jeudi 28 février 2013

Un poète spirituel






Ce livre est un livre de spiritualité.

Il y a spiritualité et spiritualité. Il y a la spiritualité guimauve, bondieusarde, piétarde, dégoulinante de sentimentalité sucrée au point de donner du diabète à l’âme, la spiritualité pâmoison, la spiritualité « p’tit Jésus » qui a détourné du catholicisme (car c’est dans ce milieu qu’elle a prospéré au XIXe siècle, le protestantisme et surtout l’orthodoxie étant restés indemnes) des générations de fidèles écœurés et par compensation devenus infidèles. Et il y a la spiritualité vraie, inscrite dans la Tradition patristique et qui – mystique on non, ce n’est pas ce qui importe ici – cultive et diffuse la sérénité calme et joyeuse, l’allégresse de la vie que donne le Vivant, l’admiration de la beauté que répand le Créateur, l’amour que prodigue en surabondance l’Amour incarné. 

C’est évidemment cette spiritualité-là que cultive et diffuse ce précieux livre, qui est un livre de bonheur.

Car le christianisme est la religion du bonheur. Tant pis pour les pisse-vinaigre bénit, tant pis pour les sacristains tristes, comme disait François Mauriac. Ceux qui enseignent que le christianisme est une religion morne, rétrécie devant la vie, toujours sur la défensive, une religion de la tristesse et de la macération et de la mortification, sont des menteurs. Ce qu’ils prêchent, c’est un contre-évangile. Ce en quoi ils sont les agents de l’Adversaire…

Eh oui ! qui peut être attiré par la tristesse, la douleur, le malheur ? Ce n’est pas ce que Dieu veut pour l’homme. Ce que Dieu notre Père veut pour l’homme, ce que veut le Verbe incarné, frère aîné d’une multitude de frères (comme dit saint Paul), ce que veut l’Esprit donateur de vie, de lumière et d’amour, ce qu’en résumé veut la Divine Trinité, c’est le bonheur de l’homme !

 Certes, ce bonheur ne va pas sans souffrances, à cause du péché. Mais n’oublions pas que ces souffrances, le Christ les a partagées mystiquement à Gethsémani et continue à les partager mystiquement aujourd’hui : il a mal à ma jambe, il a mal à mon cœur, il souffre dans mon amour blessé… Le Christ est en agonie jusqu’à la fin du monde, a dit Pascal. C’est pourquoi ces souffrances, physiques, morales, spirituelles, nous pouvons, nous devons les vivre dans la joie – si paradoxal que cela puisse paraître – parce que nous pouvons, nous devons les vivre dans l’amour surabondant du Christ.

C’est tout cela que nous enseigne ce livre que j’ai qualifié de précieux, car non seulement il nous l’enseigne mais il commence à nous le faire partager, tant est grande la capacité d’entraînement, d’élan, de son auteur. Cet auteur est poète – et il y a des poèmes, six, dans cet ouvrage. Mais sa prose aussi est poème. Je ne dis pas « poétique », ce qui serait une qualité surajoutée. Non, elle est poème en elle-même. C’est-à-dire qu’elle est créatrice. On sait que le poète est « celui qui fait », celui qui crée, il participe à un haut degré de la faculté créatrice que Dieu a donnée à tout homme : il est co-créateur avec Dieu. Eh bien, l’écriture de Sébastien Morgan crée en nous un élan jubilatoire.

C’est en quoi ce livre est un livre de spiritualité totalement, véridiquement chrétienne.

Et je vais vous livrer un secret, qui ne vous dispensera pas, bien au contraire, d’acheter le livre : « Devenir soi-même », ce ne sont pas des recettes de self consciousness à la mode New Age. C’est tout simplement retrouver le Christ qui est au plus intime de chacun de nous. Et comment ? Eh bien, lisez le livre !

Grenoble, Le Mercure Dauphinois, 2013, 18€50






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