lundi 31 janvier 2011

Prière de confession quotidienne des péchés, de saint Ephrem le Syrien (IVe siècle)

Je Te confesse, mon Seigneur, Dieu et Créateur, à Toi glorifié et adoré dans la Sainte-Trinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, tous les péchés que j'ai commis tous les jours de ma vie, à toute heure, maintenant et dans le passé, jour et nuit, en pensée, parole et action, par gloutonnerie, ivresse, paroles oiseuses, acédie, indolence, contradiction, négligence, agressivité, égoïsme, avarice, vol, mensonge, malhonnêteté, curiosité, jalousie, envie, colère, ressentiment et souvenir des injustices à mon égard, haine, esprit mercenaire et aussi par tous mes sens, la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher, et tous les autres péchés, spirituels et corporels par lesquels je T'ai irrité, mon Dieu et Créateur, et par lesquels j'ai causé des injustices à mon prochain. Triste à cette pensée, mais déterminé au repentir, je me tiens coupable devant Toi, mon Dieu. Aide-moi seulement, mon Seigneur et Dieu, je T'en prie humblement par mes larmes. Pardonne-moi mes péchés passés par ta Miséricorde et absous-moi de tout ce que j'ai confessé en ta présence car Tu es Bon et Ami de l'homme. Amen !

Une pensée toujours d'actualité de saint Ignace d'Antioche (+ 107)

Le christianisme, quand il est en butte à la haine du monde, n'est plus objet de persuasion humaine, mais œuvre de puissance divine.
Saint Ignace d’Antioche, épître aux Romains, dite épître du martyre

samedi 29 janvier 2011

Une réflexion orthodoxe sur l'Immaculée Conception et le péché originel

A Valle Sancta, dans son excellent blog  http://blog.avallesancta.com/ , a récemment (le 17 janvier dernier) énoncé toute une série de propositions à propos desquelles la foi orthodoxe et la foi catholique (romaine) se séparent l'une de l'autre. Tout cela est très clair. J'y renvoie mes lecteurs, ainsi qu'à la discussion qui a suivi.
Je désire aujourd'hui y apporter un complément. Celui-ci a trait à la question si sensible et si controversée du "péché originel" et de cette autre qui lui est intimement liée de l' "Immaculée Conception" de la Vierge Marie.
J'emprunte ce texte très pédagogique au blog  http://www.egliserusse.eu/. Il m'a paru digne d'être diffusé.
Il va sans dire que j'adhère totalement à ce qui y est énoncé.
On verra que saint Augustin est de nouveau mis en cause. Peut-être comprendra-t-on mieux ce que j'ai dit de lui dans mon billet du 29 août.

Une réflexion orthodoxe sur l'Immaculée Conception et le péché originel

Par Vladimir GOLOVANOW

Il s'agit là d'une question assez controversée et donnant lieu à bien des fausses interprétations.

Faisons d'abord une mise au point:

1/ L'Immaculée Conception concerne la conception de la Vierge Marie, la Mère de Dieu, et non celle de Jésus Christ, dont la conception virginale et sans péché ne fait pas question. Si je le spécifie ainsi, c'est bien parce que cette confusion est assez largement répandue !

2/ Orthodoxes et catholiques sont d'accord que Marie est immaculée quand elle conçoit et met au monde le Fils de Dieu, et que ceci est l'effet d'une grâce spéciale du Saint-Esprit : Marie fait totalement partie du genre humain pécheur, mais elle est lavée de tout péché pour l'Incarnation. La différence vient du moment de cette grâce : à la conception de Marie pour les catholiques ; au moment où elle dit "OUI" à l'archange, pour les orthodoxes, et cela change tout!
L'Eglise orthodoxe proclame dans ses hymnes "bienheureuse et très pure, toute immaculée Mère de Dieu", "plus vénérable que les chérubins et incomparablement plus glorieuse que les séraphins", sans compter les merveilleux noms qui lui sont donnés dans l'hymne acathiste.

L'Eglise orthodoxe croit que Marie est immaculée depuis sa conception mais dans le sens qu'elle n'a JAMAIS commis de péché PERSONNEL. Cependant, Marie étant née de l'union charnelle de deux époux, donc étant de la descendance d'Adam, elle a partagé notre nature déchue en naissant comme nous dans un corps mortel ... et donc sous la loi du péché. Certes Marie a tenu ses pensées, son cœur et sa volonté dans la lumière du Seigneur et s'est gardée du péché, mais cela par son propre combat contre le péché ; ce n'était pas une espèce de divinité incapable de toute possibilité de péché. Par l'incarnation du Christ, le Saint-Esprit a alors triomphé définitivement en elle et, par le OUI de Marie, non seulement Dieu a racheté le genre humain déchu, mais Il a aussi scellé la grâce en la Mère de Dieu. Ce OUI a marqué le consentement du genre humain à l’œuvre salvatrice, le rétablissement de l'union à Dieu perdue par le péché d'Eve et d'Adam. Nous faisons la différence entre péché des origines, qui est le péché personnel d'Adam, et loi du péché, qui est la condition humaine naissant dans un monde déchu avec toutes les conséquences du péché d'Adam (sollicitation à pécher, maladie, souffrance, mort...), et péchés personnels de chacun.

Dans l'Eglise catholique, ces notions n'ont pas du tout le même sens. Le dogme du péché originel, selon la théorie augustinienne, est défini davantage comme une souillure innée qui correspond à la concupiscence que tout être humain, de ce fait maudit, porte en lui dès sa conception. Partant de ce dogme purement propre à l'Eglise d'Occident (qui considère saint Augustin comme le Père des Pères de l'Eglise), toutes les questions se sont posées concernant Marie : avait-elle la concupiscence en elle? Le dogme de l'Immaculée Conception en résulte. Mais les Orthodoxes posent alors une question fondamentale : si Jésus est né d'une mère "parfaite", cela fausse complètement l'affirmation du Credo : "s'est fait homme": dès le départ il n'est pas comme nous !
Et ce n'est pas tout : selon le sens donné au dogme de l'Immaculée Conception, l'Eglise catholique considère Marie comme Eve AVANT la chute et donc non passible de mort, d'où le dogme qui suivit, celui de l'Assomption, passant complètement sous silence la Dormition "humaine" de la Mère de Dieu.

En allant plus loin, Marie a été considérée dans les milieux catholiques un peu comme "le pendant féminin du Christ". C'est là un extrême qui diffère considérablement, qui contredit même le sens théologique du mystère de la pureté de Marie tel que professé par l'Orthodoxie, et même le mystère du salut tout entier.

C'est le dogme du péché originel chez saint Augustin, à l'origine du problème, qui n'a rien à voir avec la conception orthodoxe de "péché des origines" et de "loi du péché": "la dogmatisation du péché originel sur la base de la conception augustinienne a entraîné l'Eglise d'Occident dans de terribles controverses théologiques concernant Marie ; elles ont obligé l'Eglise catholique à réaffirmer la pureté de Marie depuis sa conception, aboutissant ainsi au dogme de l'Immaculée Conception." Ce commentateur citait d'ailleurs un article récent (il n'en donnait pas les références) où "le Pape Benoît XVI soulignait que l'une des plus grandes impasses de l'Eglise (catholique?) était de ne pas avoir pu définir précisément et comprendre ce qu'EST le PECHE ORIGINEL." Ce serait là une véritable remise en question de dogmes catholiques fondamentaux, qui serait bien dans la ligne de la redécouverte des autres Pères que saint Augustin par les Catholiques au XXe siécle… sous l'influence du dialogue avec les Orthodoxes?

 26 Janvier 2011

Repris du blog  http://www.egliserusse.eu/




dimanche 23 janvier 2011

Lorsque l'âme devient froide...


Avant tout, observe-toi soigneusement lorsque l'âme devient froide... C'est alors un état amer et dangereux. Le Seigneur l'utilise comme un de ses moyens pour guider, instruire et corriger, mais cela peut aussi être une sorte de punition. La cause en est ouvertement un péché, mais puisque dans [certains] cas, aucun péché n'est véritablement évident, la cause devrait en être cherchée dans les sentiments et les dispositions intérieurs. Peut-être qu'une haute opinion de toi-même s'est emparée de toi et que tu ne penses pas être comme les autres? Peut-être que tu prévois de cheminer seul sur le chemin du salut et d'accéder en haut par tes propres efforts?

Nous devenons froids en nous-mêmes, lorsque notre cœur est distrait, quand il s'attache à quelque chose d'autre et non à Dieu, qu'il se soucie de différentes choses, se met en colère et blâme quelqu'un- quand nous sommes mécontents et que nous sommes complaisants envers la chair, nous vautrant dans le luxe et les pensées vagabondes. Garde-toi de ces choses et la froideur diminuera.


Saint Théophane le Reclus (U1894)   L'Art de la Prière

Version française Claude Lopez-Ginisty

pour la vie de ce grand maître spirituel, voir le blog http://www.blog-prions.org/
à la date du 23 janvier

jeudi 20 janvier 2011

Saint Augustin, amant de Dieu

 Dans mon message du 29 août, j’exprimais mes sentiments au sujet de l’évêque d’Hippone. On peut les résumer ainsi : j’aime l’homme, je vénère l’évêque, j’admire le saint; presque jamais je ne puis suivre le théologien. Mais lorsqu’Augustin laisse parler son cœur brûlant de l’amour de Dieu, il est insurpassable.
Telle est cette prière qui conclut admirablement son traité, si contestable par ailleurs, De la Trinité :

 De toutes mes forces, celles que tu m’as données,
 Je T’ai cherché,
 Désirant voir ce que j’ai cru.
 Et j’ai lutté, et j’ai souffert.

Mon Dieu,
Mon Seigneur,
Mon unique espoir,
Accorde-moi de n’être jamais las de Te chercher,
Qu’avec passion sans cesse je cherche ton visage.

Toi qui m’as donné de Te trouver,
Donne-moi le courage de Te chercher
Et d’espérer Te trouver toujours davantage.

Devant Toi ma solidité : garde-la.
Devant Toi ma fragilité : guéris-la.
Devant Toi tout ce que je sais, tout ce que j’ignore.

Par là où Tu m’as ouvert, j’entre : accueille-moi.
De là où Tu m’as fermé, j’appelle : ouvre-moi.

Accorde-moi de ne pas T’oublier,
Accorde-moi de Te comprendre.
Mon Dieu,
Mon Seigneur,
Accorde-moi de T’aimer.

Livres et revues reçus...

...dont les recensions suivront (tôt ou...tard).

Mais n'attendez pas pour découvrir :


- Raymond Winling  Noël et le mystère de l'Incarnation (Le Cerf 2010)
- Sylvain Gouguenheim  La réforme grégorienne, De la lutte pour le sacré à la sécularisation du monde (Temps Présent 2010)
- Jean Delumeau  A la recherche du paradis  (Fayard 2010)
- Jean Favier Pierre Cauchon, Comment on devient le juge de Jeanne d'Arc (Fayard 2010)
- Raffaela Faggionato A Rosicrucian Utopia in Eighteenth-Century Russia, The Maonic Circle of N.I. Novikov (Archives Internationales des Idées n° 190, Springer 2005)
- Politica Hermetica n° 24 - 2010 La Franc-Maçonnerie et les Stuarts au XVIIIe siècle (Editions Delphica - L'Age d'Homme)

Louis XVI

Louis XVI, roi de France (1754-1793)
 
On lit dans le Martyrologe universel de 1823 l’avis suivant :
 
« Dans toutes les églises de France, service solennel pour l’anniversaire de la mort de Louis XVI, roi de France et de Navarre, avec lecture après l’Evangile du Testament du Roi. »
 
 
 
Testament de Louis XVI, rédigé le 25 décembre 1792,
 envoyé à la Commune de Paris, le 21 janvier 1793.

      
 Au nom de la tres Sainte Trinité du Pere du fils et du St Esprit. Aujourd'hui vingt cinquieme jour de Decembre, mil sept cent quatre vingt douze. Moi Louis XVIe du nom Roy de France, etant depuis plus de quatres mois enfermé avec ma famille dans la Tour du Temple a Paris, par ceux qui etaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, mesme depuis le onze du courant avec ma famille de plus impliqué dans un Proces dont il est impossible de prevoir l'issue a cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun pretexte ni moyen dans aucune Loy existante, n'ayant que Dieu pour temoin de mes pensées et auquel je puisse m'adresser. Je declare ici en sa presence mes dernieres volontés et mes sentiments.
Je laisse mon ame a Dieu mon createur, je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d'après ses merites, mais par ceux de Notre Seigneur Jesus Christ qui s'est offert en sacrifice a Dieu son Pere, pour nous autres hommes quelqu'indignes que nous en fussions, et moi le premier.
Je meurs dans l'union de notre sainte Mere l'Eglise Catholique, Apostolique et Romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de St Pierre auquel J.C. les avait confiés. Je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l'Eglise, les Sacrements et les Mysteres tels que l'Eglise Catholique les enseigne et les a toujours enseignés. je n'ai jamais pretendu me rendre juge dans les differentes manieres d'expliquer les dogmes qui dechire l'Eglise de J.C., mais je m'en suis rapporté et rapporterai toujours si Dieu m'accorde vie, aux decisions que les supérieurs Ecclésiastiques unis à la Sainte Église Catholique, donnent et donneront conformement a la discipline de l'Eglise suivie depuis J.C. Je plains de tout mon cœur nos freres qui peuvent etre dans l'erreur, mais je ne pretends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en J.C. suivant ce que la charité Chretienne nous l'enseigne.
Je prie Dieu de me pardonner tous mes pechés. J'ai cherché a les connaitre scrupuleusement a les detester et a m'humilier en sa presence, ne pouvant me servir du Ministere d'un Pretre Catholique. Je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite et surtout le repentir profond que j'ai d'avoir mis mon nom, (quoique cela fut contre ma volonté) a des actes qui peuvent estre contraires a la discipline et a la croyance de l'Eglise Catholique a laqu'elle je suis toujours resté sincerement uni de cœur Je prie Dieu de recevoir la ferme resolution ou je suis s'il m'accorde vie, de me servir aussitot que je le pourrai du Ministère d'un Pretre Catholique, pour m'accuser de tous mes peches, et recevoir le Sacrement de Penitence.
Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas d'avoir fait sciemment aucune offense à personne), ou à ceux à qui j'aurais pu avoir donné de mauvais exemples ou des scandales, de me pardonner le mal qu'ils croient que je peux leur avoir fait.
Je prie tous ceux qui ont de la Charité d'unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.
Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle, ou par un zèle mal entendu, m'ont fait beaucoup de mal.
Je recommande à Dieu, ma femme, mes enfants, ma sœur, mes Tantes, mes Frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du Sang, ou par quelque autre manière que ce puisse être. Je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma sœur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa grâce s'ils viennent à me perdre, et tant qu'ils resteront dans ce monde périssable.
Je recommande mes enfants à ma femme, je n'ai jamais douté de sa tendresse maternelle pour eux; je lui recommande surtout d'en faire de bons chrétiens et d'honnêtes hommes, de leur faire regarder les grandeurs de ce monde-ci (s’ils sont condamnés à les éprouver) que comme des biens dangereux et périssables, et de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de l'Éternité. Je prie ma sœur de vouloir bien continuer sa tendresse à mes enfants, et de leur tenir lieu de Mère, s'ils avaient le malheur de perdre la leur.
Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu'elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrais lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher.
Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu'ils doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur Mère, et reconnaissants de tous les soins et les peines qu'elle se donne pour eux, et en mémoire de moi. je les prie de regarder ma sœur comme une seconde Mère.
Je recommande à mon fils, s'il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu'il se doit tout entier au bonheur de ses Concitoyens, qu'il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j'éprouve. Qu'il ne peut faire le bonheur des Peuples qu'en régnant suivant les Lois, mais en même temps qu'un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu'autant qu'il a l'autorité nécessaire, et qu'autrement, étant lié dans ses opérations et n'inspirant point de respect, il est plus nuisible qu'utile.
Je recommande à mon fils d'avoir soin de toutes les personnes qui m'étaient attachées, autant que les circonstances où il se trouvera lui en donneront les facultés, de songer que c'est une dette sacrée que j'ai contractée envers les enfants ou les parents de ceux qui ont péri pour moi, et ensuite de ceux qui sont malheureux pour moi. Je sais qu'il y a plusieurs personnes de celles qui m'étaient attachées, qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles le devaient, et qui ont même montré de l'ingratitude, mais je leur pardonne, (souvent, dans les moment de troubles et d'effervescence, on n'est pas le maître de soi) et je prie mon fils, s'il en trouve l'occasion, de ne songer qu'à leur malheur.
Je voudrais pouvoir témoigner ici ma reconnaissance à ceux qui m'ont montré un véritable attachement et désintéressé. D'un côté si j'étais sensiblement touché de l'ingratitude et de la déloyauté de gens à qui je n'avais jamais témoigné que des bontés, à eux et à leurs parents ou amis, de l'autre, j'ai eu de la consolation à voir l'attachement et l'intérêt gratuit que beaucoup de personnes m'ont montrés. Je les prie d'en recevoir tous mes remerciements; dans la situation où sont encore les choses, je craindrais de les compromettre si je parlais plus explicitement, mais je recommande spécialement à mon fils de chercher les occasions de pouvoir les reconnaître.
Je croirais calomnier cependant les sentiments de la Nation, si je ne recommandais ouvertement à mon fils MM. de Chamilly et Hue, que leur véritable attachement pour moi avait portés à s'enfermer avec moi dans ce triste séjour, et qui ont pensé en être les malheureuses victimes. Je lui recommande aussi Cléry des soins duquel j'ai eu tout lieu de me louer depuis qu'il est avec moi. Comme c'est lui qui est resté avec moi jusqu'à la fin, je prie M. de la Commune de lui remettre mes hardes, mes livres, ma montre, ma bourse, et les autres petits effets qui ont été déposés au Conseil de la Commune.
Je pardonne encore très volontiers a ceux qui me gardaient, les mauvais traitements et les gênes dont ils ont cru devoir user envers moi. J'ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes, que celles-là jouissent dans leur cœur de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser.
Je prie MM. de Malesherbes, Tronchet et de Sèze, de recevoir ici tous mes remerciements et l'expression de ma sensibilité pour tous les soins et les peines qu'ils se sont donnés pour moi.
Je finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître devant lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi.
Fait double à la Tour du Temple le 25 Décembre 1792.

lundi 17 janvier 2011

Au hasard de la presse...

Le Seigneur contient tout dans Ses bras invisibles,
son Verbe est le séjour de nos intelligences,
comme là-bas l’espace est celui de nos corps.

Vers de Malebranche dont Paul Veyne se délecte
(Interview dans La Croix, 15 janvier 2011)

jeudi 6 janvier 2011

Sur les rois mages

Courts  propos sur les Rois Mages

            Ceux que l’on fête aujourd’hui, la tradition les appelle « les Rois mages ». Dans un pays laïcisé comme la France, ils sont quasiment oubliés et leur mémoire inconsciente ne survit plus que par les galettes.
           
            En revanche,  dans une région comme la Catalogne, Los Reyes est une des plus grandes fêtes de l’année. « Les Rois » abordent dans leurs galères avec leur cour et leurs équipages, ils sont reçus solennellement par l’alcade et la municipalité, ils prononcent un discours au balcon de l’hôtel de ville et font ensuite le tour de la cité dans de somptueuses limousines, acclamés par la foule, salués par des orchestres qui jouent aux carrefours et des feux d’artifice tirés sur les hauteurs. C’est particulièrement la fête des enfants, à qui l’on distribue, et les Rois les premiers, friandises et cadeaux.
           
            Ceci pour dire que la « fête des Rois » est une tradition anciennement ancrée en Occident. Mais point en Europe centrale et orientale – laquelle commence, de ce point de vue, en Lorraine et en Alsace – où c’est saint Nicolas qui prédomine.
           
            Qui étaient, historiquement, les rois mages ? Aucune importance. Ce qui importe, c’est leur signification symbolique et religieuse ;
           
            Que faut-il retenir ? Premièrement, qu’ils viennent « pour adorer le roi des Juifs qui vient de naître ». C’est ce qu’ils annoncent à Hérode (Matthieu 2, 2), et l’usurpateur qu’il était en fut grandement troublé. « Roi des Juifs », ce titre qui est donné à Jésus à sa nativité le sera de nouveau à sa mort sur la croix puisque c’est celui que Pilate fera inscrire sur l’écriteau, le titulum, fixé sur la croix : « Jésus de Nazareth, roi des Juifs », Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum, INRI.
           
            Pourquoi ce titre ? Parce que Jésus est juif, intégralement juif – en tant qu’homme. Certes, mais c’est très insuffisant. La raison profonde est que les Juifs ont une mission particulière que Dieu leur a confiée. Un rabbin a eu un jour une parole très juste au cours d’une émission de télévision consacrée à Jérusalem : « Dieu nous a choisis pour être un peuple de rois et de prêtres, et cela non pour nous, mais pour le monde entier ». Parole inspirée. Dieu a en effet choisi, « élu » les Juifs pour, selon les termes de saint Irénée de Lyon, accoutumer Dieu à l’homme et l’homme à Dieu, et, lorsque les temps furent accomplis, engendrer Dieu dans sa chair. Pour devenir, selon une formule de notre évêque, « le peuple mère de Dieu ». Et, par là, le communiquer au monde entier lorsque l’Israël selon la loi sera devenu connaturel à l’Israël selon la grâce.
           
            C’est de ce peuple « mère de Dieu » que Jésus est le roi en même temps qu’il en est le fils, en même temps qu’il est le Fils de Dieu. Ce que prophétise le psaume que l’Eglise chante au temps de la Nativité et que cite aussi l’épître aux Hébreux (psaume 2, 7-10) :

            « Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui.
            Il te donnera les nations pour héritage,
            et l’empire jusqu’aux extrémités de la terre.
            Et maintenant, princes et rois, comprenez,
            soyez avertis, puissants de la terre. »

            Tout cela trouvera son accomplissement dans la Jérusalem nouvelle descendue du haut des cieux (Apocalypse 21) :

            « Les nations marcheront à sa lumière [= de l’Agneau] et les rois de la terre y apporteront leur gloire(…) on y apportera la gloire et l’honneur des nations. »

            Reportons-nous aussi au prophète Isaïe (60, 1-3) :

            « Lève-toi et resplendis ! car ta lumière paraît,
            et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.
            (…)
            Les nations marchent vers ta lumière,
            et les rois vers la clarté de ton lever.
            (…)
            Les richesses de la mer se dirigeront vers toi,
            les trésors des nations viendront à toi.
            Des multitudes de chameaux te couvriront,
            les dromadaires de Madian et d’Epha ;
            tous ceux de Saba viendront,
            ils apporteront de l’or et de l’encens,
            et publieront les louanges du Seigneur. »

            C’est cet événement final et grandiose que préfigure et anticipe la venue de ces mages que la tradition qualifie de « rois », parce qu’ils sont les représentants des nations, ces nations entre lesquelles se répartit la totalité de l’humanité et auxquelles le Christ a commandé à ses disciples d’aller annoncer la Bonne Nouvelle (Matthieu 28, 19).
           
            C’est donc le « Roi des rois » (Apocalypse 17, 14), le « Roi des nations » (Jérémie 10, 7 – 6e Nom divin) devant qui les représentants des nations viennent se prosterner : en grec proskênusai, qui est l’acte physique de l’adoration. C’est l’humanité qui se prosterne devant son Créateur.
           
            Raison pourquoi la tradition a vu dans les trois rois mages les figures représentatives des trois fils de Noé : Sem, Cham et Japhet et des trois races mythiques issues d’eux.
           
            En outre, selon une exégèse symbolique qui ne contredit pas la précédente, les offrandes des rois mages à Jésus font référence à ses trois qualités :
            - l’or, comme roi ;
            - l’encens, comme Dieu ;
            - la myrrhe, comme homme, sujet à la mort – par anticipation de son embaumement avant sa mise au tombeau. Car la mort du Christ est déjà présente dans l’icône de sa nativité : la grotte préfigure le tombeau, les langes, les bandelettes qui envelopperont son corps.
           
            Selon une autre exégèse qui vient en complément des précédentes, les mages personnifient la sagesse humaine, cette sagesse qui, selon l’apôtre Paul, sait scruter les choses visibles pour y voir les signes des choses invisibles et sait déceler dans l’univers « ses perfections invisibles, son éternelle puissance et sa divinité » (cf. Romains 1, 19 et suiv.)  Car la sagesse humaine, lorsqu’elle est droitement conduite, a une étonnante capacité à s’élever loin et haut. Toute sagesse vient de Dieu. Celle-ci n’a rien de commun avec la sagesse chutée et devenue folle, qui, comme un coursier à qui la rêne est lâchée, galope en tous sens selon ses impulsions. Elle est, cette sagesse, le miroir de la Sagesse prééternelle, de la sainte Sophia. Fidèle à sa nature innée, elle veut, et peut, conquérir par la patience et la docilité, avec le temps, ce que les cœurs simples reçoivent instantanément par révélation. Ces derniers, ce sont les bergers ; les premiers, les mages ; mais tous parviennent auprès de l’Enfant roi, de l’architecte des mondes couché dans la mangeoire.
           
            Règle : seule la simplicité rapproche de Dieu. Il est des cœurs simples par nature, il est des esprits qui se simplifient par le travail de la sagesse : les deux sont des voies de la grâce, les deux sont des voies par quoi Dieu se révèle. Nul n’est oublié.
           
            Chantons donc comme dans la grande antienne :
           
            « Ta naissance, ô Christ, notre Dieu,
            a fait resplendir dans le monde la lumière de l’intelligence.
            Ceux qui servaient les astres sont instruits par l’astre
            de t’adorer, Soleil de justice,
            et te contempler, Orient venant des hauteurs.
            Seigneur, gloire à toi ! »

+ Jean-François Var
6 janvier A.D. 2011

           

Uriel

On va me juger complètement "hollywoodisé" mais ce n'est pas ma faute si les Américains inventent des vidéos intéressantes, à leur goût bien sûr.
Cette fois je ne résiste pas à publier une vidéo sur Uriel, ceux qui me connaissent bien sauront pourquoi.
Uriel est, avec Michel, Gabriel et Raphaël,  parmi les sept séraphins, qui en permanence "se tiennent tiennent en présence du Seigneur" (Tobie 12, 15), les séraphins flamboyants qui côtoient la fournaise de l'Amour divin, un des quatre dont les noms sont attestés par une tradition sûre. Pour les autres, les appellations varient ; celles que leur donne la vidéo précédemment publiée par moi ne concordent pas avec toutes les sources. Peu importe d'ailleurs, l'essentiel est qu'ils existent.
Uriel signifie "Lumière de Dieu" ou encore "Feu de Dieu".

mardi 4 janvier 2011

les saints archanges

J'ai pris un certain plaisir à mettre en ligne hier une vidéo à faire frémir tous les iconographes patentés qui sont, on le sait, gardiens férocement stricts de la tradition, ou supposée telle. Il faut avouer que cette vidéo est foncièrement hollywoodienne... Et pourquoi pas ?


Pour ne pas me faire honnir davantage, aujourd'hui je sacrifie à cette sage tradition. Trois "archanges "(1) seulement, dont les noms figurent dans les Saintes Ecritures et nulle part ailleurs, et aux traits bien tranquilles.
Faut-il mépriser les images pieuses au nom de l'infinie supériorité des icônes ? Théologiquement, cette supériorité est indéniable. Pourtant... Il est des icônes muettes et des images parlantes. Alors ?

Alors, Dieu ne se laisse pas emprisonner par une quelconque forme d'art, même sacré. Il est souverainement LIBRE !

1 Comme on sait, c'est par commodité de langage que ces trois, et même les sept, sont appelés archanges. Ce sont en réalité des séraphins.