mardi 26 avril 2011

CHRIST EST RESSUSCITE !

Christ est ressuscité !


Oui, il est ressuscité, vraiment !


De même qu'il est né, véritablement, dans notre humanité soumise à la mort, de même il est ressuscité, véritablement, dans notre humanité libérée de la mort.


Contemplons ce double mystère :


La naissance dans le temps, du sein de la Vierge, du Fils pré-éternel engendré avant tous les temps par le Père sans commencement, « l'Ancien des jours » (comme dit l'Ecriture), a été un événement capital, unique, qui a totalement changé le cours de l'Histoire en lui donnant un sens nouveau : l'Histoire de la chute est devenue l'Histoire du salut.


La chute d'Adam, de l'Homme premier – chute volontaire, même si elle n'était pas entièrement consciente, car la conscience de l'homme n'était pas complètement éveillée, c'était en quelque sorte celle d'un enfant, disent les Pères, qui parlent de l'enfantillage du péché – cette chute avait précipité la race humaine dans la prison du péché et de la mort. Et le temps était devenu en quelque sorte la muraille infranchissable de cette prison dans laquelle l'homme tournait en rond, entraîné par la roue de la destinée, courbé sous le joug de la fatalité de la destruction inexorable, sous ses deux aspects de la mort corporelle et de la mort spirituelle, c'est-à-dire le péché.


L'incarnation du Verbe a fait éclater cette roue, elle a renversé cette muraille. Comme l'écrit notre Père saint Irénée :


« Afin de nous procurer la vie, le Verbe de Dieu se fit chair selon l'économie de la Vierge afin de détruire la mort et de vivifier l'homme : car c'est dans la prison du péché que nous nous trouvions, pour avoir cédé au péché et être tombé ainsi sous le pouvoir de la mort. Riche en miséricorde, Dieu le Père nous envoya donc son Verbe industrieux. Celui-ci, venant pour nous sauver, descendit jusque dans les endroits et les lieux mêmes où nous nous trouvions, et il brisa de la sorte les chaînes de notre prison ».


Le Verbe descend « dans les endroits et les lieux mêmes où nous nous trouvons » : cela veut dire qu'il endosse notre humanité pécheresse, tombée sous la loi du péché ; qu'il endosse notre « corps de mort », comme dit l'apôtre Paul, c'est-à-dire condamné à la mort et porteur de mort. Comme nous le disons à chaque liturgie dans le Canon eucharistique : « il est descendu des cieux, a pris la forme d'esclave (esclaves du péché et de la mort, c'est ce que nous sommes), acceptant de plein gré de souffrir pour libérer son œuvre et la reformer à l'image de sa gloire ».


Oui, il a pris sur lui toutes les souffrances du monde : souffrances physiques, morales et spirituelles ; c'est ce que nous avons récapitulé tout au long de la Semaine sainte.


Lui, le Juste, l'Immaculé, il a pris, et il prend, sur lui tous nos péchés, tous nos crimes, tous ceux de tous les pécheurs de tous les temps passés, présents et à venir.


Lui, l'Innocent, il se soumet aux insultes, aux humiliations, aux tortures, celles de toutes les victimes de tous les temps : et c'est la comparution devant Pilate, la flagellation, le couronnement d'épines, le chemin de croix...


Lui, l'Immortel, il se soumet à la mort sur le gibet dans les agonies de tous les condamnés, innocents ou coupables, de tous les temps.


Sur la croix, il expérimente l'abandon de tous : ses disciples ont fui, seule sa Mère reste, avec quelques femmes (et aussi Jean) à l'écart.


Et cet abandon va jusqu'à une limite inconcevable : l'abandon de Dieu ! D'où ce cri : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ! » Lui, Dieu, abandonné par Dieu ! Quel abîme de mystère ! En quelque sorte, il accepte l'occultation de sa propre divinité afin de descendre au fond du désespoir humain.


Or, de sa part, pas un cri de refus, de révolte... Seulement acceptation totale, abandon à la volonté du Père, et pardon.


Et don, également. Car il nous lègue, en la personne de Jean, qui nous représente tous (car nous sommes tous le disciple bien aimé), ce qu'il a de plus cher : sa Mère. Et il nous lègue , en la personne de sa Mère, cette humanité qu'il a reçue d'elle, qui est la nôtre, qu'il a sanctifiée et qu'il va glorifier.


Car voici : événement foudroyant ! « il brise les chaînes de la mort et sort victorieux des enfers ténébreux » : il ressuscite par sa propre puissance, non pas Dieu seulement, mais Dieu et homme.


Il est né, comme nous, homme mortel ; il nous fait,comme lui, hommes immortels.


Il nous ressuscite personnellement aussi avec lui, « lui, Adam nouveau, père d'une nouvelle humanité, Premier-né d'entre les morts », et cela parce que nous sommes un avec lui comme lui est un avec son Père.


Et où et comment sommes-nous un avec lui ? Où ? Dans l'Eglise, qui est son corps et dont il est la tête. Comment ? Par les mystères que l'Eglise célèbre et pour lesquels elle a été instituée.


Oui, l'Eglise est porteuse de la Résurrection. Non seulement elle l'annonce, elle en témoigne, elle la proclame à la face du monde, mais plus encore : elle actualise, elle rend présente, effective et réelle cette résurrection du Christ et de nous tous, dans la célébration du mystère eucharistique et en particulier chaque dimanche, « jour du Seigneur », qui est à chaque fois la Pâque renouvelée.


Soyons conscients de cela : dans le mystère eucharistique, si nous le vivons dans la plénitude de la foi, nous accomplissons notre propre résurrection en même temps que celle du Christ, dans celle du Christ ; nous sommes libérés de la prison du péché et de la mort, nous sommes sauvés !


En tant que nous sommes dans le monde, nous sommes assujettis au péché et à la mort ; mais en tant que nous ne sommes plus du monde, nous ne sommes plus esclaves du péché ni de la mort. Nous pouvons les dominer avec et dans le Christ. Nous sommes pécheurs, mais justifiés, nous sommes mortels, mais immortels : féconde antinomie... si nous savons tenir ensemble ces deux bouts de la chaîne.


Pour nous, chrétiens, nous qui sommes du Christ, nous qui sommes le Christ (c'est le sens du mot « chrétien »), la Résurrection est le seul motif de notre vie. Sans la Résurrection, comme dit l'apôtre Paul, « vaine est notre foi, vaine est notre prédication, et nous sommes de faux témoins devant la Face de Dieu ». Mais si la Résurrection est le motif de notre vie, il faut la vivre concrètement et effectivement chaque jour. Chaque jour nous devons vivre concurremment et notre mort et notre résurrection : pas l'une sans l'autre, les deux ensemble.


Vivre la Résurrection et vivre en Christ sont deux choses rigoureusement synonymes. Le Christ n'a-t-il pas proclamé : je suis la Résurrection et la Vie ?


Notre seule occupation doit donc être de faire croître en nous le Christ ressuscité.


Comment y parvenir ? Il y a maintes méthodes, mais deux sont parfaitement éprouvées, que le Christ lui-même a enseignées par la parole et par l'exemple : le don et le pardon.


Le don de soi : « il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » - étant entendu que, selon l'enseignement du Christ, nos ennemis sont aussi nos amis. Le don de soi ne requiert pas de grands actes héroïques, ce peut être simplement donner du temps, de l'attention, de l'écoute, du respect, de la bienveillance, un sourire : comme on peut, chacun à sa mesure, mais avec constance, pas par éclipses.


Le pardon : c'est le moyen le plus sûr de nous rendre conformes au Christ. « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font » : telle est la prière de notre Seigneur au moment même où on le crucifie, telle sera aussi la prière de saint Etienne, le protomartyr, le premier martyr. Le pardon est libérateur : c'est un moyen efficace de nous libérer de la loi du péché, qui est la loi de la haine.


Les deux ensemble, don et pardon, peuvent se dire autrement : charité et amour.


« Là où est la charité et l'amour, là est Dieu. C'est l'amour du Christ qui nous rassemble et nous unit [...] Et qu'au milieu de nous demeure le Christ notre Dieu » : voilà ce que nous chantons le Jeudi saint. Et à Pâques : « C'est la joie de la résurrection ; pardonnons tout à cause de la résurrection ! » Le pardon prolonge pour nous et en nous la réalité de la résurrection.


Laissons-nous inonder et transporter de joie devant la beauté du Christ ressuscité, le plus beau des fils de l'Homme, notre Beau Dieu.


Et ensuite partageons cette joie avec la terre entière. Annonçons-la à toute la création : aux hommes, aux animaux, aux arbres, aux plantes, aux pierres du chemin, aux rivières et aux océans, en clamant, le cœur empli d'allégresse et d'action de grâce :


Christ est ressuscité !






lundi 18 avril 2011

La nouvelle TOB

La nouvelle édition de la TOB, Traduction Œcuménique de la Bible

Un événement important, présenté comme suit par ses concepteurs:

« Il y a cinquante ans, les éditeurs des Sociétés bibliques française et suisse et les Editions du Cerf engageaient les premiers entretiens avec des biblistes audacieux en vue de donner une traduction œcuménique de la Bible. Ils n’imaginaient pas alors l’ampleur de la tâche à laquelle ils allaient associer, pour deux générations, plus de cent cinquante universitaires, exégètes, prédicateurs, réviseurs, dont les noms sont inscrits avec gratitude au début des éditions de la TOB. Fondés sur des amitiés de la résistance spirituelle partagée dans les années 1940, bénéficiant du renouveau ecclésial, biblique et œcuménique aux premières lueurs du concile catholique Vatican II, développant le travail commun entre exégètes et universitaires dans les années 1950, ils ont réalisés l’une des plus belles œuvres de création intellectuelle, culturelle et religieuse du XXème siècle. La mise en chantier de cette traduction œcuménique de la Bible, de même que les travaux successifs de révision (éditions de 1988 et 2004), ont constitué, de bout en bout, une extraordinaire aventure humaine, intellectuelle et spirituelle...

La TOB, première traduction française jamais réalisée en commun par des chrétiens catholiques, protestants et orthodoxes, a ouvert une voie qu’admirent de nombreuses initiatives interconfessionnelles dans d’autres langues.

L’aventure n’est pas terminée. L’édition 2010 de la TOB, outre des corrections importantes, franchit un nouveau pas dans sa vocation œcuménique. Elle propose à la lecture de tous six textes admis traditionnellement par les Eglises orthodoxes mais jusque-là non intégrés dans les sommaires des Bibles françaises. Il fallait bien cet ouvrage pour marquer l’évènement. Comme une balise sur un chemin qui se poursuit. »

Les éditeurs : Cerf – Bibli’O



Bernard Coyault, secrétaire général de l’Alliance biblique française et directeur de sa branche éditoriale Bibli’O, précise :

"C’est une étape importante, un grand changement dans cette édition même si cela ne concerne qu’un petit nombre de pages sur l’ensemble de l’Ancien et du Nouveau testament. Ces 6 livres, 4 récits et 2 prières, ont été ajoutés à la fin de l’Ancien Testament.

Il ne s’agit pas d’une nouvelle traduction en tant que telle mais plutôt d’une importante révision. Outre l’ajout des nouveaux livres, elle porte à la fois sur le texte et sur les notes. Le travail biblique a été supervisé par l’Association œcuménique pour la Recherche biblique (AORB) dont les deux éditeurs sont aussi membres.

La première intuition qui a donné naissance à la TOB remonte à 50 ans en arrière et la première édition à 35 ans ; ensuite il y eut deux révisions (1988 et 2004) avant celle qui paraît en 2011.

Deux formats pour la TOB

Traditionnellement il y a toujours eu deux formats de la TOB : d’une part, l’édition dite « à notes intégrales », qui est une Bible d’étude ; et d’autre part, l’édition « à notes essentielles », destinée à la lecture courante. Il faut reconnaître qu’à ses débuts le succès de la TOB provenait en grande partie des introductions très approfondies présentant le contexte historique de rédaction des textes, les auteurs, la théologie et les contenus de chacun de ces livres. Cette version d’étude est parue en 1975. Ceux qui présidèrent à la traduction étaient des érudits, des biblistes catholiques, protestants et orthodoxes. Leur travail était destiné à des personnes familières du texte biblique et de son étude : prêtres, pasteurs etc. Mais très vite, un intérêt certain - voire un besoin - à l’égard de cette traduction, se manifesta auprès du grand public, d’où la parution d’une version à notes réduites, plus accessible, destinée à un usage plus courant. Cette « petite TOB », existe aussi en édition brochée, pour un public de personnes curieuses de découvrir les textes mais ne voulant ou ne pouvant y consacrer qu’un budget limité. Les deux maisons d’édition, l’une protestante, l’autre catholique, possèdent conjointement les droits sur le texte de la traduction ainsi que sur les notes et les introductions. Les décisions concernant les éditions de la TOB, tant au niveau des formats que des contenus sont prises ensemble. Mais traditionnellement, les Editions du Cerf prennent en charge la fabrication de la grande TOB à notes intégrales et Bibli’O, la société biblique française, celle de la petite TOB, à notes essentielles. Nous poursuivons assidument et passionnément le même objectif : donner au plus grand nombre, et donc pas seulement aux gens d’église ou aux croyants, l’accès aux textes bibliques. La Bible est un patrimoine extraordinaire, un héritage que nous avons reçu, qui appartient à tous, que chacun peut s’approprier à sa manière dans une approche culturelle ou dans une approche spirituelle ou croyante. C’est là notre responsabilité d’éditeur de la Bible."

Un nouvel apport orthodoxe

Nous avons demandé à Sophie Stavrou, Maitre de conférences de grec à l’Institut de théologie orthodoxe Saint Serge (Paris), si toutes les Bibles contenaient les mêmes textes :

"Cette nouvelle parution avec l’apport de ces 6 livres contenus jusqu’à présent uniquement dans les Bibles orthodoxes, correspond à une étape supplémentaire dans le travail proprement œcuménique qui est la spécificité de la TOB.

L’essentiel du corpus biblique est la bible hébraïque ; c’est celle qui est commune aux juifs et aux chrétiens ; elle comprend 39 livres qui constituent ce qu’on appellera le premier canon, c’est à dire la première liste de textes sur laquelle tout le monde est absolument d’accord.

Pourquoi donc d’autres livres (appelés « deutérocanoniques ») ont tantôt été acceptés dans les bibles, tantôt chassés, tantôt, pour les distinguer des autres, imprimés en petits caractères ou placés à la fin des éditions ? Pour le comprendre, il faut remonter au 3ème siècle avant Jésus-Christ à Alexandrie, au moment où débute la première traduction de la Bible : une entreprise qui voit le jour au sein de la communauté juive d’Alexandrie (de langue grecque), où pour avoir un accès direct au texte et aussi peut-être à la demande du pouvoir local, on va entreprendre une traduction de la Bible de l’hébreu au grec qui va se poursuivre sur plusieurs siècles : au 3ème siècle avant Jésus Christ pour s’achever au 2ème siècle après Jésus Christ. Ce corpus va être appelé la Septante parce que, d’après la tradition, soixante-dix savants, ou sages, auraient ensemble rédigé, écrit cette traduction qui représente la tradition biblique de la communauté juive d’Alexandrie. Elle comprend des textes que nous connaissons en grec mais dont nous avons perdu l’original hébreu ; elle comprend aussi des livres qui n’existent qu’en grec. Alors que petit à petit, la communauté juive va se recentrer sur le texte biblique palestinien, en hébreu laissant de côté les livres qui n’existent qu’en grec ;inversement, les premiers chrétiens vont s’approprier et lire l’Ancien Testament dans cette traduction ancienne grecque. C’est à partir de cette traduction de la "Septante" que sera réalisée la traduction en latin, ainsi que les premières traductions dans les autres langues comme l’arménien, le copte, le syriaque. L’Eglise Orthodoxe est restée fidèle à cette version grecque ancienne alors que du côté occidental, à partir de St Jérôme, au 4ème siècle, puis plus tard à l’époque de l’Humanisme, se manifeste le désir d’un retour à la « vérité hébraïque » : un recentrage sur ces livres essentiels du canon hébraïque et cette tendance à finalement ne plus publier, ne plus prendre en compte les textes qui n’existent qu’en grec et qui vont petit à petit disparaître."

Les 6 textes de tradition orthodoxes ajoutés dans cette nouvelle version de la TOB :

Nous lui avons demandé de nous décrire les 6 textes de tradition orthodoxes qui ont été rajoutés dans cette nouvelle version de la TOB :

"L’un des 6 textes, la prière de Manassé est un texte que Luther chérissait particulièrement et qu’il avait traduit et intégré dans sa Bible en allemand, c’est aussi un moyen d’avoir une vision diachronique de la Bible avec l’ajout de ces quelques textes.

Il y a d’abord les 3ème et 4ème livres d’Esdras. Le 3ème livre d’Esdras est un peu en double emploi avec certains des 39 livres du canon hébraïque commun, ce qui peut expliquer pourquoi il a été abandonné. Il raconte le retour des Hébreux à Jérusalem après la déportation à Babylone. Il contient un morceau de bravoure, plein d’humour et tout à fait original : une joute oratoire, à la cour du roi de Perse, entre 3 pages qui vont essayer de savoir qui est le plus fort et qui va l’emporter entre le vin, les femmes, ou la vérité.

Le 4ème livre d’Esdras présente un univers complètement différent, c’est pourquoi je parle d’une grande variété dans ces six nouveaux livres. Il a été écrit après la destruction du Temple de Jérusalem en 70 après Jésus-Christ. C’est un texte très étrange parce que composite : le début et la fin ont été écrits par des rédacteurs chrétiens alors que la partie centrale est une apocalypse juive enchâssée entre ces chapitres rédigés par des chrétiens.

Il s’agit d’un texte apocalyptique qui reprend les thèmes de la mort, de la vie après la mort, du destin du peuple élu au moment où le temple a été rasé ; donc un moment d’un très grand traumatisme et où Esdras apparaît comme une sorte de nouveau Moïse qui va réécrire les livres. C’est un texte extrêmement mystérieux mais dont certains extraits sont employés dans la messe de requiem en occident.

Autre univers, les 3ème et 4ème livres des Maccabées. Ces 2 livres ont pour point commun l’importance du thème du martyr (un peu comme dans l’histoire d’Esther) et aussi la difficulté du peuple juif à vivre en diaspora, dans un univers étranger, entouré de peuples différents, avec un pouvoir politique qui peut lui être hostile.

Le 3ème livre des Maccabées est un véritable roman historique. Il raconte comment le roi de l’époque - on est à Alexandrie au 3ème siècle avant JC - organise l’arrestation de tous les juifs qui ont refusé de sacrifier à Apollon. Il décide de tous les parquer dans l’hippodrome d’Alexandrie avant de les faire massacrer par ses éléphants qu’il a enivrés en leur faisant boire de l’alcool et respirer de l’encens… Mais vous pouvez deviner la fin : les juifs fidèles au Dieu unique seront sauvés.

Le 4ème livre des Maccabées, à nouveau un texte très original, propose une manière de penser la foi en termes philosophiques. Il est donc très contemporain. Le livre débute par une sorte de traité, qui pourrait être un traité stoïcien, sur l’importance de maitriser les passions ; et, au fond, il y a une sorte de convergence entre la sagesse, qui est la maitrise des passions, et le respect de la loi juive, le respect de sa foi. Comme exemple donné de cette ataraxie, de cette façon de maitriser les passions, on nous raconte avec un luxe de détails à faire dresser les cheveux sur la tête, la souffrance et le martyr des sept frères Maccabées ainsi que du prêtre de Jérusalem et de la mère de ces sept frères. C’est un texte important dans l’Eglise orthodoxe parce que les frères Maccabées sont fêtés au calendrier, le 1er aout, à cette occasion on lit le récit de la vie de ces personnages.

Pour terminer, deux courtes prières, courtes en taille mais qui ont une grande importance. La première de Manassé vient meubler un « blanc » dans un autre livre biblique, un fait assez courant. Le 2ème livre des Chroniques raconte que le roi Manassé, un roi impie et criminel qui a mené une entreprise systématique de destruction du culte du dieu d’Israël pour introduire le culte des idoles au point de sacrifier même à ces idoles ses propres enfants, est finalement battu à la guerre. Manassé se retrouve prisonnier, enchaîné à Babylone, et là, au fond de son cachot, il connaît un retournement intérieur. Mais le livre des Chroniques ne nous dit pas les mots de cette prière que Manassé a adressée à Dieu dans sa prison. C’est le thème de ce texte très lyrique, une sorte de poème dans lequel Manassé, dans son acte de reconnaissance de Dieu, demande à celui-ci de changer vis-à-vis de lui. C’est le très beau texte d’une rencontre personnelle entre Manassé et Dieu, dans un changement d’attitude réciproque.

Il y a enfin le court psaume 151, un psaume supplémentaire qui retrace la vie de David. Dans les manuscrits du Moyen-Age il était souvent considéré comme une sorte de signature du roi David à la fin des psaumes. Dans notre édition de la TOB, il vient clore le corpus de l’Ancien Testament comme une sorte d’action de grâce de David."