samedi 19 mai 2012

La réunion des Eglises...russes


LE MESSAGE DU PATRIARCHE CYRILLE DE MOSCOU ET DE TOUTE LA RUSSIE, À L’OCCASION DU 5ÈME ANNIVERSAIRE DE LA SIGNATURE DE L’ACTE CANONIQUE RÉTABLISSANT LA COMMUNION ENTRE LE PATRIARCAT DE MOSCOU ET L’ÉGLISE RUSSE HORS FRONTIÈRES

« Que la paix et l’amour avec la foi soient donnés aux frères de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus-Christ ! Que la grâce soit avec tous ceux qui aiment notre Seigneur Jésus-Christ d’un amour inaltérable ! » (Eph. VI, 23-24)
L’Église orthodoxe russe commémore maintenant le cinquième anniversaire de la signature de l’acte canonique de communion. Ce document a mis fin à la séparation qui a duré de nombreuses années entre le Patriarcat de Moscou et l’Église orthodoxe russe à l’étranger. Nous nous souvenons de cet événement d’une grande importance historique, qui marque le dépassement de l’une des conséquences tragiques de la catastrophe politique et spirituelle que la Russie a connue au XXème siècle. Au cours du siècle passé, notre patrie et notre Église sont passées par les épreuves les plus difficiles. Les églises ont été détruites, les objets sacrés ont été profanés, la liberté donnée par Dieu a l’homme a été violée grossièrement, les ennemis internes et externes de l’Église ont déchiré la tunique ecclésiale. Les luttes fratricides ont fait périr des millions de nos concitoyens, et la férocité des persécuteurs athées a mené au trépas, au nom du Christ, de la grande foule des néomartyrs et confesseurs de Russie. La révolution et la guerre civile qui s’en est suivie sont devenues la cause de l’exode massif de Russie de nos compatriotes. Des millions d’entre eux se sont trouvés dispersés dans le monde entier. La foi orthodoxe a uni les réfugiés, qui ont conservé soigneusement la flamme de la foi, la transmettant de génération en génération. Mais les circonstances historiques dramatiques ont provoqué la division au sein de la diaspora orthodoxe russe.
En montant sur la Croix, la Russie orthodoxe croyait en sa résurrection. Les enfants de l’Église, tant dans la patrie qu’en dehors de ses frontières, élevèrent des prières au Seigneur et notre Sauveur, avec une ardeur particulière, pour l’abolition de la douloureuse division. Dans cette attente, nous nous sommes adressés à l’intercession céleste et puissante des néomartyrs.  Par la miséricorde de Dieu, la situation a changé radicalement dans notre pays. Les chrétiens orthodoxes ont perçu cela comme un don du ciel. L’Église orthodoxe russe a trouvé une liberté totale, notamment en ce qui concerne les relations entre l’Église et l’État. La séparation constituait la douleur de toute l’Église, l’affliction du peuple tout entier. Et ce n’est pas une exagération : il suffit de se souvenir avec quelle attention notre société suivait le rapprochement qui commençait. Nous avons agi au cours du processus du dialogue de telle façon à ne pas porter atteinte l’un à l’autre et à ne pas produire de nouvelles blessures. Sur cette voie, il ne pouvait y avoir ni vainqueurs ni vaincus. Il en résulta que l’Église russe avec ses millions de fidèles remporta la victoire, son unité étant rétablie.
En ces jours, nous commémorons dans la prière le patriarche Alexis de Moscou et de toute la Russie, ainsi que le métropolite Laur de New York et d’Amérique orientale. En la fête de l’Ascension du Seigneur, le 4/17 mai 2007, ils apposèrent leurs signatures, sur l’ambon de la cathédrale du Christ Sauveur, au bas de l’acte canonique de communion, et célébrèrent ensuite ensemble la sainte liturgie. Nous remercions également tous ceux qui ont travaillé à cette unité et l’ont rapprochée. Maintenant, lorsque notre communion est rétablie et que nous communions à un seul calice, rendons grâce au Dieu très-miséricordieux, qui nous a acheminés par sa droite toute-puissante à l’unité désirée, pour la gloire de son saint nom et pour le bien de sa sainte Église.
Aujourd’hui, nous pouvons dire avec hardiesse que nous avons réalisé en acte le testament du saint hiérarque Tikhon, patriarche de toute la Russie : « C’est précisément dans l’unité, l’action harmonieuse et l’amour fraternel que se trouve la force ». Nous pouvons témoigner avec joie que « les portes de l’hadès » (Matth. 16,18) n’ont pas prévalu contre l’Église russe. Elle accomplit désormais fructueusement son ministère salvateur tant dans la Patrie qu’en dehors de ses frontières. Les cinq années qui se sont passées depuis le moment de la signature de l’acte canonique de communion ont été riches en bons exemples d’action commune. Le temps manque pour donner les exemples de collaboration quotidienne sur le terrain, qui témoignent que notre Église n’est pas seulement proclamée « une », mais qu’elle est telle en pratique. Il est même étonnant à quel point les murs de séparation de tant d’années soient tombés si rapidement et si facilement. Cela est devenu possible, précisément parce que nous étions et sommes restés les porteurs d’une et même tradition orthodoxe russe, nous avons les mêmes valeurs spirituelles et morales que nous apportons au monde.   
Gardons avec gratitude et soin le grand don de l’unité de l’Église, de l’unité du peuple de Dieu. Opposons-nous à toute tentative d’introduire le trouble et la division dans la vie de l’Église, d’ébranler les fondements de son existence canonique. Prions aussi avec ardeur pour ceux qui, pour des raisons différentes, se trouvent en dehors de l’unité avec l’Église orthodoxe russe. Nous les invitons encore et à nouveau à la communion dans l’amour du Christ qui « ne cherche point son intérêt, ne s’irrite point, ne soupçonne point le mal, ne se réjouit point de l’injustice, mais se réjouit de la vérité ; il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout » (I Cor. XIII, 5-7). Que le Seigneur abaisse ses yeux miséricordieux sur nos prières et nos labeurs et qu’Il bénisse son peuple en lui donnant la paix (Ps. XXVIII, 11), au sujet de laquelle Il a dit à ses apôtres avant sa passion : « Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix » (Jn. XIV, 27). Amen.
+Cyrille, Patriarche de Moscou et de toute la Russie "
Source: Patriarcat de Moscou (traduit du russe pour Orthodoxie.com)
Comme quoi, dans l'Eglise, le schisme n'est pas une fatalité !

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