samedi 2 juillet 2011

Noir, c'est noir...


Qu'est-ce que le noir ? Pour d'aucuns, c'est l'absence totale de couleurs. Pour d'autres, c'est la somme totale de toutes les couleurs. Et les uns comme les autres disent vrai. Paradoxe !

Le noir, ou encore les ténèbres, pour les uns, c'est l'absence totale de lumière, la suppression de toute lumière. Pour les autres, c'est l'abîme primordial d'où surgissent toutes lumières. Paradoxe !

Y a-t-il une noirceur ténébreuse, qui absorbe toute lumière ? Oui. En astrophysique on connaît les célèbres « trous noirs » où s'anéantit la matière, exprimée sous forme d'énergie lumineuse. Y a-t-il une noirceur potentiellement lumineuse ? Oui. C'est celle des ténèbres primordiales qui régnaient sur l'univers avant que le « jour » et la « nuit » fussent séparés l'un de l'autre.

Or tout ce qui existait en principe subsiste encore dans la réalité d'aujourd'hui d'une manière plus ou moins voilée.
Dieu, en faisant l'homme à sa similitude, l'a fait (entre autres) créateur, co-créateur. Cette capacité créatrice se manifeste exemplairement dans l'art. Ainsi les peintres rivalisent, peut-on oser dire, d'une manière inégale mais réelle avec le Créateur dans le modelage de la nature créée.

Et j'en viens là où je voulais arriver. A qui douterait de l'existence de noirs qui irradient la lumière je recommande vivement de visiter, que dis-je, de savourer l'exposition sur « Manet, inventeur du moderne » qui se tient au musée d'Orsay jusqu'au 17 juillet. Inventeur du moderne est d'ailleurs réducteur. Ces classifications : classicisme, romantisme, impressionnisme, modernité, laissent fuir de toutes parts les réalités qu'elles prétendent embrasser. Seul compte le génie propre de l'artiste, c'est-à-dire sa capacité à saisir et à faire saisir, non seulement les contours extérieurs de la réalité (comme dans l'hyperréalisme) mais surtout la vie qui l'anime en ses tréfonds.

Et là, je m'extasie devant cette capacité prométhéenne de l'homme, avec cette différence si grande qu'il n'a pas dû, comme Prométhée, aller ravir le feu aux dieux, mais que c'est Dieu lui-même qui le lui a donné libéralement.



Bref, courez voir Manet !



2 juillet 2011










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