vendredi 19 juillet 2013

Contre les recherches sur l’embryon humain



Il faut nous mobiliser contre les recherches sur l’embryon humain !


Cette affaire est infiniment plus grave que celle du mariage homosexuel, car elle touche à la personne humaine elle-même. Autoriser sur les embryons humains des recherches scientifiques conduisant à leur destruction inéluctable, c’est ni plus ni moins se rendre complice d’un génocide.

Il ne viendrait à l’esprit d’aucun chrétien (pour les autres croyances, je ne sais) de nier que l’embryon soit, dès son origine, un être humain, une personne humaine. Une personne humaine en devenir, certes, mais dotée d’un corps en voie d’organisation de plus en plus complexe, d’une âme en développement elle aussi, et d’un esprit déjà complet car l’esprit n’est assujetti à aucun devenir.

On m’objectera : cela, c’est votre foi, mais la science affirme autre chose. Ainsi le professeur Frydmen, gynécologue obstétricien, père du premier « bébé éprouvette » en France, a-t-il tout tranquillement affirmé dans une interview récente (11 juillet) au Figaro que « l’embryon n’est pas une personne ». Fort bien, professeur, si vous le dites… Pourtant, faute de preuves, je vais m’armer de mon simple bon sens. Si l’embryon n’est pas, n’est pas encore, une personne humaine, à quel stade de son développement le devient-il ? est-ce au bout de la période légale de douze semaines à partir de laquelle l’interruption volontaire de grossesse devient délictueuse ? Ou bien au bout de quatorze jours, durée après laquelle les recherches sur l’embryon sont interdites en Grande-Bretagne ? Ainsi donc, l’embryon n’est pas une personne humaine, le fœtus n’est pas au départ une personne humaine, puis il le devient au bout d’une durée d’existence variable selon les pays… Et cela à la suite de quel évènement ? Certainement pas un miracle, vous n’y croyez pas, professeur. Qu’on m’explique quelle mutation physique entraîne une métamorphose psychique aussi radicale : apparition de la conscience, etc. (D’ailleurs, celle-là, peut-on la dater ?) Mais je pense à cet ami, médecin chercheur en neurologie, spécialiste du cerveau, qui ramène la pensée consciente à des phénomènes électro-chimiques.  Ces phénomènes peuvent se produire en un moment N (sous l’effet de quel déclencheur ?) et cesser de même en un moment N+n. Moyennant quoi nous avons, avant ce moment-là et après ce moment-ci, un matériau disponible pour la Science…  Ainsi se boucle la boucle : le matériau humain, momentanément éclairé par la conscience, ne l’est ni au début ni à la fin de l’existence, mais il est durablement un matériau pour les besoins de la Science. Et c’est ainsi que la recherche sur l’embryon donne la main à l’euthanasie.

Il va de soi qu’aucun chrétien, et même aucun philosophe spiritualiste, ne peut que s’insurger contre pareille conception. Le matérialisme scientifique à l’état pur ! L’homme, même en devenir, déjà constitué d’une identité organisée, ne peut être réduit à l’état de la matière brute. Il est déjà détenteur, je le répète, d’un esprit, que les chrétiens assurent donné par Dieu et où les philosophes spiritualistes (platoniciens par exemple) voient une étincelle divine.

Mais la Science !... la Science, mes bons messieurs, ne parle pas d’une voie unanime. Je citerai, toujours dans Le Figaro (10 juillet 2013) des extraits d’une interview du professeur Emmanuel Sapin, chef du service de chirurgie pédiatrique et néonatale au CHU de Dijon, spécialiste de chirurgie fœtale, dans laquelle il contredit radicalement son confrère :

« L’embryon est défini comme un organisme en développement depuis la première division jusqu’au stade où les principaux organes sont formés. Ainsi si l’on ne peut scientifiquement attribuer à l’embryon la qualité de personne humaine, il n’en demeure pas moins que l’embryon humain correspond bien à une période de développement de l’être humain. Au cours de cette période qui précède celle du fœtus, du nouveau-né, de l’enfant, puis de l’adulte, cet organisme vivant ne change pas de nature : s’il était humain, il reste humain. »[1]

Voilà le point crucial : la nature. Peut-se produire, dans un quelconque organisme vivant, un changement de nature ? C’est ontologiquement impossible. Natura non fecit saltus, disait l’adage médiéval.  Or, hic jacet lepus : les scientifiques et les philosophes matérialistes ne croient pas à la nature. Le médecin neurologiste dont je parlais tout à l’heure me disait : la nature n’existe pas. Ils ne croient qu’à la culture. On a là l’explication de toutes les mesures « sociétales » prises par nos gouvernants, en particulier l’apologie de la « théorie du genre » qui marque (pensent-ils) le triomphe de la culture sur la nature.

Le professeur Frydman va plus loin, très loin. Selon lui, les embryons « qui ne répondent plus à un projet parental » ne peuvent prétendre accéder au statut d’être humain. En d’autres termes, la nature humaine d’un être vivant dépendrait, et dépendrait uniquement, de la volonté de deux personnes étrangères ou extérieures à lui. Ce qui revient à dire, autrement, que la notion de nature (humaine) n’a aucune subsistance.

Nous considérons, nous, que la nature humaine, qui fait qu’un homme est un homme, ne peut être écartée ainsi du revers de la main. Nous considérons, avec le professeur Peyrat, que l’embryon « depuis la rencontre d’un ovule et d’un spermatozoïde constitue un être humain. » Et par conséquent que les expérimentations qui aboutissent à sa destruction sont, ni plus, ni moins, de la vivisection humaine.

On objecte que les obstacles mis à de telles recherches relèveraient d’un esprit obscurantiste et ralentiraient ou empêcheraient les progrès de la Science. Air bien connu.  Donnons alors la parole à un autre intervenant, le professeur Alain Privat, membre correspondant de l’Académie de médecine, neurobiologiste à l'EPHE, ancien directeur de recherche à l'INSERM, et spécialiste des cellules souches. Il écrit notamment (Le Figaro, 18 juillet 2013), et c’est extrêmement intéressant :

« L’autre argument mis en avant par les tenants de l’expérimentation sur l’embryon humain est l’utilisation possible de cellules souches, dont il serait la source exclusive. Les cellules souches, dont les deux caractéristiques sont de se multiplier quasiment à l’infini et de pouvoir se différencier dans tous les types cellulaires de l’organisme, sont des outils potentiels de thérapies pour des maladies actuellement incurables. Là encore, cet argument est fallacieux, car les sources de cellules souches sont multiples. Le cordon ombilical en est très riche. C’est la découverte en France de l’équipe d’Eliane Gluckman, qui depuis vingt-cinq ans traite des anémies sévères par ce moyen. Par ailleurs, tous les tissus d’un homme adulte contiennent des cellules souches, y compris le cerveau et la moelle épinière, où elles ont été détectées il y a quelques années. Enfin, et c’est une découverte majeure de la dernière décennie, les cellules adultes inductibles dites « iPS » qui ont valu à leur auteur, le professeur Yamanaka, le prix Nobel de médecine en 2012, apportent un outil de recherche et de thérapie exceptionnel. Ces cellules, qui peuvent être obtenues à partir d’un fragment de peau prélevé sur un individu sain ou malade, ont déjà permis depuis leur invention en 2006 de progresser considérablement dans la modélisation de certaines maladies rares, et, très récemment au Japon, de mettre en œuvre un essai clinique dans une maladie de la rétine. L’avantage considérable, et exclusif, par rapport aux cellules embryonnaires, toujours passé sous silence par leurs défenseurs, est la possibilité d’utiliser les cellules mêmes du malade et donc de ne pas avoir recours après greffe à une immunosuppression lourde, génératrice d’effets secondaires. »[2]

Le professeur Sapin, dans l’interview déjà cité, ne dit pas autre chose, mais moins en détails. Et nombreux sont les hommes de science qui se prononcent dans le même sens, sur la base de faits objectifs. Pourquoi donc s’obstiner dans cette voie qui d’ailleurs se révèle décevante puisque, toujours d’après le professeur Privat, « les essais thérapeutiques conduits avec des cellules embryonnaires se sont tous révélés décevants, quand ils n’ont pas été interrompus, comme récemment en Allemagne à la suite de décès ».

Pourquoi donc ? Car enfin les 314 députés qui ont voté pour la loi en cause ne sont pas tous, que je sache, des spécialistes qui se sont déterminés en toute connaissance de cause ! Loin de là ! Je me souviens d’un débat au Sénat qui portait déjà sur l’embryon humain, et je vois encore un brave sénateur socialiste du Midi, viticulteur de sont état, débitant à la tribune toute une série d’arguments hyper scientifiques qui lui venaient assurément d’un fournisseur extérieur…

Donc, pourquoi ? Eh bien il y a l’idéologie matérialiste et positiviste, antipersonnaliste, que je dénonçais plus haut. Et il y a un autre motif, beaucoup plus sordide : les perspectives ouvertes à la marchandisation des embryons humains. Toujours selon le professeur Privat, « de puissants lobbys industriels ont agi dans l’ombre pour libéraliser l’expérimentation sur l’embryon et vont désormais pouvoir constituer des batteries de cultures pour tester des médicaments, à un coût bien moindre que celui des iPS ou de l’expérimentation animale. Dans certains pays particulièrement permissifs, de tels trafics d’« embryons médicaments » existent déjà… »

Voilà où nous en sommes en France ! Location du ventre des femmes et vente à l’encan de leurs produits dans la gestation pour autrui (ce n’est pas encore le cas mais cela viendra, c’est dans la logique des choses), vente à l’encan des embryons-produits… Le progrès scientifique, ou prétendu tel au service des profiteurs.  Et ceux qui autorisent cela n’ont pas de mots assez durs pour vilipender la traite des noirs…ou des blanches !

Le professeur Peyrat achevait son article sur ces mots :

« L’expérimentation sur l’embryon humain, qui n’a plus aujourd’hui de justification scientifique ni thérapeutique, constitue, à l’égal de la gestation pour autrui, l’instrumentalisation de l’autre à ses propres fins, contraire à tout principe éthique. »

Et le professeur Sapin :

« Une loi autorisant les recherches sur l’embryon humain, et qui conduit à sa destruction, apparaît scientifiquement injustifiée et éthiquement inacceptable. »

IL FAUT FAIRE ECHEC A CETTE LOI !

Ne comptons pas sur le Parlement. Elle a été votée à l’Assemblée nationale, elle sera votée au Sénat où rouges, verts, roses foncés et roses bonbon, pour une fois réunis, l’approuveront d’enthousiasme.

Restent deux recours. Le Conseil constitutionnel, qui pourrait faire œuvre de courage en s’appuyant sur la notion juridique de  « personne humaine » et sur celle des droits irréfragables de la personne humaine, dont « le droit à la vie », étant précisé que le Comité consultatif national d'éthique a indiqué que l'embryon est une « personne humaine potentielle qui est ou a été vivante et dont le respect s'impose » (avis du 22 mai 1984).

Le second recours est l’Europe, qui peut en ce domaine faire œuvre utile. Il faut se servir d’un « instrument de démocratie participative » créé par l’Union européenne sous la dénomination d’ « Initiative Citoyenne Européenne » (ICE) : c’est en fait un droit de pétition ouvert à tous les citoyens des 27 (aujourd’hui 28) pays membres de l’Union. C’est dans ce cadre que quatre associations françaises ((Alliance VITA, la Fondation Jérôme Lejeune, la Confédération Nationale des Associations Familiales Catholiques et le Comité Protestant évangélique pour la Dignité Humaine.), réunies sous le label européen « Un de nous » ont lancé une pétition qui a rassemblé en quelques semaines plus de 765 000 signatures de citoyens européens, dont 67 000 en France, afin de  protéger l’embryon humain, l’objectif étant d’atteindre un million de signatures en octobre prochain pour demander la suppression des crédits alloués par l’Europe pour les programmes de recherche sur l’embryon, programmes en cours de discussion pour les exercices 2014 à 2020.

QUE SE PASSERA-T-IL QUAND LE MILLION DE SIGNATURES SERA RÉUNI ?

La Commission européenne sera destinataire des signatures. Dans les trois mois suivant cette présentation, elle devra recevoir les organisateurs pour examiner leur demande. Ceux-ci pourront également présenter leur initiative lors d’une audition publique organisée au Parlement européen. La Commission européenne devra ensuite donner une réponse officielle : soit elle présentera une proposition législative allant dans le sens de l’Initiative citoyenne, soit elle devra expliquer pourquoi elle ne donne pas suite.

Je ne fais jamais ce genre d’appel, mais cette fois-ci la cause est grave et urgente. Il s’agit de faire barrage à un homicide généralisé qui, puisque l’homme est créé à l’image de Dieu et selon sa ressemblance, est un déicide.

Je vous invite donc instamment à vous connecter sur le site  http://www.undenous.fr/ et à signer la pétition « non à la destruction des embryons » ainsi que je l’ai fait moi-même.

STOP AUX INFANTICIDES !
   

























[1] Mes caractères gras.
[2] Idem.

lundi 15 juillet 2013

saint Jean de Shanghaï et de San Francisco

Magnifique hommage à  ce prophète et thaumaturge des temps modernes, égal des Pères de l'Eglise des premiers siècles. Guidé par l'Esprit-Saint, il comprit la nécessité pour les temps modernes de la liturgie de rite orthodoxe occidental, liturgie antique et renouvelée, adaptée depuis des siècles à l'esprit et aux mœurs de l'Occident chrétien. Il fut jusqu'à sa mort en 1966 le protecteur canonique de l'Eglise catholique orthodoxe de France (ECOF) qui pratique ce rite, et il sacra le II novembre 1964 à San Francisco le premier évêque de cette Eglise, l'évêque Jean de Saint-Denis.

Son héritage, contesté dès sa mort par les hiérarques orientaux, est aujourd'hui encore contesté par eux (voir mon billet d'hier 14 juillet). Mais il n'est pas dissipé, et il se répand un peu partout en France par delà les barrières juridictionnelles.  


Saint Jean Maximovitch (fête selon l'ancien calendrier russe)


Le bienheureux Jean de Shangaï et San Francisco [Et Bruxelles! ndt] fut reconnu saint par l'Église de Russie le 2 juillet 1994. Ce fut un vénénement merveilleux et inoubliable auquel des centaines de clercs et milliers de fidèles venus de partout dans le monde ont participé!

L'importance de saint Jean pour le peuple du 20ème siècle ne saurait être sous-estimée. Ceux qui l'ont personnellement connu ou ont lu à propos de sa vie et de ses miracles ont appris connaître l'incroyable puissance spirituelle qui était contenue dans ce petit homme frèle.  Dieu a été attiré par le coeur brûlant d'amour de Vladyka Jean, qui devint un vase d'élection de Sa grâce. Il confia au saint des secrets célestes, et la capacité de transcender les lois physiques, en faisant un point de contact entre Lui-même, le Créateur, et nous, Ses créatures.

Il ne fait aucun doute que Vladyka Jean avait été envoyé par Dieu comme un don de sainteté pour le peuple en ces derniers jours. En une époque où l'imitation est devenue la norme dans tous les aspects de la vie, un temps où l'authentique esprit de la Foi Chrétienne a été si caché que la plupart des gens ignorent jusqu'à son existence, on peut voir saint Jean comme un modèle de ce qu'il convient de devenir.

Vladyka Jean a joué la "bonne note" du véritable apostolat dans le monde moderne. Alors que nombre de gens sont attirés vers l'Église Orthodoxe du Christ avant le déchaînement final du mal, puissent-ils aussi regarder vers saint Jean comme étant leur guide plein d'amour et un pasteur qui ne connaît pas la mort. Il est une sorte "d'étalon-mètre" qui indique qui est réel et ce qui est vrai en notre époque de confusion. L'unité de mesure n'est rien d'autre que le pur amour Chrétien, qu'il possédait et distribuait en abondance. Avec cet amour, l'intense lutte de la vie spirituelle se met à valoir l'effort.

Par les prières de saint Jean, que Dieu nous bénisse et nous sauve. Amen!
Évêque Alexander (Mileant)


Holy Fathers
 

repris de stmaterne.blogspot





dimanche 14 juillet 2013

Contre l’Homophobie et toutes les autres Phobies

Contre l’Homophobie et toutes les autres Phobies

Les phobies dont il va être question ne sont pas ces peurs innocentes que sont la phobie des araignées ou celles des guêpes, des moustiques, des serpents… Il s’agit des phobies qui portent sur des hommes[1] ou des groupes d’hommes à cause de leurs
caractéristiques propres. Ce sont, et l’énumération n’est pas limitative, l’homophobie – dont il est présentement beaucoup question – mais aussi l’hétérophobie[2], la christianophobie, la judéophobie[3], l’islamophobie, la germanophobie, l’anglophobie, l’américanophobie, généralement parlant la xénophobie… ; et j’oserai ajouter (je me risque) la « lepenophobie », etc.

Pourquoi me refusé-je à traiter à part l’homophobie ? Parce que toutes ces phobies sont une même et unique réaction passionnelle et irrationnelle, quel que soit l’objet auquel elles s’appliquent. Lui faire un sort particulier serait l’enfermer dans un ghetto conceptuel, ce qui est précisément ce contre quoi les homosexuels s’insurgent. Analysons un peu.

C’est un même sentiment qui s’applique à des objets très variés : appartenance sexuelle, appartenance religieuse, appartenance nationale, appartenance politique…et, d’une façon générale, à l’altérité : à celui qui est autre, qui est différent. On peut dire que la xénophobie est le fond commun de toutes ces phobies. A noter, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, que la xénophobie, tradition ancestrale, coexiste avec une autre tradition ancestrale, l’hospitalité envers l’étranger de passage ; mais mieux vaudrait dire « coexistait » car cette tradition hospitalière est en voie de disparition accélérée.

Phobie vient du grec phobos qui signifie « crainte », « frayeur », « effroi », « épouvante », d’où « fuite (par peur) » ; il existait même dans la Grèce antique un dieu Phobos, dieu de l’épouvante, dieu de la terreur (cf. l’Iliade, Eschyle, Plutarque). En bref, les deux sensations dominantes sont l’épouvante, et la fuite à cause de cette épouvante. Ce qui a été ajouté au cours des âges, et qui n’est que le développement de ce qui précède, c’est le côté maladif de cette crainte : le dictionnaire philosophique de Lalande[4] définit ainsi la phobie : « Crainte morbide d’une certaine sorte d’objets ou d’actes » ; et le Larousse universel[5] : « Peur irraisonnée, obsédante et angoissante, que certains malades éprouvent dans des circonstances déterminées » - définition à la fois plus précise et plus englobante. Nous disposons ainsi de tous les éléments nécessaires à notre réflexion.

La phobie est une maladie. La réflexion n’y entre pour rien. Ou, si elle y entre, c’est pour justifier a posteriori cette passion (au sens précis du terme), passion de l’âme qui peut envahir le cœur et obscurcir le cerveau. Car une chose est flagrante, ces justifications prétendues sont complètement dépourvues de rationalité.

Cette passion qui fait déraisonner même lorsqu’on croit raisonner se traduit ainsi par une peur qui tient aux racines de l’être, peur panique (ici encore au sens précis du terme), qui produit un réflexe de fuite lui aussi panique ; à moins que, par une inversion fréquente et bien connue en psychologie, ce réflexe se mue en son contraire, une agressivité folle. Les deux, fuite et agressivité, sont les deux faces d’un même comportement : le refus, la répulsion.

Pourquoi cette peur, pourquoi cette répulsion, pourquoi cette passion sinon incontrôlable (aucune passion ne l’est) du moins incontrôlée ? Un jeune et brillant internaute, écrivant récemment (10 juillet) sur l’homophobie, a mis en avant « le dégoût de voir deux personnes du même sexe s’aimer ». Sans doute y a-t-il du dégoût, mais ce n’est sûrement pas le moteur premier, ce serait plutôt une conséquence. Le moteur premier, c’est la peur de l’autre, du différent, et cette peur est amplifiée lorsque cette altérité se dissimule sous une similitude apparente. Un homme ressemble par nature à un autre homme, même s’il y des différences physiques aussi minimes que la couleur de la peau, la contexture des cheveux, la forme de la tête, etc. Mais quand ces différences portent sur des valeurs considérées comme vitales, telles les croyances ou la sexualité, alors on a instinctivement la sensation d’être dupé – et alors, dans quel but ? sinon dans un but néfaste. D’où la peur et la haine.

Soyons plus explicite. Rien ne ressemble plus à un hétérosexuel qu’un homosexuel –hormis le cas des gays qui s’affichent par provocation, des drag queens et autres « grandes folles ». Or si je découvre, par exemple, que mon meilleur ami est gay, c’est tout mon univers « normal » qui bascule et j’éprouve un double sentiment de trahison, par rapport à moi, à mes relations amicales qui risquent d’être faussées, et par rapport à la « normalité ». Il ne faut pas sous-estimer le poids social et psychologique de la normalité. Ainsi, pour sortir du domaine de la sexualité, qu’est-ce que la normalité en pays d’Islam, Dar es-Islam ? Eh bien, c’est tout simplement l’Islam et son application sociale, la charia. Les non-musulmans, en d’autres termes les « insoumis » (muslim signifiant « soumis ») sont des anormaux. Et quel doit être leur sort ? d’être éliminés.

Tout corps social bâti autour d’une normalité forte tend irréversiblement à l’élimination plus ou moins radicale de ceux qui ne se plient pas à cette normalité. A noter que je n’ai pas dit « tout corps social majoritaire ». Il est des minorités fortes et dures qui, face à des majorités faibles et molles, tendent à les dissoudre et y parviennent souvent : ce sont les « minorités agissantes » chères à Lénine. Tel fut le cas des communautés chrétiennes dans l’Empire romain décadent, tel est le cas des communautés islamiques dans les cultures occidentales décadentes.

Ce schéma  explicatif ne s’applique pas seulement au fait religieux, il s’applique à tous les faits que j’ai énoncés plus haut. La tolérance, cet avatar affadi de la vertu chrétienne de l’amour du prochain, n’est ni innée ni spontanée. Elle résulte d’un effort raisonné et appliqué. Ce qui est inné et spontané, c’est l’intolérance, qui est un autre terme pour désigner le refus haineux de l’altérité décrit plus haut. En notre temps, où la spontanéité a pris le pas sur le contrôle exercé sur soi-même en vertu de valeurs qui transcendent l’individu, où l’individualisme est la seule règle, règle anarchique d’ailleurs puisque par définition elle ne régit rien et laisse les individualismes se heurter les uns les autres, et c’est le plus fort qui gagne – et comme je l’ai dit plus haut, le plus fort n’est pas forcément le plus nombreux – le respect d’autrui est le grand perdant. Il perd à tout coup.

Or le respect d’autrui dans son identité, de l’autre tel qu’il est et non pas tel que je voudrais qu’il soit, c’est lui l’obstacle majeur à toutes les phobies que j’ai énumérées. Mais cet obstacle a quasiment disparu, non seulement dans l’esprit du plus grand nombre, mais encore, et cela est très grave, dans l’esprit et dans la conduite des gouvernants. Ils ne respectent pas le peuple dont ils sont censés être issus, et le peuple, qui le voit bien, ne les respecte pas non plus. C’est de cette façon qu’une société se décompose. Nous y sommes !

Je lisais tout récemment des posts sur les réseaux sociaux, où l’on affirmait tout uniment que Louis XIV était un horrible despote. Louis XIV n’était certes pas un tendre dans sa façon de gouverner, quoiqu’il eût une grande sensibilité et même de l’émotivité dans ses rapports privés. Mais un point qui fait l’unanimité chez tous ceux qui l’ont approché, même chez un ennemi féroce comme le duc de Saint-Simon, c’est son absolu respect et même son exquise courtoisie envers toutes les personnes sans exception, y compris les plus humbles. Et, bien entendu, chacun, à la cour, s’efforçait de l’imiter. C’est cela qui fait qu’une société est civilisée. Et j’ajouterai sans crainte d’être contredit que le général de Gaulle avait exactement les mêmes manières.

Tout cela est loin derrière nous. Nous progressons chaque  jour un peu plus dans la destruction de la civilisation. La floraison de l’homophobie et de toutes les autres, c’est l’annonce des nouveaux temps barbares.

14 juillet 2013




[1] Que j’entends au sens classique d’« êtres humains ».
[2] J’aimerais faire remarquer que ces deux termes sont de construction très fautive et signifient le contraire de ce qu’ils devraient signifier : l’homophobie devrait désigner l’hostilité à ce qui est semblable (à soi) et l’hétérophobie l’hostilité à ce qui est différent. Or c’est tout le contraire. Mais, comme disait à peu près le grand Vaugelas, l’usage est roi.
[3] Terme bien préférable à celui d’antisémitisme, car on oublie que les Arabes sont des Sémites tout autant que les Juifs.
[4] André Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie Paris, Presses universitaires de France , 13e édition, 1980, p. 777.
[5]  Nouveau Larousse illustré, Dictionnaire universel encyclopédique, Paris s.d.[1905] tome VI, p.104

Fin du rite orthodoxe occidental dans l'Eglise russe hors frontières ?

Repris de l'excellent site stmaterne.blogspot.fr

Mon commentaire :

Comme quoi l'esprit borné, ennemi de la vie, est également partagé par toutes les confessions chrétiennes, quelle que soit par ailleurs leur foi.

Un tel événement, c'est la victoire des scribes et des pharisiens.






Fin du Rite Orthodoxe Occidental dans l'EORHF? (Synode 10/7/13)
"Deus in adjutorium meum intende, Domine ad adjuvandum me festina!" (Ps 69)

===============================================

http://www.synod.com/synod/eng2013/20130712_ensynodmeeting.html 



NEW YORK: 12 juillet 2013 - Tenue d'une session extraordinaire du Synode des Évêques

Mercredi 10 juillet 2013, une session extraordinaire du Synode des Évêques de l'Église Orthodoxe Russe hors frontières a eu lieu, présidée par son premier hiérarque, son éminence le métropolite Hilarion de l'Est de l'Amérique et de New York. Les participants à la réunion étaient les membres permanents du Synode des évêques : son éminence l'archevêque Mark de Berlin et d'Allemagne; son éminence l'archevêque Kyrill de San Franciso et de l'Ouest de l'Amérique; son éminence l'archevêque Gabriel de Montréal et du Canada; et sa grâce l'évêque Peter de Cleveland, administrateur du diocèse de Chicago et du centre de l'Amérique.

Délibérant sur le dossier de l'évêque Jérôme de Manhattan, le Synode des évêques a pris la décision suivante :

"Au cours d'une réunion du Synode des évêques le mercredi 10 juillet 2013, présidée par le premier hiérarque de l'Église Russe hors frontières, UNE DÉCISION A ÉTÉ PRISE : concernant les activités de l'évêque Jérôme de Manhattan, vicaire du président pour l'administration des paroisses de Rite occidental.

Après une délibération exhaustive, IL A ÉTÉ DÉCRÉTÉ:

1) D'arrêter l'ordination de nouveaux clercs pour les paroisses suivant le Rite occidental.

2) De censurer l'évêque Jérôme pour son attitude délibérée dans l'administration des paroisses suivant le Rite occidental, et pour avoir célébré divers offices ecclésiaux non-approuvés par le Synode des évêques, et pour avoir critiqué ses frères dans des lettres adressées au clergé et aux fidèles.

3) De refuser de reconnaître l'ordination d'un groupe d'individus par l'évêque Jérôme, qui a eu lieu en une seule divine liturgie, et de régulariser les candidats après un examen approfondi.

4) De relever l'évêque Jérôme de toutes ses responsabilités, y compris celle de vicaire du président dans l'administration des paroisses de Rite occidental, le déclarant retraité, sans le droit de service à la cathédrale synodale du Signe à New York, ou d'accomplir des ordinations ou de récompenser des clercs, et désignant son lieu de résidence à l'église-mémorial Saint Vladimir commémorant le 1000ème anniversaire du baptême de la Russie, à Jackson, NJ.

5) De bénir l'évêque Jérôme pour célébrer les divins offices au sein du diocèse de l'Est de l'Amérique avec le consentement de son évêque diocésain.

6) De relever le moine Anthony (Bondi) de toutes ses responsabilités administratives et du ministère spirituel auprès du vicariat des paroisses de Rite occidental.

7) D'établir une commission pour examiner les moyens d'intégration des clercs et communautés de Rite occidental dans la vie liturgique de l'Église Orthodoxe Russe, constituée de : métropolite Hilarion de l'Est de l'Amérique et New York, président; évêque George de Mayfield, vicaire du diocèse de l'Est de l'Amérique; protopresbytre David Straut, du diocèse de l'Est de l'Amérique; et protopresbytre Anthony Nelson, du diocèse du centre de l'Amérique.

8) D'adresser une épître aux clercs et communautés de Rite occidental concernant leur besoin d'adopter l'ordo des divins offices de l'Église Orthodoxe Catholique orientale, tout en préservant, lorsque nécessaire, certaines particularités du Rite occidental.

9) D'insister sur notre adhésion aux règles et traditions de l'Église Orthodoxe Catholique orientale en général, et de l'Église Orthodoxe Russe en particulier.

10) De déclarer ce décret d'application immédiate et de le soumettre aux membres du concile des évêques sous la forme d'un questionnaire pour confirmation."

La réunion s'est conclue en chantant "Il est digne en vérité."






NEW YORK: July 12, 2013
An Extraordinary Session of the Synod of Bishops is Held

On Wednesday, July 10, 2013, an extraordinary session of the Synod of Bishops of the Russian Orthodox Church Outside of Russia was held, presided over by its First Hierarch, His Eminence Metropolitan Hilarion of Eastern America and New York. Participating in the meeting were permanent members of the Synod of Bishops: His Eminence Archbishop Mark of Berlin and Germany; His Eminence Archbishop Kyrill of San Francisco and Western America; His Eminence Archbishop Gabriel of Montreal and Canada, and His Grace Bishop Peter of Cleveland, Administrator of the Diocese of Chicago and Mid-America. 
 

Deliberating on the matter of Bishop Jerome of Manhattan, the Synod of Bishops made a decision as follows:
 

"During a meeting of the Synod of Bishops on Wednesday, July 10, 2013, presided over by the First Hierarch of the Russian Church Abroad, A DECISION WAS MADE: on the activities of Bishop Jerome of Manhattan, Vicar of the President for the Administration of Western Rite Parishes. 
 

After exhaustive deliberation, IT WAS DECREED: 
 

1) To halt the ordination of new clergymen for parishes adhering to the Western Rite. 
 

2) To censure Bishop Jerome for his willfulness in administering the parishes adhering to the Western Rite, and in performing various ecclesial services not approved by the Synod of Bishops, and for criticizing his brethren in letters to clergy and laity. 
 

3) To deny recognition of the ordination of a group of individuals by Bishop Jerome during a single divine service, and to regularize them following a thorough examination of the candidates.
 

4) To release Bishop Jerome from all duties, including those of Vicar of the President in administering Western Rite parishes, designating him as retired without the right to serve in the Synodal Cathedral "of the Sign" in New York, or to perform ordinations or award clergymen, and designating his place of residence at St Vladimir Memorial Church of the 1000th Anniversary of the Baptism of Russia in Jackson, NJ.
 

5) To bless Bishop Jerome to perform divine services within the confines of the Eastern American Diocese with the consent of its Ruling Bishop. 
 

6) To release Monk Anthony (Bondi) from all of his administrative duties and from the spiritual ministry to the Vicariate of Western Rite Parishes. 
 

7) To establish a commission to examine the means of integrating clergymen and communities of the Western Rite into the liturgical life of the Russian Orthodox Church, consisting of: Metropolitan Hilarion of Eastern America and New York, President; Bishop George of Mayfield, Vicar of the Eastern American Diocese; Protopriest David Straut of the Eastern American Diocese, and Protopriest Anthony Nelson of the Mid-American Diocese. 
 

8) To address an epistle to the clergymen and communities of the Western Rite regarding the need for them to adopt the order of divine services of the Eastern Orthodox Catholic Church, while preserving, when necessary, certain particularities of the Western Rite. 
 

9) To emphasize our adherence to the rules and traditions of the Eastern Orthodox Catholic Church in general and of the Russian Orthodox Church in particular. 
 

10) To deem this decree immediately valid and to submit it to the members of the Council of Bishops in the form of a questionnaire for confirmation."

The meeting concluded with the singing of "it is Truly Meet."



========================================





NDT : il faudra donc attendre la fameuse épître pour savoir à quelle sauce seront dévorées les communautés de rite orthodoxe occidental qui fonctionnaient dans l'ERHF en conformité avec le tomos du Saint Synode de l'Église Orthodoxe de Russie de 1871. Je ne vois pas du tout les Bénédictins orthodoxes, qui ont consacré toute leur vie à suivre le Christ selon la voie de saint Benoît de Nursie, se mettre à tout renier de ce chemin authentiquement Orthodoxe, alors qu'ils le suivaient avec la bénédiction du métropolite Hilarion et qu'on ne peut RIEN leur reprocher dans les histoires dudit vicariat. Si seulement on y avait gardé comme vicaire pour le WR ce bon vieux père Michael, ils n'en seraient pas là... Antioche va ramasser un paquet de fidèles en plus aux USA & Grande Bretagne, ça c'est garanti. Le jusqu'auboutisme ritualiste, l'ethno-phylétisme, le manque de discernement pour le choix de certains clercs aux postes-clés et pour l'acceptation de nouveaux clercs dans l'Église "sans garantie d'origine contrôlée", et l'intolérance envers l'Occident, voilà où ça mène. C'est mon opinion et je la partage. Saint Jean Maximovitch [saint Jean de Shanghaï et de San Francisco] ne doit pas être fier de ses "successeurs.