vendredi 3 septembre 2010

Ce mois de septembre dans lequel nous venons d'entrer, outre qu'il marque le passage d'une saison à l'autre - ce que l'Eglise, qui depuis toujours a marqué par ses rites les événements de la nature créée par Dieu, célèbre par les offices des "quatre temps d'automne", les 15, 17 et 18 septembre, rites à la fois de pénitence et d'action de grâce - ce mois de septembre, donc, est riche de célébrations.  Quitte à recopier le calendrier liturgique, j'en choisirai quelques-unes qui me paraissent signifiantes. Le 1er septembre, nous avons fêté le juste Juge d'Israël Josué, qui fut, disent des textes médiévaux, "l'écuyer" de Moïse ; eh bien, le 4 septembre nous fêterons Moïse lui-même (rien à voir avec la chute du second Empire !!!) Le même jour nous fêterons saint Marin qui a donné son nom à une mini-république en Italie.  Le 7 septembre nous fêterons saint Cloud, dont la presque totalité des Parisiens ignorent qu'il fut un prince de la race de Clovis, échappé de justesse à l'un de ces massacres qui ont ponctué les successions des premiers rois de la France "chrétienne", et  qui devint moine et fondateur d'abbaye ; et le même jour, saint Euverte, grand évêque d'Orléans au IVe siècle. Le 9 septembre nous ferons mémoire du concile d'Ephèse, 3e concile oecuménique (431) où fut dogmatiquement proclamée la divinité du Christ et où, en conséquence, la Vierge Marie fut acclamée "Théotokos", Mère de Dieu (ce qui est et reste un non-sens métaphysique, ce qui n'est pas au mérite de la sagesse humaine). Le 14 septembre nous ferons mémoire de la naissance au ciel de saint Jean Chrysostome,,  dont il n'est pas besoin de parler plus au long. Le 16 septembre nous célèbrerons saint Cyprien de Carthage, martyr, un des plus éminents Pères de l'Eglise du IIIe siècle. Le 19 septembre, saint Janvier, martyr, patron de Naples, dont le sang contenu dans deux ampoules de verre continue de se liquéfier trois fois par an, dont à cette date-là. Le 21, saint Matthieu, dont il n'est pas besoin de parler plus au long, et aussi le saint prophète Jonas. Le 24, saint Silouane de l'Athos, né au ciel en 1938 (les saints contemporains, cela existe) dont le P. Sophrony, son disciple,  a révélé au monde la sainteté, ignorée même de ses confrères du monastère de Vatopédi. Le 26, saint Cyprien et sainte Justine, patrons des exorcistes, martyrs de la persécution de Dioclétien ; le même jour, l'Eglise orthodoxe célèbre la "dormition" - non la mort - de saint Jean le Théologien, c'est-à-dire l'Evangéliste. Le 28, ce sont saints Côme et Damien, patrons des médecins. Le 29, saint Michel Archange - une de ses trois fêtes en France avec le 8 mai et le 16 octobre.  Et enfin, le 30 septembre, saint Jérôme, le rédacteur de la Vulgate (entre autres), ainsi que sainte Sophie et ses trois filles, Foi, Espérance et Charité, martyres à Rome au Ier siècle.
Pareille variété - très succintement résumée - montre que la foi chrétienne n'est étrangère à aucun temps, à aucun lieu, à aucune condition. Elle est au sens propre "catholique", c'est-à-dire universelle.
J'ai délibérément laissé de côté deux fêtes considérables, qui intéressent directement la condition humaine.
Le première est la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie, le 8 septembre. Les Ecritures n'en disent rien, mais ce qu'on appelle le Proto-Evangile de saint Jacques donne de nombreux détails sur sa conception miraculeuse et sa naissance. A ce sujet, il faut noter avec précision plusieurs points. Le premier est que, si ce Proto-Evangile est classé par les érudits parmi les "apocryphes", cet adjectif ne signifie pas forcément mensonger, mais simplement ne figurant pas dans le "canon" des Ecritures fixé dès le IIe siècle. Dans ces apocryphes, beaucoup sont des textes gnostiques, comme le trop fameux "Evangile de Thomas", qui sont des forgeries. En revanche, le Proto-Evangile de saint Jacques est le témoin des récits pieux qui avaient cours dans les premières communautés chrétiennes à une époque très reculée - donc peu éloignée de la vie du Sauveur - puisqu'il date du IIe siècle. Et, quoique non canonique, il a été amplement utilisé par les liturgies antiques, tant latines que grecques. En vertu de ce récit, la naissance miraculeuse de la Vierge de parents jusque-là stériles, Anne et Joachim, s'inscrit dans une longue lignée qui débute avec Abraham et Sarah, et qui prouve que la stérilité n'est pas un obstacle à la fécondité, car "rien n'est impossible à Dieu".
La seconde et immense fête est celle, le 14 septembre, de la sainte et vivifiante Croix, instrument à la fois du supplice du Sauveur,  et du salut et de la glorification du monde, monde dans toutes les dimensions duquel cette croix est inscrit car elle en est le support, comme le montre magnifiquement saint Irénée de Lyon dans sa "Démonstration de la prédication apostolique". Certains, comme Guénon, ont entr'aperçu le caractère universel de la croix, mais sans voir qu'elle était une sorte d'échelle de Jacob menant des cieux à la terre et de la terre aux cieux.
Ainsi scandé, ce mois, comme les autres, nous donne de célébrer de jour en jour la magnificence de notre Dieu dans ses saints.

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