mardi 16 octobre 2012

la reine Marie-Antoinette, saint Michel & la France

Marie-Antoinette, dernière reine de France

Je tiens à rappeler qu’aujourd’hui 16 octobre sera commémoré le 215e anniversaire de la mise à mort de la reine Marie-Antoinette, qui a marqué la fin de son martyre. Pourquoi la fin ? Parce que ce martyre avait commencé dès le 11 août 1792, date de l'incarcération de la famille royale au Temple, et n'avait cessé de gagner en cruauté depuis lors : 21 janvier 1793, le roi Louis XVI est guillotiné sur la place dite de la Révolution, dénommée depuis comme par exorcisme place de la Concorde ; 13 juillet 1793, le dauphin, âgé de huit ans, lui est arraché non sans violences ; 2 août 1793, elle est transférée à la Conciergerie ; 3 au 16 octobre, son procès est mené d'une manière qui anticipe sur les procès staliniens par le sinistre Fouquier-Tinville ;16 octobre environ midi elle est guillotinée sur la même place de la Révolution. 

Elle avait seulement 38 ans, mais paraissait une vieille femme tant les épreuves l’avaient affectée : ses cheveux avaient entièrement blanchi. Louis XVI, pour sa part, avait 39 ans lors de sa mise à mort.

La reine martyre, durant longtemps, n'a pas joui de la même "aura" que le roi martyr dans les milieux royalistes. On lui a fait grief de sa vie insouciante et légère durant les quinze première années du règne, sans prendre en considération qu'elle avait 19 ans (et le roi 20 ans) quand elle est devenue reine de France, on lui a reproché ses dépenses, ses fréquentations, ses imprudences - qu'il n'est pas question de nier : sa mère l'impératrice Marie-Thérèse et son frère l’empereur Joseph II lui en faisaient eux-même remontrance... Mais de là à y voir la cause de l'effondrement de la monarchie ! Les historiens modernes, retenant ce que la méthode historique marxiste a de bon en ce qui concerne les faits matériels : économiques sociaux, etc. ont fait justice des romans que l’historiographie romantique avait bâtis autour des seuls individus. Romans qui se nourrissaient en partie de la phraséologie révolutionnaire. Il n'est que de citer quelques lignes de son acte d'accusation :« Examen fait de toutes les pièces transmises par l’accusateur public, il en résulte qu’à l’instar des MessalineFrédégonde et Médicis, que l’on qualifiait autrefois de reines de France et dont les noms à jamais odieux ne s’effaceront pas des fastes de l’histoire, Marie-Antoinette, veuve de Louis Capet, a été, depuis son séjour en France, le fléau et la sangsue des Français. » Elle est « la cause des troubles qui agitent depuis quatre ans la nation et ont fait tant de malheureuses victimes. »
Tout cela est aussi risible que mensonger. Il n'empêche : il en demeure quelque chose dans l'inconscient collectif, et il est des royalistes pour penser qu'elle a été la perte irresponsable du roi.

Il faut lui rendre justice. Indépendamment de l'exécution de son mari, auquel elle était sincèrement attaché, qu'on imagine un peu la torture de celle qui (ayant lu Rousseau !) se voulait plus mère qu'épouse, à se voir arracher (c'est le mot) son fils chéri ; torture renouvelée (car on ne lui cachait rien) de savoir qu'on faisait de lui, à 8 ans ! une brute avinée (il n'y a pas de mots plus exacts) sous couleur d'en faire "un bon citoyen"; torture poussée au dernier degré de la sauvagerie lorsqu'on poussa le jeune enfant, entièrement mis sous condition, à venir témoigner devant le tribunal révolutionnaire que sa mère et sa tante avaient procédé sur lui à des caresses incestueuses... On connaît alors l’apostrophe de Marie-Antoinette : "J'en appelle à toutes les mères !", apostrophe saluée par les applaudissements de l'assistance au grand dépit de Fouquier-Tinville... Si ce calvaire n'a pas expié ses peccadilles, alors qu'exige-t-on de plus !

Marie-Antoinette en 1793
Condamnée à mort à 4 heures du matin pour être exécutée à midi, la reine rédigea ce texte qu'on appelle improprement "le testament de Marie-Antoinette", mais qui est une lettre adressée à sa belle-soeur Madame Elisabeth, soeur de Louis XVI et sa compagne de captivité au Temple (qui devait à son tour être guillotinée le 10 mai 1794). Cette lettre est moins connue que le "testament " de Louis XVI mais elle est fort édifiante. La voici :


LETTRE DE MARIE-ANTOINETTE A SA SŒUR MARIE-ELISABETH.

Paris le 16 Octobre 1793. 4h30 du matin.

« C'est à vous, ma soeur, que j'écris pour la dernière fois : je viens d'être condamnée non pas à une mort honteuse, elle ne l'est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère, comme lui, innocente, j'espère montrer la même fermeté que lui dans ces derniers momens.
Je suis calme comme on l'est quand la conscience ne reproche rien ; j'ai un profond regret d'abandonner mes pauvres enfants ; vous savez que  je n'existais que pour eux et vous, ma bonne et tendre sœur. Vous qui avez, par votre amitié, tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse! J'ai appris, par le plaidoyer même du procès, que ma fille était séparée de vous. Hélas! la pauvre enfant, je n'ose pas lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre ; je ne sais même pas si celle-ci vous parviendra : recevez pour eus deux ici ma bénédiction. J'espère qu'un jour, lorsqu'ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous, et jouir en entier de vos tendres soins.
Qu'ils pensent tous deux à ce que je n'ai cessé de leur inspirer : que les principes et l'exécution exacte de ses devoirs sont la première base de la vie ; que leur amitié et leur confiance mutuelle en feront le bonheur. Que ma fille sente qu'à l'âge qu'elle a elle doit toujours aider son frère par des conseils que l'expérience qu'elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer; que mon fils, à son tour, rende à sa sœur tous les soins, les services que l'amitié peut inspirer ; qu'ils sentent enfin tous deux que, dans quelque position où ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union. Qu'ils prennent exemple de nous : combien, dans nos malheurs notre amitié nous a donné de consolation; et dans le bonheur on jouit doublement, quand on peut le partager avec un ami ; et où en trouver de plus tendre, de plus cher que dans sa propre famille ? Que mon fils n'oublie jamais, les derniers mots de son père, que je lui répète expressément : " qu'il ne cherche jamais à venger notre mort. »
J'ai à vous parler d'une chose bien pénible à mon cœur. Je sais combien cet enfant doit vous avoir fait de la peine; pardonnez-lui, ma chère sœur ; pensez à l'âge qu'il a, et combien il est facile de faire dire à un enfant ce qu'on veut, et même ce qu'il ne comprend pas : un jour viendra, j'espère, où il ne sentira que mieux tout le prix de vos bontés et de votre tendresse pour tous deux. Il me reste à vous confier encore, mes dernières pensées; J'aurais voulu les écrire dès le commencement du procès ; mais outre qu'on ne me laissait pas écrire, la marche en a été si rapide que je n'en aurais réellement pas eu le téms.
Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où j'ai été élevée, et que j'ai toujours professée ; n'ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s'il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop, s'ils y entraient une fois, je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j'ai pu commettre depuis que j'existe. J'espère que, dans sa bouté, il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis long-tems pour qu'il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté. Je demande pardon à tous ceux que je connais, et à vous, ma sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j'aurais pu vous causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu'ils m'ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes et à tous mes frères et sœurs. J'avais des amis; l'idée d'en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j'emporte en mourant ; qu'ils sachent, du moins, que, jusqu'à mon dernier moment, j'ai pensé à eux. Adieu, ma bonne et tendre sœur; puisse cette lettre vous arriver! Pensez toujours à moi; je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfans : mon Dieu ! qu'il est déchirant de les quitter pour toujours. Adieu, adieu, je ne vais plus m'occuper que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m'amènera peut-être un prêtre ; mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot, et que je le traiterai comme un être absolument étranger. »

La tradition assure qu'un  prêtre "réfractaire" (ayant refusé de prêter serment à la constitution civile du clergé) se tenait à une fenêtre d'un étage élevé d'un immeuble situé sur le passage de la charrette conduisant à la guillotine, immeuble marqué d'avance, et que la reine l'aperçut qui lui donnait l'absolution, ce qui la réconforta. Vraie ou non, cette anecdote est touchante.  

Marie-Antoinette dans la charrette (croquis par David)
Tel fut le martyre de l'épouse du roi très-chrétien. Leurs restes furent transportés et inhumés le 21  janvier 1815 dans la basilique de Saint-Denis, la nécropole royale, où un double monument leur fut élevé.
dernier billet de Marie-Antoinette

Saint Michel, protecteur de la France

 On a peu remarqué que ce même 16 octobre est une des trois fêtes de saint Michel.

La première, le 8 mai,  commémore l'apparition de saint Michel au pape saint Grégoire le Grand, en 590, sur ce qui devait ensuite devenir le "château Saint-Ange",
castel Sant'Angelo, à Rome. A cette commémoration fut associée à la même date celle de l'apparition du même archange sur le mont Gargan, dans les Pouilles. 

Vient ensuite la fête la plus connue, celle du 29 septembre, qui commémore la dédicace à saint Michel d'une église à Rome.

Et enfin, la troisième, celle du 16 octobre, quasiment oubliée de nos jours, est pourtant la fête spécifiquement française puisqu'elle célèbre l'apparition de saint Michel à l'évêque d'Avranches saint Aubert sur le mont Tombe, et la dédicace le 16 octobre 709 des prémices de ce qui deviendra au fil des siècles une des merveilles du monde, l'abbaye du Mont Saint-Michel, "Saint-Michel au péril de la mer", citadelle de prière demeurée inviolée à travers toutes les guerres.
Saint Michel combattant le dragon
flèche du Mont Saint-Michel
Or saint Michel est, on le sait (ou on ne le sait plus), le protecteur de la France. C'est lui qui, accompagné de sainte Marguerite et de sainte Catherine, est venu révéler à Jeanne d'Arc sa mission, et l'a accompagnée jusque dans sa prison, elle, autre martyre.

Comme rien ne survient par hasard, il n'est pas indifférent que l'archange protecteur et patron de la France ait accompagné la reine de France à sa demeure dernière. En effet, parmi ses fonctions, il a celle d'être "psychopompe" , accompagnateur des âmes, et nul doute qu'il a accompagné la reine de France à sa demeure céleste.

Saint Michel, chef des milices célestes, est aussi celui qui a précipité Satan, "le grand dragon" des hauteurs célestes et qui de même le vaincra à l'accomplissement des temps (Apocalypse 12, 9 et 20, 2). 

A cette fonction apocalyptique, la terre de France et la lignée royale de France demeureront-elles étrangères ? Il est permis de croire que non.

En tout état de cause,la reine Marie-Antoinette est et restera liée à l'archange saint Michel, comme le roi Louis XVI à saint Maxime le Confesseur.




2 commentaires:

  1. merci mon frére pour ce rappelle historique.quand je voie les cours d histoire de ma fille , il me semble qu il y a beaucoups d oublies.

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  2. D'une façon générale, tout ce qui a trait à cet être vivant qui se nomme la France est omis.
    L'anti-patriotisme est la posture qui se porte le mieux !

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