jeudi 30 janvier 2014

Anniversaires royaux du 30 janvier

30 janvier 680 : décès de sainte Bathilde, reine de Neustrie et de Bourgogne, épouse de Clovis II (634-657), régente de 657 à 665), fondatrice des couvents de Corbie et de Chelles, amie de saint Ouen et de saint Eloi. 
sainte Bathilde (jardin du Luxembourg)


30 janvier 1989 : décès accidentel de S.A.R. le prince Alphonse de Bourbon, duc d'Anjou et de Cadix (né en 1936), chef de la Maison de France, roi de France de jure Alphonse II.

Memento mortuaire de Monseigneur le Prince Alphonse

mercredi 29 janvier 2014

Anniversaire royal du 29 janvier :


29 janvier 1601 : décès de Louise de Lorraine-Vaudémont ( née en 1553) , épouse du roi Henri III, reine de France de 1575 à 1589. 


Louise de Lorraine (vers 1580)



mardi 28 janvier 2014

Discours de Mgr le duc d'Anjou lors de la commémoration de la mort de Louis XVI

25 janvier 2014 : 
Discours de Mgr. le duc d'Anjou, Louis de Bourbon


  
A l'occasion de la journée du souvenir organisé par l'Institut Duc d'Anjou, monseigneur le duc d'Anjou, chef de la maison de Bourbon, a prononcé ce discours lors du banquet organisé dans un restaurant Parisien.

Mon Père [1],
Monsieur l'Administrateur[2],
Chers amis,

Quel plaisir de vous retrouver après cette cérémonie à la mémoire du roi Louis XVI qui nous a réunis, si nombreux, dans l'émotion et le souvenir.

Je commencerai par vous souhaiter une bonne et heureuse année, pour vous, les vôtres, vos familles, vos enfants. Mais ces vœux, je les adresse aussi plus largement à la France toute entière et aux Français. Je pense, notamment, à tous ceux qui se trouvent confrontés à des situations douloureuses de tout ordre. Beaucoup de nos contemporains souffrent, doutent, parfois sont désenchantés.
Depuis des années, dans mes interventions publiques, j'ai rappelé qu'il ne s'agit pas pour nous d'être des nostalgiques, mais d'être des artisans de l'avenir.
Les exemples des grandes figures de la royauté vont dans ce sens. C'est à cela que sert la mémoire.
Louis XVI que nous venons d'honorer à travers cette belle cérémonie nous y convie. Mais, en 2014, un autre roi nous y aidera aussi : Louis IX, saint Louis, dont nous commémorons le 800e anniversaire de la naissance, survenue en 1214, la même année que la bataille de Bouvines.
Saint Louis, par l'exemple de son œuvre et de sa vie, laisse une fondation solide sur laquelle il est toujours possible de construire. Son œuvre a été celle d'un roi qui a permis à la Couronne de retrouver sa souveraineté face aux grands féodaux ; celle d'un roi qui a été habité par les valeurs chrétiennes pour réformer la justice et les institutions. Il a montré ainsi que l'éthique était au cœur de l'action publique. Voilà des principes encore bien actuels. Si actuels que, s'ils ne sont pas rappelés d'abord, puis remis au centre de l'action, notre société continuera à être instable et fragile.
Mais aujourd'hui, que représentons-nous ? Que souhaitons-nous ? A quoi sert de s'inscrire dans une tradition millénaire ?
Cela n'a vraiment de sens que si nous voulons apporter quelque chose à la société. Or, la société contemporaine est en pleine mutation. Je pense qu'elle a besoin de ce que la tradition représente et peut encore lui apporter.
Souvent, on me demande si je suis prêt à reprendre la place que la tradition donne à l'aîné des Bourbons. Je réponds toujours à cela, comme mon père l'a fait avant moi, que notre position est d'une nature différente. Nos droits sont incontestables et viennent du fond des âges et ils reposent sur cette union entre une dynastie et un peuple. Nous assumons ces droits, étant disponibles.
Cette union a permis au royaume de France de se constituer peu à peu, du petit domaine entourant Paris, jusqu'aux frontières actuelles que Louis XVI s'évertuait à ouvrir au monde avec La Pérouse et les combats menés en Amérique contre l'Angleterre.
Tel est le miracle capétien, celui de la France aussi.
La France a progressé dans le cadre de la royauté dont les institutions reposaient sur la défense des faibles et sur les valeurs héritées du message chrétien dont la première est le Bien commun. Saint Louis en a été le modèle que ses descendants ont suivi.
Le successeur légitime des rois de France doit conserver intact cet héritage, précieux trésor pour l'avenir. Ces valeurs ont fait leur preuve puisqu'elles ont permis à notre pays d'être gouverné et de progresser pendant huit siècles. Ce sont elles qui ont animé génération après génération les meilleurs de nos enfants. Cette permanence montre combien elles sont justes. Ce Bien commun passe par l'unité nécessaire contre toutes les féodalités et les individualités qui veulent toujours s'imposer et imposer leurs lois. Ce Bien commun est aussi inspiré par le souci de la justice et du progrès social reposant sur la réalité et non l'idéalisme.
Devant les interrogations de notre génération actuelle face aux erreurs passées, nous croyons bien que nous aspirons à un renouveau. Le pape François agit dans le même esprit en dénonçant avec vigueur les dérives de toutes sortes, notamment éthiques, qui désagrègent notre société.
Dans cette quête de renouveau et de sens, les jeunes se mobilisant. Ils retrouvent, faisant preuve d'une étonnante clairvoyance, le vrai, le juste et le beau. Ils l'expriment à leur manière et notamment à l'aide de tous les nouveaux modes de communication. J'y vois un message d'avenir. La ténacité de ceux qui ne furent d'abord que des sentinelles, des veilleurs, est assez puissante pour, peu à peu, amener des changements législatifs majeurs, comme l'Espagne nous en montre actuellement l'exemple. Nous savons que nous pouvons compter sur la puissance de la tradition et de ses réussites.
La force de la royauté a toujours été de savoir s'adapter aux évolutions tant que celles-ci avaient pour finalité le bien de l'homme créé à l'image de Dieu. Cette vérité de saint Louis, qui fut encore celles des grandes réformes du XVIIIe siècle initiées par les rois Louis XV et Louis XVI et que la Révolution est venue détourner, demeure actuelle. Saurons-nous l'entendre et la mettre en œuvre ?
Ce message est celui du présent et de l'avenir. Fidèle à la tradition royale française, je le porte, me sachant soutenu par l'exemple de mes ancêtres et par l'espoir qui vous anime.
Merci.

Louis





[1] 1 Révérend Père Augustin Pic, o.p.
[2] 2 Aymeric Peniguet de Stoutz, du Centre des monuments nationaux, administrateur de la Chapelle Expiatoire.

Anniversaire royal du 28 janvier :

28 janvier 893 : sacre de Charles III le Simple (879-929), roi de France (898-922).


Charles le Simple

28 janvier 814 : décès de Charlemagne (né en 742).

suaire byzantin de Charlemagne

28 janvier 1271 : décès d'Isabelle d'Aragon, reine de France (1270-1271), fille du roi Jaime Ier d'Aragon et de Yolande de Hongrie, première épouse de Philippe le Hardi, bru de saint Louis, mère de Philippe le Bel.





samedi 25 janvier 2014

Anniversaires royaux du 25 janvvier

25 janvier 1477 : naissance d'Anne de Bretagne, reine de France (+ 9 janvier 1514)

Anne de Bretagne (jardin du Luxembourg)


25 janvier 1515 : sacre du roi François Ier (1494-1547).

François Ier à l'époque de son sacre

mardi 21 janvier 2014

Sur le sang répandu du roi Louis de bienheureuse mémoire

Il n'y a pas de doute qu'en martyrisant le roi très-chrétien Louis XVI, ses meurtriers ont voulu mettre à mort, non seulement la monarchie - en l'occurrence une monarchie vieille d'un millénaire et demi, la plus ancienne du monde occidental - mais aussi le christianisme.

Ces massacres commencés dès l'été 1789 et qui ont trouvé leur apogée symbolique avec l'exécution du roi le 21 janvier 1793, suivie par celle de la reine la 16 octobre, et enfin la mort ignominieuse, par suite de mauvais traitements, du petit Dauphin le 8 juin 1795 à l'âge de 10 ans, dont 7 ans de captivité !, tous ces évévements marquent, que leurs acteurs en fussent conscients (beaucoup l'étaient) ou bien inconscients, la possession satanique de forces destinées à tout détruire des traditions, à faire "table rase du passé", de manière à façonner, en concurrence de Dieu, un monde radicalement nouveau peuplé d'hommes radicalement nouveaux.

Entreprise dont le Prométhée s'appelle Lucifer, et qui s'est reproduite à plusieurs reprises dans le monde occidental : en Angleterre, en Ecosse et surtout en Irlande avec Cromwell ; en France avec toute la horde apocalyptique qui désola le pays et massacra les citoyens durant plus de 5 ans, avec pour parachèvement Robespierre l’Incorruptible et Saint-Just, l'Ange de la Terreur ; en Russie, avec Lénine puis Staline; en Allemagne avec Hitler ; en Chine avec Mao Tse-Toung ; au Cambodge avec Pol Pot... on n'en finirait pas avec l'énumérations des grands et petits satans dont Dieu tout-puissant a permis le déchaînement dans ce bas-monde. Oh oui, Lui à la fin sera vainqueur ; Il est déjà vainqueur : " Courage, nous dit le Christ à travers ses disciples, j'ai vaincu le monde !" (Jean 16/33). Il l'a vaincu par son sang, il l'a vaincu par le sang de ses disciples.

Et Il l'a vaincu, ce monde, par le sang du roi martyr, son autre disciple. Le Christ a versé son sang pour le monde entier, mais d'abord pour son peuple, le peuple élu. Quand ce peuple crie : "Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants!", qu'appelle-t-il, inconsciemment ? la malédiction, comme les prosopopées antijudaïques l'ont prétendu durant des siècles ? point du tout ! au contraire, la bénédiction ! car le sang du Sauveur est salvifique. Le peuple de Dieu sera sauvé un jour,et sauvé tout entier (saint Paul l'a annoncé dans l'épître aux Romains,  par le sang de ce Dieu qu'il a mis à mort.

De même aussi pour le roi Louis, icône parfaite du Christ martyrisé. Il était icône de Dieu tout-puisssant en tant que roi de droit divin :"Car les rois sont de Dieu les images parfaites", a écrit Corneille. Et il est devenu icône de Dieu humilié et immolé (son confesseur l'abbé Edgeworth de Firmont n'a pas manqué de le lui rappeler sur l'échafaud). Et comme le Christ, son sang versé par son peuple, il l'a offert pour son peuple.

C'est la raison pour laquelle j'ai la ferme espérance que, comme Israël, la France infidèle à Dieu mais aimée de Dieu, aimée aussi de sa très sainte Mère à qui elle fut confiée par le roi Louis XIII, sera un jour sauvée des portes de l'enfer... Quand ? c'est le mystère de la Providence, le secret du Roi des rois.



icône russe sculptée sur bois du roi Louis XVI

dimanche 19 janvier 2014

Anniversaires royaux du 21 janvier




21 janvier 1793 : MARTYRE DU ROI TRES-CHRETIEN LOUIS XVI,
à l'âge de 39 ans.




21 janvier 1338: naissance de Charles V, roi de France de  1364 à 1380, fils de Jean le Bon (Jean II) et de Bonne de Luxembourg.

Régent de France durant les deux captivités du roi à Bordeaux puis à Londres, de 1356 (après le désastre de Poitiers) à 1360 (traité de Brétigny)  puis de janvier à avril 1364 (mort du roi).



Charles V et sa cousine et épouse Jeanne de Bourbon














Anniversaire royal du 20 janvier

20 janvier 1666 : décès d'Anne d'Autriche (née en 1601), fille de Philippe III d'Espagne et de Marguerite d'Autriche, épouse de Louis XIII, mère de Louis XIV, reine de France de 1615 à 1666, régente de France de 1643 à 1651.

Par leur résistance acharnée face aux intrigues et aux trahisons de toute la grande noblesse française, noblesse d'épée comme noblesse de robe (le parlement), cette reine d'origine espagnole et son premier ministre italien le cardinal Mazarin, ces étrangers, sauvèrent à eux deux la couronne de France.


Anne d'Autriche tenant le portrait de Louis XIV

Anniversaires royaux du 19 janvier

19 janvier 1544 : naissance de François II, fils d'Henri II et de Catherine de Médicis, roi de France de 1559 à 1560, époux de Marie Stuart (1542-1587).


François II & Marie Stuart

19 janvier 639 : décès de Dagobert Ier (né en 604), fils de Clotaire II et de Bertrude, roi d'Austrasie, de Bourgogne et de Neustrie., roi des Francs à partir de 629.

Le dernier des mérovingiens à mériter véritablement le titre de roi.

hommage de saint Judicael, duc de Bretagne à Dagobert




vendredi 17 janvier 2014

Le génie du christianisme... et de Chateaubriand

Qui lit encore "Le Génie du christianisme" ? Sur les 66 millions de Français que compte aujourd'hui notre pays, nous ne devons guère être plus de dix !

Eh bien les autres ont tort.

C'est d'une lecture captivante. On y trouve en branle une intelligence souple, ingénieuse, aiguë, que n'alourdissent pas vraiment les avalanches par moments de références érudites (péché mignon de Chateaubriand auquel il cède même dans ses discours à la chambre des pairs, histoire de montrer qu'un poète pouvait être sérieux autant que les plus sérieux); Et quelle langue ! Ce n'est pas pour rien qu'on l'appela l'Enchanteur ! L'éclat des images, la cadence musicale et sonore de la phrase, le panache de chaque fin de chapitre... 


Le génie du christianisme, c'est aussi le génie de Chateaubriand.

Oui, c'est un régal de gourmet !


Et maintenant, cette appréciation d'un connaisseur bien placé :
« Chateaubriand aurait pu être un grand ministre. Je l'explique non point seulement par son intelligence aiguë, mais par son sens et sa connaissance de l'histoire, et par son souci de la grandeur nationale. J'observe également combien il est rare qu'un grand artiste possède des dons politiques à ce degré ».
Charles de Gaulle, cité par Philippe de Saint-Robert dans De Gaulle et ses témoins - Rencontres historiques et littéraires (Paris, Bartillat, 1999)


Chateaubriand, pair de France

jeudi 16 janvier 2014

Anniversaire royal du 17 janvier

17 janvier 715 : décès de Dagobert III (né vers 699), fils de Childebert III, roi de Neustrie et de Bourgogne. Un des "rois fainéants" ; le vrai maître du royaume fut le maire du palais Pépin de Herstal.

mercredi 15 janvier 2014

L'islamisme, c'est l'islam à découvert

L’islamisme, c’est l’islam a decouvert


J’ai longtemps aimé, et j’aime encore rétrospectivement, l’islam que présentèrent d’une part Henry Corbin et de l’autre Louis Massignon et son disciple mon cousin Vincent MonteiL J’y ai cru, je n’y crois plus. A-t-il jamais existé, cet islam, ailleurs que dans l’esprit de ces hommes d’exception qui furent ses amants ? Peut-être, et peut-être non, je ne sais plus. Ce que je sais, c’est qu’il n’existe plus aujourd’hui, et que s’il ne le fut pas d’emblée, il est devenu utopique, il n’a plus de lieu. Peut-être s’est-il réfugié en un ailleurs paradisiaque d’où il redescendra, qui sait ? un jour.
En tout cas, il n’est plus ici. Et nous avons face à nous un ennemi implacable, barbare, inhumain, contre lequel nous avons à mener, et à gagner ! un combat vital.
Oui, notre survie est en jeu : celle de notre civilisation occidentale, qui, si déchue soit-elle, reste néanmoins porteuse de ces valeurs qu’elle doit au christianisme : la liberté, le respect de la femme, le prix de la vie humaine ; mais aussi, tout simplement, notre survie individuelle, à chacun d’entre nous.
Les bourreaux sont à nos portes. Que dis-je ? ils les ont franchies et ils  campent dans la cité !




Prêtre jésuite égyptien, Henri Boulad, 82 ans, est un de ces chrétiens d’Egypte qui ne se sont jamais accoutumés à la pression quotidienne de l’islam : « Une discrimination et une intolérance visibles existent. L’islam est totalitaire dans son essence. » Courageux, le père Boulad parle avec son autorité d’ancien provincial des jésuites du Proche-Orient, aujourd’hui directeur du centre culturel jésuite d’Alexandrie, avec l’érudition du théologien auteur de près de trente livres (en quinze langues), avec la légitimité de son engagement constant au service des déshérités, chrétiens et musulmans : il fut directeur de Caritas en Egypte puis président de Caritas Afrique du Nord et Moyen-Orient. Sa force est surtout sa double culture, orientale et occidentale : « Je suis un creuset d’universalité, comme Alexandrie ». De nationalité égyptienne mais d’origine syrienne, chrétien de rite grec-catholique (melkite), Français de langue et de culture, disciple de Pascal, le père Boulad ne mâche pas ses mots :
« L’islamisme, c’est l’islam à découvert. Par nature, depuis ses origines, l’islam est radical et politique. Il est conquérant et veut dominer l’Europe par un triple jeu : la natalité, l’immigration, la conversion. Il le dit et on ne veut pas le croire. On veut même le dédouaner de ses déclarations. »
Le père Boulad en appelle à la vérité :
« Une mosquée n’est pas qu’un lieu de culte et de prières, c’est souvent aussi un lieu de propagande, car islam et politiquai sont inséparables. »
Il souffre du traitement de l’actualité :
« Quand une mosquée est attaquée en France, on assiste à un élan d’indigantion. Quand des dizaines d’églises sont brûlées au Proche-Orient, cela ne suscite pas la moindre réaction dans la presse occidentale. »
De retour de Suisse, où il est allé parler de la liberté d’expression, il s’avoue choqué par le « politiquement  correct » :
« L’islamophobie est l’arme que les islamistes ont trouvée contre notre liberté de penser, pour museler notre discours. Ils manipulent notre laïcité. Je crois venir en Europe une guerre de religion, du fait de la lâcheté et de la corruption de vos élites politiques. »
Il cite une loi que prépare l’Union européenne :
« Elle pourrait pénaliser de deux ans de prison tout propos anti-musulman. Si l’Europe cède à ce piège, c’est fini. Quand on perd sa liberté d’expression, il ne reste qu’à descendre par millions dans la rue. »


(Valeurs actuelles n° 4023 du 2 janvier 2014).

mardi 14 janvier 2014

Du Terrorisme intellectuel ou Les Enfants de Robespierre

Du Terrorisme intellectuel
ou
Les Enfants de Robespierre

La forme la plus aboutie de l’oppression intellectuelle, c’est le terrorisme intellectuel. L’acteur le plus efficace de cette forme de terrorisme dans la France d’aujourd’hui est M. Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale, qu’on devrait d’une façon plus appropriée appeler ministre de la rééducation nationale, au sens que ce terme a pris avec les gardes rouges de Mao-Tsé-Toung et les khmers rouges de Pol Pot. L’appellation de terrorisme est quant à elle tout à fait seyante car la réalité qu’elle décrit remonte, par delà d’une part le marxisme léninisme et d’autre part l’hitlérisme, à la Terreur des années 1793 à 1795 (et même avant et même après) : dans tous ces cas, il s’est agi de recréer un « homme nouveau », totalement nouveau, à savoir entièrement libéré de ses conditionnements anciens et tout particulièrement de ce conditionnement asservissant qu’est le passé.

J’exagère ? Vous allez voir que non.

La droite française, qui n’a pas oublié d’être « la plus bête du monde », accable M. Peillon de sarcasmes et d’injures. M. Peillon n’en a cure et il fait bien. M. Peillon n’est pas le  premier imbécile socialiste venu. Il est instruit et intelligent, et il pense. Que ses pensées soient nocives, c’est indiscutable. Encore faut-il les connaître. C’est d’autant plus aisé qu’il ne les a jamais dissimulées, il les a même publiées. Qu’on lise par exemple son ouvrage publié en 2008 (Editions du Seuil) intitulé La Révolution française n’est pas terminée : ce titre est à lui seul un programme.  Qu’y lit-on ?

« La Révolution française est l’irruption dans le temps de quelque chose qui n’appartient pas au temps, c’est un commencement absolu, c’est la présence et l’incarnation d’une régénération et d’une expiation du peuple français. 1789, l’année sans pareille, est celle de l’engendrement, par un brusque sursaut de l’histoire, d’un homme nouveau. La Révolution est un événement méta-historique, c’est-à-dire un événement religieux. La Révolution implique l’oubli total de ce qui précède la Révolution. Et donc l’école a un rôle fondamental, puisque l’école doit dépouiller l’enfant de toutes ses attaches pré-républicaines, pour l’élever jusqu’à devenir citoyen. Et c’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle église avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la loi. »

Avec ce vocabulaire délibérément emprunté à la théologie catholique (« transsubstantiation », etc.), c’est une mystique de la Révolution que développe M. Peillon, une mystique laïque et même athée, mais néanmoins religieuse. Le principal maître à penser de M. Peillon est Ferdinand Buisson, directeur de l’enseignement primaire sous Jules Ferry, de 1879 à 1896, maître d’œuvre de l’école laïque et républicaine (et principal rédacteur de la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat). Il lui a consacré un ouvrage au titre explicite : Une religion pour la République : la foi laïque de Ferdinand Buisson (Paris, Le Seuil, 2010). Ferdinand Buisson, en effet, tout en étant « libre penseur » (il fut même président de l’Association nationale des libres penseurs), avait émis l’idée d’une « religion de substitution » au christianisme, religion laïque, bien évidemment. Nous en sommes là.

Mais il faut bien voir que, par delà-les anticléricaux ou plutôt anticatholiques fin de siècle, c’est à Maximilien de Robespierre qu’il faut remonter, lui qui tenta d’établir en son temps une « religion de substitution », non pas laïque mais déiste, à la Rousseau, le culte de l’Etre suprême. Et c’est dans le cadre de cette religion nouvelle, comme dans le cadre de la religion communiste ou celui de la religion nazie, que s’inscrit l’entreprise prométhéenne d’élaboration, de conformation d’un « homme nouveau ».

Tout cela a été annoncé avec la plus grande clarté et la plus grande franchise. Et ceux qui à droite poussent des cris d’orfraie manifestent simplement  leur coupable myopie. Tout comme ceux qui, après 1933, ont découvert avec effroi Hitler, dont tout le programme avait pourtant été rendu public dans la version originale de Mein Kampf dès 1925-26 et, en version intégrale française, dès le début de 1934.

Couvrir M. Peillon de sarcasmes et d’injures est, je le répète, une attitude niaise. Il faut le combattre. Et autant que possible, par les armes de l’intelligence. Est-ce beaucoup demander ?

Parmi ces armes, il y a la compréhension du passé et la juste appréciation de sa force. Oui, le passé est fort. Il est fort de toutes les énergies déployées depuis des siècles et des siècles par toutes les générations dont les efforts et les apports  ont progressivement constitué notre pays, la France, pour ne parler que d’elle. Non, la France n’est pas sortie toute armée en 1789  telle Athéna de la tête d’on ne sait quel Zeus. Elle est le produit de tous ceux qui ont œuvré, se sont battus et se sont même sacrifiés pour elle, et qui dorment dans notre terre natale. Le poids des morts est plus fort que la légèreté des vivants.

Etablir une infranchissable ligne de démarcation avec eux ? Rêve de penseur en apesanteur, fantasme d’idéologue. Cette idée de confectionner de toutes pièces, ou plutôt d’aucunes pièces, un homme totalement nouveau, jamais elle n’a prospéré, toujours la réalité charnelle s’est vengée. Pour ne prendre qu’un seul exemple dans l’antiquité, voyez Platon. La grande théorie qui fonde sa République a été au sens propre une utopie¸c’est-à-dire qu’elle n’a jamais trouvé de lieu pour s’incarner. Au terme de sa tentative avec le tyran Denys de Syracuse, qu’est-il advenu ? Platon s’est retrouvé en geôle ! Ah, les philosophes devraient toujours se méfier des despotes,  éclairés ou non : Voltaire en fit l’expérience avec Frédéric le Grand.

Pour en venir à des réalités contemporaines, sur quoi a débouché l’expérience totalement nihiliste du nazisme du « national-socialisme » ? Sur le triomphe de la démocratie chrétienne accouplée au capitalisme et à l’atlantisme. Et en Chine ? Au règne, sous un autre nom, de la philosophie confucianiste et de l’impérialisme autocratique des Han. En Russie enfin ? La domination sans partage de la religion séculaire, l’orthodoxie, mi-chrétienne mi-païenne, mi-céleste mi-terrienne, qui a convolé avec un tsarisme renouvelé. Ainsi va le temps… Le général de Gaulle avait cent fois raison : les nations sont immortelles. Elles ne périssent que si ceux qui la composent le veulent ou s’y résignent.

Un bref exemple : la nation bohême (je ne parle pas de ceux qu’on n’appelle plus « les bohémiens ») a été anéantie à la bataille de la Montagne Blanche (Bila Hora) en 1622, sa noblesse a été exterminée ou exilée, son Eglise (luthérienne) réduite à néant, sa langue (le tchèque) interdite et proscrite… Et, deux siècles plus tard, au XIXe siècle, grand siècle des nationalités, la langue a été ressuscitée grâce aux travaux des linguistes et des universitaires,  les coutumes locales ont reparu comme par miracle, le sentiment national seulement endormi s’est réveillé plus vivace que jamais ! La nation tchèque est plus que jamais vivante.

Et les Arméniens ! Dix fois leur patrie a été détruite, trois fois elle a perdu son territoire, trois fois elle a été déracinée, trois fois elle a repris racine.

Je viens de mentionner les nationalités. Leur défense et illustration a été le combat constant des révolutionnaires au XIXe siècle. Pas d’eux seulement, voyez Chateaubriand ou Byron ; mais d’eux sûrement. Et qui a proclamé la nation, la nation en armes, la « nation en danger » sinon la Ière république, celle de la Constituante, celle de la Convention ? Et nos modernes révolutionnaires voudraient la passer par profits et pertes ?

Non, monsieur Peillon, votre combat est perdu d’avance. Oh, vous pouvez faire bien des dégâts, commettre bien des méfaits. Mais la France plus que millénaire, celle de la révolution dont vous vous réclamez, et celle de ces 86 monarques dont vous ne vous réclamez pas, mais qui existent, cette France tout entière s’oppose à vous : et elle vous vaincra !




lundi 13 janvier 2014

Ce que je suis…et ce que je ne suis pas



Il m’est venu à l’idée de présenter « ce que je suis », formule qui dans mon cas est exactement synonyme de « ce en quoi je crois ».

Pour ce faire, je n’ai rien trouvé de mieux que d’emprunter la plume de François-René de Chateaubriand. Tout ce qu’il professe dans le texte qui suit, j’y adhère sans restriction ni réserve, à la seule exception d’un terme obsolète qui peut aisément être remplacé par un autre.

Voici donc sa déclaration qui est aussi la mienne :

Je ne suis point chrétien par patentes de trafiquant en religion : mon brevet n’est que mon extrait de baptême. J’appartiens à la communion générale, naturelle et publique de tous les hommes qui, depuis la création, se sont entendus d’un bout à l’autre de la terre pour prier Dieu.

Je ne fais point métier et marchandise de mes opinions. Indépendant de tout, fors de Dieu, je suis chrétien sans ignorer mes faiblesses, sans me donner pour modèle, sans être persécuteur, inquisiteur, délateur ; sans espionner mes frères, sans calomnier mes voisins.

Je ne suis point un incrédule déguisé en chrétien, qui propose la religion comme un lien utile aux peuples. Je n’explique point l’Evangile au profit du despotisme, mais au profit du malheur.

Si je n’étais pas chrétien, je ne me donnerais pas la peine de le paraître : toute contrainte me pèse, tout masque m’étouffe ; à la seconde phrase, mon caractère l’emporterait et je me trahirais. J’attache trop peu d’importance à la vie pour m’amuser à la parer d’un mensonge.

Se conformer en tout à l’esprit d’élévation et de douceur de l’Evangile, marcher avec le temps, soutenir la liberté par l’autorité de la religion, prêcher l’obéissance à la Charte comme la soumission au roi, faire entendre du haut de la chaire des paroles de compassion pour ceux qui souffrent, quels que soient leur pays et leur culte, réchauffer la foi par l’ardeur de la charité, voilà, selon moi, ce qui pouvait rendre au clergé la puissance légitime qu’il doit obtenir ; par le chemin opposé, sa ruine est certaine. La société ne peut se soutenir qu’en s’appuyant sur l’autel ; mais les ornements de l’autel doivent changer selon les siècles, et en raison des progrès de l’esprit humain. Si le sanctuaire de la Divinité est beau à l’ombre, il est encore plus beau à la lumière : la croix est l’étendard de la civilisation.

Je ne redeviendrai incrédule que quand on m’aura démontré que le christianisme est incompatible avec la liberté ; alors je cesserai de regarder comme véritable une religion opposée à la dignité de l’homme. Comment pourrais-je le croire comme émané du ciel, un culte qui étoufferait les sentiments nobles et généreux, qui rapetisserait les âmes, qui couperait les ailes du génie, qui maudirait les lumières au lieu d’en faire un moyen de plus pour s’élever à la contemplation des œuvres de Dieu ?  Quelle que fût ma douleur, il faudrait bien reconnaître malgré moi que je me repaissais de chimères : j’approcherais avec horreur de cette tombe où j’avais espéré trouver le repos et non le néant.

Mais tel n’est point le caractère de la vraie religion ; le christianisme porte pour moi deux preuves manifestes de sa céleste origine : par sa morale, il tend à nous délivrer des passions ; par sa politique, il abolit l’esclavage. C’est donc une religion de liberté : c’est la mienne.






Œuvres complètes de M. le vicomte de Chateaubriand, membre de l’Académie française, tome deuxième (Œuvres politiques), à Paris, chez Firmin-Didot frères, libraires, imprimeurs de l’Institut de France, 1840.  Préface (1828) aux Mélanges politiques (page 141).

Une autocéphalie est-elle conditionnelle ? ... ou : l'impérialisme du Phanar

Cet épisode se passe de commentaires.


Résumé de l'article du Protopresbytre Vladislav Tsypine

Dans un article, publié le 3 mai sur le site Bogoslov.ru, le père Vladislav Tsipine, canoniste russe bien connu, répond à la lettre que le Patriarche Bartholomée a adressé en mars 2012 à l'Archevêque de Tchéquie pour protester contre la commémoration de l'octroi de l'autocéphalie à l'Eglise tchèque de la part de l'Eglise de Russie en 1951– dont les 60 ans furent célébrées en décembre 2011 avec la participation du métropolite Hilarion de Volokolamsk -, faisant valoir que l'autocéphalie ne fut accordée canoniquement à l'Eglise tchèque que par la décision synodale du Patriarcat de Constantinople de 1998. Dans sa lettre, le Patriarche exhorte l'Eglise tchèque de s'abstenir à l'avenir de telles commémorations et menace, dans le cas contraire, d'annuler l'autocéphalie de l'Eglise de Tchéquie et de la ramener au "statut d'Eglise autonome qu'elle avait auparavant".

Dans son article, le Protopresbytre Vladislav rappelle tout d'abord les faits réels en donnant un aperçu historique de la formation de l'Exarchie russe en Tchéquie et des événements qui menèrent à l'octroi de l'autocéphalie par l'Eglise de Russie à cette Exarchie en 1951 comme la seule solution permettant alors aux Orthodoxes tchèques de survivre en tant que tels sous le régime communiste. Il souligne que la décision synodale de Constantinople de 1998 ne saurait avoir d'autre signification que celle de confirmation de l'autocéphalie octroyée par Moscou, vu que l'Eglise tchèque vivait alors depuis 46 ans déjà comme Eglise autocéphale, car on ne peut logiquement octroyer à quelqu'un quelque chose qu'il possède déjà.

Concernant la menace du Patriarche Bartholomée d'annuler l'autocéphalie tchèque, l'auteur souligne que selon la nature même des choses il est impossible qu'une Eglise autocéphale puisse se trouver sous la dépendance d'une autre Eglise locale. Elle n'est soumise qu'au Concile Œcuménique. Il plus impossible encore qu'une Eglise locale puisse par son seul pouvoir enlever l'autocéphalie à une autre Eglise locale. L'Histoire ecclésiale montre des cas de renonciation volontaire d'une Eglise locale à son autocéphalie pour des raisons d'ordre politique, comme par exemple lors de la formation de la Yougoslavie, lorsque les Eglises locales se trouvant sur son territoire renoncèrent à leur autocéphalie pour former ensemble l'unique Eglise autocéphale de Serbie.

L'impossibilité canonique qu'une Eglise locale puisse priver une autre Eglise locale de son autocéphalie est formulée par le canon 8 du Troisième Concile Œcuménique, lequel garantit l'autocéphalie de l'Eglise de Chypre contestée alors par le Patriarcat d'Antioche. Ce canon, souligne le canoniste russe, ne laisse aucune base ecclésiastique logique pour le développement d'une doctrine d'une prétendue  compétence exclusive en la matière de quelque Eglise locale que ce soit.

Ce canon stipule notamment:

 "Cette même règle (c'est à dire le droit inviolable et incontestable des dirigeants de l'Eglise de Chypre d'ordonner ses propres évêques) sera observée dans les diocèses et provinces en tout lieu, si bien qu'aucun des Evêques aimés de Dieu ne s'arrogera le contrôle d'aucune province qui n'ait pas été auparavant et depuis le début sous son pouvoir ou celle de ses prédécesseurs. Mais si l'un d'entre eux a saisi et assujetti par la force une province, qu'il la rende, afin d'éviter que soient transgressés les Canons des Pères; ou que la présomption du pouvoir séculier soit introduite sous prétexte de ministère sacré; ou que nous perdions, sans nous en rendre compte, peu a peu la liberté que Notre Seigneurs Jésus Christ, le Libérateur de tous les hommes, nous a donnée par Son propre Sang."

Source : orthodoxie. blogspot



dimanche 12 janvier 2014

Anniversaire royal du 13 février

13 février 888 : décès de Charles le Gros (né en 839), fils de Louis le Germanique et d'Emma de Bavière, roi de Francie de 884 à 887 et empereur d'Occident de 881 à 888. 

Charles le Gros



Anniversaire royal du 12 janvier

12 janvier 1321 : décès de Marie de Brabant (née en 1260), fille du duc Henri III de Brabant et d'Alix de Bourgogne, seconde épouse du roi Philippe III le Hardi, reine de France de 1274 à 1285.


Marie de Brabant





jeudi 9 janvier 2014

La philosophie, source d'hérésies

La Philosophie, source d’hérésies


            Ce fut surtout dans les sectes séparées de l’unité de l’Eglise qu’eurent lieu les plus grands désordres : les hérésies furent au christianisme de que les systèmes philosophiques furent au paganisme, avec cette différence que les systèmes philosophiques étaient  les vérités du culte païen, et les hérésies les erreurs de la religion chrétienne.

            Les hérésies sortaient presque toutes des écoles de la sagesse humaine. Les philosophies des Hébreux, des Perses, des Indiens, des Egyptiens, des Grecs, s’étaient concentrées dans l’Asie sous la domination romaine : de ce foyer allumé par l’étincelle évangélique, jaillit une multitude d’hérésies aussi diverses que les hérésiarques étaient dissemblables. On pourrait dresser un catalogue des systèmes philosophiques, et placer à côté de chaque système l’hérésie qui lui correspond.

            Tertullien l’avait reconnu : « La philosophie, dit-il, qui entreprend témérairement de sonder la nature de la Divinité et de ses décrets, a inspiré toutes les hérésies. De la viennent les Eons et je ne sais quelles formes bizarres, et la trinité humaine de Valentin, qui avait été platonicien ; de là le Dieu bon et indolent de Marcion, sorti des stoïciens ; les épicuriens enseignent que l’âme est mortelle. Toutes les écoles de philosophie s’accordent à nier la résurrection des morts. La doctrine qui confond la matière avec Dieu est la doctrine de Zénon. Parte-t-on d’un Dieu de feu, on suit Héraclite. Les philosophes et les hérétiques traitent les mêmes sujets, s’embarrassent dans les mêmes questions : “D’où vient le mal, et pourquoi est-il ? D’où vient l’homme, et comment ?” Et ce que Valentin a proposé depuis peu : ”Quel est le principe de Dieu ?” A l’entendre, c’est la pensée et un avorton. 

            Saint Augustin comptait de son temps quatre-vingt-huit hérésies, en commençant aux simoniens et finissant aux pélagiens, et il avoue qu’il ne les connaissait pas toutes. 

[…]

            Les hérésies du premier siècle furent de trois sortes : les premières appartenaient à des fourbes qui prétendaient être le véritable Messie, ou tout au moins une intelligence divine ayant la vertu des miracles ; les secondes sortirent de ces esprits creux qui recouraient au système des émanations pour expliquer les prodiges des apôtres ; les troisièmes furent les imaginations de certains rêveurs qui voyaient en Jésus-Christ un génie sous la forme d’un homme, ou un homme dirigé par un génie : ils disaient encore que Jésus-Christ avait enseigné deux doctrines, l’une publique, l’autre secrète ; ils mutilaient les livres du Nouveau Testament, composaient de faux évangiles et fabriquaient des lettres des apôtres.

[…]

            L’Eglise faisait tête à toutes ces hérésies ; sa lutte perpétuelle donne la raison de ces conciles, de ces synodes, de ces assemblées de tous noms et de toutes sortes que l’on remarque dès la naissance du christianisme. C’est une chose prodigieuse que l’infatigable activité de la communauté chrétienne : occupée à se défendre contre les édits des empereurs et contre les supplices, elle était encore obligée de combattre ses enfants et ses ennemis domestiques. Il y allait, il est vrai, de l’existence même de la foi : si les hérésies n’avaient été continuellement retranchées du sein de l’Eglise par des canons, dénoncées et stigmatisées dans les écrits, les peuples n’auraient plus su de quelle religion iles étaient. Au milieu des sectes se propageant sans obstacles, se ramifiant à l’infini, le principe chrétien se fût épuisé dans ses dérivations nombreuses, comme un fleuve se perd dans la multitude de ses canaux.

Chateaubriand,  Etudes historiques, Etude cinquième, seconde partie in Œuvres complètes, tome premier, A Paris, chez Firmin Didot frères, 1840 (pp. 191-192 & pp. 195-196)



mercredi 8 janvier 2014

Anniversaire royal du 9 janvier

9 janvier 1477 : naissance d'Anne de Bretagne, dernière duchesse de Bretagne, fille de François II de Bretagne et de Marguerite de Foix-Navarre, reine de France en tant qu'épouse de Charles VIII (1491-1498) puis de Louis XII (1498-1514). 

Anne de Bretagne en prière



lundi 6 janvier 2014

Anniversaire national du 6 janvier

6 décembre 1412 : naissance de Jeanne d'Arc, la Pucelle d'Orléans, martyrisée le 30 mai 1431 par les Anglais et leurs collaborateurs français.


statue de Jeanne d'Arc dans la cathédrale de Reims


dimanche 5 janvier 2014

Anniversaires royaux du 6 janvier

6 janvier 1286 : sacre du roi Philippe IV, dit Philippe le Bel (1268-1314), fils du roi Philippe III le Hardi et petit-fils de saint Louis, roi de France de 1285 à 1314.


sceau de Philippe le Bel



6 janvier 1317 : sacre du roi Philippe V le Long (1293-1322), second fils de Philippe le Bel, régent de France en 1316, roi de France de 1316 à 1322 et roi de Navarre du chef de sa mère Jeanne de Navarre;


armes de Philippe V (mi-partie France et Navarre)












Anniversaires royaux du 5 janvier

5 janvier 1465 : décès de Charles d'Orléans (né en 1394), neveu du roi Charles VI et père du roi Louis XII, prisonnier en Angleterre après la défaite d'Azincourt (1415) durant 25 ans, poète aussi charmant qu'abondant (131 chansons, 102 ballades, sept complaintes, 400 rondeaux). 

Charles d'Orléans à la tour de Londres



5 janvier 1589 : décès de Catherine de Médicis (née en 1519) , reine de France depuis 1547, régente de France de 1560 à 1563 pendant la minorité du roi Charles IX (1550-1574), mais premier conseiller de ce roi jusqu'à sa mort en 1574 et ensuite de son frère le roi Henri III (1551-1589).
Elle fut (en dépit des calomnies des historiens républicains du XIXe siècle, justice lui a été rendue) le plus grand homme d'Etat français de son temps.

Elle était fille de François II de Médicis, duc d'Urbino, et nièce du pape Clément VIII. Sa mère, Madeleine de la Tour d'Auvergne, était issue d'une des plus anciennes et nobles familles d’Auvergne. Elle était donc à demi-française, ce qu'on oublie généralement.

Catherine de Médicis avec les trois rois François II, Charles IX et Henri III, ainsi que la reine Margot

mercredi 1 janvier 2014

Doctrine et dogme... dans l'Eglise et en franc-maçonnerie

DOCTRINE ET DOGME

Il est des termes qui, chemin faisant, ont acquis une mauvaise réputation. Tel est le cas de « doctrine » et de « dogme », surtout dans leurs dérivés « doctrinaire » et « dogmatique »[1]. Les mentionner, c’est évoquer des gendarmes ou des gardes-chiourme de la pensée ! Et pourtant… Rien ne devrait être plus utile, plus précieux même, pour des maçons.

Comme toujours, appelons en renfort l’étymologie. A l’origine, il y a le radical indo-européen *dôk, à partir duquel ont été construits les verbes identiques quant à la forme (mais non quant au sens) dokeô en grec et doceo en latin et tous leurs nombreux dérivés : dogma (et les verbes construits sur ce substantif), dokeuô, dokimazô, doxa (et ses dérivés)… en grec ; et en latin : docilis, doctor, doctrix, doctrina, doctus, documentum, et…dogma (chez Cicéron, ce grand hellénophile et hellénophone).

Regardons-y de plus près.

Le dokeô grec a trois significations principales dont une nous intéresse directement : 1) sembler, paraître, avoir l’apparence. C’est à partir de ce sens qu’on a nommé « docétisme » l’hérésie qui professe que ce n’est qu’en apparence que le Christ est mort sur la croix mais nullement en réalité : à cet égard, le Coran est docétiste ; 2) penser, croire, imaginer (on voit là la relation par glissement de sens avec la première acception) ; 3) juger bon, décider.

Dogma est en rapport direct avec dokeô. Il a deux acceptions : 1) opinion, doctrine philosophique (en rapport avec la deuxième signification ; 2) décision, décret (en rapport avec la troisième signification). C’est ainsi que l’expression latine senatus consultum, décret du sénat (romain) est rendue chez l’historien Polybe par dogma tês sunklêtou

Le doceo latin a une signification différente de celle du dokeô grec mais elles ne sont pas sans relation l’une avec l’autre. Cette signification est : enseigner, instruire, montrer, faire voir. Elle est donc en rapport évident avec les sens 1) et 2) du verbe grec, avec une nuance d’importance : ce qu’on pense, ce qu’on croit, ce qu’on imagine, cette fois on le transmet. C’est à retenir.

De là on passe à doctrina qui a deux acceptions principales : 1) enseignement, formation théorique, éducation, culture – acception qui découle directement du verbe doceo ; 2) art, science, théorie, méthode, doctrine.

Nous pourrions à la rigueur en rester là ; cependant il nous faut voir si l’évolution sémantique constatée entre le grec et le latin s’est poursuivie avec le français.

La principauté des Dombes, dont Trévoux était la capitale, resta indépendante de la France jusqu’en 1762. La censure royale ne s’y exerçait donc pas. De nombreux imprimeurs et éditeurs profitèrent de cette exterritorialité pour s’y installer ; les jésuites aussi, qui y publièrent des mémoires sur des sujets divers sous le titre de Journal de Trévoux et le fameux Dictionnaire de Trévoux. Ce Dictionnaire universel françois et latin (tel était son titre) fut le premier dictionnaire véritablement encyclopédique en langue française, en concurrence directe avec l’Encyclopédie de d’Alembert et Diderot. Il connut 5 éditions de 1704 à 1771. Je citerai l’édition de 1738-1742 publiée à Nancy, capitale du duché de Lorraine, lui aussi indépendant du royaume sous la souveraineté de Stanislas Leczinski, de 1737 à 1766. Pourquoi citer ce dictionnaire ? Parce qu’il donne l’état exact de la langue en usage au XVIIIe siècle, donc au moment de la création du Régime rectifié. Qu’y lit-on ?

Doctrine : 1) savoir, érudition ; 2) ce qui est contenu dans les livres ; 3) sentiments particuliers des auteurs, ou des sociétés. Dogme : 1) maxime, axiome, principe ou proposition en quoi consistent les sciences ; 2) se dit particulièrement des points de religion.

Ces deux définitions sont passablement courtes et peu satisfaisantes ; on voit cependant que « dogme » commence à se différencier de « doctrine » par un caractère plus absolu, une autorité plus forte.

Si maintenant nous enjambons le XIXe siècle, nous parvenons au Nouveau Larousse illustré, Dictionnaire universel encyclopédique, publié en 8 volumes aux environs de 1905. C’est là que j’ai trouvé les meilleures définitions et les plus complètes des deux termes en cause dans les acceptions qu’ils ont de nos jours, du moins quand ces acceptions ne sont pas défigurées par l’ignorance et les passions (qui marchent souvent ensemble). Citons donc :

Doctrine : «Ensemble de connaissances possédées par quelqu’un. On donne ordinairement le nom de « système » aux solutions raisonnées que les philosophes ou les savants apportent des problèmes théoriques de la philosophie ou des sciences (…) On réserve le nom de « doctrine » à tout ensemble d’enseignement ayant pour but de résoudre les questions relatives à la nature et à la destinée morales de l’homme. Or les solutions de ces questions peuvent être, ou présentées au nom de la raison, ou inspirées au nom de la Révélation. Dans le premier cas, elles donnent naissance aux doctrines philosophiques ; dans le second, elles constituent les doctrines religieuses. »
Dogme : « Article de croyance religieuse enseignée avec autorité et donnée comme étant d’une certitude absolue.
Par extension : opinion, doctrine quelconque donnée comme étant d’une certitude absolue : dogmes politiques, littéraires. »
Puis, après une longe analyse des dogmes de l’Eglise catholique : «Les premiers écrivains protestants appelaient de ce nom les vérités sur lesquelles tous les chrétiens paraissent d’accord ».

Le tour de la question est fait, et tout est dit. « Ensemble d’enseignement ayant pour but de résoudre les questions relatives à la nature et à la destinée morales de l’homme » : n’est-ce pas très exactement ce que dispense à ses membres le Régime écossais rectifié ? Nous sommes donc parfaitement fondés, moi parmi d’autres, à parler de « la doctrine rectifiée », laquelle existe dans le Régime, et lui seul. En effet, si toutes les branches de la maçonnerie enseignent des leçons morales, ces leçons ne portent pas, ailleurs que dans la maçonnerie rectifiée, sur la nature et à la destinée morales de l’homme. C’est le cas ou jamais de rappeler la formule fameuse de Joseph de Maistre (dans son Mémoire au duc de Brunswick) : « Le grand but de la maçonnerie sera la science de l’homme ».

Mais cette doctrine est de nature philosophique¸ « métaphysique », ai-je dit souvent, elle n’est pas de nature religieuse, même si elle est éclairée par la religion. Elle n’a donc pas le caractère dogmatique qui est réservé aux vérités religieuses, qui sont, et elles seules,  « enseignées avec autorité et données comme étant d’une certitude absolue ». Qu’on croie ou ne croie pas à ces « vérités » ne change strictement rien à leur caractère propre.

C’est donc par un détournement sémantique qui est une véritable perversion, que d’aucuns s’ingénient à donner un tour absolu, donc dogmatique, à la doctrine rectifiée. Celle-ci est fille de la raison, même si cette raison est chrétienne ; et tout ce qui est de l’ordre de la raison est susceptible de contestation, cette fois au nom d’une autre raison qui n’est pas chrétienne. La doctrine rectifiée constitue, si j’ose dire, un absolu relatif : elle constitue un absolu pour celui qui y donne en toute liberté et conscience son adhésion. Mais pour lui seul.

Il n’y a pas de religion maçonnique, il n’y a donc pas de dogme maçonnique.

En revanche, un maçon, pour se dire chrétien, doit adhérer à un certain nombre de dogmes que lui impose, non la maçonnerie, mais sa religion. Et pour ces dogmes, je reprendrai à mon compte la définition des « premiers écrivains protestants » :   « les vérités sur lesquelles tous les chrétiens paraissent d’accord ». Car la maçonnerie rectifiée, si elle est chrétienne, n’est pas confessionnelle, elle est œcuménique (pour employer un terme anachronique par rapport au temps de sa naissance).

Ces vérités, faut-il le rappeler ? sont au nombre de trois, pas davantage, mais trois nécessairement : 1) la Divine Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit ; 2) la double nature du Christ, vrai Dieu et vrai Homme ; 3) la résurrection des morts. 

Tout le reste est spéculation, licite sans doute, mais pas en maçonnerie.

A Tribus Liliis
14 novembre 2013
En la fête de saint Grégoire Palamas

P.S. Une école philosophique récente inverse les termes de la proposition. La doctrine, réputée supra-humaine, serait absolue, inconditionnée, donc incontestable, elle exigerait une adhésion sans réserve ni restriction, car elle émanerait d'un christianisme an-historique, informel, ésotérique, en un mot transcendant ; et par conséquent réservé à quelques élus proches de la perfection. Elus par qui ? la question n'est pas tranchée.
En revanche, les dogmes, de fabrication humaine et où l'inspiration divine n'aurait aucune part, seraient réservés à l'enseignement subalterne du troupeau des fidèles, du vulgum pecus, de façon qu'il se laisse conduire à l'aveuglette par de soi-disant bergers, les "clercs", tous mus par de sordides motifs humains. Les "élus" ne sauraient en être dupes. Raison pour laquelle lesdits "élus" rejettent farouchement les Eglises instituées avec toutes leurs simagrées : le culte cérémoniel, les sacrements.

Ces "élus" se déclarent donc les membres spirituels et libres d'une Eglise libre et spirituelle entrant librement en relations spirituelles avec un Dieu qui ne se plierait à aucune forme.

Libre à eux de le croire ! Toutes les opinions sont libres, si toutes ne sont pas équivalentes. Je ne jette pas l'anathème sur eux - même si la réciproque n'est pas vraie.

Néanmoins, qui ne voit que ceux qui professent de telles idées ne peuvent en aucune façon prétendre au nom de chrétien ? Contrairement à ce qu'ils affirment, les dogmes ne sont pas des opinions contraintes. Ce sont des références, des signes distinctifs à quoi on discerne que quelqu'un est chrétien ou qu'il ne l'est pas.

C'est du simple bon sens. Pour prendre une comparaison un peu vulgaire, les règles du football ne sont pas celles du rugby. On ne peut pas prétendre transposer les règles du rugby au football au nom d'un football qu'on déclarerait plus pur, plus authentique que celui qui est en usage partout.

Pas davantage ne peut-on s'ériger en juge du christianisme commun à tous les chrétiens (c'est de lui seul qu'il est question ici) au nom d'un christianisme prétendu plus pur, plus authentique, plus parfait même, inconnu de tous.

Et qui donc sanctionnerait cette pureté, cette authenticité, cette perfection ? Quelle autorité ? Qui se pose en réformateur doit pouvoir se réclamer d'une autorité autre que soi-même. Ce fut le cas des Réformateurs du XVIe siècle : leur autorité, c'était l'Ecriture,
"sola scritura". Est-ce le cas aussi de nos modernes réformateurs ? Que non pas : ils choisissent, ils font un tri dans les Ecritures en ne retenant que ce qui sert leur cause. De même d'ailleurs dans les textes doctrinaux de la maçonnerie. Leur dogmatisme - il faut bien l'appeler par son nom - et partiel, donc partial.

Cela n'évoque-t-il rien ? Les grands maîtres du gnosticisme des premiers siècles, Basilide, Marcion, Valentin, lesquels - surtout Marcion - faisaient eux aussi un tri parmi les Ecritures saintes, eux aussi sanctifiaient des écritures de leur façon, eux aussi érigeaient des contre-églises.

Tout cela n'a rien à voir, essentiellement, avec la franc-maçonnerie : j'en conviens volontiers. Mais  circonstanciellement, si. Car il s'ensuit, pour ce qui est de la conception même de la franc-maçonnerie, une contamination déviante et déplorable.

1er janvier 2014
en la fête du Saint Nom de Jésus















[1] Et aussi « charité ». « Faire la charité » est devenu extrêmement dépréciatif.  Pourtant la charité est le summum des « dons spirituels », la « voie par excellence » (Paul, 1ère aux Corinthiens, chapitre 13).