premier cercle, celui des séraphins flamboyants, qui sont au contact immédiat de la fournaise ardente de la gloire de Dieu. Il est "un des sept anges qui se tiennent devant la gloire de Dieu" (Tobie 12, 15 et Apocalypse 8, 2). On n'en connaît par leur nom que quatre : Michel (Mikaël), Gabriel, Raphaël et Uriel.
Michel est le premier de toutes les hiérarchies angéliques, le "chef des milices célestes", et cela depuis la chute de Lucifer, le premier et le plus beau des séraphins, décrite par le prophète Isaïe : "Te voilà déchu des cieux, astre brillant [= Lucifer], fils de l'aurore.(...) Tu te disais : j'escaladerai les cieux, au-dessus des étoiles j'érigerai mon trône (...) Je monterai sur les plus hautes nues, je deviendrai l'égal du Très-Haut(...) Eh bien, te voilà précipité au séjour des morts, dans les profondeurs de la fosse." (Is. 14, 12-14).
Mais ce n'est pas tout. Tout élément de la nature est porté et animé par un ange qui en est, dirait Martines de Pasqually, le "véhicule", toutes les pensées sont portées et inspirées par les anges, émissaires de Dieu ("Il a fait des souffles ses anges, des flammes de feu ses serviteurs", dit le psalmiste) et de même toutes les sociétés humaines constituées, nations, cités, familles, groupements, ont chacune un ange qui est leur patron et leur protecteur, comme chaque homme a son ange gardien et "bon compagnon". Chacun de ces anges est le défenseur de ceux qui ont été commis à sa garde et veille sur leur destinée. C'est ainsi qu'on voit, dans le Livre de Daniel, Michel "chef" d'Israël, lutter contre l'ange qui est "chef de la Perse" (Daniel, 10, 13 et 21). Michel est donc l'ange protecteur d'Israël.
Selon la tradition des Pères, c'est lui qui dicta à saint Jean, à Patmos, les révélations qui constituent le Livre le l'Apocalypse (= Dévoilement).
Il est aussi, selon la tradition nationale, l'ange protecteur de la France, et c'est en cette qualité qu' il est apparu à Jeanne d'Arc pour lui révéler sa mission. Ce pourquoi l'Ordre de Saint-Michel créé au XVe siècle par Louis XI fut le plus prestigieux de l'ancienne France.
Dans notre pays, S. Michel est fêté trois fois. La fête du 29 septembre est romaine : elle commémore la consécration au VIe siècle d'une église dédiée à S. Michel dans le Circus Maximus. Il est aussi fêté le 8 mai, et cette fête est italienne : elle commémore son apparition au mont Gargan. La fête proprement française de S. Michel est à  la date du 16 octobre : elle commémore la dédicace de la basilique dite désormais du mont Saint-Michel (anciennement le mont Tombe), à la suite de sa triple apparition à l'évêque d'Avranches, S. Aubert. On conte qu'il apparut à trois reprises à l'évêque dans son sommeil pour demander l'édification de cette basilique, et, comme l'évêque demeurait sceptique, il lui enfonça la troisième fois son index dans le crâne. On voit toujours au musée d'Avranches ce crâne avec un enfoncement.
Dans l'iconographie du Moyen-Age et ensuite, S. Michel est représenté dans le rôle du peseur des âmes avant qu'elles soient admises au paradis ou bien précipitées en enfer.

mercredi 29 septembre 2010

Lectures...

Après un bref séjour à Paris, et un passage financièrement désastreux dans les librairies, j'ai envie de vous parler des lectures qui m'ont attiré.
Mais ce sera pour une autre fois...

Grand Prieuré des Gaules

Le Grand Prieuré des Gaules, Ordre des Chevaliers Maçons Chrétiens de France, a tenu samedi dernier 25 septembre son assemblée annuelle pour la Saint-Michel. Comme de coutume, c'est dans les locaux de la Grande Loge de France que cette réunion prit place. Réunion formelle, sans doute, mais qui permet aux frères de tous les coins de France de se retrouver et de se parler, et aussi et peut-être surtout de faire connaissance avec les frères des obédiences françaises et étrangères venus en délégation.
Pour ce qui est de l'intérieur du GPDG, le Grand Prieur-Député Maître Général du Régime Rectifié, le Grand Prieur-Grand Maître Maçon du Rite Ecossais d'Ecosse et le Grand Maître-Très Vénérable du Rite Français présentèrent le Rite dont chacun a la charge en en faisant ressortir les beautés particulières. Le Grand Aumônier annonça la nomination et la réception, le matin même, de six aumôniers des Ordres, en expliquant quel serait leur ministère. Vint ensuite un discours d'une grande élévation spirituelle du Grand Maître, d'où il ressort que le christianisme, qui inspire le GPDG (comme l'indique son intitulé) est, conformément à l'évangile, esprit, non d'exclusion, mais d'ouverture.
Les salutations des délégations françaises et étrangères, souvent menées par leurs Grands-Maîtres, en furent l'éclatante illustration : Grande Loge Unie du Portugal, Grande Loge Nationale Italienne, Grande Loge de Suède, Grand Prieuré d'Hispania, Grand Prieuré Rectifié d'Occitanie, Prieurés Unis des Trois Provinces - Loge Nationale Française, Grand Prieuré de Lotharingie, Grande Loge de Memphis-Misraïm, Grand Orient de Suisse, Grande Loge de France, Grand Orient de France (cités dans le désordre). Fait notable, aucune de ces prises de paroles ne se limita à des propos de convenances, toutes continrent des éléments substantiels.
Preuve que la maçonnerie universelle n'a pas besoin pour vivre et prospérer d'une uniformité factice et imposée.

mardi 21 septembre 2010

Colloque Martines de Pasqually

Je m'apprêtais à parler du colloque Martines de Pasqually organisé samedi et dimanche derniers 18 & 19 septembre avec grand succès par Serge Caillet et ses complices de Renaissance Tradtionnelle, de la Société Martines de Pasqually, etc. ; mais le travail est fait et bien fait par Jacques Courtois. Son compte rendu est précis, objectif, parfois pince-sans-rire. Je n'aurais pas fait mieux. Je renvoie donc mes lecteurs à son blog
http://rflexionssurtroispoints.blogspot.com/, en attendant la publication des actes dans un numéro spécial de Renaissance Traditionnelle ainsi que la parution de l'enregistrement vidéo sur Baglis TV.

vendredi 3 septembre 2010

Ce mois de septembre dans lequel nous venons d'entrer, outre qu'il marque le passage d'une saison à l'autre - ce que l'Eglise, qui depuis toujours a marqué par ses rites les événements de la nature créée par Dieu, célèbre par les offices des "quatre temps d'automne", les 15, 17 et 18 septembre, rites à la fois de pénitence et d'action de grâce - ce mois de septembre, donc, est riche de célébrations.  Quitte à recopier le calendrier liturgique, j'en choisirai quelques-unes qui me paraissent signifiantes. Le 1er septembre, nous avons fêté le juste Juge d'Israël Josué, qui fut, disent des textes médiévaux, "l'écuyer" de Moïse ; eh bien, le 4 septembre nous fêterons Moïse lui-même (rien à voir avec la chute du second Empire !!!) Le même jour nous fêterons saint Marin qui a donné son nom à une mini-république en Italie.  Le 7 septembre nous fêterons saint Cloud, dont la presque totalité des Parisiens ignorent qu'il fut un prince de la race de Clovis, échappé de justesse à l'un de ces massacres qui ont ponctué les successions des premiers rois de la France "chrétienne", et  qui devint moine et fondateur d'abbaye ; et le même jour, saint Euverte, grand évêque d'Orléans au IVe siècle. Le 9 septembre nous ferons mémoire du concile d'Ephèse, 3e concile oecuménique (431) où fut dogmatiquement proclamée la divinité du Christ et où, en conséquence, la Vierge Marie fut acclamée "Théotokos", Mère de Dieu (ce qui est et reste un non-sens métaphysique, ce qui n'est pas au mérite de la sagesse humaine). Le 14 septembre nous ferons mémoire de la naissance au ciel de saint Jean Chrysostome,,  dont il n'est pas besoin de parler plus au long. Le 16 septembre nous célèbrerons saint Cyprien de Carthage, martyr, un des plus éminents Pères de l'Eglise du IIIe siècle. Le 19 septembre, saint Janvier, martyr, patron de Naples, dont le sang contenu dans deux ampoules de verre continue de se liquéfier trois fois par an, dont à cette date-là. Le 21, saint Matthieu, dont il n'est pas besoin de parler plus au long, et aussi le saint prophète Jonas. Le 24, saint Silouane de l'Athos, né au ciel en 1938 (les saints contemporains, cela existe) dont le P. Sophrony, son disciple,  a révélé au monde la sainteté, ignorée même de ses confrères du monastère de Vatopédi. Le 26, saint Cyprien et sainte Justine, patrons des exorcistes, martyrs de la persécution de Dioclétien ; le même jour, l'Eglise orthodoxe célèbre la "dormition" - non la mort - de saint Jean le Théologien, c'est-à-dire l'Evangéliste. Le 28, ce sont saints Côme et Damien, patrons des médecins. Le 29, saint Michel Archange - une de ses trois fêtes en France avec le 8 mai et le 16 octobre.  Et enfin, le 30 septembre, saint Jérôme, le rédacteur de la Vulgate (entre autres), ainsi que sainte Sophie et ses trois filles, Foi, Espérance et Charité, martyres à Rome au Ier siècle.
Pareille variété - très succintement résumée - montre que la foi chrétienne n'est étrangère à aucun temps, à aucun lieu, à aucune condition. Elle est au sens propre "catholique", c'est-à-dire universelle.
J'ai délibérément laissé de côté deux fêtes considérables, qui intéressent directement la condition humaine.
Le première est la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie, le 8 septembre. Les Ecritures n'en disent rien, mais ce qu'on appelle le Proto-Evangile de saint Jacques donne de nombreux détails sur sa conception miraculeuse et sa naissance. A ce sujet, il faut noter avec précision plusieurs points. Le premier est que, si ce Proto-Evangile est classé par les érudits parmi les "apocryphes", cet adjectif ne signifie pas forcément mensonger, mais simplement ne figurant pas dans le "canon" des Ecritures fixé dès le IIe siècle. Dans ces apocryphes, beaucoup sont des textes gnostiques, comme le trop fameux "Evangile de Thomas", qui sont des forgeries. En revanche, le Proto-Evangile de saint Jacques est le témoin des récits pieux qui avaient cours dans les premières communautés chrétiennes à une époque très reculée - donc peu éloignée de la vie du Sauveur - puisqu'il date du IIe siècle. Et, quoique non canonique, il a été amplement utilisé par les liturgies antiques, tant latines que grecques. En vertu de ce récit, la naissance miraculeuse de la Vierge de parents jusque-là stériles, Anne et Joachim, s'inscrit dans une longue lignée qui débute avec Abraham et Sarah, et qui prouve que la stérilité n'est pas un obstacle à la fécondité, car "rien n'est impossible à Dieu".
La seconde et immense fête est celle, le 14 septembre, de la sainte et vivifiante Croix, instrument à la fois du supplice du Sauveur,  et du salut et de la glorification du monde, monde dans toutes les dimensions duquel cette croix est inscrit car elle en est le support, comme le montre magnifiquement saint Irénée de Lyon dans sa "Démonstration de la prédication apostolique". Certains, comme Guénon, ont entr'aperçu le caractère universel de la croix, mais sans voir qu'elle était une sorte d'échelle de Jacob menant des cieux à la terre et de la terre aux cieux.
Ainsi scandé, ce mois, comme les autres, nous donne de célébrer de jour en jour la magnificence de notre Dieu dans ses saints.