mardi 15 juillet 2014

Le retour aux racines orthodoxes de l'Occident


CONVERSATION ENTRE LA MONIALE CORNELIA [REES], ET L’ARCHIMANDRITE GABRIEL [BUNGE] : Nous devons retourner à nos racines.





  Père Gabriel


Il y a une quinzaine d'années, j'ai eu une occasion unique de visiter l'ermitage d'un hiéromoine et théologien catholique dans les montagnes de Suisse. Il était bien connu pour ses écrits sur les saints Pères de l'Église chrétienne, et non moins bien connu (du point de vue occidental moderne), pour son mode de vie monastique inhabituel. Quelque peu familière de l’apparence que les monastères catholiques présentent généralement aujourd'hui, je ne m'attendais pas à me sentir tellement à l'aise comme moniale orthodoxe dans son ermitage catholique.
Après avoir gravi un chemin boisé de montagne jusqu’à une petite maison dans les arbres, nous avons été accueillis par un homme âgé austère, sa barbe grise flottant sur sa soutane noire. Sa tête était couverte d'un capuchon portant une croix rouge brodée sur le front. C'était comme si nous avions été transportés dans le désert égyptien, pour voir Saint Antoine le Grand. Tandis que lui et son compagnon d’ascèse Père Raphaël nous offraient le thé, nous avons parlé de l'Église d’Orient et d’Occident, et de l'Église orthodoxe russe. Mais il n'était pas question pour eux de rejoindre cette Église, cela aurait même créé un malaise d'en parler.
Nous sentions que nous étions entrés brièvement en contact avec un moine qui était un avec nous en esprit, bien qu'il ne fût pas dans notre Eglise, et nous nous sommes quittés avec la joie de cette agréable révélation, alors que Père Gabriel faisait le signe de la Croix sur nous à la manière orthodoxe.





Monastère de la Sainte Croix, Roveredo, Suisse.

Père Gabriel n'a jamais eu et n'a toujours pas de communication électronique avec le monde extérieur, et nous avons très peu entendu parler de lui ou eu contact avec lui après notre visite. Néanmoins, nous ne l’avons pas oublié, et dans l'intervalle, nous n'avons jamais cessé de penser à quel point ce serait bien, s'il était en communion avec nous, les orthodoxes. Mais jamais nous n'aurions essayé d'aborder ce sujet avec lui, nous sentions en quelque sorte que Dieu le guidait comme Il l'entendait.
Père Raphaël, un suisse, est décédé depuis, et Père. Gabriel est l'higoumène et le seul moine de ce qui est maintenant le monastère de la Sainte Croix, qui fait partie de l'Eglise orthodoxe russe. Il a été baptisé orthodoxe à la veille de la Dormition de la Mère de Dieu à Moscou, en août 2010. Il est maintenant l’Archimandrite mégaloschème Gabriel. Récemment à Moscou malgré un calendrier très exigeant, Père Gabriel a quand même pris le temps de parler avec nous.


Père Gabriel, bien que vous ayez parlé de votre vie dans d'autres interviews, parlez-nous encore un peu de vous.

Je vis à Roveredo, petit village d'environ 100 habitants. Mon monastère est au-dessus du village dans les bois, dans les montagnes de la région de Lugano, la partie italienne de la Suisse.

Vous aviez été catholique depuis l'enfance?

Oui, mais pas un catholique pratiquant toute ma vie. Mon père était luthérien, et ma mère catholique, et j'ai été baptisé catholique. Mais comme cela arrive souvent dans ces cas, aucun de mes parents ne pratiquait sa religion. Ni mon père ni ma mère n’allaient à l'église. Et moi non plus. Mais comme les jeunes gens agissent toujours à leur guise, j'ai redécouvert la foi de mon baptême. Au début, je suis allé à l'Eglise catholique, par moi-même. Mes parents ne m'ont pas encouragé, ils le toléraient seulement.

Même votre mère?

Elle était catholique croyante, mais en raison de son mariage avec un luthérien, elle perdit la pratique. Ce n'est que beaucoup plus tard, quand j'étais déjà moine, qu’elle est retournée à l'église et a commencé à pratiquer sa foi catholique. Mon père allait à contrecœur avec elle, au moins à Pâques ou Noël, parce qu'il ne voulait pas passer les vacances seul.

Où êtes-vous né?




Cathédrale de Cologne pendant la Seconde Guerre mondiale.

Je suis né à Cologne, mais nous sommes partis de cette ville en raison de la guerre quand j’étais âgé de deux ans. Cette ville, vieille de près de 2000 ans, a été presque rasée. C'était comme Hiroshima. Environ quatre-vingts pour cent a été détruit, et les Américains ont même suggéré qu'elle soit reconstruite ailleurs: il semblait inutile d'essayer de reconstruire sur ces cendres. Mais les gens étaient très attachés à leur ville; la grande cathédrale était encore debout, bien que fortement endommagée. Les douze églises romanes [1] étaient terriblement endommagées aussi. Pendant dix ans, nous n’avons pas vécu à Cologne, mais dans une petite ville à la campagne. C’est seulement en 1953 qu’il fut possible pour nous de revenir. Donc, j'ai passé ma jeunesse à Cologne, et j’y suis allé au collège. J'aime toujours beaucoup cette ville.




Eglise de Saint-Géréon, abside.

La cathédrale gothique, merveille de l'architecture gothique, a été construite sur le lieu où toutes les cathédrales l’avaient été depuis les temps des premiers chrétiens. L'un des premiers évêques de Cologne était un proche collaborateur de l'empereur Constantin. Sous la tour nord est un baptistère du IVe siècle. Il y a une église Saint-Géréon à Cologne, où l'octogone est jusqu'à cinq ou six mètres. Il s'agit d'une église romane, du quatrième siècle, et elle a des reliques des martyrs romains. Il y a tellement de traces nombreuses de l'Église indivise, des débuts du christianisme, et par ces faits archéologiques même, j'ai été "poussé" à creuser plus profondément dans les fondements de l'Eglise. Je suis historien de formation, numismate.

Est-ce que ces souvenirs vous font sentir le désir de "reconstituer" l’Europe avec l'Eglise du christianisme primitif?

Bien sûr, je ne connaissais pas l'Eglise orthodoxe pendant longtemps. Je n'ai découvert l'existence de l'Orthodoxie que petit à petit. Certains de mes amis orthodoxes d'aujourd'hui m'ont dit que les catholiques savent que nous "existons", et rien de plus. Des gens simples demandent même: "Vous vénérez aussi la Mère de Dieu?"
 Ceci arrive même cinquante ans après Vatican II, qui semblait "ouvrir les fenêtres" de ce qui était l'Église catholique très fermée, et leur connaissance de l'Orthodoxie est toujours très pauvre. Je devais découvrir ceci petit à petit pour moi. Je ne connaissais aucune communauté orthodoxe; il n'y avait pas d'églises orthodoxes dans les villes, parce que les Russes, au moins, célébraient dans les églises protestantes qui leur étaient données pour quelques heures le dimanche, comme c'est souvent le cas encore aujourd'hui. A Lugano, les orthodoxes russes ont acheté une petite église protestante qui était vide et inutilisée. Toutes les autres communautés orthodoxes, comme les Roumains, célèbrent dans les églises catholiques qui leur sont données pour qu’ils les utilisent. Mais maintenant, nous avons une petite église, qui doit être payée. Elle est progressivement transformée en église orthodoxe, avec une iconostase et tout le reste.
Donc, j'ai dû découvrir l'Orthodoxie petit à petit. Quand j'avais environ dix-neuf ans, après le lycée, je suis allé avec un ami à Rome, et là j'ai découvert la période chrétienne primitive: les catacombes, les vieilles églises, celles fondées par les saints Constantin et Hélène, et ainsi de suite. C'était très impressionnant. Je dois avouer que cela a renforcé ma conscience de moi-même en tant que catholique. Rome est terre apostolique : là est le tombeau de saint Pierre, là de saint Paul, Sainte Marie Majeure, Sainte Croix, Saint Jean de Latran... toutes ces églises paléochrétiennes, cette continuité archéologique incroyable. Mais c'est beaucoup plus tard que j'ai découvert que bien qu'il y ait une continuité au niveau de l'architecture, il n'y avait pas de continuité au niveau de l'Eglise apostolique, de la fondation.




Fresque de la Nativité du Christ, Santa Maria Maggiore, Rome.

Je n'ai découvert que plus tard que Sainte Marie Majeure et les autres églises ont toujours été les mêmes, mais cette continuité n'existe pas à d'autres niveaux, les niveaux les plus essentiels. Il en va de même avec les anglicans. Ils ont la cathédrale de Saint-Augustin à Canterbury sur un seul niveau, mais sur le plan théologique, il n'y a pas de continuité, il y a une cassure. Cependant, à l'époque, j'étais trop jeune pour être conscient qu'il y a tant de cassures et d’interruptions dans l'histoire de l'Église d'Occident. Je devais le découvrir par moi-même, progressivement.
Les gens me demandent souvent pourquoi je suis devenu orthodoxe, et s’il y a eu un moment crucial ou un événement dans cette évolution. Il y eut un moment crucial, et bien que je l’aie déjà dit, je le répète. Je devais le découvrir, d'abord sur le plan littéraire, à travers les livres, la musique, etc.  Il en est de même pour le monachisme, j’ai eu à découvrir son esprit à travers les écrits des Pères du désert.
Mais j'ai découvert l'Orthodoxie réelle, vivante,  à l'âge de vingt et un ans, quand j'étais en Grèce. J'étais étudiant, pas encore moine. Je ne pouvais pas encore entrer au monastère parce que mon père ne le permettait pas. J'étais trop jeune. Je remercie le ciel qu'il ne l’ait pas permis, car de cette manière j'ai eu l'occasion de visiter la Grèce avec d'autres étudiants, et d’y découvrir l’Orthodoxie vivante. J'ai vu de saints monastères, et j’ai même rencontré un saint moine. Je suis allé à la Liturgie.
C'était avant Vatican II. Les Grecs étaient extrêmement gentils et amicaux avec moi en tant que catholique. Aujourd'hui, ce serait sans doute différent, parce que les catholiques ont complètement changé envers les orthodoxes.
  



Pour le meilleur ou pour le pire?

Du pire au meilleur. Mais maintenant, les orthodoxes gardent leurs distances parce qu'ils se sentent envahis. J'ai visité les séminaires et les monastères en Grèce, et une fois, j’ai dit aux moines et aux étudiants, "Tout va bien ici, et j'aime bien, mais... il est dommage que vous soyez séparés de nous." La réponse immédiate a été, "vous avez tort, c'est vous qui vous êtes séparés de nous," et j'ai donc été confronté pour la première fois (je n'avais que vingt et un ans) à ce problème fondamental de la séparation qui est vue d'une manière différente en Orient et en Occident.
Qui a raison? A vingt et un ans, je n'avais pas les moyens de vérifier la réponse. Seulement peu à peu, je les ai obtenus, et ainsi j’ai découvert que, en fait, c'est l'Occident qui s'est séparé du socle commun. Il est la continuité archéologique, dans les célèbres églises de l'époque de Constantin et Hélène, par exemple, mais au niveau de la théologie essentielle, de la Liturgie, et de tout le reste, il n'y a pas de continuité. Mon petit livre, Vases d'argile, [2] parle un peu de l'aspect qui est très essentiel: à savoir qu'il y eut une interruption.

Vous avez mentionné que vous avez lu le livre de l'historien allemand Johannes Haller [3] sur l'histoire de l'Eglise jusque dans les années 1500, ainsi que d'autres livres sur la papauté, comme celui de l'abbé Guettée. [4]

Oui, en fait je suis en train de lire le livre de Haller maintenant. C'est purement un livre d'histoire, tandis que le livre de Guettée est polémique. Vous voyez, Haller était impartial, très calme, et il avait un accès gratuit à la bibliothèque du Vatican. Il s'agit d'un livre d'histoire objective, à l'esprit très calme, mais il est très puissant. Les faits sont accablants.

Vous avez dit que vous êtes heureux de lire sur l'histoire de l'Église maintenant, et de ne pas l’avoir fait avant, car cela aurait pu causer la perte de votre foi. Pourriez-vous nous en dire plus? Vous pensez que vous aviez besoin d’être plus fort afin de faire face aux faits. Est-ce exact?

Je pense que la foi chez les jeunes gens doit être préservée et protégée. Lorsque vous aurez une base solide, des critères suffisants dans votre esprit, et une foi forte, vous serez en mesure de juger.

Vous voulez dire une base solide dans la foi chrétienne, et pas nécessairement dans la foi catholique?

Oui, alors vous pouvez vous confronter à cette masse de faits historiques.

Parce que vous pensez que ces faits pris en eux-mêmes peuvent être trop dévastateurs ou scandaleux pour les gens?

Oui, bien sûr. Vous voyez, l'histoire n'est pas la théologie. L'histoire, c’est juste les faits, ce qui s'est passé. Le travail de Haller décrit tous les hauts et les bas... C’est fascinant, mais c’est de la véritable histoire. Cela vous fait vous demander…

L’histoire, sans rien cacher?

Oui, sans rien cacher; et la revendication du Pape de la primauté, d'être le chef de l'Église. C’est très étrange. Dès le IVe siècle, le pape Damase affirma que l'Église romaine (pas encore le Pape !) a la primauté sur toutes les autres Églises, à cause de ce que Jésus-Christ a dit à Pierre: "Tu es pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise" (cf. Mt. 16:08). Donc ils (Rome), ont très bien identifié cette pierre avec une institution, avec quelque chose de visible de l'Église romaine. Bien que de très nombreux Pères de l'Église, de l'Orient et de l'Occident, identifient cette pierre, comme saint Ambroise de Milan l’a fait dans l'année 382, avec la foi du peuple. C'est la confession de Jésus-Christ comme Fils du Dieu vivant. Ce n'était pas la foi personnelle de Pierre; il n'était pas meilleur théologien ou meilleur Apôtre que les autres Apôtres. Cela lui a été révélé par le Père. C'est la pierre qui ne peut être détruite.
Pierre prouve peu de temps après qu'il ne comprenait rien de cette confession. Il est appelé "diable". Le Seigneur dit: "Arrière de moi, Satan" (cf. Mt. 16:23), et ainsi de suite. Non seulement saint Ambroise, mais les pères les plus importants de l'Orient et de l'Occident disent également la même chose. Pour l'Église catholique romaine, il est absolument évident que cette roche est la personne de Pierre. Et Pierre, selon la tradition est mort à Rome, et ce doit donc être l'Église romaine, et son successeur, l'évêque de Rome, qui est cette pierre. Mais Pierre alla en de nombreux endroits. Pourquoi faut-il que cela soit l'endroit où il est mort? Beaucoup de gens pourraient prétendre avoir sa tombe... mais il est mort à Rome, comme l'a fait saint Paul. Mais est-ce une raison suffisante pour que cette ville, qui fut la capitale de l'Empire romain à l'époque, devienne aussi le chef de toutes les Églises? S'il y a une ville qui pourrait prétendre à ce titre, ce serait Jérusalem, la ville où notre Seigneur est mort, et pas Pierre. A Jérusalem, il y a le tombeau de notre Seigneur, et là Il est ressuscité. Le chef de l'Eglise est en tout cas notre Seigneur.

Cela m'a toujours semblé être un exemple dévastateur de ce qu'on appelle en russe "плотское мудрование"[5]- l'esprit charnel, une manière purement terrestre de penser.

Oui, et il s’est immédiatement installé. Et ce qui est choquant dans cette histoire de la papauté par Haller, est précisément cet aspect du monde, comment les moyens spirituels, tels que l'excommunication et l'interdit, ont été utilisés en permanence, depuis des centaines d'années, simplement pour des raisons politiques. Et ce qui est encore plus choquant, c'est que les gens n'ont même pas pris la peine de respecter ces interdits. Des pays entiers étaient sous l'interdit; ce qui signifie pas de messe, pas de sacrements, pas de cloches, rien.

Pourquoi?

Pourquoi? Parce que le roi ne voulait pas céder à des prétextes territoriaux du pape. Le pape s’est toujours battu pour son propre état, qui est devenu de plus en plus grand, puis de plus en plus petit, et il existe toujours, de même que la fonction dans la Cité du Vatican. Ce fut toujours pour ces raisons politiques, territoriales. Mais la plupart de ces pays, des centaines de rois, d’évêques même, n'y ont tout simplement pas prêté la moindre attention. Ils ont continué à célébrer la messe, à dispenser les sacrements, et ainsi de suite.

Alors, ils étaient techniquement dans la "désobéissance" au Pape?

Parfaitement. Pour moi, c'était choquant. Même aujourd'hui, c’est choquant. Il est choquant que ces moyens spirituels soient utilisés pour des raisons politiques, purement matérielles, et que ceux qui ont été touchés par ces interdits ne s’en souciaient pas. Alors, vous pouvez imaginer que cela détruirait progressivement l'Eglise de l'intérieur. Vous comprenez mieux pourquoi le christianisme occidental s’est détruit et continue de se détruire de l'intérieur. Pas de l'extérieur.
C'est horrible, je dois le dire. C'est ce que j'appelle "sécularisation". Il y a des papes qui se sont battus lors de batailles. C’était une chose ordinaire pour les cardinaux d'avoir des armées, et ainsi de suite. C'est la sécularisation. Cela signifie que l'Église a été la fermeture de son propre horizon sur elle-même pour inclure des intérêts de plus en plus laïques. Les Papes défendaient (c’est compréhensible) leur indépendance vis-à-vis de l'empereur, dont en fait, ils avaient besoin, parce que sans l'empereur, ils n’auraient plus été indépendants des ducs, du roi de Sicile, etc. Vous commencez à comprendre beaucoup de choses.

Je suppose que vous lisez ce livre en langue allemande originale. Y a-t-il des traductions?

C'est un classique, mais je ne sais pas, il y a des dizaines de livres de ce genre. Je ne citais ce livre que pour vous dire que, même maintenant, après, je suis toujours intéressé par ces questions, et à lire des  livres qu’il m’était interdit de lire pendant mon temps de recherche. Je ne pense pas que cela aurait été très utile pour moi alors de toute façon, parce que j’aurais complètement perdu ma foi.

Interdit par qui?

Par mes professeurs de la faculté catholique de l'université. En Allemagne, la théologie est enseignée par l'Etat, et donc j'ai reçu ma formation théologique d'une université d'Etat. Donc, je continue à étudier juste pour approfondir ma compréhension des raisons de la séparation entre l'Orient et l'Occident. Bien sûr, vous pouvez comprendre beaucoup comme cela, mais il y a encore un grand mystère que je suis encore incapable de comprendre: Pourquoi Dieu a-t-Il permis cela?




Père Gabriel Bunge dans son monastère en Suisse.
[en train de préparer le pain liturgique]

Vous pouvez dire que c'était la faute du Pape, mais les fidèles n'avaient pas le choix. C'est ce que je dis à mes amis maintenant. Je dis: "Écoutez, vous ne devriez pas critiquer ou condamner les catholiques. Ils sont tout simplement nés du mauvais côté de la rue. Ce n'est pas leur faute. Ils n'ont pas le choix. Ils n'ont jamais eu d'autre choix. Tout l'Occident appartenait au patriarcat romain, qui est progressivement devenu de plus en plus grand; ils ne faisaient pas partie des autres patriarcats. Dans tous les cas, ils n’en font pas partie aujourd'hui. C'est leur faute, ils sont simplement nés là.

Ceci, cependant, fait venir à l'esprit une question que je me pose toujours. Je suis moi-même occidentale, une convertie à l'orthodoxie, je n'ai pas de racines orthodoxes en Orient, et donc ma question n'est pas destinée à être antioccidentale. Cependant, pourquoi sommes-nous [occidentaux] apparemment si enclins à la pensée terrestre, laïque dans le domaine de la religion, plus que l'Orient chrétien? Théoriquement, le même processus aurait pu se produire n'importe où.

En théorie, oui, mais dans la pratique, cela n’est pas arrivé. Je pense que c'est parce que la sécularisation est un processus très long, et son expression la plus claire est le protestantisme, qui est un phénomène catholique interne.

C'est un phénomène interne catholique dans l'Église occidentale, qui a eu lieu après sa séparation de la partie orientale de l'Église. Il ne pouvait pas se développer avant. Je vais vous raconter une expérience vraiment terrible. Je parle de l'histoire, mais peut-être qu’il vaut mieux parler de ma propre "petite histoire" de soixante-trois ans. Je suis entré au monastère à vingt-deux ans, exactement l'année où le Concile Vatican II a été ouvert. Avec mon expérience grecque orthodoxe et ainsi de suite, je suis devenu moine à Chevetogne, [7] et nous étions vraiment plein d'espoir qu’alors l'Église romaine retournerait sur le chemin, et il y avait beaucoup de signes que c'est ainsi que cela se produirait. Paul VI avait un désir très fort et profond de réconciliation avec l'Eglise orthodoxe. Il était l'incarnation de ce Janus (double face) de l'Église d'Occident.

D'un côté, il voulait concélébrer la Liturgie avec le patriarche Athënagoras lors de leur rencontre à Jérusalem, et il apporta un calice d'or pour ce faire. Mais les œcuménistes (Dieu merci !) séparèrent ces deux vieillards, car après un tel acte, cela serait devenu pire que ce que c’était auparavant. Ainsi, ils n’officièrent pas ensemble. Il a proposé de donner le calice au patriarche. Mais il est bien prouvé qu'il voulait, à travers des réformes liturgiques, faire que la messe en latin devienne acceptable pour les protestants, ne pensant pas, ne sachant pas que ce serait dans le même temps devenu totalement inacceptable pour les orthodoxes.

Vous pouvez voir que l'Eglise catholique est entre ces deux positions opposées : orthodoxe d’Orient et protestante d'Occident. Mais l'évolution générale n'est pas allée vers l'Orient, mais vers l'Occident. C’est devenu une lente "autoprotestantisation" de l'Église, une "auto-sécularisation" romaine, avec toute la destruction, à la fois physique et spirituelle, que nous avons vue. Ce fut un véritable désastre historique de dimensions invisibles.

Vous voyez, le protestantisme est un virus catholique de l’intérieur. Et l'Eglise catholique romaine n’a pas d'anticorps contre ce virus. L'anticorps est l'Orthodoxie, qui n'a jamais été, depuis cinq cents ans, tentée par le protestantisme. Même s'il y a un patriarche œcuménique qui a des sympathies pour le calvinisme (comme cela arriva une fois), c'est local. Cela n'a aucune influence sur la conscience orthodoxe. C’est seulement limité, et c'est tout. L'Eglise orthodoxe a eu beaucoup d'occasions d'être infectée par le protestantisme et la laïcité, mais elle n'a pas succombé, uniquement en surface.

Rhume, plutôt que cancer?

Oui, un rhume, pas un cancer. C'est vraiment une tragédie de dimension historique. Beaucoup de catholiques sont conscients de cela maintenant, parce qu'ils ne considèrent plus l'Église orthodoxe comme une concurrente ou un adversaire. C'est pourquoi ils l’aident de toutes les manières à établir ses paroisses en Occident. Ils lui donnent leurs églises afin que les orthodoxes puissent servir les liturgies sur des autels catholiques, ce qui aurait été inimaginable avant.




Liturgie orthodoxe dans la Chapelle Palatine, à Palerme.

Soit dit en passant, le printemps dernier, il y avait une délégation de Russie présente à une célébration en Sicile, commémorant l'aide apportée par des soldats russes aux victimes du grand tremblement de terre de Messine en 1908. Les membres du clergé russe présents ont été invités à servir la Liturgie de la congrégation orthodoxe locale dans la Chapelle Palatine de Palerme.

Ah, c’est bien. Les Russes célèbrent continuellement des Liturgies solennelles dans la cathédrale Saint-Nicolas à Bari. J'y ai vu une Liturgie célébrée par un métropolitain de Russie, environ 20 prêtres, avec un grand chœur. Et j'ai pensé, "C'est la liturgie requise par cette belle cathédrale. Mais quand ce fut fini, la messe en latin a commencé... et on a envie de pleurer. Vous voulez demander: "Que faites-vous ici?"
Dans un sens, c'est quelque chose hors de l'ordinaire, mais cela montre que de nombreux catholiques ne sont plus sûrs qu'ils ont raison.




Cathédrale Saint-Nicolas de Bari, en Italie.

Parmi ceux qui sont hésitants, pensez-vous qu'ils pourraient aller dans le sens de l'Orthodoxie, ou pourraient-ils au contraire tout abandonner?

La seule façon dont je vois ceci arriver, c'est que s’ils se tournent vers leur propre orthodoxie, parce que si Dieu opère un miracle sans précédent qui tourne tout le monde vers l’Orthodoxe byzantine, il y a toute une culture à l'œuvre pour l'empêcher. Ce n'est pas juste une question de textes, ou de formules.

Mais ils doivent retourner à leur propre orthodoxie, à leurs propres traditions. Pendant toutes ces années, quand j'ai écrit mes petits livres, mon but était le suivant: en tant que moine, aider les gens à avoir une vie spirituelle, à redécouvrir, à réintégrer leur propre héritage spirituel, qui est bien sûr le même que le nôtre, parce que nous avons les mêmes racines.

Mais le succès de mon entreprise, au moins parmi les moines, est proche de zéro. Surtout parmi les moines. Les livres sont lus par la plupart des laïcs, et non par des prêtres et des moines. Les moines sont ceux qui pratiquent le yoga, le zen, le reiki, et ainsi de suite. Quand vous dites cela aux moines russes ils sont choqués, ils ne peuvent pas imaginer ce qui se passe. Je ne les juge pas; Dieu merci, c’est notre Seigneur qui jugera le monde et pas moi. Mais cela signifie que les gens ne sont pas à la recherche d'une solution, d’une réponse dans leur propre tradition. Ils sont à la recherche à l'extérieur de celle-ci, dans les religions non chrétiennes.

Pour moi, les moines catholiques qui pratiquent la méditation Zen sont comme les moines zen qui prient le Chemin de Croix. C’est complètement absurde. Dans le bouddhisme, la souffrance a une origine différente; elle est surmontée d'une manière différente de la chrétienté. Il n'y a pas de Sauveur crucifié. Pourquoi devraient-ils méditer sur les Stations de la Croix? Bien sûr, ils ne le font pas.

Et comment un moine chrétien, qui croit en un Dieu personnel, pourrait-il prier dans l'univers impersonnel du Zen?

Dans les monastères, ils ont des jardins zen... mais pourriez-vous imaginer le Chemin de Croix dans un monastère Zen? Les moines bouddhistes à genoux devant les stations? C'est inimaginable.

Ils ont comme perdu leur identité propre.

Mais ce qui est si frappant, c'est qu'ils ne cherchent même pas à creuser leur propre terrain, pour trouver leurs propres racines, la source, qui a été comblée par des ordures. Ils semblent convaincus qu'il n'y a rien là, et qu’il n’y a jamais rien eu.

Nous devons donc chercher cette source aussi. Je me souviens très bien de ma jeunesse monastique: il y avait ceux dans le monastère qui estimaient qu'il n'y avait rien, que tout était sec. Puis vint un maître zen, un jésuite (très bien connu, il est mort il y a longtemps), et ce fut une révélation. Au moins, c'était quelque chose de spirituel... Ils n'avaient vu que le formalisme. Grâce à Dieu, j'avais découvert les saints Pères et la littérature monastique primitive avant mon arrivée au monastère. Ce n'était pas le monastère qui m'a enseigné. J'ai continué ma recherche dans le monastère.

A Chevetogne?



Abbaye de Chevetogne, Belgique.

Oui. J'y suis allé parce que cela semblait plus proche de ce que j'ai découvert en Grèce. Pour dire la vérité, j'ai été envoyé là-bas. J'étais entré dans une abbaye bénédictine en Allemagne. Mon maître des novices, l'abbé, un saint homme, m'aimait beaucoup, et il pouvait voir que je n'étais pas au bon endroit. Il a sacrifié son novice prometteur et il l'a envoyé à Chevetogne, pour voir si cela était plus approprié.

Quand j'ai fait ma profession monastique lui-même est venu me rendre visite. C’était un saint homme. Mon confesseur, moine trappiste, a également été un saint homme. J'ai eu la chance de rencontrer plus d'un saint homme, même en Occident. Ils existent encore.

Je sens que mon propre chemin c’est de prouver, même pour les orthodoxes, qu'il est possible, même dans la tradition occidentale, de redécouvrir un terrain d'entente, et d’en vivre. Vous pouvez le faire, non  par vous-même, bien sûr, mais seulement avec la grâce de Dieu. Mais je suis arrivé au point où je ne pouvais plus supporter de n'être qu’en communion spirituelle avec l'Eglise orthodoxe si proche de mon cœur. Je voulais une communion sacramentelle réelle. Par conséquent, je l'ai demandée.

Croyez-vous que, sur ce chemin où l’on creuse jusqu'aux racines de sa propre tradition occidentale, certains se sentiront obligés inévitablement de passer à l'étape que vous avez franchie?

C’est difficile à dire, car il ne serait pas techniquement possible pour tout le monde de le faire. En Occident, l'Église orthodoxe n'était pas si bien représentée. Maintenant, c’est en train de changer. J'ai beaucoup d'amis qui suivent le même chemin, ils sont "orthodoxes", mais pas d'une manière confessionnelle. Je ne sais pas s’ils deviendront jamais orthodoxes. Ma propre expérience m'a appris que vous ne trouverez pas toujours de l'aide du côté orthodoxe.

Le prosélytisme n'est pas normalement orthodoxe, et vous ne trouverez parfois même pas de l'aide concrète. J'ai même été découragé. C’était un théologien bien connu (je ne dirai pas qui)... j'étais jeune étudiant, et il m’a littéralement interdit à moi, et à d'autres moines de Chevetogne de devenir orthodoxes. Il a dit, non! Vous ne devez pas devenir orthodoxes! Vous devez souffrir dans votre chair le drame de la séparation. Je l'ai fait, parce que je n'avais pas d'autre moyen.

Je me suis adressé un autre métropolite orthodoxe russe pour avoir de l'aide: il ne m'a pas aidé. Il m'a repoussé. Et c'était la volonté de Dieu. Au bon moment, tout est allé vraiment bien. Vraiment. Comme une lettre à la Poste. Mais avant, cela semblait impossible.

Je suis sûr que tout se passe selon la volonté et le plan de Dieu, mais pensez-vous que peut-être les orthodoxes devraient fournir davantage d'encouragement à ceux qui sont en recherche? A ceux qui sont en train de creuser profondément, mais qui n’arrivent pas aux racines?

Ils devraient mieux connaître leur propre foi, et être capables de répondre à des questions. Ils ne devraient pas critiquer tout et tout le monde.

Comme de nombreux convertis sont enclins à le faire.

 Oui, les convertis sont les juges les plus sévères. Mais, oui, ils devraient être en mesure de répondre à des questions essentielles. Cependant, je parle de ma propre expérience, en Suisse. Je suppose que c'est différent en Amérique, où il y a des centaines d’églises différentes, des dénominations protestantes, et elles sont tous égales, pour ainsi dire. Il existe également, malheureusement, des dizaines d’Eglises orthodoxes.

Oui, l'Amérique a le problème inverse: trop de choix.

C’est une source de confusion.

Malgré cela, il est encore difficile pour certains Américains orthodoxes d’aller de l'avant et de dire: "Ceci est la véritable Église."

Néanmoins, c’est plus facile en Amérique parce qu'il n'y a pas d’Église "dominante". Ce n'est pas comme en Italie, en Espagne ou même en Allemagne, où il y a deux Églises dominantes, la catholique et la protestante. Côte à côte, ou l'une sur l'autre ; en fonction de comment vous le voyez, l'Eglise catholique est une confession dominante. Toute activité orthodoxe serait mal reçue, je suppose, d'autant plus qu’ils dépendent de la bonne volonté de l'Église catholique. Pour obtenir une église, pour célébrer, lorsque vous êtes trop pauvres pour construire votre propre église, vous avez besoin de la bonne volonté des évêques catholiques. Mais je pense que la situation en Amérique est différente.

Bien sûr, l'Eglise catholique est puissante en Amérique, mais en Amérique du Nord, ils sont entrés initialement dans un milieu protestant, anglo-saxon. Néanmoins, l'Eglise catholique a amené de nombreuses œuvres de bienfaisance, des hôpitaux, des écoles en Amérique, bien que beaucoup de gens oublient cela.

Oui, mais ils ne devraient pas. Quoi qu'il en soit, je suis contre toute forme de prosélytisme, mais nous avons à répondre à des questions, à dire comment les choses sont, si les gens veulent savoir. Dieu appelle tout le monde en ce, disons, "bon endroit."

Une dernière question. Les populations locales qui ne sont pas orthodoxes viennent-elles jamais passer dans votre monastère et vous questionner à ce sujet?




Père Gabriel Bunge. Mégaloschème.

La population locale me connaît depuis trente ans, mais la vie monastique qui est mienne fut toujours très spécifique; et parce qu'ils ne connaissent pas les moines, il n'y a pas de moines (il y avait des frères franciscains là-bas, qui ne sont pas des moines), ils se sont toujours demandé quel genre de frères que nous étions.

Nous étions vêtus de noir, nous avions la barbe, nous avions l’habitude de porter des cuculles, et nous semblions assez démodés. Leur propre saint local du Ve siècle était également habillé comme nous, mais ils ne le connaissaient plus. Ils savaient que nous étions très proches de l'Orient chrétien, des saints Pères, et que ce que je dis aujourd'hui n'est pas différent de ce que j'ai toujours dit. C'est une chose que les gens ont remarqué quand je suis devenu orthodoxe.

Une dame, une simple femme au foyer sans formation universitaire, qui savait que nous sommes devenus orthodoxe, a déclaré, "Je veux juste que vous sachiez que vous serez toujours notre Père Gabriel, et vous faites ce que vous nous avez toujours appris à faire : à revenir à nos racines. L'Eglise orthodoxe est juste comme elle était au commencement."

Donc, une personne simple sans études théologiques peut en comprendre le sens. Ils n'ont pas été choqués. Il n'y avait pas d'opposition contre nous. Il arrive parfois, alors que nous marchons dans les rues, que les gens disent: "Père, je peux vous poser une question?" Je dis, d'accord. "Êtes-vous un moine orthodoxe?" Je dis, oui. "Bravo!"

Ils ne sont plus habitués à voir des moines. Les seuls moines qu'ils voient sont des moines orthodoxes. Les frères franciscains portaient des vêtements profanes, de sorte que si vous ne les connaissiez pas personnellement, vous ne saviez pas qu’ils étaient frères. Mais les moines orthodoxes doivent toujours être identifiés comme tels. Et pour ces gens, ce n'est pas une provocation. Ils se sentent renforcés. Ils disent, très bien! Bravo! Je dois dire que je ne m'attendais pas à cette réaction.

Quand je fus intronisé comme higoumène de mon monastère (un bien grand mot pour une petite réalité), il y avait plusieurs catholiques présents, beaucoup d'entre eux moines bénédictins. Ils ont demandé s'ils pouvaient venir; ils voulaient être là. Ils étaient présents à la Liturgie orthodoxe, et je les ai présentés à l'évêque, qui les reçut aimablement. Cela n'a pas été perçu comme un acte d'hostilité contre eux, ou contre l'Église catholique, mais plutôt comme la conséquence finale de ce que j'avais toujours enseigné.

Ils pouvaient voir votre intégrité dans ce domaine.

Beaucoup d'entre eux souhaiteraient même faire la même chose, mais ils sont trop liés au monde dans lequel ils vivent; ou bien leur connaissance de l'Orthodoxie, de la tradition apostolique, est trop pauvre. Donc, nous devons revenir à nos racines.

Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après
PRAVOSLAVIE.RU
http://orthodoxologie.blogspot.fr/


NOTES :

 [1 Les 12 églises romanes de la vieille ville de Cologne vont du IVème au XIIIème siècle. Le style Roman combine les traits des bâtiments romans et byzantins.

[2] Père Gabriel [Bunge] : Vases d’Argile publié par Spiritualité Orientale/ Bellefontaine

[3] Johannes Haller :16 octobre 1865–24 décembre 1947.

[4] Réné-Francois Guettée (1er décembre 1816–10 Mars, 1892). Après son étude complète de l’Histoire de l’Eglise, le prêtre catholique romain Guettée, fut de plus en plus déçu par l’Eglise dans laquelle il était né, et il fut finalement reçu dans l’Eglise orthodoxe russe sous le prénom de Wladimir. Voir aussi http://fr.wikipedia.org/wiki/Wladimir_Guettée
et http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5773595r

La plupart des livres de Père Wladimir sont à télécharger en ligne sur google books. A monumentale Histoire de l’Eglise a été éditée par Le monastère orthodoxe de Lavardac

[5] Azbuka.ru, encyclopédie du Christianisme  Orthodoxe en ligne, définit “плотское мудрование“ (plotskoe mudrovanié) comme "la manière de penser d’un homme déchu."

[6] L’Abbaye de Chevetogne, aussi connue sous le nom de  Monastère de la Sainte Croix, est un monastère Catholique romain Bénédictin situé dans le village de  Chevetogne,  municipalité of Ciney, Province de Namur, à mi-chemin entre Bruxelles and Luxembourg. Elle fut fondée en 1939. Le monastère a deux églises, une de rite Latin et une autre de rite Byzantin.

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