25 janvier 2014 :
Discours de Mgr. le duc d'Anjou, Louis de Bourbon
Discours de Mgr. le duc d'Anjou, Louis de Bourbon
A l'occasion de la
journée du souvenir organisé par l'Institut Duc d'Anjou, monseigneur le duc
d'Anjou, chef de la maison de Bourbon, a prononcé ce discours lors du banquet
organisé dans un restaurant Parisien.
Mon Père [1],
Monsieur l'Administrateur[2],
Chers amis,
Quel plaisir de vous retrouver après cette cérémonie à la
mémoire du roi Louis XVI qui nous a réunis, si nombreux, dans l'émotion et le
souvenir.
Je commencerai par vous souhaiter une bonne et heureuse
année, pour vous, les vôtres, vos familles, vos enfants. Mais ces vœux, je les
adresse aussi plus largement à la France toute entière et aux Français. Je
pense, notamment, à tous ceux qui se trouvent confrontés à des situations
douloureuses de tout ordre. Beaucoup de nos contemporains souffrent, doutent,
parfois sont désenchantés.
Depuis des années, dans mes interventions publiques, j'ai
rappelé qu'il ne s'agit pas pour nous d'être des nostalgiques, mais d'être des
artisans de l'avenir.
Les exemples des grandes figures de la royauté vont dans ce
sens. C'est à cela que sert la mémoire.
Louis XVI que nous venons d'honorer à travers cette belle
cérémonie nous y convie. Mais, en 2014, un autre roi nous y aidera aussi :
Louis IX, saint Louis, dont nous commémorons le 800e anniversaire de la
naissance, survenue en 1214, la même année que la bataille de Bouvines.
Saint Louis, par l'exemple de son œuvre et de sa vie, laisse
une fondation solide sur laquelle il est toujours possible de construire. Son
œuvre a été celle d'un roi qui a permis à la Couronne de retrouver sa
souveraineté face aux grands féodaux ; celle d'un roi qui a été habité par les
valeurs chrétiennes pour réformer la justice et les institutions. Il a montré
ainsi que l'éthique était au cœur de l'action publique. Voilà des principes
encore bien actuels. Si actuels que, s'ils ne sont pas rappelés d'abord, puis
remis au centre de l'action, notre société continuera à être instable et
fragile.
Mais aujourd'hui, que représentons-nous ? Que
souhaitons-nous ? A quoi sert de s'inscrire dans une tradition millénaire ?
Cela n'a vraiment de sens que si nous voulons apporter
quelque chose à la société. Or, la société contemporaine est en pleine
mutation. Je pense qu'elle a besoin de ce que la tradition représente et peut
encore lui apporter.
Souvent, on me demande si je suis prêt à reprendre la place
que la tradition donne à l'aîné des Bourbons. Je réponds toujours à cela, comme
mon père l'a fait avant moi, que notre position est d'une nature différente.
Nos droits sont incontestables et viennent du fond des âges et ils reposent sur
cette union entre une dynastie et un peuple. Nous assumons ces droits, étant
disponibles.
Cette union a permis au royaume de France de se constituer
peu à peu, du petit domaine entourant Paris, jusqu'aux frontières actuelles que
Louis XVI s'évertuait à ouvrir au monde avec La Pérouse et les combats menés en
Amérique contre l'Angleterre.
Tel est le miracle capétien, celui de la France aussi.
La France a progressé dans le cadre de la royauté dont les
institutions reposaient sur la défense des faibles et sur les valeurs héritées
du message chrétien dont la première est le Bien commun. Saint Louis en a été
le modèle que ses descendants ont suivi.
Le successeur légitime des rois de France doit conserver
intact cet héritage, précieux trésor pour l'avenir. Ces valeurs ont fait leur
preuve puisqu'elles ont permis à notre pays d'être gouverné et de progresser
pendant huit siècles. Ce sont elles qui ont animé génération après génération
les meilleurs de nos enfants. Cette permanence montre combien elles sont
justes. Ce Bien commun passe par l'unité nécessaire contre toutes les
féodalités et les individualités qui veulent toujours s'imposer et imposer
leurs lois. Ce Bien commun est aussi inspiré par le souci de la justice et du
progrès social reposant sur la réalité et non l'idéalisme.
Devant les interrogations de notre génération actuelle face
aux erreurs passées, nous croyons bien que nous aspirons à un renouveau. Le pape
François agit dans le même esprit en dénonçant avec vigueur les dérives de
toutes sortes, notamment éthiques, qui désagrègent notre société.
Dans cette quête de renouveau et de sens, les jeunes se
mobilisant. Ils retrouvent, faisant preuve d'une étonnante clairvoyance, le
vrai, le juste et le beau. Ils l'expriment à leur manière et notamment à l'aide
de tous les nouveaux modes de communication. J'y vois un message d'avenir. La
ténacité de ceux qui ne furent d'abord que des sentinelles, des veilleurs, est
assez puissante pour, peu à peu, amener des changements législatifs majeurs,
comme l'Espagne nous en montre actuellement l'exemple. Nous savons que nous
pouvons compter sur la puissance de la tradition et de ses réussites.
La force de la royauté a toujours été de savoir s'adapter
aux évolutions tant que celles-ci avaient pour finalité le bien de l'homme créé
à l'image de Dieu. Cette vérité de saint Louis, qui fut encore celles des
grandes réformes du XVIIIe siècle initiées par les rois Louis XV et Louis XVI
et que la Révolution est venue détourner, demeure actuelle. Saurons-nous
l'entendre et la mettre en œuvre ?
Ce message est celui du présent et de l'avenir. Fidèle à la
tradition royale française, je le porte, me sachant soutenu par l'exemple de
mes ancêtres et par l'espoir qui vous anime.
Merci.
Louis
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