vendredi 30 décembre 2011

Image & ressemblance selon saint Basile le Grand (2)



« Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » Vois-tu en quoi le Seigneur nous donne ce qui est à la ressemblance ? « Car il fait lever son soleil sur les méchants et les bons, et fait pleuvoir sur les justes et les injustes. » Si tu deviens adversaire du mal, sans rancune et oublieux de l’inimitié de la veille, si tu aimes tes frères et leur es compatissant, tu ressembles à Dieu. Si tu pardonnes du fond du cœur à l’ennemi, tu ressembles à Dieu. Si ton attitude envers le frère qui t’a offensé est semblable à celle de Dieu envers toi pécheur, par la miséricorde envers le prochain, tu ressembles à Dieu. Ainsi tu possèdes ce qui est à l’image, parce que tu es raisonnable (logikos), mais tu deviens à la ressemblance en acquérant la bonté. Acquiers « des entrailles de compassion et de la bienveillance » afin de revêtir le Christ. Les actions qui te font acquérir la compassion sont les mêmes, en effet, que celles qui te font revêtir le Christ, et l’intimité avec lui te fait intime avec Dieu. Ainsi cette histoire [de la Genèse] est-elle une éducation de la vie humaine. « Créons l’Homme à l’image » : qu’il possède par la création ce qui est à l’image, mais qu’il devienne aussi à la ressemblance. Dieu en a donné la puissance ; s’il t’avait créé aussi à la ressemblance, où serait ton privilège ? Pourquoi as-tu été couronné ? Et si le Créateur t’avait tout donné, comment le royaume des cieux s’ouvrirait-il pour toi ? Mais il se fait qu’une partie t’est donnée, tandis que l’autre a été lissée inachevée : c’est pour que tu t’achèves toi-même et que tu sois digne de la rétribution qui vient de Dieu.

-- Comment devenons-nous donc à la ressemblance ?
-- Par les évangiles.
 
-- Qu’est-ce que le christianisme ?
-- C’est la ressemblance de Dieu autant qu’il est possible à la nature de l’Homme. Si tu as reçu la grâce d’être chrétien, hâte-toi de devenir semblable à Dieu, revêts le Christ. Comment le revêtiras-tu si tu n’es pas baptisé ? si tu ne portes pas le vêtement d’incorruptibilité ? Renonces-tu à la ressemblance à Dieu ? Si je te disais : voilà, deviens semblable à l’empereur, ne trouverais-tu pas que je suis un bienfaiteur ? Et maintenant que je veux te rendre semblable à Dieu, vas-tu fuir la parole qui te déifie, vas-tu te boucher les oreilles afin de ne pas entendre les paroles salvatrices ?

Saint Basile de Césarée, Sur l’origine de l’homme, op. cit. I, 17.

Cet autre passage de la première homélie est lui aussi riche de sens. Relevons seulement quelques traits saillants.

Le premier, et le plus frappant, déjà exprimé dans le paragraphe 16, est que Dieu a laissée inachevée sa création afin que l’Homme acquière l’honneur et la gloire d’achever cette création. Or cette création, c’est celle de lui-même, de sorte que l’Homme « s’achève lui-même », qu’il devienne co-créateur de lui-même. C’est assez prodigieux !

Deuxième trait : la ressemblance avec Dieu s’acquiert par la compassion, le pardon des ennemis, la bonté, la miséricorde… Les membres du Régime rectifié qui connaissent leurs classiques se souviendront qu’Henri de Virieu, dans le « Mémoire sur la bienfaisance » qu’il a présenté au convent de Wilhelmsbad et qu’il a fait approuver par lui, exprime en d’autres termes exactement la même idée, à savoir que la pratique de la bienfaisance est un moyen sûr d’acquérir la ressemblance à Dieu. La clef de cela est donnée dans le présent texte : ces actions de bienfaisance ou de compassion font revêtir le Christ et rendent intime avec Dieu, en un mot elles sont un instrument de déification (le terme est dans le texte).


Troisième trait : ces actions, morales en soi, ont une finalité qui dépasse la morale, puisqu’elles ont une incidence qu’on peut qualifier d’essentielle sur la nature de l’Homme..


Enfin, dernier trait, présent en filigrane : le royaume des cieux est supérieur au paradis puisqu’on n’y accède qu’en ayant conquis la ressemblance parfaite alors qu’elle était encore imparfaite à l’origine.






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