lundi 30 juillet 2012



Persécutions religieuse des chrétiens dans le monde de l'Islam


La fraternité par le glaive...


Communiqué de l'Association des Théologiens de Crête

Ces dernières années, à la fois le peuple grec, mais aussi tous ceux qui ont accès aux médias d'information, sont fréquemment informés des incidents sans cesse croissant de violence religieuse qui se traduisent par la torture, le meurtre, ou l'expulsion forcée de ces hommes qui, venant de l'islam se convertissent au christianisme.

De tels actes rappellent les époques sombres du passé, dont nous avons tous espéré qu'elles avaient disparu depuis longtemps, pour ne jamais revenir. Malheureusement, en dehors de toutes les conséquences sociales et psychologiques horribles pour les sociétés où ils sont infligés, il y a aussi des répercussions exceptionnellement négatives sur l'image de ces pays qui commettent de tels actes et les favorisent, y compris l'image de leur civilisation et de leur religion, aux yeux du monde entier.

Pendant toute la durée de son histoire, l'Eglise orthodoxe a subi la violence des persécutions d'innombrables fois. Avec horreur, nous nous rappelons les martyres atroces des martyrs orthodoxes au cours de 400 ans d'occupation turque de la Grèce, qui sont malheureusement très semblables aux événements actuels mentionnés ci-dessus. Même au cours du 20e siècle, il y a eu des milliers de martyrs - en particulier dans les régimes anti-chrétiens - qui ont donné leur vie par amour pour le Christ et ont orné le Livre des Saints de l'Orthodoxie avec leur héroïsme et l'offrande de leur sang.

Il convient de noter, que le fondateur et le seul chef de l'Eglise - l'Homme-Dieu Jésus-Christ Lui-même - avait donné sa vie comme victime innocente, afin d'unir la race humaine avec Dieu. Il nous avait ainsi montré le chemin que nous devrions suivre, avec son exemple d'amour et de sacrifice.

C'est pour ces raisons que nous voulons parler du fond de nos cœurs et dire ce qui suit à nos frères chrétiens qui souffrent pour leur foi:

Frères chrétiens, ayez du courage. Le Seigneur Jésus-Christ, le premier martyr, vous donnera la force de résister à la violence humaine, de rester avec Lui et de recevoir la couronne lumineuse et incorruptible de Son Royaume. Nous prions pour vous. En outre, Il fut celui qui a dit: "Je vous envoie comme des brebis parmi les loups", "celui qui tient bon jusques à la fin, sera sauvé"; "quiconque Me confessera devant les hommes, Je le confesserai aussi devant mon Père dans les cieux" et "ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais qui ne peuvent tuer l'âme, " et " pas un seul cheveu de votre tête ne se perd "(Matth. 10:16-36, Luc 21:12-19).

Nous tenons également à demander aux groupes internationaux humanitaires et pacifistes d'intervenir autant que possible, afin d'éviter ce bain de sang insensé, avant qu'il ne se transforme en un fléau plus incurable sur le corpus de l'humanité, et en particulier sur les peuples qui souffrent depuis longtemps dans les pays dits du "Tiers Monde". 

Enfin, nous appelons les citoyens et les territoires où ces actes sont commis, à contempler que Dieu est le Dieu de l'Amour, Qui ne désire pas la mort de Ses créations (mais seulement leur salut), et que l'effusion du sang humain ne lui est pas agréable. Nous leur demandons de suivre l'exemple de saint Longin (le chef de la garnison romaine qui avait crucifié Jésus-Christ), qui, en voyant les ténèbres et le tremblement de terre qui eut lieu au cours de la Crucifixion, n'hésita pas à confesser la divinité du Christ (Matth. 24: 57, Marc 15:39), devint lui-même chrétien et fut jugé digne de la sainteté. Puis il y a aussi les exemples de saint Hermogène (le potentat qui avait torturé saint Ménas à la douce voix), et aussi le bienheureux centurion Porphyre (geôlier de sainte Catherine), les saints Stratonique, Codrate et Acace (qui avaient torturé les saints martyrs Paul et Julianne en 270 après J.-C.) et une foule d'autres qui, étant témoin de la bravoure et de l'amour de ceux qui étaient martyrisés, trouvèrent la paix dans leurs propres cœurs, se repentirent, ouvrirent leurs cœurs au Christ et offrirent même leurs propres vies, gagnant ainsi l'éternité pour eux-mêmes.

Version Française Claude Lopez-Ginisty
d'après
cité par

Saint Irénée (19) : Epilogue


EPILOGUE

Inconsistance des systèmes hérétiques

Saint Irénée, Contre les hérésies, livre V, chapitre 15, paragraphe 1,
chapitre 16, paragraphe 2, chapitre 19, paragraphe 1,  chapitre 20, paragraphe 2
& chapitre 36, paragraphe 3.

15, 1 [ …]Ainsi donc, le Créateur vivifie dès ici-bas nos corps mortels, comme il est loisible de le voir ; il leur promet, de surcroît, la résurrection et la sortie hors des sépulcres et des tombeaux, et il leur accordera l'incorruptibilité — car, est-il dit, «leurs jours seront comme l'arbre de vie» (Isaïe 65, 22)— : dès lors la preuve est faite que le seul Dieu c'est lui, qui fait ces choses, et que lui-même est le bon Père qui, par pure bonté, accorde la vie aux êtres qui ne la possèdent pas par eux-mêmes.
[…]

16, 2 La vérité de tout cela apparut lorsque le Verbe de Dieu se fit homme, se rendant semblable à l'homme et rendant l'homme semblable à lui, pour que, par la ressemblance avec le Fils, l'homme devienne précieux aux yeux du Père. Dans les temps antérieurs, en effet, on disait bien que l'homme avait été fait à l'image de Dieu, mais cela n'apparaissait pas, car le Verbe était encore invisible, lui à l'image de qui l'homme avait été fait : c'est d'ailleurs pour ce motif que la ressemblance s'était facilement perdue. Mais, lorsque le Verbe de Dieu se fit chair, il confirma l'une et l'autre : il fit apparaître l'image dans toute sa vérité, en devenant lui-même cela même qu'était son image, et il rétablit la ressemblance de façon stable, en rendant l'homme pleinement semblable au Père invisible par le moyen du Verbe dorénavant visible.
[…]

19, 1 Si donc le Seigneur est venu d'une manière manifeste dans son propre domaine ; s'il a été porté par sa propre création, qu'il porte lui-même ; s'il a récapitulé, par son obéissance sur le bois, la désobéissance qui avait été perpétrée par le bois ; si cette séduction dont avait été misérablement victime Eve, vierge en pouvoir de mari, a été dissipée par la bonne nouvelle de vérité magnifiquement annoncée par l'ange à Marie, elle aussi vierge en pouvoir de mari — car, de même que celle-là avait été séduite par le discours d'un ange, de manière à se soustraire à Dieu en transgressant sa parole, de même celle-ci fut instruite de la bonne nouvelle par le discours d'un ange, de manière à porter Dieu en obéissant à sa parole ; et, de même que celle-là avait été séduite de manière à désobéir à Dieu, de même celle-ci se laissa persuader d'obéir à Dieu, afin que, de la vierge Eve, la Vierge Marie devînt l'avocate; et, de même que le genre humain avait été assujetti à la mort par une vierge, il en fut libéré par une Vierge, la désobéissance d'une vierge ayant été contrebalancée par l'obéissance d'une Vierge — ; si donc, encore une fois, le péché du premier homme a reçu guérison par la rectitude de conduite du Premier-né, si la prudence du serpent a été vaincue par la simplicité de la colombe et si par là ont été brisés ces liens qui nous assujettissaient à la mort : ils sont stupides, tous les hérétiques, et ignorants de l'«économie» de Dieu, et bien peu au fait de son œuvre relative à l'homme — aveugles qu'ils sont à l'égard de la vérité —, lorsqu'ils contredisent eux-mêmes leur propre salut, les uns en introduisant un autre Père en dehors du Créateur, les autres en prétendant que le monde et la matière qui le constitue ont été faits par des Anges […]. D'autres méprisent la venue visible du Seigneur, n'admettant pas son incarnation. D'autres encore, méconnaissant l'« économie » de la Vierge, le disent né de Joseph. Certains disent que ni leur âme ni leur corps ne peuvent recevoir la vie éternelle, mais seulement leur « homme intérieur », et ils prétendent identifier celui-ci avec leur intellect, qu'ils jugent seul capable de s'élever jusqu'à la perfection. D'autres admettent que l'âme soit sauvée, mais nient que le corps puisse avoir part au salut venant de Dieu. Tout cela, nous l'avons dit dans notre premier livre, où nous avons fait connaître leurs doctrines à tous, et nous avons ensuite montré l'inconsistance de celles-ci dans notre second livre.
[…]

20, 1 Ceux donc qui délaissent le message de l'Église font grief aux presbytres de leur simplicité, ne voyant pas combien un homme simple, mais religieux, l'emporte sur un sophiste blasphémateur et impudent. Tels sont bien en effet tous les hérétiques : s'imaginant trouver quelque chose de supérieur à la vérité en suivant les doctrines que nous venons de dire, ils s'avancent par des chemins bigarrés, multiformes et incertains, ayant au sujet des mêmes choses tantôt une opinion et tantôt une autre ; ils sont comme des aveugles que guideraient des aveugles et ils tombent à juste titre dans la fosse d'ignorance ouverte sous leurs pas (Matthieu 15, 14), voués qu'ils sont à toujours chercher et à ne jamais trouver la vérité (2 Timothée 3, 7). Il faut donc fuir leurs opinions et nous mettre soigneusement en garde contre elles, afin de ne pas subir de dommage par leur fait ; en revanche, il faut nous réfugier auprès de l'Église, nous allaiter de son sein et nous nourrir des Ecritures du Seigneur. Car l'Église a été plantée comme un paradis dans le monde. « Tu mangeras donc du fruit de tous les arbres du paradis » (Genèse 2, 16) dit l'Esprit de Dieu. Ce qui veut dire : Mange de toute Ecriture du Seigneur, mais ne goûte pas à l'orgueil et n'aie nul contact avec la dissension des hérétiques. Car eux-mêmes avouent posséder la connaissance du bien et du mal (Genèse 2, 17), et ils lancent leurs pensées au-dessus du Dieu qui les a créés. Ils élèvent ainsi leurs pensées au delà de la mesure permise. C'est pourquoi l'Apôtre dit : « N'ayez pas des pensées plus élevées qu'il ne convient, mais que vos pensées soient empreintes de modération » (Romains 12, 30), de peur que, goûtant à leur gnose orgueilleuse, nous ne soyons expulsés du paradis de la vie. Car c'est en celui-ci que le Seigneur introduit ceux qui obéissent à sa prédication, « ayant récapitulé en lui-même toutes choses, celles qui sont aux cieux et celles qui sont sur la terre». (Ephésiens 1, 10) Or celles qui sont aux cieux sont spirituelles, tandis que celles qui sont sur la terre sont cet ouvrage qu'est l'homme. Ce sont donc ces choses mêmes qu'il a récapitulées en lui, unissant l'homme à l'Esprit et faisant habiter l'Esprit dans l'homme, devenant lui-même la tête de l'Esprit et donnant l'Esprit pour qu'il soit la tête de l'homme : car c'est par cet Esprit que nous voyons, entendons et parlons.

CONCLUSION

36, 3 Ainsi donc, de façon précise, Jean a vu par avance la première résurrection (Apocalypse 20, 5-6), qui est celle des justes, et l'héritage de la terre qui doit se réaliser dans le royaume ; de leur côté, en plein accord avec Jean, les prophètes avaient déjà prophétisé sur cette résurrection. C'est exactement cela que le Seigneur a enseigné lui aussi, quand il a promis de boire le mélange nouveau de la coupe avec ses disciples dans le royaume (Matthieu 26, 29) , et encore lorsqu'il a dit : « Des jours viennent où les morts qui sont dans les tombeaux entendront la voix du Fils de l'homme, et ils ressusciteront, ceux qui auront fait le bien pour une résurrection de vie, et ceux qui auront fait le mal pour une résurrection de jugement » ( Jean 5, 25, 28-29) : il dit par là que ceux qui auront fait le bien ressusciteront les premiers pour aller vers le repos, et qu'ensuite ressusciteront ceux qui doivent être jugés. C'est ce qu'on trouve déjà dans le livre de la Genèse, d'après lequel la consommation de ce siècle aura lieu le sixième jour, c'est-à-dire la six millième année ; puis ce sera le septième jour, jour du repos, au sujet duquel David dit : « C'est là mon repos, les justes y entreront » (psaume 131, 14 ; 117, 20) : ce septième jour est le septième millénaire, celui du royaume des justes, dans lequel ils s'exerceront à l'incorruptibilité, après qu'aura été renouvelée la création pour ceux qui auront été gardés dans ce but. C'est ce que confesse l'apôtre Paul, lorsqu'il dit que la création sera libérée de l'esclavage de la corruption pour avoir part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu. (Romains 8, 19-21)

Et en tout cela et à travers tout cela apparaît un seul et même Dieu Père : c'est lui qui a modelé l'homme et promis aux pères l'héritage de la terre ; c'est lui qui le donnera lors de la résurrection des justes et réalisera ses promesses dans le royaume de son Fils ; c'est lui enfin qui accordera, selon sa paternité, ces biens que l'œil n'a pas vus, que l'oreille n'a pas entendus et qui ne sont pas montés au cœur de l'homme  (1 Corinthiens  2, 9). Il n'y a en effet qu'un seul Fils, qui a accompli la volonté du Père, et qu'un seul genre humain, en lequel s'accomplissent les mystères de Dieu. Ces mystères, «les anges aspirent à les contempler»(1 Pierre 1, 12) mais ils ne peuvent scruter la Sagesse de Dieu, par l'action de laquelle l'ouvrage par lui modelé est rendu conforme et concorporel au Fils (Romains 8, 29 et Ephésiens 3, 6) : car Dieu a voulu que sa Progéniture, le Verbe premier-né, descende vers la créature, c'est-à-dire vers l'ouvrage modelé, et soit saisie par elle, et que la créature à son tour saisisse le Verbe et monte vers lui, dépassant ainsi les anges et devenant à l'image et à la ressemblance de Dieu.

FINIS UNIVERSI OPERIS

dimanche 29 juillet 2012

Saint Irénée (18) ; «Vous avez été réconciliés par son corps de chair » (suite & fin)


VÉRITABLE SENS DE LA PHRASE :
« LA CHAIR ET LE SANG NE PEUVENT HÉRITER DU ROYAUME DE DIEU »
(suite 8 & fin)

 «Vous avez été réconciliés par son corps de chair » (suite & fin)

Saint Irénée, Contre les hérésies, livre V, chapitre 14, paragraphes 3 & 4

14, 3 Si donc quelqu'un dit que la chair du Seigneur était autre que la nôtre en ce qu'elle n'a pas péché « et qu'il ne s'est pas trouvé de fourberie en sa bouche»(1 Pierre 2, 22), tandis que nous, nous sommes pécheurs, il parle correctement. Mais si cet homme s'imagine que la chair du Seigneur était d'une autre substance que la nôtre, la parole de l'Apôtre relative à la réconciliation perdra tout fondement à ses yeux. Car qui dit réconciliation, dit réconciliation de ce qui s'est trouvé autrefois dans l'inimitié. Or, si le Seigneur a pris chair d'une autre substance, il n'y a pas eu de réconciliation avec Dieu de cela même qui était devenu ennemi de Dieu par la transgression. Mais en fait, par la communion que nous avons avec lui, le Seigneur a réconcilié l'homme avec le Père, nous réconciliant avec lui-même par son corps de chair et nous rachetant par son sang, selon ce que l'Apôtre dit aux Ephésiens : « En lui nous avons la rédemption acquise par son sang, la rémission de nos péchés. »  (Ephésiens 1, 7) Et encore : « Vous qui jadis étiez loin, vous êtes devenus proches, grâce au sang du Christ. »(Ephésiens 2, 13) Et encore : « Dans sa chair il a détruit l'inimitié, la Loi avec ses commandements et ses décrets. »(Ephésiens 2, 14-15 Au reste, dans toute cette épître, l'Apôtre atteste expressément que c'est par la chair de notre Seigneur et par son sang que nous avons été sauvés. 

14, 4 Si donc la chair et le sang sont ce qui nous procure la vie, ce n'est pas à proprement parler de la chair et du sang qu'il a été dit qu'ils ne peuvent hériter du royaume de Dieu, mais des actions charnelles dont nous avons parlé : car ce sont elles qui, en détournant l'homme vers le péché, le privent de la vie. Et c'est pourquoi l'Apôtre dit dans son épître aux Romains : « Que le péché ne règne donc pas dans votre corps mortel, de sorte que vous lui obéissiez. Ne livrez pas vos membres au péché comme des armes d'injustice, mais livrez-vous vous-mêmes à Dieu, comme étant vivants, de morts que vous étiez, et livrez vos membres à Dieu comme des armes de justice. »(Romains 6, 12-13 Ainsi, par ces mêmes membres, par lesquels nous étions esclaves du péché (Romains 6,6) et portions des fruits de mort  (Romains 7, 5), il veut que nous soyons esclaves de la justice (Romains 6, 19) afin de porter des fruits de vie. Souviens-toi donc, ami très cher, que tu as été racheté par la chair de notre Seigneur et acquis par son sang ; « tiens-toi attaché à la tête, de laquelle le corps tout entier » de l'Eglise « reçoit cohésion et accroissement » (Colossiens 2, 19), c'est-à-dire à la venue charnelle du Fils de Dieu ; confesse sa divinité et adhère inébranlablement à son humanité ; utilise aussi les preuves tirées des Ecritures : ainsi renverseras-tu aisément, comme nous l'avons montré, toutes les opinions inventées après coup par les hérétiques.

FINIS OPERIS EPITOMARUM

samedi 28 juillet 2012

Saint Irénée (17) : «Vous avez été réconciliés par son corps de chair »


VÉRITABLE SENS DE LA PHRASE :
« LA CHAIR ET LE SANG NE PEUVENT HÉRITER DU ROYAUME DE DIEU »
(suite 7)

 «Vous avez été réconciliés par son corps de chair »
Saint Irénée, Contre les hérésies, livre V, chapitre 14, paragraphes 1 & 2




14, 1 Ce qui prouve bien que ce n'est pas à la substance même de la chair et du sang que Paul s'en prenait, quand il disait qu'ils ne peuvent hériter du royaume de Dieu, c'est le fait que l'Apôtre s'est servi constamment, à propos de notre Seigneur Jésus-Christ, des termes « chair » et « sang ». Il entendait par là, d'une part, mettre en lumière l'humanité de celui-ci — car le Seigneur lui-même se disait Fils de l'homme —, d'autre part, affirmer énergiquement le salut de notre chair — car, si la chair ne devait pas être sauvée, le Verbe de Dieu ne se serait pas fait chair, et, s'il ne devait pas être demandé compte du sang des justes, le Seigneur n'aurait pas eu de sang —.

Mais en fait, depuis le commencement, le sang des justes élève la voix, comme le montrent les paroles adressées par Dieu à Caïn, après que celui-ci eut tué son frère : « La voix du sang de ton frère crie jusqu'à moi. »(Genèse 4, 10) Et il sera demandé compte de leur sang, comme le prouvent les paroles de Dieu à Noé et à ses compagnons : « Du sang de vos âmes je demanderai compte à toute bête. »(Genèse 9, 5) Et encore : « Quiconque répand le sang d'un homme, son propre sang sera répandu en compensation du sang versé. » (Genèse 9, 6) De même aussi, le Seigneur disait à ceux qui allaient répandre son sang : « II sera demandé compte de tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis le sang d'Abel le juste jusqu'au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le sanctuaire et l'autel : en vérité, je vous le dis, tout cela viendra sur cette génération. » ( Matthieu 23, 35-36) Il laissait entendre par là que l'effusion du sang de tous les justes et de tous les prophètes ayant existé depuis le commencement allait être récapitulée en lui-même et qu'il serait demandé compte de leur sang en sa personne. Or, il ne serait pas demandé compte de ce sang, si celui-ci ne devait être sauvé; et le Seigneur n'aurait pas non plus récapitulé ces choses en lui-même, s'il ne s'était fait lui aussi chair et sang conformément à l'ouvrage modelé aux origines, sauvant ainsi en lui-même à la fin ce qui avait péri au commencement en Adam.

14, 2 Par contre, si le Seigneur s'est incarné à l'aide d'une autre «économie», s'il a pris chair d'une autre substance, il s'ensuit qu'il n'a pas récapitulé l'homme en lui-même : on ne peut même plus le dire chair, puisque la chair, à proprement parler, c'est ce qui succède à l'ouvrage modelé aux origines au moyen du limon. Si le Seigneur avait dû tirer d'une autre substance la matière de sa chair, le Père aurait pris, à l'origine, une autre substance pour en pétrir son ouvrage. Mais en fait, le Verbe sauveur s'est fait cela même qu'était l'homme perdu, effectuant ainsi par lui-même la communion avec lui-même et l'obtention du salut de l'homme. Or ce qui était perdu possédait chair et sang, car c'est en prenant du limon de la terre que Dieu avait modelé l'homme (Genèse 2, 7), et c'est pour cet homme-là qu'avait lieu toute l'« économie » de la venue du Seigneur. Il a donc eu, lui aussi, chair et sang, pour récapituler en lui non quelque autre ouvrage, mais l'ouvrage modelé par le Père à l'origine, et pour rechercher ce qui était perdu (Luc 19, 10) . C'est pourquoi l'Apôtre dit dans son épître aux Colossiens : « Et vous aussi, vous étiez autrefois éloignés de lui et ennemis de sa pensée par vos œuvres mauvaises ; mais maintenant vous avez été réconciliés en son corps de chair par le moyen de sa mort, pour vous présenter devant lui saints, sans tache ni reproche. »(Colossiens 1, 21-22) « Vous avez été, dit-il, réconciliés en son corps de chair » : cela, parce que la chair juste a réconcilié la chair captive du péché et l'a réintroduite dans l'amitié de Dieu.

Une parenthèse augustinienne...

Une parenthèse augustinienne (eh oui, ça m'arrive !) entre deux saint Irénée... mais sur le même sujet.





Il n’y a pas de mauvaise nature…

Saint Augustin, Cité de Dieu, XII, ix, 1





Quand on déchoit en effet, le mal n’est pas dans l’objet, mais dans la manière d’agir ; car il n’y a pas de mauvaise nature, mais l’agir est désordonné parce qu’on se détache, contrairement à l’ordre naturel, de l’Etre souverain, pour aller vers ce qui a moins d’être. Ainsi l’avarice n’est pas la disposition vicieuse de l’or, mais de l’homme qui aime l’or d’un amour dépravé et délaisse la justice incomparablement préférable à l’or. La luxure non plus n’est pas le vice des corps, mais d’une âme qui aime d’une façon pervertie les voluptés corporelles et délaisse la tempérance qui nous accorde avec des choses bien plus belles dans leur spiritualité et, dans leur incorruptibilité plus gracieuses. Ni la jactance n’est le vice de la louange humaine, mais de l’âme qui, dans un amour pervers de cette louange, méprise le témoignage de la conscience. Ni l’orgueil n’est le vice de celui qui donne la puissance ou de cette puissance même, mais celui de l’âme, quand l’amour dépravé de son autorité propre lui fait mépriser l’autorité plus juste d’un plus puissant. C’est pourquoi celui qui aime vicieusement un bien  de n’importe quelle nature, même s’il l’obtient, devient mauvais dans ce bien même, et misérable par la privation d’un meilleur bien.



Saint Irénée (16) :« Il faut que ce qui est corruptible revête l'incorruptibilité »


VÉRITABLE SENS DE LA PHRASE :
« LA CHAIR ET LE SANG NE PEUVENT HÉRITER DU ROYAUME DE DIEU »
(suite (6)

 « Il faut que ce qui est corruptible revête l'incorruptibilité »

Saint Irénée, Contre les hérésies, livre V, chapitre 13, paragraphes 3 à 5

13, 3 Car, s'ils prétendent que cette parole a été dite de la chair à proprement parler, et non des œuvres de la chair, ainsi que nous l'avons montré, ils mettent l'Apôtre en contradiction avec lui-même, puisqu'aussitôt après, dans la même épître, il dit en désignant la chair : « Il faut en effet que cet élément corruptible revête l'incorruptibilité et que cet élément mortel revête l'immortalité. Lorsque cet élément mortel aura revêtu l'immortalité, alors s'accomplira la parole de l'Écriture : La mort a été engloutie dans la victoire. ? mort, où est ton aiguillon ? ? mort, où est ta victoire?»(1 Corinthiens 15, 53-55) Ces paroles seront dites à juste titre lorsque cette chair mortelle et corruptible, en butte à la mort, écrasée sous la domination de la mort, montera vers la vie et revêtira l'incorruptibilité et l'immortalité : car c'est alors que sera vraiment vaincue la mort, lorsque cette chair, qui était sa proie, échappera à son pouvoir. Il dit encore aux Philippiens : « Pour nous, notre cité est dans les cieux, d'où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus, qui transfigurera notre corps d'abjection et le rendra conforme à son corps de gloire par l'action de sa puissance. » (Philippiens 3, 20-21) Quel est donc ce corps d'abjection que le Seigneur transfigurera et rendra conforme à son corps de gloire ? De toute évidence, c'est ce corps qui s'identifie à la chair, à cette chair qui manifeste son abjection en tombant dans la terre. Mais la transfiguration par laquelle, de mortelle et corruptible, elle devient immortelle et incorruptible, ne vient pas de sa substance à elle ; cette transfiguration vient de l'action du Seigneur, qui a le pouvoir de procurer l'immortalité à ce qui est mortel et l'incorruptibilité à ce qui est corruptible. C'est pourquoi l'Apôtre dit dans sa seconde épître aux Corinthiens : «... afin que ce qui est mortel soit englouti par la vie. Or Celui qui nous dispose en vue de cela, c'est Dieu, qui nous a donné les arrhes de l'Esprit. »( 2 Corinthiens 5, 4-5) C'est évidemment de la chair qu'il parle, car ni l'âme ni l'Esprit ne sont choses mortelles. Ce qui est mortel sera englouti par la vie, lorsque la chair ne sera plus morte, mais vivante, et qu'elle demeurera incorruptible, chantant un hymne au Dieu qui nous aura disposés en vue de cela. Afin donc que nous soyons disposés en vue de cela, il dit à juste titre aux Corinthiens : « Glorifiez Dieu dans votre corps. » (1 Corinthiens 6, 20) Car Dieu procure l'incorruptibilité. 

Ce qui prouve que l'Apôtre ne parle pas d'un autre corps, mais du corps de chair, c'est qu'il dit aux Corinthiens avec une précision excluant tout doute et toute ambiguïté : « …portant sans cesse avec nous en notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus-Christ soit, elle aussi, manifestée dans notre corps : car si nous, les vivants, nous sommes livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle… » (2 Corinthiens 4, 10-11) Et que l'Esprit s'enlace à la chair, il le dit dans la même épître : « Vous êtes une lettre du Christ rédigée par nos soins, écrite non avec de l'encre, mais avec l'Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur vos cœurs. »(2 Corinthiens 3, 3) Si donc, dès à présent, nos cœurs de chair sont capables de recevoir l'Esprit, quoi d'étonnant si, lors de la résurrection, ils contiennent la vie que donnera cet Esprit ? A propos de cette résurrection, l'Apôtre dit dans son épître aux Philippiens : «... lui devenant conforme dans sa mort, afin de parvenir si possible à la résurrection d'entre les morts. » (Philippiens 3, 10-11) Ainsi donc, en quelle autre chair mortelle pourrait-on concevoir que soit manifestée la vie, sinon dans cette substance qui est également mise à mort à cause de la confession de Dieu, ainsi qu'il le dit lui-même : « Si c'est avec des vues humaines que j'ai combattu contre les bêtes à Ephèse, quel profit m'en revient-il, si les morts ne ressuscitent pas ? Car, si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n'est pas ressuscité ; et si le Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est vaine, vaine aussi votre foi. Et il se trouve même que nous sommes de faux témoins à l'égard de Dieu, puisque nous avons témoigné qu'il a ressuscité le Christ, alors qu'il ne l'a pas ressuscité. Car, si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n'est pas ressuscité ; et si le Christ n'est pas ressuscité, votre foi est vaine, car vous êtes encore dans vos péchés ; par conséquent aussi ceux qui se sont endormis dans le Christ sont perdus. Si c'est pour cette vie seulement que nous avons mis notre espoir dans le Christ, nous sommes plus dignes de pitié que tous les autres hommes. Mais en fait, le Christ est ressuscité d'entre les morts, prémices de ceux qui se sont endormis. Car, puisque c'est par un homme qu'est venue la mort, c'est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. »(1 Corinthiens 15, 32 & 13-21)

Ainsi donc, comme nous l'avons déjà dit, ou bien les hérétiques prétendront que, dans tous ces textes, l'Apôtre contredit sa propre assertion selon laquelle « la chair et le sang ne peuvent hériter du royaume de Dieu », — ou bien, une fois de plus, ils se verront contraints de donner, de tous ces textes, des interprétations vicieuses et forcées, afin de pouvoir en pervertir et en altérer le sens. Car que pourront-ils dire de sensé, s'ils tentent d'interpréter autrement cette parole : « Il faut en effet que cet élément corruptible revête l'incorruptibilité et que cet élément mortel revête l'immortalité »(1 Corinthiens 15, 53), et cette autre : «... afin que la vie de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle»(2 Corinthiens 4, 11) et toutes les autres paroles par lesquelles l'Apôtre proclame ouvertement la résurrection et l'incorruptibilité de la chair ? Ils vont donc être contraints d'interpréter de travers toute cette multitude de textes, pour n'avoir pas voulu entendre correctement une seule phrase.

vendredi 27 juillet 2012

Saint Irénée (15) : Guérisons et résurrections opérées par le Christ


VÉRITABLE SENS DE LA PHRASE :
« LA CHAIR ET LE SANG NE PEUVENT HÉRITER DU ROYAUME DE DIEU »
(suite (5)

Guérisons et résurrections opérées par le Christ
(extraits)

Saint Irénée, Contre les hérésies, livre V, chapitre 12, paragraphe 6
et chapitre 13, paragraphe 2

12, 6 Car l'Artisan de toutes choses, le Verbe de Dieu, celui-là même qui a modelé l'homme au commencement, ayant trouvé son ouvrage abîmé par le mal, l'a guéri de toutes les manières possibles, tantôt en restaurant tel ou tel membre particulier à la manière dont il avait été modelé au commencement, tantôt en rendant d'un seul coup à l'homme une parfaite santé et intégrité afin de se le préparer en vue de la résurrection. Et, de vrai, quel motif aurait-il eu de guérir les membres de chair et de les rétablir dans leur forme première, si ce qu'il guérissait ne devait pas être sauvé ? Car, si l'avantage ainsi octroyé par lui n'était que temporaire, il n'accordait pas une bien grande faveur à ceux qu'il guérissait. Ou encore, comment les hérétiques peuvent-ils dire que la chair ne peut recevoir de lui la vie, alors qu'elle a reçu de lui la guérison ? Car la vie s'acquiert par la guérison, et l'incorruptibilité, par la vie. Celui qui donne la guérison donne donc aussi la vie, et celui qui donne la vie procure aussi l'incorruptibilité à l'ouvrage par lui modelé. 
[…]
13, 1 Vains et vraiment infortunés sont donc ceux qui ne veulent pas voir des choses aussi évidentes et aussi claires, mais fuient la lumière de la vérité, s'étant aveuglés eux-mêmes à l'instar du malheureux Œdipe. Il arrive que des lutteurs novices, en se mesurant avec d'autres, saisissent de toutes leurs forces quelque partie du corps de leur adversaire et qu'ils soient jetés à terre par ce membre qu'ils étreignent ; et, tandis qu'ils tombent, ils s'imaginent remporter la victoire, parce qu'ils s'agrippent farouchement à ce membre qu'ils ont saisi d'emblée, alors qu'en réalité leur chute les couvre de ridicule. Ainsi en va-t-il des hérétiques à propos de la phrase : « La chair et le sang ne peuvent hériter du royaume de Dieu. »» En prenant à Paul ces deux vocables, ils n'ont ni perçu la pensée de l'Apôtre ni cherché à comprendre la portée de ses paroles ; cramponnés à de simples mots sans plus, ils meurent contre ceux-ci, ruinant, autant qu'il est en leur pouvoir, toute l'«économie» de Dieu.

jeudi 26 juillet 2012

Théologie mystique ou secrète


Théologie mystique ou secrète

Jean Romanides




Par mysticisme, on entend la tentative de contourner ou de dépasser l'aspect matériel de la réalité par la contemplation des archétypes immatériels dans une intelligence divine, comme si Dieu était comme un architecte qui exécute ses plans mentaux. La forme néo-platonicienne de cette tradition a fait son chemin dans la tradition franco-latine par le biais d'Augustin. C'est devenu la fondation du monachisme augustinien, qui a supplanté la tradition du monachisme orthodoxe, représentée par les saints Patrick, Jean Cassien et Benoît,  basée sur la purification et l'illumination du cœur et sur la glorification et qui n'était pas seulement pour les moines, mais pour tous les laïcs aussi.

De ce point de vue il n'y a pas de réelle différence entre les protestants et les latins [id est catholiques romains] puisque ni les uns ni les autres ne connaissent la tradition de la purification et de l'illumination du cœur et de la glorification ou déification. La véritable différence entre ces enfants d'Augustin, c'est que Luther a rejeté le mysticisme d'Augustin et le monachisme qui en découle. De cette position découle la distinction latine entre vie contemplative et vie active. Les protestants choisissent la vie active et dans l'ensemble laissent la vie de la contemplation aux latins.

Parce qu'ils sont des enfants d'Augustin, les latins et les protestants ont été coupés de la glorification et, avec eux, les orthodoxes victimes de Pierre le Grand[i].

Tous les Latins que je connais présentent le mysticisme comme partie intégrante des Pères grecs  parce qu'ils les ont lus avec leurs lunettes augustiniennes. En raison de cela le chapitre grec de saint Denys l'Aréopagite sur la Mystika Theologia est à tort traduit par "Théologie mystique" au lieu de "Théologie secrète". Il appelle "Théologie secrète » cette étude parce que la gloire incréée de Dieu dans la glorification ne peut pas être décrite par des mots ni comprise avec des concepts. C'est à partir de la glorification des saints que nous savons il n'existe aucune similitude entre le créé et l'incréé et qu’il est impossible d'exprimer Dieu et encore plus impossible de concevoir Dieu (saint Grégoire le Théologien). Aussi Vladimir Lossky, avec le titre de son livre Théologie mystique de l'Église d'Orient [ii]a quelque peu ajouté à la confusion.

D’après la version française de Claude Lopez-Ginisty
Sources :
et








[i] Allusion à la réforme opérée par Pierre le Grand de l’Eglise de Russie sur le modèle luthérien.
[ii] Titre choisi par l’éditeur contre le gré de l’auteur.

Je précise que le texte ci-dessus n'est pas de moi....mais d'un théologien réputé de l'Eglise de Grèce, le père Jean Sawas Romanidès (1927-2001).
Il n'est pas de moi, mais évidemment j'y adhère.

Saint Irénée (14) :«Faites mourir vos membres terrestres... »


VÉRITABLE SENS DE LA PHRASE :
« LA CHAIR ET LE SANG NE PEUVENT HÉRITER DU ROYAUME DE DIEU »
(suite 4)

«Faites mourir vos membres terrestres... »

Saint Irénée, Contre les hérésies, livre V, chapitre 12, paragraphes 3 & 4

12, 3 (suite) Comme le dit l'Apôtre dans son épître aux Colossiens : «Faites donc mourir vos membres terrestres..» (Colossiens 3, 5) Quels sont-ils, ces membres ? Lui-même les énumère : «... la fornication, l'impureté, les passions, la convoitise mauvaise et l'avarice qui est une idolâtrie ». (Ibid.) Voilà ce dont l'Apôtre prêche le rejet, et c'est à propos de ceux qui commettent de tels actes qu'il affirme qu'ils ne peuvent, comme n'étant que « chair et sang », hériter du royaume des cieux  (Galates 5, 21 ; 1 Corinthiens 15, 50) : car leur âme, pour avoir incliné vers ce qui est inférieur et être descendue vers les convoitises terrestres, est désignée par ces noms mêmes de « chair » et de « sang ». 

Et c'est tout cela que l'Apôtre nous commande une nouvelle fois de rejeter, lorsqu'il dit dans la même épître : «Ayant dépouillé le vieil homme avec ses pratiques...» (Colossiens 3, 9) Ce disant, il n'entend nullement répudier l'antique ouvrage modelé : sans quoi nous devrions nous tuer et rompre tout lien avec la vie d'ici-bas ! 12, 4 Au reste, l'Apôtre lui-même nous écrit tandis qu'il est cet homme qui a été modelé dans le sein maternel et qui est sorti de celui-ci (Galates  1, 15), et il affirme, dans son épître aux Philippiens, que «vivre dans la chair est le fruit d'une œuvre»(Philippiens 1, 22). Or le fruit de l'œuvre de l'Esprit, c'est le salut de la chair : car quel pourrait être le fruit visible de l'Esprit invisible, sinon de rendre la chair mûre et capable de recevoir l'incorruptibilité ? Si donc <« vivre dans la chair est le fruit d'une œuvre », l'Apôtre ne méprise assurément pas la substance de la chair lorsqu'il dit : « Ayant dépouillé le vieil homme avec ses pratiques...» (Colossiens 3, 9), mais il entend signifier le rejet de notre ancienne manière de vivre, vieillie et corrompue (Ephésiens 4, 22). Et c'est pourquoi il poursuit : «... et ayant revêtu l'homme nouveau, qui se renouvelle dans la connaissance selon l'image de Celui qui l'a créé. »(Colossiens 3, 10) En disant « qui se renouvelle dans la connaissance», il indique que cet homme-là même qui se trouvait antérieurement dans l'ignorance, c'est-à-dire qui ignorait Dieu, se renouvelle par la connaissance de celui-ci : car c'est la connaissance de Dieu qui renouvelle l'homme. Et en disant « selon l'image de Celui qui l'a créé », il signifie la récapitulation de cet homme qui, au commencement, avait été fait à l'image de Dieu.

mercredi 25 juillet 2012

Saint Irénée (13) : « Souffle de vie » et «Esprit vivifiant»


VÉRITABLE SENS DE LA PHRASE :
« LA CHAIR ET LE SANG NE PEUVENT HÉRITER DU ROYAUME DE DIEU »
(suite 3)

« Souffle de vie » et «Esprit vivifiant»

Saint Irénée, Contre les hérésies, livre V, chapitre 12, paragraphes 1 à 3

12, 1 Car, comme la chair est capable de corruption, elle l'est aussi d'incorruptibilité, et, comme elle est capable de mort, elle l'est aussi de vie. Ces choses se cèdent mutuellement la place, et l'une et l'autre ne sauraient demeurer au même endroit, mais l'une est expulsée par l'autre et, du fait que l'une est présente, l'autre est détruite. Si donc la mort, en s'emparant de l'homme, a expulsé de lui la vie et a fait de lui un mort, à bien plus forte raison la vie, en s'emparant de l'homme, expulsera la mort et rendra l'homme vivant pour Dieu. Car, si la mort a fait mourir l'homme, pourquoi la vie, en survenant, ne le ferait-elle pas revivre ? Comme le dit le prophète Isaïe : « Dans sa puissance, la mort a dévoré » ; et encore : « Dieu essuiera toute larme de tout visage. » (Isaïe, 25, 8)

Or la première vie a été expulsée parce qu'elle avait été donnée par le moyen d'un simple souffle et non par le moyen de l'Esprit. 12, 2 Car autre chose est le « souffle de vie » (Genèse 2, 7), qui fait l'homme psychique, et autre chose l'«Esprit vivifiant»,(1 Corinthiens 15, 45) qui le rend spirituel. Et c'est pourquoi Isaïe dit : « Ainsi parle le Seigneur, qui a fait le ciel et l'a fixé, qui a affermi la terre et ce qu'elle renferme, qui a donné le souffle au peuple qui l'habite et l'Esprit à ceux qui la foulent aux pieds » (Isaïe 42, 5) : il affirme par là que le souffle a été donné indistinctement à tout le peuple qui habite la terre, tandis que l'Esprit l'a été exclusivement à ceux qui foulent aux pieds les convoitises terrestres. C'est pourquoi le même Isaïe, reprenant la distinction que nous venons de dire, dit encore : « Car l'Esprit sortira d'auprès de moi, et tout souffle c'est moi qui l'ai fait » (Isaïe 57, 16) : il range de la sorte l'Esprit dans une sphère à part, aux côtés de Dieu, qui, dans les derniers temps, l'a répandu' sur le genre humain par la filiation adoptive ; mais il situe le souffle dans la sphère commune, parmi les créatures, et il le déclare chose faite. Or ce qui a été fait est autre que Celui qui l'a fait. Le souffle est donc chose temporaire, tandis que l'Esprit est éternel. Le souffle connaît un instant de vigueur, il demeure un moment, puis il s'en va, laissant privé de souffle l'être en lequel il se trouvait auparavant ; l'Esprit, au contraire, après avoir enveloppé l'homme du dedans et du dehors, demeure toujours avec lui et, dès lors, jamais ne l'abandonnera. 

« Mais, dit l'Apôtre à l'adresse des hommes que nous sommes, ce qui apparaît d'abord, ce n'est pas le spirituel, mais d'abord le psychique, puis le spirituel» (1 Corinthiens 15, 46) Rien de plus juste, car il fallait que l'homme fût d'abord modelé, qu'après avoir été modelé il reçût une âme, et qu'ensuite seulement il reçût la communion de l'Esprit. C'est pourquoi aussi « le premier Adam a été fait âme vivante, mais le second Adam a été fait Esprit vivifiant »(1 Corinthiens 15, 45). De même donc que celui qui avait été fait âme vivante, en inclinant vers le mal, a perdu la vie, ainsi ce même homme, en revenant au bien et en recevant l'Esprit vivifiant, retrouvera la vie. 

12, 3 Car ce n'est pas une chose qui était morte et une autre qui est rendue à la vie, de même que ce n'est pas une chose qui était perdue et une autre qui est retrouvée, mais, cette brebis même qui était perdue, c'est elle que le Seigneur est venu chercher.(Matthieu 18, 11) Qu'est-ce donc qui était mort ? De toute évidence, la substance de la chair, qui avait perdu le souffle de vie et était devenue sans souffle et morte. C'est elle que le Seigneur est venu rendre à la vie, afin que, comme nous mourons tous en Adam parce que psychiques, nous vivions tous dans le Christ parce que spirituels (1 Corinthiens 15, 22), après avoir rejeté, non l'ouvrage modelé par Dieu, mais les convoitises de la chair, et avoir reçu l'Esprit Saint.



lundi 23 juillet 2012

saint Joseph de Damas le nouveau martyr


Saint du jour: St Néomartyr Joseph de Damas

Mémoire du saint hiéromartyr JOSEPH de DAMAS[1].

Né en 1793 à Damas, dans une famille originaire de Beyrouth, saint Joseph Al Haddad apprit un peu l’arabe et le grec, mais il dut rapidement abandonner l’école pour aider son père. Animé d’une grande soif d’apprendre, il travaillait pendant la journée et passait ses soirées et ses nuits à lire et méditer les Écritures. Au prix de grandes difficultés, il acquit ainsi une connaissance approfondie de la foi. Marié à l’âge de dix-neuf ans, il fut ordonné prêtre à vingt-quatre ans, par le patriarche d’Antioche Séraphim (1813-1823) et nommé par la suite grand économe du patriarcat. Grâce à son zèle apostolique et à son éloquence, qui le fit surnommer « Second Chrysostome », saint Joseph fut un des premiers artisans de la renaissance de l’Église Orthodoxe d’Antioche, soumise depuis des siècles à l’oppression musulmane. Convaincu que cette renaissance ne pourrait avoir lieu que par un retour aux sources de la spiritualité orthodoxe, il entreprit la correction ou la traduction en arabe de nombreux textes liturgiques, patristiques et scripturaires, tout en participant activement à des débats théologiques avec des représentants de l’Islam, du clergé catholique de rite oriental et du protestantisme. Il fonda une école à Damas, qui prit ensuite son nom, et enseigna également au séminaire de Balamand (1833-1840), aujourd’hui université orthodoxe. La plupart des hiérarques de l’Église d’Antioche de la seconde moitié duxixe siècle furent ses disciples et profitèrent grandement de son enseignement. Petit de taille et chétif, il était grand par la vertu et la sagesse. Pauvre pour imiter le Sauveur qui s’est fait pauvre pour notre Salut, il refusait de recevoir de l’argent de l’Église, et ses enfants devaient travailler pour subvenir aux besoins de sa famille.
En juillet 1860, lors des massacres des chrétiens de Damas, tous les fidèles se rassemblèrent dans la cathédrale, qui fut détruite au cours de ces événements, et saint Joseph les encourageait à la patience. Le lendemain, 10 juillet, comme il sortait de chez lui, pour se rendre à l’église, en portant les saints Dons, un musulman le reconnut et s’écria : « C’est lui le chef des chrétiens. Si nous le tuons, tous les chrétiens disparaîtront ! » Ils tombèrent alors sur lui et le massacrèrent à coups de haches, ainsi que plusieurs de ses fidèles ; puis, ils traînèrent son corps, attaché à une corde, à travers les rues, jusqu’à ce qu’il soit réduit en pièces. C’est ainsi que le bienheureux scella son ministère pastoral par le sang du martyre. ( Synaxaire du Père Macaire)
Saint Joseph de Damas protège les chrétiens de Syrie!

[1]. Son culte a été proclamé par le Synode élargi de l’Église d’Antioche, le 9 oct. 1993, première canonisation que cette Église effectuait depuis plus de trois cents ans. Une église est aujourd’hui en construction à Damas, dédiée aux trois luminaires de la cité : saint Paul, saint Jean Damascène et saint Joseph.

mercredi 18 juillet 2012

Saint Irénée (XII) :Œuvres de la chair et fruits de l’Esprit


VÉRITABLE SENS DE LA PHRASE :
« LA CHAIR ET LE SANG NE PEUVENT HÉRITER DU ROYAUME DE DIEU »
(suite 2)

Œuvres de la chair et fruits de l’Esprit

Saint Irénée, Contre les hérésies, livre V, chapitre 11, paragraphes 1 & 2


11, 1 Ces œuvres, qu'il nomme charnelles, Paul a fait connaître quelles elles sont, prévoyant les sophismes des incrédules et s'expliquant lui-même afin de ne pas laisser de sujet de recherche à ceux qui scruteraient sa pensée avec incrédulité. Il s'exprime ainsi dans l'épître aux Galates : « Les œuvres de la chair sont manifestes : ce sont l'adultère, la fornication, l'impureté, le libertinage, l'idolâtrie, la magie, les inimitiés, la discorde, la jalousie, les emportements, les cabales, les dissensions, les factions, les envies, les beuveries, les orgies et autres choses semblables : je vous préviens, comme je l'ai déjà fait, que ceux qui commettent de telles actions n'hériteront pas du royaume de Dieu. »(Galates 5, 19-21) Il proclame ainsi de façon plus explicite, pour ceux qui veulent l'entendre, ce que signifie la parole : « La chair et le sang n'hériteront pas du royaume de Dieu » (1 Corinthiens 15, 50): car ceux qui commettent ces actions, se conduisant vraiment selon la chair (Romains 8, 4 ; 2 Corinthiens 10, 2) , ne sauraient vivre pour Dieu (Romains 6, 10). A l'opposé, il ajoute les actions spirituelles qui donnent la vie à l'homme, autrement dit la greffe de l'Esprit, en disant : « Le fruit de l'Esprit, au contraire, c'est la charité, la joie, la paix, la patience, la mansuétude, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance, la chasteté : contre de telles choses il n'y a pas de loi. »(Galates 5, 22-23) De même donc que celui qui aura progressé vers le meilleur et produit le fruit de l'Esprit sera sauvé de toute manière à cause de la communion de l'Esprit, de même celui qui demeure dans les œuvres de la chair que nous avons dites sera réputé vraiment charnel, puisqu'il ne reçoit pas l'Esprit de Dieu, et il ne pourra en conséquence hériter du royaume des cieux.

«Les injustes n'hériteront pas du royaume de Dieu »

L'Apôtre lui-même en témoigne encore, lorsqu'il dit aux Corinthiens : « Ne savez-vous pas que les injustes n'hériteront pas du royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas : ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les avares, ni les ivrognes, ni les médisants, ni les rapaces n'hériteront du royaume de Dieu. Voilà ce que certains d'entre vous ont été ; mais vous vous êtes lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ et dans l'Esprit de notre Dieu. » (1 Corinthiens 6, 9-11) Il montre ainsi très clairement ce qui perd l'homme, à savoir de persévérer à vivre selon la chair (Romains 8, 13), et, à l'opposé, ce qui sauve l'homme, à savoir — ce sont ses propres termes — « le nom de notre Seigneur Jésus-Christ et l'Esprit de notre Dieu». 11, 2 De la sorte, pour avoir ici même énuméré les œuvres de la chair, qui se font en dehors de l'Esprit et qui donnent la mort, il pourra, en conséquence de ce qu'il vient de dire, s'écrier à la fin de son épître en manière de résumé : « De même que nous avons porté l'image de ce qui est terrestre, portons aussi l'image de ce qui est céleste. Car je vous le déclare, frères : la chair et le sang ne peuvent hériter du royaume de Dieu » (1 Corinthiens 15, 49-50). La phrase « De même que nous avons porté l'image de ce qui est terrestre... » a le même sens que celle-ci : « Voilà ce que certains d'entre vous ont été; mais vous vous êtes lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ et dans l'Esprit de notre Dieu». Quand donc avons-nous porté l'image de ce qui est terrestre ? Lorsque les œuvres de la chair que nous avons dites s'accomplissaient en nous. Et quand avons-nous porté l'image de ce qui est céleste ? Lorsque, dit-il, « vous vous êtes lavés », en croyant « au nom du Seigneur » et en recevant son Esprit. Or, en nous lavant de la sorte, nous nous sommes débarrassés, non de la substance de notre corps ni de l'image qu'est l'œuvre modelée, mais de notre ancienne vie de vanité. Dans ces membres donc en lesquels nous périssions du fait que nous accomplissions les œuvres de la corruption, dans ces mêmes membres nous sommes vivifiés dès lors que nous accomplissons les œuvres de l'Esprit.

Saint Irénée (XI) : la chair possédée en héritage par l'Esprit



VÉRITABLE SENS DE LA PHRASE :
« LA CHAIR ET LE SANG NE PEUVENT HÉRITER DU ROYAUME DE DIEU »
(suite 1)

La chair possédée en héritage par l'Esprit
Saint Irénée, Contre les hérésies, livre V, chapitre 9, paragraphe 4
& chapitre 10, paragraphe 2

9, 4 A vrai dire, en effet, la chair n'hérite point, mais est possédée en héritage, selon ce que dit le Seigneur : « Bienheureux les doux, parce qu'ils posséderont la terre en héritage » (Matthieu 5, 5) : ainsi sera donc possédée en héritage, dans le royaume, la terre dont provient la substance de notre chair. C'est pourquoi il veut que le temple soit pur, pour que l'Esprit de Dieu puisse s'y complaire, comme l'époux dans son épouse. De même donc que l'épouse ne peut épouser, mais peut être épousée, quand l'époux vient la prendre, de même la chair comme telle et à elle seule ne peut hériter du royaume de Dieu, mais elle peut être reçue en héritage, dans le royaume, par l'Esprit. Car c'est le vivant qui hérite des biens du mort, et autre chose est hériter, autre chose être possédé en héritage : l'héritier est le maître, il commande, il dispose de son héritage à son gré ; l'héritage, au contraire, est soumis à l'héritier, il lui obéit, il est sous sa domination. Quel est donc le vivant ? L'Esprit de Dieu. Et quels sont les biens du mort ? Les membres de l'homme qui se dissolvent dans la terre. Ce sont eux qui sont reçus en héritage par l'Esprit,  en étant transférés par lui dans le royaume des cieux. C'est d'ailleurs pour cela que le Christ est mort, afin que le Testament de l'Evangile, étant ouvert et lu au monde entier, rende d'abord libres les esclaves du Christ,   puis les  constitue héritiers  de ses  biens,  par là même que l'Esprit les recevrait en héritage, comme nous venons de le montrer : car c'est le vivant qui hérite et c'est la chair qui est possédée en héritage. De peur donc que nous ne perdions la vie en perdant l'Esprit qui nous possède en héritage, et afin de nous exhorter à cette communion de l'Esprit, l'Apôtre dit à bon droit les paroles déjà citées : « La chair et le sang ne peuvent hériter du royaume de Dieu. »(1 Corinthiens 15, 50) C'est comme s'il disait : « Ne vous y trompez pas ! Si le Verbe de Dieu n'habite pas en vous et si l'Esprit du Père ne vient pas  en vous,   et  si vous  menez une vie vaine et quelconque, alors, comme n'étant rien d'autre que chair et sang, vous ne pourrez hériter du royaume de Dieu. »
[…]
10, 2 De même de même l'homme qui est enté par la foi et reçoit l'Esprit de Dieu ne perd pas la substance de sa chair, mais change la qualité de ce fruit que sont ses œuvres et reçoit un autre nom qui signifie sa transformation en mieux, car il n'est plus et ne se voit plus appeler chair et sang, mais homme spirituel. Par contre, si l'olivier sauvage ne reçoit pas la greffe, il demeure sans utilité pour son propriétaire en raison de sa nature sauvage et, en tant qu'arbre stérile, «il est coupé et jeté au feu» (Matthieu 7, 19) : de même l'homme qui ne reçoit pas la greffe de l'Esprit qui s'opère par la foi demeure cela même qu'il était auparavant, à savoir chair et sang, et ne peut en conséquence hériter du royaume de Dieu.

« Vous n'êtes pas dans la chair, mais dans l'Esprit»

C'est donc avec raison que l'Apôtre dit : « La chair et le sang ne peuvent hériter du royaume de Dieu » (1 Corinthiens 15, 50) , et encore : « Ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu » ( Romains 8, 8): par là, il ne rejette pas la substance de la chair, mais il attire l'infusion de l'Esprit — et c'est pourquoi il dit : « II faut que cet élément mortel revête l'immortalité, et que cet élément corruptible revête l'incorruptibilité » ( 1 Corinthiens 15, 53) —. Il dit encore : « Quant à vous, vous n'êtes pas dans la chair, mais dans l'Esprit, s'il est vrai que l'Esprit de Dieu habite en vous. »(Romains 8, 9) Et il montre cela plus clairement encore, en disant : « Le corps, il est vrai, est mort à cause du péché, mais l'Esprit est vie à cause de la justice. Et si l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ d'entre les morts vivifiera aussi vos corps mortels à cause de son Esprit qui habite en vous. » (Romains  8, 10-11) Il dit encore dans cette même épître aux Romains : « Si, en effet, vous vivez selon la chair, vous mourrez... » (Romains 8, 13) Par là, il n'entendait pas repousser loin d'eux la vie dans la chair — lui-même était dans la chair, lorsqu'il leur écrivait —, mais retrancher les convoitises de la chair, qui donnent la mort à l'homme. Et c'est pourquoi il ajoute : «... mais si, par l'Esprit, vous faites mourir les œuvres de la chair, vous vivrez : car tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. »(Romains 8, 13-14)