mercredi 30 juillet 2014

Anniversaire royal du 30 juillet

30 juillet 1094 : décès de Berthe de Hollande (née vers 1055), fille de Florent, comte de Hollande, et de Gertrude de Saxe, première épouse de Philippe Ier, reine de France (1072-1092). 


Berthe de Hollande

30 juillet 1108 : décès de Philippe Ier (né en 1052), fils de Henri Ier et d'Anne de Kiev, père de Louis VI le Gros, roi de France (1060-1108).


sceau de Philippe Ier
(dessin du XVIIIe siècle)

30 juillet 1683 : décès de Marie-Thérèse d'Autriche ou d'Espagne (née en 1638), fille de Philippe IV d'Espagne et d'Elisabeth de France, fille d'Henri IV, époque de Louis XIV, reine de France (1660-1683). 


Marie-Thérèse



Anniversaire royal et national du 27 jullet

27 juillet 1214 : victoire de Bouvines.

Première grande bataille nationale française.

L'armée réunie autour du roi de France Philippe Auguste et constituée de ses chevaliers et des milices communales (provenant de 17 communes) s'oppose à la coalition organisée par le roi d'Angleterre Jean avec la participation des plus grands seigneurs français (ce ne sera pas la dernière fois dans l'Histoire...) et le soutien de l'empereur du Saint Empire Othon IV.


Bouvines consacre le triomphe de la France avec son roi sur l'Angleterre et l'Allemagne soutenues par les Grands traîtres à leur patrie.


bataille de Bouvines

Discours prononcé par Monseigneur le Prince 

Louis de Bourbon, duc d’Anjou, 

le dimanche 27 juillet 2014

à l’occasion des célébrations du huitième centenaire de la 

Bataille de Bouvines



le duc d'Anjou à Bouvines


Excellence, (*)
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président du Conseil Général,
Madame le Vice-président du Conseil Régional,
Monsieur le Maire de Bouvines,
Mesdames et Messieurs les Maires,
Mesdames et Messieurs,

1214-2014.
Huit cent ans séparent ces deux dates, et Bouvines demeure un repère essentiel dans l’histoire de France. Une date charnière.

Croyez-bien que je ressens un grand honneur d’avoir été invité à cet anniversaire. J’y suis comme successeur, bien lointain il faut le dire puisque tant de siècles nous séparent, de Philippe Auguste, le vainqueur de Bouvines.

De telles commémorations nous font entrer profondément au cœur de l’histoire de notre Pays. Il y a quelque chose d’exceptionnel pour notre nation que de pouvoir s’inscrire dans une si longue durée, qui est aussi une occasion de réfléchir à notre destinée.
Pourquoi nous souvenons nous de Bouvines alors que les mots ont changé de sens, alors que des concepts nouveaux sont apparus, forgés par les événements si nombreux vécus par notre pays ?

Ainsi, que dire après 800 ans, d’encore audible pour nos concitoyens ?

Au-delà de la victoire elle-même, victoire un peu miraculeuse puisque les troupes royales étaient deux fois moins nombreuses que celles des coalisés du roi Plantagenêt et de l’Empereur, nous pouvons retenir trois enseignements de Bouvines :

- Le premier est l’affirmation de l’État.
Cela paraît à la fois lointain et parfois aussi, très présent. Lointain, car nous avons du mal à nous imaginer ce qu’était la société féodale, divisée en de multiples souverainetés avec quelques grands féodaux essayant de conquérir toujours plus de pouvoirs. Le Roi de France qui était le plus petit des grands, les a vaincus à Bouvines. Philippe en ce jour de juillet 1214, a affirmé, pour son temps comme pour le nôtre, qu’au-dessus des intérêts particuliers il y a le bien commun dont la fonction royale est garante. Ce n’est pas un hasard si la renommée lui a donné le surnom d’ « Auguste » (**) lui reconnaissant ce vieux titre hérité de Rome qui restait encore le modèle de l’État, c’est-à-dire d’un pouvoir non dépendant des hommes et de leurs égoïsmes passagers.
Oui, Bouvines marque la renaissance de l’État.

- Le second vient de la nouveauté de la bataille de Bouvines où, au-delà des troupes habituelles des chevaliers et de leurs servants, ce qui fit la différence, ce furent les milices bourgeoises des communes. Pour la première fois la société française, organisée en corps constitués, autour de ses métiers et de ses chartes communales, se manifestait.

- À Bouvines, unis sous la bannière de Saint-Denis, sont venus combattre ceux qui étaient fiers de leur autonomie et de leurs libertés à se gérer.

Ce droit qui en avait fait, pour la première fois de vrais sujets libérés de la tutelle des seigneurs, ils le devaient aux premiers capétiens qui favorisèrent les chartes de franchise contre la toute-puissance des féodaux.

La conscience politique du peuple de France est née à Bouvines. Ainsi, et c’est le troisième enseignement que je vois dans cette commémoration, se souvenir de Bouvines, huit cents ans après la victoire, permet de comprendre l’intérêt de l’histoire. Parfois la France donne l’impression d’oublier son passé, or c’est dans le temps long que notre pays s’explique. Il s’est constitué génération après génération. Les grandes dates que les écoliers apprennent sont autant de repères qui donnent du sens à nos vies.

Il faut nous en souvenir pour écrire de nouvelles pages, pour entrer dans l’avenir.

Une grande nation est celle qui sait s’inscrire dans le temps.

En m’invitant ici, en ce jour, à côté de toutes les autorités, héritier de la dynastie millénaire, j’imagine que c’est, Monsieur le Maire, ce que vous avez souhaité montrer.

Soyez remercié de m’avoir permis de le rappeler.

Notes :
(*) Son Excellence Monseigneur l’Archevêque de Lille.
(**) Philippe Auguste.



Anniversaire royal du 28 juillet

28 juillet 754 : sacre à Saint-Denis par le pape Etienne II de Pépin le Bref (714-768), fils de Charles Martel, roi de France (751-768).


déposition de Childéric III
et couronnement de Pépin par le pape Etienne II

Anniversaire royal du 26 juillet

26 juillet 1547 : sacre à Reims d'Henri II (1519-1559), roi de France (1547-1559).


Henri II

Anniversaire royal du 25 juillet

25 juillet 1137 : mariage de Louis VII et d'Aliénor d'Aquitaine 
(dissous en mars 1152)


mariage de Louis VII & d'Aliénor
 leur départ en croisade





Anniversaire royal du 22 jullet

22 juillet 1461 : décès de Charles VII (né en 1403), roi de France (1422-1461). 



Charles VII

Anniversaires royaux du 20 juillet

20 juillet 1031: décès de Robert II le Pieux (né vers 970), fils d'Hugues Capet et d'Adélaïde d'Aquitaine, roi de France (996-1031).



sceau de Robert le Pieux

20 juillet 1524 : décès de Claude de France (née en 1499), fille de Louis XII et d'Anne de Bretagne, épouse de François Ier, reine de France (1515-1524). 



Claude de France

Anniversaire royal du 18 jullet

18 juillet 1909 : décès de Charles de Bourbon (né en 1848), fils aîné de Jean de Bourbon (1822-1887), infant d'Espagne puis comte de Montizón, et de son épouse la princesse Marie-Béatrice de Habsbourg-Lorraine-Este (1824-1906), fille de François IVduc souverain de Modène.

Aîné des Capétiens et chef de la Maison de France après le décès du comte de Chambord le 24 août 1883.

Roi d'Espagne de jure pour les carlistes sous le nom de Charles VII.

Roi de France de jure pour les légitimistes sous le nom de Charles XI.




Charles de Bourbon, duc de Madrid

Anniversaire royal du 17 juillet

17 juillet 1429 : sacre à Reims (grâce à Jeanne d'Arc) de Charles VII, roi de France (1422-1461). 

couronnement de Charles VII

Anniversaire royal du 14 juillet

14 juillet 1223 : décès de Philippe Auguste (né en 1165), roi de France (1180-1223).



Philippe Auguste

Anniversaire royal du 10 juillet

10 juillet 1559 : décès accidentel d'Henri II (né en 1519), fils de François Ier et de Claude de France.


le tournoi au cours duquel Henri II fut blessé mortellement
par le comte de Montgomery (30 juin 1559)

mardi 29 juillet 2014

Anniversaire royal du 5 juillet

5 juillet 1554 : naissance d'Elisabeth d'Autriche (+ 1592), fille de l'empereur Maximilien II, épouse Charles IX, reine de France (1570-1574).



Anniversaires royaux du 3 juillet

3 juillet 987 : sacre à Noyon d'Hugues Capet, duc des Francs (vers 939-941), fils d'Hugues le Grand et d'Hedwige de Saxe, roi des Francs ou roi de France (987-996). 

Hugues Capet était le petit-fils de Robert Ier, roi de Francie occidentale et de Béatrice de Vermandois,  elle-même arrière petite-fille de Bernard roi d'Italie (petit-fils de Charlemagne). 


Issu de la famille des Hubertiens qui avait déjà donné deux rois (Eudes 888-898 et Robert Ier (922-923)  à la Francie occidentale ou France, apparenté à la dynastie carolingienne, il fut la souche de la dynastie capétienne qui devait régner sur la France durant plus de huit siècles. 







3 juillet 1423 : naissance de Louis XI (+1483), fils de Charles VII et de Marie d'Anjou, roi de France (1461-1483).



Louis XI

3 juillet 1642 : décès de Marie de Médicis (née en 1563), veuve d'Henri IV, reine de France (1600-1610) puis régente de France (1610-1614).


Marie de Médicis 

















lundi 28 juillet 2014

THÈME DU SALON MAÇONNIQUE DE LYON en 2015


Le Salon du Livre Maçonnique de Lyon qui aura lieu les 28 et 29 mars 2015 aura pour thème général : "FANTASMES et RÉALITÉ MAÇONNIQUE"

J’y suis invité en tant que conférencier et en tant qu’auteur.

Qu’on se le dise ! 



jeudi 24 juillet 2014

Anniversaire royal du 30 juin

30 juin 1470 : naissance de Charles VIII (+1498), fils de Louis XI et de Charlotte de Savoie, roi de France (1483-1498), roi de Naples (1495-1498), époux d'Anne de Bretagne (en 1491).



Charles VIII


Anniversaire royal du 29 juin

29 juin 922 : sacre de Robert Ier (vers 865-923), fils de Robert le Fort, comte d'Anjou,  et d'Adélaïde de Tours, roi de France (922-923). 
Deuxième roi capétien après Eudes (888-898) son frère,
et avant Hugues Capet (987-996), son petit-fils.


Robert Ier


Anniversaire du 27 juin

27 juin 1462 : naissance de Louis XII (+1515), fils de Charles d'Orléans et de Marie de Clèves, roi de France (1498-1515), duc de Milan, époux d'abord de Claude de France (fille de Louis XI, mariage dissous en 1498), puis d'Anne de Bretagne (+1514), et enfin de Marie d'Angleterre (soeur d'Henri VIII).



Anniversaire royal du 25 juin

25 juin 524 : décès de Clodomir (né vers 495), fils de Clovis et de sainte Clotilde, roi des Francs d'Orléans (511-524).


Clodomir

Anniversaire royal du 24 juin

24 juin 1768 : décès de Marie Leszczynska ou Leczinska  (née en 1703), épouse de Louis XV, reine de France (1725-1768).



la reine marie Leczinska en costume de sacre

Anniversaire royal du 23 juin

23 juin 1908 : naissance de Jacques de Bourbon, duc de Ségovie (+ 1975) roi de France de jure sous le nom d'Henri VI, fils du roi Alphonse III d'Espagne et de la reine Victoire Eugénie de Battenberg (petite-fille de la reine Victoria), époux d'Emmanuelle de Dampierre (1913-2012), tous deux grand-père et grand-mère de Louis-Alphonse de Bourbon, duc d'Anjou (né en 1974), roi de France de jure sous le nom de Louis XX.



Anniversaire royal du 20 juin

20 juin 840 : décès de Louis Ier le Pieux (né en 778), empereur d'Occident (814-840), fils de Charlemagne et d'Hildegarde, père de Lothaire, Pépin, Louis le Germanique et Charles le Chauve.



tombeau de Louis le Pieux à Saint-Arnould de Metz
(détruit à la Révolution)

lundi 21 juillet 2014

De la communion fréquente

Staretz Arsène du Mont Athos: De la Communion fréquente


Le staretz Arsène du Mont Athos est né en Russie, dans une famille de marchands. Il erra en pèlerin pendant plusieurs années avant d'entrer dans la vie monastique en Moldavie.
Après la mort de son staretz, il voyagea  avec un autre moine russe vers le «désert» du Mont Athos où, menant une vie de stricte pauvreté, il acquit une grande réputation comme ascète et guide spirituel expérimenté. Vers la fin de sa vie, il s'installa près du monastère de Stavronikita, continuant de diriger des milliers de moines russes. Il reposa en Christ le 24 mars 1846.

*

Celui qui mange ma chair et boit mon sang
demeure en moi et moi en lui
(Saint Jean 6:56)

*

Que peut-il y avoir de plus élevé et de plus souhaitable que ces paroles très réconfortantes de notre Sauveur dans lesquelles Il exprime tout Son amour, tout l'abîme infini de Sa compassion qui est donnée à l'homme dans le mystère de la Communion!

Avec quoi pouvons-nous comparer l'état d'un homme qui est uni avec le Seigneur Lui-même! C'est le mystère des mystères, si élevé qu'il ne peut être saisi qu'en partie par l'esprit limité de l'homme. Il nous suffit de savoir que dans le Mystère de la Communion nous est accordé le plus grand des dons de Dieu, et nous devons donc, par tous les moyens, essayer de vivre de telle manière que nous puissions le plus souvent aborder ce très saint mystère, qui était donné quotidiennement aux anciens chrétiens.

La Sainte Communion, renforçant nos pouvoirs spirituels et corporels, nous sert également comme une arme invincible pour vaincre l'Ennemi invisible de notre salut - le Diable.

Cet ennemi est extrêmement dangereux pour nous. Combien de pièges il tend pour notre ruine, dans lequels il essaie de tout son pouvoir de nous piéger; partout où nous allons, presque à chaque pas, ce mauvais esprit essaie de nous blesser, cherchant toujours à nous tromper et à nous tenter.

Nous voulons faire le bien, mais il nous entraîne dans le mal; nous voulons prier, mais il nous amène des pensées nauséabondes, la paresse, la lourdeur et ainsi de suite, en profitant de nos faiblesses et de notre inclination vers le péché. Combien beaucoup de soin, d'attention à soi, et d'auto-discipline nous est nécessaire, de peur que cet esprit cruel de malice ne l'emporte sur nous!

Il est d'autant plus dangereux qu'il est invisible pour nous, et il est extrêmement rusé et mauvais. Avec un tel  ennemi, nous devons utiliser une arme puissante; mais que peut être plus puissant que le plus saint Mystère de la Communion?

En soi, il s'agit d'une toute-puissance, car en participant au Corps et au Sang du Christ, nous recevons le Maître des cieux et de la terre, dont la puissance est infinie. D'autre part, [la Communion] contient en elle toute la puissance de notre grande rédemption qui a été accomplie pour nous par notre Sauveur, et dont le fruit fut le triomphe victorieux sur le royaume ténébreux du Diable.

Celui qui approche rarement ce Mystère salvifique s'éloigne lui-même du salut. Même le sens commun peut saisir la vérité de ceci. Celui qui reçoit souvent la Sainte Communion, permet aussi de purifier souvent sa conscience dans le mystère de la confession, et en revivant sa douleur et sa contrition sur les péchés qu'il a commis, il met la crainte salvifique de Dieu comme un sceau sur ​​son âme, la gardant du péché.

Pour y parvenir, il doit s'armer plus souvent avec de bonnes pensées et de bonnes œuvres qui le gardent du péché et l'attirent plus près de Dieu. Ensuite, selon la fréquence de la Communion, les bonnes dispositions et les vertus acquièrent une grande puissance et deviennent indispensables à l'âme.

Chacun de nous sait par expérience que la répétition fréquente d'une chose constitue une habitude en nous. Celui qui répète le péché est souvent lui-même un esclave du péché; celui qui cherche la vertu devient un combattant de la piété.

Ainsi, la personne qui participe souvent à la Communion acquiert nécessairement la disposition à servir le Seigneur avec ferveur, car elle croit vraiment en la puissance de ce mystère divin; elle loue Dieu avec joie et espoir, car elle veut vraiment croire que le Seigneur est son aide et son défenseur; elle se soumet à Lui avec humilité et amour, parce qu'elle aime vraiment le Seigneur qui l'a aimée et qui lui a accordé tout don céleste.

Les chrétiens d'aujourd'hui, pour la plupart, approchent les mystères salvifiques de la confession et de la Communion une fois par an (au milieu du 19e siècle, en Russie, et beaucoup encore aujourd'hui-ed.). Mais aux chrétiens des premiers siècles ce don était accordé quotidiennement. A partir de là, il est évident que la piété a diminué de nos jours, et qu'elle le fera encore à l'avenir.

On peut parfois entendre les gens dire qu'ils évitent d'approcher les Saints Mystères parce qu'ils se considèrent comme indignes. Mais qui est digne d'eux? Personne sur terre n'est digne d'eux, mais celui qui confesse ses péchés par la contrition sincère et se rapproche du calice du Christ avec la conscience de son indignité, le Seigneur ne le rejette pas, conformément à Ses paroles, je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi (Jean 6:37).

D'autres sont tellement pris dans la vanité du monde qu'ils ne trouvent pas de temps pour se préparer à la Communion, ou se préparent seulement rapidement pour ce devoir chrétien très sacré.

Quelle négligence concernant un tel grand don de Dieu, quelle négligence concernant le salut de son âme! Toute l'année, ils ne peuvent pas mettre de côté quelques jours encore pour le salut de leur âme, quand devant leurs yeux il y a des exemples presque quotidiens de mort subite.

Et nous ne resterons pas silencieux au sujet des personnes qui s'approchent en effet du calice du Christ indignement. De ces gens, la parole de Dieu dit: Celui qui mange et boit indignement, mange et boit un jugement contre lui-même, sans discerner le corps du Seigneur (I Corinthiens 11:29.).

En approchant ce Mystère impressionnant, nous disons: "Je ne te donnerai pas un baiser comme Judas." Qui est-ce qui donne au Seigneur, le baiser de Judas? Sans aucun doute, ce sont ceux qui, n'ayant pas purifié leur conscience par le repentir sincère, ne s'étant pas affligés de leurs péchés, approchent du calice du Christ sans la crainte de Dieu, ou ceux qui, après avoir été unis au Seigneur, ayant été sanctifiés par Son très saint Don et librement purifiés de leurs transgressions innombrables, du frai de l'Esprit de malice, retournent de nouveau à leurs infamies, et redeviennent esclaves de Satan. Malheur, malheur éternel, à ces gens!

Concluons notre discours sur la Communion aux Saints Mystères du Christ en soulignant quelques-unes des innombrables bénédictions qu'elle dispense à ceux qui communient dignement.

Selon l'enseignement de l'Église (cf. les prières avant et après la Communion), ce très saint Mystère du Corps et du Sang donne à ceux qui y participent dignement le renforcement des articulations et des os, la guérison de diverses infirmités, la santé, la force, la préservation, le salut et la sanctification de l'âme et du corps, l'aliénation et la purification de l'âme souillée, la préservation de toutes les œuvres et paroles qui corrompent l'âme, la protection de toutes les actions du Diable, un rempart et une aide pour disperser l'Ennemi (par exemple, les mauvais esprits); l'éloignement de tous les fantasmes, actes mauvais et du travail du Diable agissant mentalement dans nos membres; la destruction totale par le feu des pensées et des entreprises mauvaises, et des fantasmes nocturnes des esprits sombres et mauvais; la correction de la vie et la confirmation de la sainteté de vie, l'observance des commandements, l'augmentation de la vertu et de la perfection, l'illumination des sens, la paix des puissances de l'âme, la foi sans honte, la plénitude de la sagesse, l'illumination des yeux du cœur, l'audace et l'amour envers Dieu, le don de l'Esprit Saint, une augmentation de la Grâce divine; la demeure en notre âme de Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit; le renforcement de la vie, un gage de la vie et du Royaume à venir, un viatique pour la vie éternelle, une bonne défense devant le redoutable Tribunal du Christ, et la Communion aux bénédictions célestes.

Avec une conscience purifiée par le mystère de la confession et avec un désir sincère de corriger notre vie, nous arrivons de plus en plus souvent à partager le Repas Céleste qui nous est donné dans le Mystère du Corps et du Sang du Christ, et par la digne réception de ce don sublime, nous pouvons également recevoir ces innombrables dons qui sont accordés dans ce grand Mystère, et goûtant dignement ce Pain très Saint ici-bas sur ​​la terre, nous pouvons être dignes de participer ainsi plus complètement au Christ dans le Ciel, et de rester éternellement en communion avec Lui et dans la vision face à face de Jésus-Christ, notre Créateur, Maître et Rédempteur. Puissions-nous tous en être jugés dignes par Son bon plaisir et Sa bienfaisance.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
ATHONITE LEAFLETS N°105, 8th EDition,
Saint Panteleimon's Monastery, 1905
Published in  Orthodox Life N° 6, 1978

cité par PRAVMIR

jeudi 17 juillet 2014

Anniversaire maçonnique du 16 juillet

16 juillet 1782 : ouverture du célèbre convent de Wilhelmsbad 


sous la présidence du duc Ferdinand de Brunswick, Eques a Victoria,
avec l'assistance du prince Charles de Hesse-Cassel, Eques a Leone Resurgente, de Jean-Baptiste Willermoz, Eques ab Eremo,
et de 32 autres délégués de toute l'Europe continentale.

(à suivre)



mardi 15 juillet 2014

Le retour aux racines orthodoxes de l'Occident


CONVERSATION ENTRE LA MONIALE CORNELIA [REES], ET L’ARCHIMANDRITE GABRIEL [BUNGE] : Nous devons retourner à nos racines.





  Père Gabriel


Il y a une quinzaine d'années, j'ai eu une occasion unique de visiter l'ermitage d'un hiéromoine et théologien catholique dans les montagnes de Suisse. Il était bien connu pour ses écrits sur les saints Pères de l'Église chrétienne, et non moins bien connu (du point de vue occidental moderne), pour son mode de vie monastique inhabituel. Quelque peu familière de l’apparence que les monastères catholiques présentent généralement aujourd'hui, je ne m'attendais pas à me sentir tellement à l'aise comme moniale orthodoxe dans son ermitage catholique.
Après avoir gravi un chemin boisé de montagne jusqu’à une petite maison dans les arbres, nous avons été accueillis par un homme âgé austère, sa barbe grise flottant sur sa soutane noire. Sa tête était couverte d'un capuchon portant une croix rouge brodée sur le front. C'était comme si nous avions été transportés dans le désert égyptien, pour voir Saint Antoine le Grand. Tandis que lui et son compagnon d’ascèse Père Raphaël nous offraient le thé, nous avons parlé de l'Église d’Orient et d’Occident, et de l'Église orthodoxe russe. Mais il n'était pas question pour eux de rejoindre cette Église, cela aurait même créé un malaise d'en parler.
Nous sentions que nous étions entrés brièvement en contact avec un moine qui était un avec nous en esprit, bien qu'il ne fût pas dans notre Eglise, et nous nous sommes quittés avec la joie de cette agréable révélation, alors que Père Gabriel faisait le signe de la Croix sur nous à la manière orthodoxe.





Monastère de la Sainte Croix, Roveredo, Suisse.

Père Gabriel n'a jamais eu et n'a toujours pas de communication électronique avec le monde extérieur, et nous avons très peu entendu parler de lui ou eu contact avec lui après notre visite. Néanmoins, nous ne l’avons pas oublié, et dans l'intervalle, nous n'avons jamais cessé de penser à quel point ce serait bien, s'il était en communion avec nous, les orthodoxes. Mais jamais nous n'aurions essayé d'aborder ce sujet avec lui, nous sentions en quelque sorte que Dieu le guidait comme Il l'entendait.
Père Raphaël, un suisse, est décédé depuis, et Père. Gabriel est l'higoumène et le seul moine de ce qui est maintenant le monastère de la Sainte Croix, qui fait partie de l'Eglise orthodoxe russe. Il a été baptisé orthodoxe à la veille de la Dormition de la Mère de Dieu à Moscou, en août 2010. Il est maintenant l’Archimandrite mégaloschème Gabriel. Récemment à Moscou malgré un calendrier très exigeant, Père Gabriel a quand même pris le temps de parler avec nous.


Père Gabriel, bien que vous ayez parlé de votre vie dans d'autres interviews, parlez-nous encore un peu de vous.

Je vis à Roveredo, petit village d'environ 100 habitants. Mon monastère est au-dessus du village dans les bois, dans les montagnes de la région de Lugano, la partie italienne de la Suisse.

Vous aviez été catholique depuis l'enfance?

Oui, mais pas un catholique pratiquant toute ma vie. Mon père était luthérien, et ma mère catholique, et j'ai été baptisé catholique. Mais comme cela arrive souvent dans ces cas, aucun de mes parents ne pratiquait sa religion. Ni mon père ni ma mère n’allaient à l'église. Et moi non plus. Mais comme les jeunes gens agissent toujours à leur guise, j'ai redécouvert la foi de mon baptême. Au début, je suis allé à l'Eglise catholique, par moi-même. Mes parents ne m'ont pas encouragé, ils le toléraient seulement.

Même votre mère?

Elle était catholique croyante, mais en raison de son mariage avec un luthérien, elle perdit la pratique. Ce n'est que beaucoup plus tard, quand j'étais déjà moine, qu’elle est retournée à l'église et a commencé à pratiquer sa foi catholique. Mon père allait à contrecœur avec elle, au moins à Pâques ou Noël, parce qu'il ne voulait pas passer les vacances seul.

Où êtes-vous né?




Cathédrale de Cologne pendant la Seconde Guerre mondiale.

Je suis né à Cologne, mais nous sommes partis de cette ville en raison de la guerre quand j’étais âgé de deux ans. Cette ville, vieille de près de 2000 ans, a été presque rasée. C'était comme Hiroshima. Environ quatre-vingts pour cent a été détruit, et les Américains ont même suggéré qu'elle soit reconstruite ailleurs: il semblait inutile d'essayer de reconstruire sur ces cendres. Mais les gens étaient très attachés à leur ville; la grande cathédrale était encore debout, bien que fortement endommagée. Les douze églises romanes [1] étaient terriblement endommagées aussi. Pendant dix ans, nous n’avons pas vécu à Cologne, mais dans une petite ville à la campagne. C’est seulement en 1953 qu’il fut possible pour nous de revenir. Donc, j'ai passé ma jeunesse à Cologne, et j’y suis allé au collège. J'aime toujours beaucoup cette ville.




Eglise de Saint-Géréon, abside.

La cathédrale gothique, merveille de l'architecture gothique, a été construite sur le lieu où toutes les cathédrales l’avaient été depuis les temps des premiers chrétiens. L'un des premiers évêques de Cologne était un proche collaborateur de l'empereur Constantin. Sous la tour nord est un baptistère du IVe siècle. Il y a une église Saint-Géréon à Cologne, où l'octogone est jusqu'à cinq ou six mètres. Il s'agit d'une église romane, du quatrième siècle, et elle a des reliques des martyrs romains. Il y a tellement de traces nombreuses de l'Église indivise, des débuts du christianisme, et par ces faits archéologiques même, j'ai été "poussé" à creuser plus profondément dans les fondements de l'Eglise. Je suis historien de formation, numismate.

Est-ce que ces souvenirs vous font sentir le désir de "reconstituer" l’Europe avec l'Eglise du christianisme primitif?

Bien sûr, je ne connaissais pas l'Eglise orthodoxe pendant longtemps. Je n'ai découvert l'existence de l'Orthodoxie que petit à petit. Certains de mes amis orthodoxes d'aujourd'hui m'ont dit que les catholiques savent que nous "existons", et rien de plus. Des gens simples demandent même: "Vous vénérez aussi la Mère de Dieu?"
 Ceci arrive même cinquante ans après Vatican II, qui semblait "ouvrir les fenêtres" de ce qui était l'Église catholique très fermée, et leur connaissance de l'Orthodoxie est toujours très pauvre. Je devais découvrir ceci petit à petit pour moi. Je ne connaissais aucune communauté orthodoxe; il n'y avait pas d'églises orthodoxes dans les villes, parce que les Russes, au moins, célébraient dans les églises protestantes qui leur étaient données pour quelques heures le dimanche, comme c'est souvent le cas encore aujourd'hui. A Lugano, les orthodoxes russes ont acheté une petite église protestante qui était vide et inutilisée. Toutes les autres communautés orthodoxes, comme les Roumains, célèbrent dans les églises catholiques qui leur sont données pour qu’ils les utilisent. Mais maintenant, nous avons une petite église, qui doit être payée. Elle est progressivement transformée en église orthodoxe, avec une iconostase et tout le reste.
Donc, j'ai dû découvrir l'Orthodoxie petit à petit. Quand j'avais environ dix-neuf ans, après le lycée, je suis allé avec un ami à Rome, et là j'ai découvert la période chrétienne primitive: les catacombes, les vieilles églises, celles fondées par les saints Constantin et Hélène, et ainsi de suite. C'était très impressionnant. Je dois avouer que cela a renforcé ma conscience de moi-même en tant que catholique. Rome est terre apostolique : là est le tombeau de saint Pierre, là de saint Paul, Sainte Marie Majeure, Sainte Croix, Saint Jean de Latran... toutes ces églises paléochrétiennes, cette continuité archéologique incroyable. Mais c'est beaucoup plus tard que j'ai découvert que bien qu'il y ait une continuité au niveau de l'architecture, il n'y avait pas de continuité au niveau de l'Eglise apostolique, de la fondation.




Fresque de la Nativité du Christ, Santa Maria Maggiore, Rome.

Je n'ai découvert que plus tard que Sainte Marie Majeure et les autres églises ont toujours été les mêmes, mais cette continuité n'existe pas à d'autres niveaux, les niveaux les plus essentiels. Il en va de même avec les anglicans. Ils ont la cathédrale de Saint-Augustin à Canterbury sur un seul niveau, mais sur le plan théologique, il n'y a pas de continuité, il y a une cassure. Cependant, à l'époque, j'étais trop jeune pour être conscient qu'il y a tant de cassures et d’interruptions dans l'histoire de l'Église d'Occident. Je devais le découvrir par moi-même, progressivement.
Les gens me demandent souvent pourquoi je suis devenu orthodoxe, et s’il y a eu un moment crucial ou un événement dans cette évolution. Il y eut un moment crucial, et bien que je l’aie déjà dit, je le répète. Je devais le découvrir, d'abord sur le plan littéraire, à travers les livres, la musique, etc.  Il en est de même pour le monachisme, j’ai eu à découvrir son esprit à travers les écrits des Pères du désert.
Mais j'ai découvert l'Orthodoxie réelle, vivante,  à l'âge de vingt et un ans, quand j'étais en Grèce. J'étais étudiant, pas encore moine. Je ne pouvais pas encore entrer au monastère parce que mon père ne le permettait pas. J'étais trop jeune. Je remercie le ciel qu'il ne l’ait pas permis, car de cette manière j'ai eu l'occasion de visiter la Grèce avec d'autres étudiants, et d’y découvrir l’Orthodoxie vivante. J'ai vu de saints monastères, et j’ai même rencontré un saint moine. Je suis allé à la Liturgie.
C'était avant Vatican II. Les Grecs étaient extrêmement gentils et amicaux avec moi en tant que catholique. Aujourd'hui, ce serait sans doute différent, parce que les catholiques ont complètement changé envers les orthodoxes.
  



Pour le meilleur ou pour le pire?

Du pire au meilleur. Mais maintenant, les orthodoxes gardent leurs distances parce qu'ils se sentent envahis. J'ai visité les séminaires et les monastères en Grèce, et une fois, j’ai dit aux moines et aux étudiants, "Tout va bien ici, et j'aime bien, mais... il est dommage que vous soyez séparés de nous." La réponse immédiate a été, "vous avez tort, c'est vous qui vous êtes séparés de nous," et j'ai donc été confronté pour la première fois (je n'avais que vingt et un ans) à ce problème fondamental de la séparation qui est vue d'une manière différente en Orient et en Occident.
Qui a raison? A vingt et un ans, je n'avais pas les moyens de vérifier la réponse. Seulement peu à peu, je les ai obtenus, et ainsi j’ai découvert que, en fait, c'est l'Occident qui s'est séparé du socle commun. Il est la continuité archéologique, dans les célèbres églises de l'époque de Constantin et Hélène, par exemple, mais au niveau de la théologie essentielle, de la Liturgie, et de tout le reste, il n'y a pas de continuité. Mon petit livre, Vases d'argile, [2] parle un peu de l'aspect qui est très essentiel: à savoir qu'il y eut une interruption.

Vous avez mentionné que vous avez lu le livre de l'historien allemand Johannes Haller [3] sur l'histoire de l'Eglise jusque dans les années 1500, ainsi que d'autres livres sur la papauté, comme celui de l'abbé Guettée. [4]

Oui, en fait je suis en train de lire le livre de Haller maintenant. C'est purement un livre d'histoire, tandis que le livre de Guettée est polémique. Vous voyez, Haller était impartial, très calme, et il avait un accès gratuit à la bibliothèque du Vatican. Il s'agit d'un livre d'histoire objective, à l'esprit très calme, mais il est très puissant. Les faits sont accablants.

Vous avez dit que vous êtes heureux de lire sur l'histoire de l'Église maintenant, et de ne pas l’avoir fait avant, car cela aurait pu causer la perte de votre foi. Pourriez-vous nous en dire plus? Vous pensez que vous aviez besoin d’être plus fort afin de faire face aux faits. Est-ce exact?

Je pense que la foi chez les jeunes gens doit être préservée et protégée. Lorsque vous aurez une base solide, des critères suffisants dans votre esprit, et une foi forte, vous serez en mesure de juger.

Vous voulez dire une base solide dans la foi chrétienne, et pas nécessairement dans la foi catholique?

Oui, alors vous pouvez vous confronter à cette masse de faits historiques.

Parce que vous pensez que ces faits pris en eux-mêmes peuvent être trop dévastateurs ou scandaleux pour les gens?

Oui, bien sûr. Vous voyez, l'histoire n'est pas la théologie. L'histoire, c’est juste les faits, ce qui s'est passé. Le travail de Haller décrit tous les hauts et les bas... C’est fascinant, mais c’est de la véritable histoire. Cela vous fait vous demander…

L’histoire, sans rien cacher?

Oui, sans rien cacher; et la revendication du Pape de la primauté, d'être le chef de l'Église. C’est très étrange. Dès le IVe siècle, le pape Damase affirma que l'Église romaine (pas encore le Pape !) a la primauté sur toutes les autres Églises, à cause de ce que Jésus-Christ a dit à Pierre: "Tu es pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise" (cf. Mt. 16:08). Donc ils (Rome), ont très bien identifié cette pierre avec une institution, avec quelque chose de visible de l'Église romaine. Bien que de très nombreux Pères de l'Église, de l'Orient et de l'Occident, identifient cette pierre, comme saint Ambroise de Milan l’a fait dans l'année 382, avec la foi du peuple. C'est la confession de Jésus-Christ comme Fils du Dieu vivant. Ce n'était pas la foi personnelle de Pierre; il n'était pas meilleur théologien ou meilleur Apôtre que les autres Apôtres. Cela lui a été révélé par le Père. C'est la pierre qui ne peut être détruite.
Pierre prouve peu de temps après qu'il ne comprenait rien de cette confession. Il est appelé "diable". Le Seigneur dit: "Arrière de moi, Satan" (cf. Mt. 16:23), et ainsi de suite. Non seulement saint Ambroise, mais les pères les plus importants de l'Orient et de l'Occident disent également la même chose. Pour l'Église catholique romaine, il est absolument évident que cette roche est la personne de Pierre. Et Pierre, selon la tradition est mort à Rome, et ce doit donc être l'Église romaine, et son successeur, l'évêque de Rome, qui est cette pierre. Mais Pierre alla en de nombreux endroits. Pourquoi faut-il que cela soit l'endroit où il est mort? Beaucoup de gens pourraient prétendre avoir sa tombe... mais il est mort à Rome, comme l'a fait saint Paul. Mais est-ce une raison suffisante pour que cette ville, qui fut la capitale de l'Empire romain à l'époque, devienne aussi le chef de toutes les Églises? S'il y a une ville qui pourrait prétendre à ce titre, ce serait Jérusalem, la ville où notre Seigneur est mort, et pas Pierre. A Jérusalem, il y a le tombeau de notre Seigneur, et là Il est ressuscité. Le chef de l'Eglise est en tout cas notre Seigneur.

Cela m'a toujours semblé être un exemple dévastateur de ce qu'on appelle en russe "плотское мудрование"[5]- l'esprit charnel, une manière purement terrestre de penser.

Oui, et il s’est immédiatement installé. Et ce qui est choquant dans cette histoire de la papauté par Haller, est précisément cet aspect du monde, comment les moyens spirituels, tels que l'excommunication et l'interdit, ont été utilisés en permanence, depuis des centaines d'années, simplement pour des raisons politiques. Et ce qui est encore plus choquant, c'est que les gens n'ont même pas pris la peine de respecter ces interdits. Des pays entiers étaient sous l'interdit; ce qui signifie pas de messe, pas de sacrements, pas de cloches, rien.

Pourquoi?

Pourquoi? Parce que le roi ne voulait pas céder à des prétextes territoriaux du pape. Le pape s’est toujours battu pour son propre état, qui est devenu de plus en plus grand, puis de plus en plus petit, et il existe toujours, de même que la fonction dans la Cité du Vatican. Ce fut toujours pour ces raisons politiques, territoriales. Mais la plupart de ces pays, des centaines de rois, d’évêques même, n'y ont tout simplement pas prêté la moindre attention. Ils ont continué à célébrer la messe, à dispenser les sacrements, et ainsi de suite.

Alors, ils étaient techniquement dans la "désobéissance" au Pape?

Parfaitement. Pour moi, c'était choquant. Même aujourd'hui, c’est choquant. Il est choquant que ces moyens spirituels soient utilisés pour des raisons politiques, purement matérielles, et que ceux qui ont été touchés par ces interdits ne s’en souciaient pas. Alors, vous pouvez imaginer que cela détruirait progressivement l'Eglise de l'intérieur. Vous comprenez mieux pourquoi le christianisme occidental s’est détruit et continue de se détruire de l'intérieur. Pas de l'extérieur.
C'est horrible, je dois le dire. C'est ce que j'appelle "sécularisation". Il y a des papes qui se sont battus lors de batailles. C’était une chose ordinaire pour les cardinaux d'avoir des armées, et ainsi de suite. C'est la sécularisation. Cela signifie que l'Église a été la fermeture de son propre horizon sur elle-même pour inclure des intérêts de plus en plus laïques. Les Papes défendaient (c’est compréhensible) leur indépendance vis-à-vis de l'empereur, dont en fait, ils avaient besoin, parce que sans l'empereur, ils n’auraient plus été indépendants des ducs, du roi de Sicile, etc. Vous commencez à comprendre beaucoup de choses.

Je suppose que vous lisez ce livre en langue allemande originale. Y a-t-il des traductions?

C'est un classique, mais je ne sais pas, il y a des dizaines de livres de ce genre. Je ne citais ce livre que pour vous dire que, même maintenant, après, je suis toujours intéressé par ces questions, et à lire des  livres qu’il m’était interdit de lire pendant mon temps de recherche. Je ne pense pas que cela aurait été très utile pour moi alors de toute façon, parce que j’aurais complètement perdu ma foi.

Interdit par qui?

Par mes professeurs de la faculté catholique de l'université. En Allemagne, la théologie est enseignée par l'Etat, et donc j'ai reçu ma formation théologique d'une université d'Etat. Donc, je continue à étudier juste pour approfondir ma compréhension des raisons de la séparation entre l'Orient et l'Occident. Bien sûr, vous pouvez comprendre beaucoup comme cela, mais il y a encore un grand mystère que je suis encore incapable de comprendre: Pourquoi Dieu a-t-Il permis cela?




Père Gabriel Bunge dans son monastère en Suisse.
[en train de préparer le pain liturgique]

Vous pouvez dire que c'était la faute du Pape, mais les fidèles n'avaient pas le choix. C'est ce que je dis à mes amis maintenant. Je dis: "Écoutez, vous ne devriez pas critiquer ou condamner les catholiques. Ils sont tout simplement nés du mauvais côté de la rue. Ce n'est pas leur faute. Ils n'ont pas le choix. Ils n'ont jamais eu d'autre choix. Tout l'Occident appartenait au patriarcat romain, qui est progressivement devenu de plus en plus grand; ils ne faisaient pas partie des autres patriarcats. Dans tous les cas, ils n’en font pas partie aujourd'hui. C'est leur faute, ils sont simplement nés là.

Ceci, cependant, fait venir à l'esprit une question que je me pose toujours. Je suis moi-même occidentale, une convertie à l'orthodoxie, je n'ai pas de racines orthodoxes en Orient, et donc ma question n'est pas destinée à être antioccidentale. Cependant, pourquoi sommes-nous [occidentaux] apparemment si enclins à la pensée terrestre, laïque dans le domaine de la religion, plus que l'Orient chrétien? Théoriquement, le même processus aurait pu se produire n'importe où.

En théorie, oui, mais dans la pratique, cela n’est pas arrivé. Je pense que c'est parce que la sécularisation est un processus très long, et son expression la plus claire est le protestantisme, qui est un phénomène catholique interne.

C'est un phénomène interne catholique dans l'Église occidentale, qui a eu lieu après sa séparation de la partie orientale de l'Église. Il ne pouvait pas se développer avant. Je vais vous raconter une expérience vraiment terrible. Je parle de l'histoire, mais peut-être qu’il vaut mieux parler de ma propre "petite histoire" de soixante-trois ans. Je suis entré au monastère à vingt-deux ans, exactement l'année où le Concile Vatican II a été ouvert. Avec mon expérience grecque orthodoxe et ainsi de suite, je suis devenu moine à Chevetogne, [7] et nous étions vraiment plein d'espoir qu’alors l'Église romaine retournerait sur le chemin, et il y avait beaucoup de signes que c'est ainsi que cela se produirait. Paul VI avait un désir très fort et profond de réconciliation avec l'Eglise orthodoxe. Il était l'incarnation de ce Janus (double face) de l'Église d'Occident.

D'un côté, il voulait concélébrer la Liturgie avec le patriarche Athënagoras lors de leur rencontre à Jérusalem, et il apporta un calice d'or pour ce faire. Mais les œcuménistes (Dieu merci !) séparèrent ces deux vieillards, car après un tel acte, cela serait devenu pire que ce que c’était auparavant. Ainsi, ils n’officièrent pas ensemble. Il a proposé de donner le calice au patriarche. Mais il est bien prouvé qu'il voulait, à travers des réformes liturgiques, faire que la messe en latin devienne acceptable pour les protestants, ne pensant pas, ne sachant pas que ce serait dans le même temps devenu totalement inacceptable pour les orthodoxes.

Vous pouvez voir que l'Eglise catholique est entre ces deux positions opposées : orthodoxe d’Orient et protestante d'Occident. Mais l'évolution générale n'est pas allée vers l'Orient, mais vers l'Occident. C’est devenu une lente "autoprotestantisation" de l'Église, une "auto-sécularisation" romaine, avec toute la destruction, à la fois physique et spirituelle, que nous avons vue. Ce fut un véritable désastre historique de dimensions invisibles.

Vous voyez, le protestantisme est un virus catholique de l’intérieur. Et l'Eglise catholique romaine n’a pas d'anticorps contre ce virus. L'anticorps est l'Orthodoxie, qui n'a jamais été, depuis cinq cents ans, tentée par le protestantisme. Même s'il y a un patriarche œcuménique qui a des sympathies pour le calvinisme (comme cela arriva une fois), c'est local. Cela n'a aucune influence sur la conscience orthodoxe. C’est seulement limité, et c'est tout. L'Eglise orthodoxe a eu beaucoup d'occasions d'être infectée par le protestantisme et la laïcité, mais elle n'a pas succombé, uniquement en surface.

Rhume, plutôt que cancer?

Oui, un rhume, pas un cancer. C'est vraiment une tragédie de dimension historique. Beaucoup de catholiques sont conscients de cela maintenant, parce qu'ils ne considèrent plus l'Église orthodoxe comme une concurrente ou un adversaire. C'est pourquoi ils l’aident de toutes les manières à établir ses paroisses en Occident. Ils lui donnent leurs églises afin que les orthodoxes puissent servir les liturgies sur des autels catholiques, ce qui aurait été inimaginable avant.




Liturgie orthodoxe dans la Chapelle Palatine, à Palerme.

Soit dit en passant, le printemps dernier, il y avait une délégation de Russie présente à une célébration en Sicile, commémorant l'aide apportée par des soldats russes aux victimes du grand tremblement de terre de Messine en 1908. Les membres du clergé russe présents ont été invités à servir la Liturgie de la congrégation orthodoxe locale dans la Chapelle Palatine de Palerme.

Ah, c’est bien. Les Russes célèbrent continuellement des Liturgies solennelles dans la cathédrale Saint-Nicolas à Bari. J'y ai vu une Liturgie célébrée par un métropolitain de Russie, environ 20 prêtres, avec un grand chœur. Et j'ai pensé, "C'est la liturgie requise par cette belle cathédrale. Mais quand ce fut fini, la messe en latin a commencé... et on a envie de pleurer. Vous voulez demander: "Que faites-vous ici?"
Dans un sens, c'est quelque chose hors de l'ordinaire, mais cela montre que de nombreux catholiques ne sont plus sûrs qu'ils ont raison.




Cathédrale Saint-Nicolas de Bari, en Italie.

Parmi ceux qui sont hésitants, pensez-vous qu'ils pourraient aller dans le sens de l'Orthodoxie, ou pourraient-ils au contraire tout abandonner?

La seule façon dont je vois ceci arriver, c'est que s’ils se tournent vers leur propre orthodoxie, parce que si Dieu opère un miracle sans précédent qui tourne tout le monde vers l’Orthodoxe byzantine, il y a toute une culture à l'œuvre pour l'empêcher. Ce n'est pas juste une question de textes, ou de formules.

Mais ils doivent retourner à leur propre orthodoxie, à leurs propres traditions. Pendant toutes ces années, quand j'ai écrit mes petits livres, mon but était le suivant: en tant que moine, aider les gens à avoir une vie spirituelle, à redécouvrir, à réintégrer leur propre héritage spirituel, qui est bien sûr le même que le nôtre, parce que nous avons les mêmes racines.

Mais le succès de mon entreprise, au moins parmi les moines, est proche de zéro. Surtout parmi les moines. Les livres sont lus par la plupart des laïcs, et non par des prêtres et des moines. Les moines sont ceux qui pratiquent le yoga, le zen, le reiki, et ainsi de suite. Quand vous dites cela aux moines russes ils sont choqués, ils ne peuvent pas imaginer ce qui se passe. Je ne les juge pas; Dieu merci, c’est notre Seigneur qui jugera le monde et pas moi. Mais cela signifie que les gens ne sont pas à la recherche d'une solution, d’une réponse dans leur propre tradition. Ils sont à la recherche à l'extérieur de celle-ci, dans les religions non chrétiennes.

Pour moi, les moines catholiques qui pratiquent la méditation Zen sont comme les moines zen qui prient le Chemin de Croix. C’est complètement absurde. Dans le bouddhisme, la souffrance a une origine différente; elle est surmontée d'une manière différente de la chrétienté. Il n'y a pas de Sauveur crucifié. Pourquoi devraient-ils méditer sur les Stations de la Croix? Bien sûr, ils ne le font pas.

Et comment un moine chrétien, qui croit en un Dieu personnel, pourrait-il prier dans l'univers impersonnel du Zen?

Dans les monastères, ils ont des jardins zen... mais pourriez-vous imaginer le Chemin de Croix dans un monastère Zen? Les moines bouddhistes à genoux devant les stations? C'est inimaginable.

Ils ont comme perdu leur identité propre.

Mais ce qui est si frappant, c'est qu'ils ne cherchent même pas à creuser leur propre terrain, pour trouver leurs propres racines, la source, qui a été comblée par des ordures. Ils semblent convaincus qu'il n'y a rien là, et qu’il n’y a jamais rien eu.

Nous devons donc chercher cette source aussi. Je me souviens très bien de ma jeunesse monastique: il y avait ceux dans le monastère qui estimaient qu'il n'y avait rien, que tout était sec. Puis vint un maître zen, un jésuite (très bien connu, il est mort il y a longtemps), et ce fut une révélation. Au moins, c'était quelque chose de spirituel... Ils n'avaient vu que le formalisme. Grâce à Dieu, j'avais découvert les saints Pères et la littérature monastique primitive avant mon arrivée au monastère. Ce n'était pas le monastère qui m'a enseigné. J'ai continué ma recherche dans le monastère.

A Chevetogne?



Abbaye de Chevetogne, Belgique.

Oui. J'y suis allé parce que cela semblait plus proche de ce que j'ai découvert en Grèce. Pour dire la vérité, j'ai été envoyé là-bas. J'étais entré dans une abbaye bénédictine en Allemagne. Mon maître des novices, l'abbé, un saint homme, m'aimait beaucoup, et il pouvait voir que je n'étais pas au bon endroit. Il a sacrifié son novice prometteur et il l'a envoyé à Chevetogne, pour voir si cela était plus approprié.

Quand j'ai fait ma profession monastique lui-même est venu me rendre visite. C’était un saint homme. Mon confesseur, moine trappiste, a également été un saint homme. J'ai eu la chance de rencontrer plus d'un saint homme, même en Occident. Ils existent encore.

Je sens que mon propre chemin c’est de prouver, même pour les orthodoxes, qu'il est possible, même dans la tradition occidentale, de redécouvrir un terrain d'entente, et d’en vivre. Vous pouvez le faire, non  par vous-même, bien sûr, mais seulement avec la grâce de Dieu. Mais je suis arrivé au point où je ne pouvais plus supporter de n'être qu’en communion spirituelle avec l'Eglise orthodoxe si proche de mon cœur. Je voulais une communion sacramentelle réelle. Par conséquent, je l'ai demandée.

Croyez-vous que, sur ce chemin où l’on creuse jusqu'aux racines de sa propre tradition occidentale, certains se sentiront obligés inévitablement de passer à l'étape que vous avez franchie?

C’est difficile à dire, car il ne serait pas techniquement possible pour tout le monde de le faire. En Occident, l'Église orthodoxe n'était pas si bien représentée. Maintenant, c’est en train de changer. J'ai beaucoup d'amis qui suivent le même chemin, ils sont "orthodoxes", mais pas d'une manière confessionnelle. Je ne sais pas s’ils deviendront jamais orthodoxes. Ma propre expérience m'a appris que vous ne trouverez pas toujours de l'aide du côté orthodoxe.

Le prosélytisme n'est pas normalement orthodoxe, et vous ne trouverez parfois même pas de l'aide concrète. J'ai même été découragé. C’était un théologien bien connu (je ne dirai pas qui)... j'étais jeune étudiant, et il m’a littéralement interdit à moi, et à d'autres moines de Chevetogne de devenir orthodoxes. Il a dit, non! Vous ne devez pas devenir orthodoxes! Vous devez souffrir dans votre chair le drame de la séparation. Je l'ai fait, parce que je n'avais pas d'autre moyen.

Je me suis adressé un autre métropolite orthodoxe russe pour avoir de l'aide: il ne m'a pas aidé. Il m'a repoussé. Et c'était la volonté de Dieu. Au bon moment, tout est allé vraiment bien. Vraiment. Comme une lettre à la Poste. Mais avant, cela semblait impossible.

Je suis sûr que tout se passe selon la volonté et le plan de Dieu, mais pensez-vous que peut-être les orthodoxes devraient fournir davantage d'encouragement à ceux qui sont en recherche? A ceux qui sont en train de creuser profondément, mais qui n’arrivent pas aux racines?

Ils devraient mieux connaître leur propre foi, et être capables de répondre à des questions. Ils ne devraient pas critiquer tout et tout le monde.

Comme de nombreux convertis sont enclins à le faire.

 Oui, les convertis sont les juges les plus sévères. Mais, oui, ils devraient être en mesure de répondre à des questions essentielles. Cependant, je parle de ma propre expérience, en Suisse. Je suppose que c'est différent en Amérique, où il y a des centaines d’églises différentes, des dénominations protestantes, et elles sont tous égales, pour ainsi dire. Il existe également, malheureusement, des dizaines d’Eglises orthodoxes.

Oui, l'Amérique a le problème inverse: trop de choix.

C’est une source de confusion.

Malgré cela, il est encore difficile pour certains Américains orthodoxes d’aller de l'avant et de dire: "Ceci est la véritable Église."

Néanmoins, c’est plus facile en Amérique parce qu'il n'y a pas d’Église "dominante". Ce n'est pas comme en Italie, en Espagne ou même en Allemagne, où il y a deux Églises dominantes, la catholique et la protestante. Côte à côte, ou l'une sur l'autre ; en fonction de comment vous le voyez, l'Eglise catholique est une confession dominante. Toute activité orthodoxe serait mal reçue, je suppose, d'autant plus qu’ils dépendent de la bonne volonté de l'Église catholique. Pour obtenir une église, pour célébrer, lorsque vous êtes trop pauvres pour construire votre propre église, vous avez besoin de la bonne volonté des évêques catholiques. Mais je pense que la situation en Amérique est différente.

Bien sûr, l'Eglise catholique est puissante en Amérique, mais en Amérique du Nord, ils sont entrés initialement dans un milieu protestant, anglo-saxon. Néanmoins, l'Eglise catholique a amené de nombreuses œuvres de bienfaisance, des hôpitaux, des écoles en Amérique, bien que beaucoup de gens oublient cela.

Oui, mais ils ne devraient pas. Quoi qu'il en soit, je suis contre toute forme de prosélytisme, mais nous avons à répondre à des questions, à dire comment les choses sont, si les gens veulent savoir. Dieu appelle tout le monde en ce, disons, "bon endroit."

Une dernière question. Les populations locales qui ne sont pas orthodoxes viennent-elles jamais passer dans votre monastère et vous questionner à ce sujet?




Père Gabriel Bunge. Mégaloschème.

La population locale me connaît depuis trente ans, mais la vie monastique qui est mienne fut toujours très spécifique; et parce qu'ils ne connaissent pas les moines, il n'y a pas de moines (il y avait des frères franciscains là-bas, qui ne sont pas des moines), ils se sont toujours demandé quel genre de frères que nous étions.

Nous étions vêtus de noir, nous avions la barbe, nous avions l’habitude de porter des cuculles, et nous semblions assez démodés. Leur propre saint local du Ve siècle était également habillé comme nous, mais ils ne le connaissaient plus. Ils savaient que nous étions très proches de l'Orient chrétien, des saints Pères, et que ce que je dis aujourd'hui n'est pas différent de ce que j'ai toujours dit. C'est une chose que les gens ont remarqué quand je suis devenu orthodoxe.

Une dame, une simple femme au foyer sans formation universitaire, qui savait que nous sommes devenus orthodoxe, a déclaré, "Je veux juste que vous sachiez que vous serez toujours notre Père Gabriel, et vous faites ce que vous nous avez toujours appris à faire : à revenir à nos racines. L'Eglise orthodoxe est juste comme elle était au commencement."

Donc, une personne simple sans études théologiques peut en comprendre le sens. Ils n'ont pas été choqués. Il n'y avait pas d'opposition contre nous. Il arrive parfois, alors que nous marchons dans les rues, que les gens disent: "Père, je peux vous poser une question?" Je dis, d'accord. "Êtes-vous un moine orthodoxe?" Je dis, oui. "Bravo!"

Ils ne sont plus habitués à voir des moines. Les seuls moines qu'ils voient sont des moines orthodoxes. Les frères franciscains portaient des vêtements profanes, de sorte que si vous ne les connaissiez pas personnellement, vous ne saviez pas qu’ils étaient frères. Mais les moines orthodoxes doivent toujours être identifiés comme tels. Et pour ces gens, ce n'est pas une provocation. Ils se sentent renforcés. Ils disent, très bien! Bravo! Je dois dire que je ne m'attendais pas à cette réaction.

Quand je fus intronisé comme higoumène de mon monastère (un bien grand mot pour une petite réalité), il y avait plusieurs catholiques présents, beaucoup d'entre eux moines bénédictins. Ils ont demandé s'ils pouvaient venir; ils voulaient être là. Ils étaient présents à la Liturgie orthodoxe, et je les ai présentés à l'évêque, qui les reçut aimablement. Cela n'a pas été perçu comme un acte d'hostilité contre eux, ou contre l'Église catholique, mais plutôt comme la conséquence finale de ce que j'avais toujours enseigné.

Ils pouvaient voir votre intégrité dans ce domaine.

Beaucoup d'entre eux souhaiteraient même faire la même chose, mais ils sont trop liés au monde dans lequel ils vivent; ou bien leur connaissance de l'Orthodoxie, de la tradition apostolique, est trop pauvre. Donc, nous devons revenir à nos racines.

Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après
PRAVOSLAVIE.RU
http://orthodoxologie.blogspot.fr/


NOTES :

 [1 Les 12 églises romanes de la vieille ville de Cologne vont du IVème au XIIIème siècle. Le style Roman combine les traits des bâtiments romans et byzantins.

[2] Père Gabriel [Bunge] : Vases d’Argile publié par Spiritualité Orientale/ Bellefontaine

[3] Johannes Haller :16 octobre 1865–24 décembre 1947.

[4] Réné-Francois Guettée (1er décembre 1816–10 Mars, 1892). Après son étude complète de l’Histoire de l’Eglise, le prêtre catholique romain Guettée, fut de plus en plus déçu par l’Eglise dans laquelle il était né, et il fut finalement reçu dans l’Eglise orthodoxe russe sous le prénom de Wladimir. Voir aussi http://fr.wikipedia.org/wiki/Wladimir_Guettée
et http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5773595r

La plupart des livres de Père Wladimir sont à télécharger en ligne sur google books. A monumentale Histoire de l’Eglise a été éditée par Le monastère orthodoxe de Lavardac

[5] Azbuka.ru, encyclopédie du Christianisme  Orthodoxe en ligne, définit “плотское мудрование“ (plotskoe mudrovanié) comme "la manière de penser d’un homme déchu."

[6] L’Abbaye de Chevetogne, aussi connue sous le nom de  Monastère de la Sainte Croix, est un monastère Catholique romain Bénédictin situé dans le village de  Chevetogne,  municipalité of Ciney, Province de Namur, à mi-chemin entre Bruxelles and Luxembourg. Elle fut fondée en 1939. Le monastère a deux églises, une de rite Latin et une autre de rite Byzantin.

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