jeudi 28 février 2013

Un poète spirituel






Ce livre est un livre de spiritualité.

Il y a spiritualité et spiritualité. Il y a la spiritualité guimauve, bondieusarde, piétarde, dégoulinante de sentimentalité sucrée au point de donner du diabète à l’âme, la spiritualité pâmoison, la spiritualité « p’tit Jésus » qui a détourné du catholicisme (car c’est dans ce milieu qu’elle a prospéré au XIXe siècle, le protestantisme et surtout l’orthodoxie étant restés indemnes) des générations de fidèles écœurés et par compensation devenus infidèles. Et il y a la spiritualité vraie, inscrite dans la Tradition patristique et qui – mystique on non, ce n’est pas ce qui importe ici – cultive et diffuse la sérénité calme et joyeuse, l’allégresse de la vie que donne le Vivant, l’admiration de la beauté que répand le Créateur, l’amour que prodigue en surabondance l’Amour incarné. 

C’est évidemment cette spiritualité-là que cultive et diffuse ce précieux livre, qui est un livre de bonheur.

Car le christianisme est la religion du bonheur. Tant pis pour les pisse-vinaigre bénit, tant pis pour les sacristains tristes, comme disait François Mauriac. Ceux qui enseignent que le christianisme est une religion morne, rétrécie devant la vie, toujours sur la défensive, une religion de la tristesse et de la macération et de la mortification, sont des menteurs. Ce qu’ils prêchent, c’est un contre-évangile. Ce en quoi ils sont les agents de l’Adversaire…

Eh oui ! qui peut être attiré par la tristesse, la douleur, le malheur ? Ce n’est pas ce que Dieu veut pour l’homme. Ce que Dieu notre Père veut pour l’homme, ce que veut le Verbe incarné, frère aîné d’une multitude de frères (comme dit saint Paul), ce que veut l’Esprit donateur de vie, de lumière et d’amour, ce qu’en résumé veut la Divine Trinité, c’est le bonheur de l’homme !

 Certes, ce bonheur ne va pas sans souffrances, à cause du péché. Mais n’oublions pas que ces souffrances, le Christ les a partagées mystiquement à Gethsémani et continue à les partager mystiquement aujourd’hui : il a mal à ma jambe, il a mal à mon cœur, il souffre dans mon amour blessé… Le Christ est en agonie jusqu’à la fin du monde, a dit Pascal. C’est pourquoi ces souffrances, physiques, morales, spirituelles, nous pouvons, nous devons les vivre dans la joie – si paradoxal que cela puisse paraître – parce que nous pouvons, nous devons les vivre dans l’amour surabondant du Christ.

C’est tout cela que nous enseigne ce livre que j’ai qualifié de précieux, car non seulement il nous l’enseigne mais il commence à nous le faire partager, tant est grande la capacité d’entraînement, d’élan, de son auteur. Cet auteur est poète – et il y a des poèmes, six, dans cet ouvrage. Mais sa prose aussi est poème. Je ne dis pas « poétique », ce qui serait une qualité surajoutée. Non, elle est poème en elle-même. C’est-à-dire qu’elle est créatrice. On sait que le poète est « celui qui fait », celui qui crée, il participe à un haut degré de la faculté créatrice que Dieu a donnée à tout homme : il est co-créateur avec Dieu. Eh bien, l’écriture de Sébastien Morgan crée en nous un élan jubilatoire.

C’est en quoi ce livre est un livre de spiritualité totalement, véridiquement chrétienne.

Et je vais vous livrer un secret, qui ne vous dispensera pas, bien au contraire, d’acheter le livre : « Devenir soi-même », ce ne sont pas des recettes de self consciousness à la mode New Age. C’est tout simplement retrouver le Christ qui est au plus intime de chacun de nous. Et comment ? Eh bien, lisez le livre !

Grenoble, Le Mercure Dauphinois, 2013, 18€50






jeudi 21 février 2013

La Tradition sacrée


Saint Nectaire d'Egine: La Tradition





La TRADITION sacrée est l'EGLISE même, sans la Tradition sacrée l'Église n'existe pas. Ceux qui nient la Tradition sacrée nient l'Eglise et la prédication des Apôtres.

Avant la rédaction de l'Ecriture Sainte, c'est-à-dire les textes sacrés des Evangiles, des Actes et les Épîtres des Apôtres, et avant qu'ils aient été répartis dans les Eglises du monde, l'Eglise a été fondée sur la Tradition... les textes sacrés sont en relation avec la Tradition sacrée ce que la partie est à  l'ensemble.

Les Pères de l'Eglise considèrent la sainte Tradition comme un guide sûr dans l'interprétation de l'Écriture Sainte, absolument nécessaire pour comprendre les vérités contenues dans la Sainte Écriture. L'Église a reçu de nombreuses traditions des Apôtres... La constitution des services religieux, en particulier de la Divine Liturgie, les Mystères Saints eux-mêmes et la manière de les accomplir, certaines prières et d'autres institutions de l'Eglise datent de la sainte Tradition des Apôtres.

Dans leurs décrets, les Saints Conciles se réfèrent non seulement aux Saintes Écritures, mais aussi à la Tradition sacrée comme à une source pure. Ainsi, le Septième Concile œcuménique dit dans son 8ème décret: "Si quelqu'un viole une partie de la Tradition de l'Église, qu'elle soit écrite ou non écrite, qu'il soit anathème."

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Orthodox Christian Reporter



MISE AU POINT, pour mettre fin aux controverses mal venues


La vivenzarchie, comme il était à prévoir après le dernier message du Grand Aumônier du Grand Prieuré des Gaules, a déchaîné contre lui une batterie de contre-vérités. Il importe de les corriger, afin que les esprits sains ne soient pas abusés.

1° Le Grand Aumônier  du Grand Prieuré des Gaules n’a pas la folle prétention de définir les critères de la regula fidei, de la règle de foi. Il laisse cela aux conciles sous l’inspiration du Saint-Esprit. Il n’a pas l’infaillibilité et la compétence universelle du prophète de Grenoble.

2° Les déclarations du Grand Aumônier du Grand Prieuré des Gaules, qui ne sont ni des consignes ni des directives, valent exclusivement pour l’obédience où il exerce sa fonction, c’est-à-dire le Grand Prieuré des Gaules. On rappelle que ce dernier s’intitule également Ordres des Chevaliers Chrétiens de France et Ordre des Francs-Maçons Chrétiens de France, ce qui indique clairement son caractère distinctif. Ce qui ne l’empêche pas d’entretenir avec les autres Grands Prieurés rectifiés qui ne partagent pas ce critère des relations fraternelles et cordiales.

3° Le profane qui est reçu dans le Régime rectifié au sein du Grand Prieuré des Gaules prête serment, sur le saint évangile ouvert au premier chapitre de l’évangile de saint Jean, de « fidélité à la sainte religion chrétienne ». Et non à on ne sait quelle « sainte doctrine » sortie on ne sait d’où.

4° La sainte religion chrétienne est issue des enseignements donnés par notre Seigneur Jésus-Christ, le Verbe incarné, durant son existence terrestre, et poursuivis par le Saint-Esprit à l’occasion des saints conciles où étaient représentés tous les chrétiens du monde, d’où leur appellation d’œcuméniques.

5° Cette sainte religion est clairement définie dans le Symbole de Nicée-Constantinople, que tout chrétien a l’occasion de réciter au moins une fois dans sa vie et, préférablement, tous les dimanches au culte dominical.

6° Ce symbole énonce tous les dogmes qui font qu’un chrétien est chrétien. Les dogmes ne sont pas, contrairement à une opinion trop répandue mais fausse, des opinions imposées de force. L’adhésion aux dogmes doit être librement consentie. Ce sont des références qui, comme les landmarks pour les maçons, servent à distinguer les chrétiens de ceux qui ne le sont pas.

7° Une maçonnerie chrétienne se conforme aux landmarks en ce qu’elle est maçonnique et aux dogmes du christianisme en ce qu’elle est chrétienne. La maçonnerie non chrétienne ne tient pas compte de ces dogmes. Tout cela coule de source.

8° Pas plus que nul n’est tenu d’adhérer au christianisme, nul n’est tenu d’adhérer à la maçonnerie chrétienne. Mais s’il y adhère, il est tenu d’en respecter les règles.

9° La maçonnerie, quelle qu’elle soit, obéit à un principe d’union. C’est ce que pratique le Grand Prieuré des Gaules à l’égard des Grands Prieurés frères. Les contempteurs du Grand Prieuré des Gaules obéissent à un principe de division. Ce sont des séparatistes, qui se sont volontairement mis à l’écart de l’ensemble de la communauté maçonnique.

mardi 19 février 2013

Proclamation de la dernière hérésie en titre



« Pour la maçonnerie rectifiée, il faut et il suffit que l'impétrant confesse (…) la résurrection des morts (ce qui exclut les vivenzarques). Ceci est ma conception propre qui revendique d'être intégriste. »
(A Tribus Liliis - "Grand Aumônier" du G.P.D.G. sur les réseaux sociaux, 6 février 2013).

  



  
« Pour moi, la franc-maçonnerie est devenue une terre de mission et je ne vois pas au nom de quoi je devrais la laisser de côté. » (J.-F. V [patronyme divulgué, ce qui est en principe contraire à la déontologie des réseaux sociaux]., propos recueillis par Anne Ducrocq, In « l’Actualité des Religions », février 2001, n° 24)
La déviance du propos tenu en 2001, au regard des critères propres à l’initiation maçonnique, est d’une évidence qui n’est plus à démontrer, Jean-Baptiste Willermoz nous ayant lui-même alerté sur le danger d’un tel projet :
« Du moment qu'on mêlera la religion à la maçonnerie dans l’Ordre symbolique, écrivait-il en 1783, on opérera sa ruine ; je la vois même se préparer en plusieurs endroits par la multiplicité peu sévère (…) et par le zèle imprudent qui en vue du bien du prochain se livre à l'esprit de prosélytisme ; pour faire préférer notre régime nous mettons à découvert ses principes et son but particulier nos discours oratoires deviennent des sermons, bientôt nos Loges deviendront des églises ou des assemblées de piété religieuse. (…) Ce danger mon ami qui peut paraître chimérique est bien plus prochain qu'on ne pense, si on n'y met promptement ordre.... » (Lettre de Willermoz à Bernard de Türckheim du 3 février 1783,  in Renaissance Traditionnelle n°35, juillet 1978, p. 179[1]).
L’avertissement prend sens, là où, fin 2012,  auront triomphé les forces de dissolution, au cœur même de la maison-mère du réveil du Régime Rectifié en France. La "Grande Aumônerie", novation contraire aux critères willermoziens, œuvra donc dans le sens de ce que nos amis du Crocodile désigneront, dans un billet publié le 6 décembre 2012, comme "un projet sectaire au sein des ordres initiatiques… le dogmatisme parasitaire[1]", qui se déclina comme un détournement systématique de la doctrine de la réintégration, omniprésente dans l’armature rituelle du Régime, au profit de conceptions ecclésiales, plus conformes aux anathèmes des Conciles.
Le projet de Refondation de l’Ordre[2], signalé ici-même, est consécutif au départ des willermoziens du Grand Prieuré des Gaules, et au dépôt intégral de sa transmission, au sein du Directoire National Rectifié de France ; les récents propos dudit « Grand Aumônier » sur les réseaux sociaux, confirmant cette nécessité historique :
« En ce qui me concerne, pour la maçonnerie rectifiée, il faut et il suffit que l'impétrant confesse 1) la Divine Trinité : Père, Fils et Saint-Esprit, 2) la double nature du Christ, vrai Dieu et vrai homme (ce qui exclut les nestoriens et les ariens), 3) la résurrection des morts (ce qui exclut les vivenzarques). Ceci est ma conception propre qui revendique d'être intégriste. »
Là où l’esprit de la Réforme de Lyon, témoigne d’un christianisme transcendant, ouvert à l’expérience progressive d’une "douce persuasion", on imagine difficilement les grandes structures rectifiées, soucieuses, à juste titre, de ces dérives dogmatiques, se solidariser d’une telle posture.
Chacun ayant à l’esprit, le salutaire avertissement de Jean-Baptiste Willermoz à Achard, dans sa lettre des 17 au 27 février 1805.[3]
 Tiré du blog http://lalecondelyon.hautetfort.com/

J'ai reproduit telle quelle cette déclaration de la secte vivenzarque, sauf à corriger les fautes d'orthographe.

Mes adversaires pensent me couvrir de honte, ils me couvrent de gloire. C'est une gloire impérissable en effet de confesser en tout temps et en tout lieu la foi chrétienne intégrale et inaltérée. Foi à laquelle tout maçon rectifié jure "fidélité" dès son entrée dans l'Ordre.

Ceux qui altèrent cette foi sont donc parjures et apostats. 

vendredi 15 février 2013

Démission de Benoît XVI : réaction du Phanar


Déclaration du patriarche de Constantinople Bartholomée au sujet de la démission du pape Benoît XVI







février 12, 2013   Jivko Panev
« C’est avec tristesse que nous avons été informés de la décision de sa Sainteté le pape Benoît de démissionner de son trône, car il aurait pu, avec sa sagesse et son expérience, apporter encore beaucoup à l’Église et au monde. Le pape Benoît a apposé son sceau indélébile à la vie et à l’histoire de l’Église catholique-romaine, non seulement par son court pontificat, mais aussi par son long apport en tant que théologien et hiérarque de son Église, ainsi que par son prestige universellement reconnu. Ses écrits parleront longtemps de sa profonde érudition théologique, de sa connaissance des Pères de l’Église indivise, de son contact avec la réalité contemporaine et de son vif intérêt pour les problèmes de l’homme. Nous, orthodoxes, le considérerons toujours comme un ami de notre Église et un fidèle serviteur de la cause de l’unité de tous, et nous nous réjouirons de le savoir en bonne santé et d’être informé de son travail théologique. Personnellement, nous nous rappellerons avec émotion sa visite au siège du Patriarcat œcuménique, il y a plus de six ans, comme des nombreuses rencontres avec lui et de la bonne collaboration que nous avons eue au cours de son ministère primatial. Depuis le Phanar, nous souhaitons que le Seigneur lui désigne un digne successeur à la tête de l’Église sœur de Rome et que continue avec celui-ci notre cheminement commun vers l’union de tous, à la gloire de Dieu ».

Source et photographie : Romfea, traduit du grec pour Orthodoxie.com

jeudi 14 février 2013

L’héritage de Benoît XVI

Je reprends ici une analyse d'un jeune sociologue québécois, Mathieu Bock-Coté, publiée hier dans son blog Journal de Montréal.
Elle est vraiment excellente et projette une lumière crue sur la triste réalité du monde occidental.
Je partage entièrement ses idées, qu'il exprime sans complaisance.






Le pontificat de Benoît XVI a été sévèrement critiqué. À en croire les médias, il se réduirait à une série de scandales. Homophobie, sexisme, pédophilie: telles seraient les vérités du catholicisme de Benoît XVI.
Aussi, l’Église exprimerait un conservatisme sexuel rigoriste. Elle serait contre les capotes. C’est vrai. C’est une malheureuse fermeture. Mais est-ce vraiment l’essentiel de son message? En parler autant témoigne moins des obsessions de l’Église que de l’obsession sexuelle de notre époque.
Cette caricature nous éloigne de la réalité. Le bilan du pontificat de Benoît XVI est tout autre. Il correspond à une prise de conscience bouleversante de l’Église. Partout en Occident, la foi s’effondre. Inversement, la foi chrétienne rayonne dans le tiers monde.
Grand intellectuel
Il suffit d’aller lire les textes de Benoît XVI, avant comme après son accession à la papauté, pour prendre conscience de sa profondeur intellectuelle et philosophique. Benoît XVI réfléchissait à la crise de notre civilisation. Il cherchait à en comprendre les racines.
Il avait une obsession: la déconnexion entre la civilisation européenne et le christianisme. Il parlait de «déchristianisation». Une civilisation peut-elle survivre sans la foi qui l’a accompagnée d’une manière ou d’une autre sur deux millénaires?
Benoît XVI se demandait si à travers la détestation du christianisme, l’Occident ne détestait pas sa propre histoire. Une civilisation peut-elle abolir sa tradition spirituelle fondatrice sans saccager en même temps ses assises existentielles?
Car en renonçant au christianisme, les Occidentaux renoncent-ils seulement à l’idée de Dieu? Ne renoncent-ils pas aussi à une certaine culture? À une certaine vision de l’être humain? À toute une philosophie qui se trouve à l’origine de nos sociétés?
Plus encore, en renonçant à la culture chrétienne, notre société devient incompréhensible. Peut-on comprendre l’architecture de nos villes sans un minimum de culture chrétienne? Peut-on comprendre l’histoire des arts? Peut-on même comprendre l’histoire du Québec?
Car la religion n’est pas qu’une affaire de croyance personnelle. Elle structure une civilisation. Lorsqu’une religion s’effondre, c’est tout un univers mental qui se fracture et s’égrène. On assiste alors à un foisonnement de croyances loufoques.
Car ne croyons pas que nos sociétés sont désormais sceptiques. Faux. Elles croient plutôt à n’importe quoi. Le curé s’est fait remplacer par le gourou ou le coach de vie. C’est la grande spirituelle au profit des charlatans.
Éclatement du christianisme
L’effondrement du christianisme a placé la quête de l’absolu sous le signe de l’anarchie. La multiplication des sectes trouve en bonne partie son origine dans l’éclatement du christianisme. Cette crise frappe même intérieurement l’Église.
Autrement dit, Benoît XVI s’inquiétait de la déculturation des sociétés occidentales. De leur perte d’identité. De leur déracinement. Du relativisme généralisé qui s’installe dans un monde qui a remplacé Dieu tout puissant par le nombril tout puissant. Certains se demandent alors si les sociétés occidentales ne devraient pas se réapproprier leur tradition religieuse. Car après l’excitation de la libération, ne risque-t-on pas de faire l’expérience d’un profond nihilisme? Réapprendre le christianisme, cela ne veut pas dire recommencer à croire en Dieu. Cela veut dire savoir de quelle histoire nous sommes issus. Croyants et incroyants, nous partageons une même histoire: celle de l’Occident. Elle n’est pas honteuse.

mercredi 13 février 2013

Une maxime à méditer


L'amour du beau et du bien soutiennent les sociétés ébranlées par l'amour de l'utile. S'il n'y avait en France que des spéculateurs, des ambitieux et des épicuriens, nous regarderions notre bien-aimée patrie comme perdue. Quand viennent les jours mauvais et difficiles, ce ne sont pas les vices des sociétés corrompues qui soutiennent les nations sur la pente où elles glissent, ce sont les mâles et fortes vertus restées debout au milieu du naufrage général des moeurs. Les sociétés où l'on sait mourir pour son Dieu, pour sa foi politique, pour la patrie, pour le devoir, et où l'on honore ceux qui meurent ainsi, sont immortelles.
(Tiré du livre : Vie de Madame la Marquise de la Rochejaquelein par Alfred Nettement - 1865)

Qui osera dire que ces paroles ne sont pas, terriblement, d'actualité ?

mardi 12 février 2013

Démission de Benoît XVI : réaction de l'Eglise de Russie


Réaction du métropolite Hilarion de Volokolamsk à l’annonce de la retraite du pape Benoît XVI

Le 11 février 2013, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou a commenté pour l’agence ITAR-TASS la nouvelle de la démission du pape Benoît XVI :

La nouvelle sur la renonciation du pape Benoît XVI à ses fonctions était inattendue, même pour son entourage le plus proche. Le cardinal Sodano a parlé d’un « coup de tonnerre dans un ciel clair ». Et, de fait, il n’y a aucun précédent dans l’histoire récente de l’Église catholique romaine. Le pape Jean-Paul II était resté à son poste jusqu’à la fin, malgré de sérieux problèmes de santé.

Pourtant, la charge de pontife romain, comme les fonctions de n’importe quel primat d’Église, exige d’énormes efforts. Ce n’est pas un poste de cérémonie. Si l’âge ou la santé font obstacle à un exercice efficace de sa charge, le primat d’une Église peut prendre la décision de se retirer. Ces dernières années, l’Église catholique a été confrontée à de sérieux défis qui exigent de nouvelles impulsions initiées par le siège romain. Peut-être c’est ce qui a poussé le pape à laisser la place à un évêque plus jeune et plus dynamique qui sera élu par le conclave des cardinaux. La décision du pape Benoît XVI de quitter son ministère dans les circonstances actuelles peut être évaluée comme un acte de courage personnel et d’humilité.

Nous sommes reconnaissants au pape Benoît XVI d’avoir compris les problèmes qui empêchent la normalisation définitive des relations entre orthodoxes et catholiques, en particulier dans une région comme l’Ukraine occidentale. Pas plus tard qu’hier à l’antenne de la chaîne « Rossia-24 », je parlais du pape Benoît XVI au nouvel ambassadeur de la Russie auprès du Saint-Siège, A. Avdeev, soulignant la dynamique positive qui caractérisait les relations entre l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique romaine depuis son accession au siège romain. Le monde chrétien a beaucoup de respect pour lui. Il est un grand théologien, il connaît bien la tradition de l’Église orthodoxe et possède cette sensibilité qui lui permet d’établir des relations avec les Églises orthodoxes.

Je garde en mémoire mes rencontres personnelles et mes entretiens avec le pape Benoît XVI. Je l’ai rencontré trois fois depuis ma nomination au poste de président du Département des relations extérieures. Dans ces entretiens avec le Pontife, j’ai toujours été frappé par ses réactions tranquilles et réfléchies, par son tact sur les questions que nous posions, par sa volonté de résoudre ensemble les problèmes soulevés. J’avais ainsi exposé en détail au pape ma vision des problèmes auxquels nous étions confrontés dans le dialogue orthodoxe-catholique (j’ai parlé de ces problèmes au Concile épiscopal et le Concile a adopté les résolutions qui s’imposaient). Je suis très critique sur le déroulement de ce dialogue, ce que j’ai dit franchement au pape, et je n’ai rencontré que compréhension de sa part.

Avant son élection au siège de Rome, le cardinal Ratzinger avait déclaré la guerre à la « dictature du relativisme », caractéristique de la société occidentale contemporaine. Cela l’a immédiatement rendu impopulaire aux yeux des politiques et des journalistes séculiers. Le pape Benoît XVI n’est pas une star des médias. Il est un homme d’Église. Dans les médias, il est sans arrêt critiqué pour son traditionalisme et son conservatisme, mais ce sont justement ces qualités qu’apprécient en lui des millions de chrétiens, tant catholiques que non-catholiques, ceux qui aspirent à la préservation des valeurs spirituelles et morales chrétiennes traditionnelles.

Il reste à espérer que son successeur poursuivra sur la même voie et que les relations entre orthodoxes et catholiques continueront à se développer graduellement pour le bien commun du monde chrétien dans son ensemble.

Source: site officiel du Département des relations extérieures du patriarcat de Moscou

lundi 11 février 2013

Le Pain de Vie


Saint Jean de Cronstadt




Au lieu de l'Arbre de Vie, il y a le Pain de Vie; au lieu du fruit de l'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal, il y a ce même Pain donateur de Vie.

Alors il était dit: "Si vous le touchez, vous mourrez" ( Genèse 3:3). Maintenant il est dit: " Si un homme mange de ce Pain, il vivra à jamais." (Jean 6:51-58).

Alors Adam et Eve crurent le Trompeur, et moururent. Maintenant au contraire, nous croyons les paroles du Seigneur. "Ceci est Mon Corps…Ceci est Mon Sang," (Matthieu 26:26-28; Marc 14:22-24).  Nous nous relevons par les moyens mêmes qui nous firent chuter: nous avons chuté par incroyance envers Dieu, par désobéissance, nous nous relevons par l'obéissance de la foi.

Alors nous étions ligués avec le Diable contre Dieu, et en union avec lui, le menteur, pour notre destruction.

Maintenant nous sommes joints de tout notre cœur à la Vérité elle-même, à Dieu notre Sauveur, nous unissant à Lui avec nos cœurs fidèles pour notre vie, notre paix et notre joie.

Ô mystère terrible! Ô longanimité de Dieu! Comment se fait-il que moi qui ne suis que poussière, je communie aux Divins Corps et Sang, et je suis rendu incorruptible! (cf Canon avant la Communion)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Saint Jean de Crondstadt
MY LIFE IN CHRIST
(version anglaise approuvée par l'auteur)
Holy Trinity Monastery
Jordanville, N.Y.
USA
1984

Et comment se fait-il que de prétendus chrétiens affirment haut et fort que la chair est corruptible ,
La raison en est simple : ils ne communient pas !


vendredi 8 février 2013

Sacre d'un évêque orthodoxe : les professions de foi

Samedi dernier 2 février 2013, fête de la Sainte Rencontre, à Plouguescrant dans les Côtes-d'Armor, a été sacré l'évêque Siméon, évêque de Rennes et de toute l'Armorique pour l'Eglise orthodoxe d'Europe. 

La Divine Liturgie et la cérémonie du sacre ont été concélébrées par S.S. le patriarche Nicolas, S.B. le métropolite Israël et S.E. l'évêque François.

De nombreux fidèles, amis et anciens élèves de l'évêque Siméon (qui dans la vie civile fut un universitaire éminent) l'entouraient dans cette circonstance mémorable.




A l'occasion de son sacre, chaque nouvel évêque doit prononcer publiquement trois professions de foi successives. Je les publie ici car à elles trois elles synthétisent la foi de l'Eglise orthodoxe.


Le premier évêque lui demande :
Et quelle est ta foi ?
L’ordinand dit à haute voix le symbole :
Je crois en un seul Dieu, le Père tout puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles. Et en un seul Seigneur, Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles. Lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel au Père et par qui tout a été fait. Qui pour nous les hommes et pour notre salut est descendu des cieux, a pris chair du saint Esprit et de la Vierge Marie, et s'est fait homme. Crucifié pour nous sous Ponce Pilate, il souffrit et fut mis au tombeau, et le troisième jour il est ressuscité selon les Ecritures. Il est monté au ciel, est assis à la droite du Père et viendra de nouveau avec gloire pour juger les vivants et les morts ; son règne n'aura pas de fin. Et au Saint Esprit, Seigneur vivifiant, qui procède du Père, qui est adoré et glorifié avec le Père et le Fils, et a parlé par les prophètes. Je crois en l'Eglise une, sainte, catholique et apostolique. Je reconnais un seul baptême pour la rémission des péchés. J'attends la résurrection des morts et la vie du siècle à venir. Amen.

Le premier évêque lui dit :
Expose-nous, de façon plus détaillée, ta profession de foi sur les propriétés des trois Personnes de l'insaisissable Divinité, ainsi que ta doctrine sur l'incarnation de la personne du Fils et Verbe de Dieu.
L'ordinand répond :
Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles; il est inengendré, sans cause et sans commencement, principe de la nature divine, cause du Fils et de l'Esprit. Je crois aussi en son Fils unique, né de lui hors du temps et de façon immatérielle : il lui est consubstantiel, et par lui tout a été fait. Je crois encore en l'Esprit Saint, qui procède du Père lui-même et qui est glorifié avec lui comme partageant même éternité et même trône, consubstantiel et d'égale gloire, la création est son œuvre.
Je crois que l'Un de cette Trinité surpassant tous les êtres et principe de vie, le Verbe, unique Fils, est descendu des cieux pour nous les hommes et pour notre salut, qu'il a pris chair du Saint Esprit et de la Vierge Marie, et s'est fait homme, c'est-à-dire qu'il est devenu parfaitement homme tout en demeurant Dieu, sans rien changer de sa nature divine, du fait de sa communion à notre chair, et sans lui devenir étranger, qu'ayant assumé sans changement l'humanité, en elle il a souffert la passion et la croix, bien qu'impassible en sa nature divine ; qu'il est ressuscité des morts le troisième jour; et que, monté aux cieux, il est assis à la droite de Dieu le Père. Du Verbe fait homme, je confesse également l'unique Personne, je crois qu'il est le seul et même Christ et proclame qu'après son incarnation il conserve, en deux natures et volontés, ce en quoi et par quoi il est. Conjointement je prône deux volontés, chaque nature conservant la sienne et sa propre énergie.
Je crois, sur Dieu et les choses divines, aux traditions et explications de la seule Eglise catholique et apostolique. Je me prosterne, en relation avec leur objet, et non pas en les adorant elles-mêmes, devant les saintes et vénérables icônes du Christ, de la toute-pure Mère de Dieu et de tous les Saints, et je renvoie aux prototypes leur vénération.
Ceux qui ne pensent pas ainsi, je les rejette comme extravagants et les anathématise.
Quant à notre Dame, la Mère de Dieu et toujoursvierge Marie, en toute vérité je le proclame, à juste titre je la reconnais comme celle qui dans la chair a mis au monde l'Un de la sainte Trinité, le Christ notre Dieu : qu'elle soit mon aide, mon refuge, ma protection, tous les jours de ma vie. Amen.

Le premier évêque lui dit :
Montre-nous également comment tu observes les canons des saints Apôtres et ceux des saints Pères, ainsi que les traditions et institutions de l'Eglise.
L'ordinand répond :
En plus de cette profession de la sainte foi que j'ai faite, je promets de garder et d'observer les canons des saints Apôtres, des sept conciles œcuméniques et des synodes régionaux, ainsi que les règles des saints Pères. Tout ce qu'ils ont accepté, je l'accepte moi aussi, et tout ce qu'ils ont rejeté, je le rejette moi aussi. Je promets aussi de garder sans changement les traditions ecclésiastiques, les saints usages et offices de l'Eglise catholique orthodoxe. Je promets aussi de garder et maintenir fermement la paix de l'Eglise, de n'avoir en aucune manière de pensée contraire à la foi chrétienne catholique orthodoxe tous les jours de ma vie, d'être docile en tout et d'obéir toujours à notre Très Saint Seigneur et Père le Patriarche et au Saint Synode, d'être en parfait accord et entente avec les vénérés métropolites, archevêques et évêques, mes frères, conformément aux lois divines et aux canons sacrés des Apôtres et des Pères, d'avoir pour eux, de toute mon âme, un amour spirituel et de les vénérer fraternellement. Je promets de régir le troupeau qui m'est confié, dans la crainte de Dieu et avec un genre de vie qui lui soit agréable, de l'instruire de tout cœur et de le garder de toute hérésie, avec la plus grande attention. Je confesse également que ce n'est pas pour avoir promis ou donné de l'or ou de l'argent que j'accède à ce ministère, mais gratuitement, par choix de Sa Sainteté le Patriarche et du Saint Synode. Je promets en outre de ne rien faire par contrainte, même forcé par des personnes puissantes ou par une multitude de gens, même s'ils me menacent de mort, de faire quelque chose de contraire aux lois divines et sacrées ; ni de célébrer la Liturgie dans un autre diocèse ou d'y accomplir quelque rite sacré sans la permission de l'évêque de ce diocèse ; ni d'ordonner pour moi un prêtre, un diacre ou quelque autre clerc d'un autre diocèse, ni de les recevoir dans mon diocèse sans lettres dimissoriales de leur propre évêque. Je promets de visiter, selon la coutume des Apôtres, le troupeau qui m'est confié et de veiller à ce que les fidèles, et surtout les prêtres, persévèrent dans la foi et dans l'accomplissement des bonnes œuvres ; de les surveiller avec diligence et de les instruire ; d'empêcher que les schismes, les hérésies et les superstitions ne se multiplient et que les adversaires de la foi et des bonnes mœurs ne corrompent la vie chrétienne ; de traiter les adversaires de la Sainte Eglise avec intelligence et douceur, comme le dit l'apôtre Paul, «car un serviteur de Dieu ne doit pas être querelleur, mais accueillant envers tous, capable d'instruire, patient dans l'épreuve, et c'est avec douceur qu'il doit reprendre les opposants, en songeant que Dieu, peut-être, leur donnera de se convertir et de connaître la vérité». En outre, selon le précepte du Seigneur: « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu», je promets d'être loyal envers les autorités de notre patrie.
Tout ce à quoi je me suis engagé aujourd'hui, je promets de l'observer, jusqu'à mon dernier souffle, en vue des biens à venir. Que Dieu, qui sonde les cœurs, soit témoin de ma promesse!  Et dans l'action pastorale que j'assume avec zèle et sincérité, que me vienne en aide notre Sauveur Jésus Christ, à qui soit la gloire, la puissance, l'honneur et l'adoration, ainsi qu'au Père et à l'Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.