Propos d’un
humaniste chrétien
Un ami qui m’est très
proche m’a fait parvenir cette méditation qui, datant de quelques années, n’en
est pas moins plus que jamais d’actualité au milieu des discussions souvent âpres
qui agitent la société- du moins celle qui a de quoi se loger et se nourrir.
Je la publie avec son entier
accord :
La vie est sacrée,
la vie sous toutes ses formes : je crois que tout homme civilisé peut
tomber d’accord sur ce postulat. On m’objectera les tortionnaires, les
bourreaux, les tueurs en série, les fauteurs de génocides ; mais ceux-là
ne sont pas des êtres civilisés, ce sont des barbares. La civilisation repose
sur le respect de la vie.
C’est
une idée qui progresse de nos jours d’une façon marquante en ce qui concerne ce
qu’on appelle la nature, c’est-à-dire le règne animal et le règne végétal.
Témoin le succès grandissant de l’écologie, que ce soit l’écologie au sens
vrai, qui œuvre en faveur des équilibres naturels, de la protection des milieux
(c’est son sens étymologique) ou que ce soit aussi l’écologie militante qui s’est
dévoyée en action politique.
Cela
pour la « nature naturelle », si l’on peut dire. Mais la nature
humaine ? le respect de la vie humaine ? Constate-t-on un progrès, ou
bien plutôt une régression, et immense ? Toujours les hommes ont tué des
hommes (cela a commencé avec Caïn et Abel), mais jamais, avant les
« guerres d’enfer » (pour reprendre le titre de l’ouvrage
prémonitoire d’un auteur bien oublié aujourd’hui, Alphonse Séché), jamais on
n’avait massacré les hommes par millions, et jamais par des moyens autres que
ceux de la guerre : camps de concentration, avec leurs chambres à gaz ou
leurs fours crématoires, goulags, famines planifiées comme en Ukraine par
Staline dans les années 30, les Khmers rouges au Cambodge, et depuis, la liste
s’allonge, s’allonge... La Révolution française avait bien inauguré cela en
Vendée (« La Vendée sera anéantie », avait décrété la Convention en
1793), mais sur une échelle sans commune mesure.
D’où
le terme, d’invention contemporaine, de « génocide ».
Il
est clair que, hormis pour les croyants – et encore pas tous, cela dépend de
leur croyance [1]- l’être humain n’est plus, en tant que tel,
objet de respect. Et cette dépréciation rejaillit sur la nature des traitements
(terme neutre) que l’on peut, ou au contraire on ne peut pas, faire subir à cet
être humain.
On
peut, grosso modo, répartir les
esprits en deux catégories antagonistes. Première catégorie : ceux pour
qui la vie est sacrée au sens fort du terme parce qu’elle est d’origine divine,
et même de nature divine : « Dieu forma l’homme de la poussière de la
terre, il insuffla dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint une
âme vivante » (Genèse 2, 7) ; « Je suis le chemin, la vérité et
la vie », déclare le Christ lors
de la dernière Cène (Jean 14, 6) ; ou encore, avant de ressusciter Lazare,
il affirme à Marthe : « Je suis la résurrection et la vie »
(Jean 11, 25). De son côté l’apôtre Paul enseigne (aux Athéniens, sur
l’Aréopage) : « En Lui [le Christ]
nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Actes 17, 28).
Pour
ceux qui croient cela, la vie humaine est sacrée au sens plénier, absolument,
intégralement, du tout premier début jusqu’à l’extrême fin, de l’embryon
jusqu’au mourant. Et cela parce qu’elle porteuse de « cette part immatérielle
de chaque être qui a plus de prix à nos yeux que tout l’univers matériel »
(François Mauriac).
A
l’opposé, on trouve les matérialistes, pour qui l’être humain est un assemblage
d’organes eux-mêmes constitués de cellules, qui sont elles-mêmes des
conglomérats de molécules interagissant entre elles selon certains schémas. Cet
assemblage n’a pas plus de valeur intrinsèque que, mettons, une éponge. Il est
ce qu’il est par hasard et non selon une nécessité, ce qui impliquerait ce
qu’Aristote nomme une entéléchie, c’est-à-dire un destin prédéterminé, ce
qu’ils nient fermement. Dans cette optique, un embryon n’a pas essentiellement
un statut autre que celui de n’importe quel organe humain, un rein, par
exemple, ou un appendice.
Reste
que cet organe ou organisme qu’est l’embryon, puis le fœtus, acquiert une
conscience, à la différence de l’éponge. Or la conscience fait l’homme.
Quelle
est cette conscience ? La conscience réflexive, indubitablement. Mais
n’existe-t-il pas aussi une conscience instinctive, que l’homme partage avec les
animaux ? Et quand acquiert-il simultanément cette double conscience, ou
successivement ces deux consciences ? A quel stade, ou stades, de son
développement ? Et, question grave : d’où les tient-il ? D’un
processus purement électro-chimique ? On alimente des querelles sans fin
sur les jours et les mois de grossesse sans savoir répondre à aucune de ces
questions, dont la plus importante est celle-ci : à quel moment l’être
humain devient-il un être humain, doté par nature de ces droits
imprescriptibles qu’ont proclamé les Constituants de 1789 dans leur fameuse
Déclaration des « droits naturels,
inaliénables et sacrés de l’homme »
(Préambule), dont tout le monde se réclame sans l’avoir lue. L’article II
stipule que « les droits naturels et imprescriptibles de l’homme... sont la liberté, la propriété, la sûreté et
la résistance à l’oppression ».
Tels
sont les droits sacrés que l’homme
possède par nature. Si le droit à la
vie n’y figure pas, c’est pour la raison qu’il est, par consensus universel, le
premier de tous, celui en l’absence duquel aucun autre n’existe. Et si ces
droits sont « naturels », c’est bien qu’il existe une nature humaine
irréductible à la matière, même organique.
Cela
posé, les choses ne sont pas si simples, ou simplistes. Les partisans acharnés
du « droit » à l’avortement ainsi que des recherches intrusives sur
l’embryon, se trouvent être les adversaires non moins acharnés de la peine de
mort. Y aurait-il donc deux catégories, deux modalités de la vie humaine, l’une
intouchable, et l’autre sans importance ?
L’incohérence
n’en existe pas moins dans le camp adverse. Ceux qui militent, parfois
publiquement, contre l’avortement et les manipulations génétiques, sont très
souvent – pas toujours – partisans de la peine de mort. D’où la même interrogation.
Revenons
donc à notre point de départ. Si l’être humain est sacré, soit au sens plein,
soit en un sens allégorique ou moral, et si la vie, et pas seulement la vie
humaine, l’est aussi, nous nous trouvons face à une série d’apories.
Selon
les adeptes de certaines sectes, américaines pour la plupart, la vie se
développant dans la moindre de ses étapes sous l’étroite gouvernance de Dieu, la médecine est intruse, voire
sacrilège, et doit être absolument bannie – ce que ces sectes appliquent avec
les déplorables résultats que l’on sait. C’est un extrême, assurément, mais
d’une attitude qui, sous une forme plus modérée, n’est pas loin de penser que
certaines formes de la médecine, et surtout de la chirurgie, sans parler des
recherches génétiques, dont nous reparlerons, sont attentatoires à la volonté
de Dieu, qui seul a droit de vie et
de mort sur l’homme.
Pour
d’autres, tout au contraire, la science, notamment médicale, est reine, et
reine absolue, et peut faire ce qu’elle juge bon de faire du « matériau
humain ». Dans ce cas d’espèce, bien plus fréquent qu’on imagine, la
condition humaine est menacée comme elle ne l’a jamais été, car elle l’est par
ce dieu tout-puissant et omniscient qu’est la science.
Ces
deux attitudes peuvent-elles satisfaire l’homme sensé ? Je mets en fait
que non.
Ne
feignons pas la neutralité, et prenons l’attitude du chrétien que nous sommes. Dieu, oui, nous a donné la vie. Mais non
sans contreparties : il nous l’a confiée à charge pour nous d’abord de la
conserver – pareil cadeau ne se méprise pas – et ensuite et surtout d’en faire
le meilleur usage pour nous et pour les autres, et cela à égalité.
Nous
avons donc pour devoir de soigner notre vie, de la conserver en bon état autant
qu’il dépend de nous ; et nous avons strictement le même devoir envers
notre prochain. Et c’est là toute la justification spirituelle de la médecine.
C’est
dans cet esprit-là que doivent trouver leur solution les problèmes de
conscience, qui sont parfois des drames, que font surgir les événements de la
vie.
Il
n’y a pas de doute que la suppression d’un embryon ou d’un fœtus, par
avortement ou autrement, est le meurtre d’un être vivant. De même l’euthanasie :
si elle est consentie, c’est un suicide, si elle ne l’est pas, c’est un
meurtre.
Faut-il
toutefois en rester à pareille conception légaliste et morale, si légitime
soit-elle ? La théologie orthodoxe, dans sa sagesse pragmatique, distingue
les canons, qui sont des règles
imprescriptibles, de l’économie, qui
est leur application miséricordieuse aux circonstances effectives de
l’existence, application qui doit faciliter la vie aux chrétiens face aux
difficultés qu’ils rencontrent, et non pas la leur rendre encore plus
difficile, voire insupportable[2].
Exemple typique : le mariage. L’Eglise orthodoxe, tout comme l’Eglise
romaine, professe le principe de l’indissolubilité du mariage. Cependant, elle
constate que, dans la vie quotidienne, nombre de mariages se rompent, que
l’union qu’ils consacrent n’existe plus. Que fait-elle ? Elle déplore cet état
de fait mais, admettant le droit à l’erreur, elle prononce la dissolution en
droit – c’est-à-dire qu’elle efface les engagements réciproques des conjoints –
laquelle sanctionne la dissolution déjà survenue en fait, et chacun des anciens
époux, rendu libre de toute obligation, peut de nouveau, s’il le désire, se
marier religieusement.
Ce
comportement peut être transposé en ce qui concerne cet être porteur de vie
qu’est l’embryon.
Qui
peut nier que la stérilité des couples ou que l’existence de maladies
génétiques appellent des solutions médicales, au nom, précisément, du droit à
la vie ?
La
fécondation in vitro a rendu le
bonheur à de très nombreux couples en mal d’enfant. Et il est faux de dire que
celui-ci est d’origine névrotique, car il correspond à la parole de Dieu : « Croissez et
multipliez » (Genèse 1, 28). L’instinct de paternité, à l’image de la
paternité divine, et l’instinct de maternité, à l’image de celle de la Vierge
Marie, sont constitutifs de la nature humaine. Et comment réaliser la
fécondité, issue du croisement naturel de ces deux instincts, comment la
réaliser artificiellement lorsqu’elle ne peut pas l’être naturellement, sinon
par la mise en jeu d’embryons (ou de cellules embryonnaires, ce qui revient au
même) ?
De
même, il est devenu patent que nombre de maladies d’origine génétique peuvent
être combattues par l’emploi de gènes empruntés à l’embryon.
Y
aurait-il donc deux droits à la vie qui se concurrenceraient ?
Se
pose aussi la question cruciale des embryons dits surnuméraires, ces embryons
prélevés en vue de fécondations artificielles et qui n’ont pas trouvé
d’emploi : ils sont voués à la destruction, c’est-à-dire à la mort, au
bout d’un temps déterminé. Il y a là, sans ambiguïté, mort d’homme (même si
celui-ci est potentiel). Est-il amoral qu’ils trouvent l’emploi qui leur a fait
défaut, pour servir à guérir certaines de ces maladies, autrement dit servir au
bien de l’humanité entière ? Leur sacrifice servirait à une noble cause –
et j’y vois une application singulière de la communion des saints.
Car
enfin, dans la perspective chrétienne, le sacrifice d’une victime innocente,
voire d’une victime inconsciente (et je pense aux Saints innocents) a une
valeur que la justice ou la science humaines ne sont pas capables d’apprécier,
mais Dieu, si.
Comme
on voit, les choses ne sont pas simples : c’est l’intellect humain qui
leur impose sa vision simpliste.
Encore
moins simples sont les questions, somme toute très voisines, de l’avortement et
de l’euthanasie.
Un
préalable d’abord, et qui est d’importance. La contraception n’est pas
l’avortement, et elle en diffère essentiellement. Comme son nom l’indique, la
contraception fait obstacle à la conception, elle empêche l’apparition d’un
être vivant, elle ne le supprime pas. Tout autre est l’avortement : cet
être vivant existe bel et bien, et l’avortement met fin prématurément à son
existence.
Que
penser alors de l’avortement ? Posons d’abord un principe
intangible : nul n’a le droit d’imposer à autrui ses convictions, ni les
croyants aux incroyants, ni les incroyants aux croyants. Mais une fois cela
dit, la question a-t-elle beaucoup avancé ?
En
toutes choses, il faut considérer la fin, dit le proverbe. La loi Veil avait
pour fin de mettre un terme au martyre – il n’y a pas d’autre mot - de ces
centaines de milliers de femmes victimes chaque année, et parfois mortellement,
des « faiseuses d’anges ». En légalisant l’avortement – pudiquement
baptisé IVG, interruption volontaire de grossesse, mais il faut appeler un chat
un chat – tout en l’encadrant dans des conditions strictes, elle entendait
ouvrir une issue dans l’impasse dramatique dans laquelle tant de femmes se
trouvaient enfermées. En proposant cela, Mme Veil, qui ne fait pas mystère de
son athéisme, n’éprouvait aucun scrupule de conscience ; mais elle fut
soutenue énergiquement par des chrétiens, pour la plupart médecins, dont le
docteur Mézard, rapporteur de la loi pour le Sénat, que la connaissance qu’ils
avaient de cette multitude effrayante de cas dramatiques conduisit à braver les
consignes (évidemment hostiles) de l’Eglise romaine. Il est juste de dire qu’au
Sénat au moins, j’en fus témoin, le débat fut d’une exceptionnelle élévation,
chacun s’exprimant en vertu de ses convictions personnelles et non en fonction
de considérations partisanes.
Ce
fut, hélas, un feu de paille. La loi Veil, on s’en souvient peut-être, était
soumise à expérimentation. Elle fut pérennisée cinq ans plus tard par la loi
Pelletier, et alors la langue de bois prit sa revanche, et de belle manière.
Quelle
est la réalité à l’heure présente ? En dépit du nombre de femmes qui
recourent en toute légalité à l’IVG, celles qui se font avorter clandestinement
sont tout aussi nombreuses qu’avant la loi Veil. Celle-ci est-elle donc un
échec ? Qui peut le dire ? Faudrait-il l’abroger ? Personne ou
presque n’ose le soutenir[3].
Alors, que faire ? Sans doute renforcer considérablement l’information et
l’accès à la contraception qui, elle, n’est pas un meurtre. Dans beaucoup trop
d’esprits, surtout juvéniles, est installée l’idée absurde – et dangereuse –
que l’avortement n’est en somme qu’une forme un peu plus « physique »
de la contraception. Dangereuse – je laisse de côté la morale – pour la santé
de celles qui y ont recours.
Une
chose est sûre, en tout cas : il faut se garder d’édicter une règle
générale, car tous les cas sont des cas particuliers. Faut-il faire avorter la
femme dont l’on sait de science certaine que son enfant sera trisomique ?
Nombre de couples s’y refusent, et accordent à cet enfant disgracié l’amour
débordant qui est ce dont il a le plus besoin.
Ce
cas est-il analogue à celui des femmes violées – notamment dans les circuits
clandestins d’immigration ? Des filles victimes d’inceste ? (Un cas
récent, assez horrible, a défrayé la chronique). Des religieuses violées à
l’occasion de mouvements insurrectionnels en Afrique ou en Amérique
latine ? Doivent-elles toutes se résigner à garder leur enfant, au motif
que Dieu l’aurait voulu ? Mais
est-on bien sûr que Dieu l’ait
voulu ? Pour les religieuses, il est des moyens discrets de faire place
nette – je sais de quoi je parle ; mais pour les autres ? Quels cas
de conscience !
Même
chose pour l’euthanasie, avec toutefois une différence capitale : l’être
en fin de vie est supposé être demeuré conscient, et c’est consciemment qu’il
peut décider de disposer de sa vie – même si, en toute justice, il n’en est pas
propriétaire, mais dépositaire. L’euthanasie active, répondant à une volonté
clairement exprimée et dûment enregistrée, est assimilable à un suicide, et le
suicide n’est plus – même en Angleterre ! – passible de sanctions pénales.
En revanche, l’euthanasie passive... Avec un sujet inconscient, ou présumé tel, que de dérives à
craindre ! (Il semble que l’on en ait déjà constaté dans un pays
limitrophe de la France, la Belgique, pour ne pas la nommer). Pour parler
vulgairement, l’oncle à héritage n’a qu’à bien se protéger !
En
fait, tout est affaire de conscience. « Science sans conscience n’est que
ruine de l’âme », enseignait maître Rabelais, qui ajoutait (traduit de
l’Ecriture) : « Sapience n’entre point en âme malivole ». Or la
conscience ne se décrète pas par la loi. Tout ce que peut faire la loi, c’est
de poser des limites : « Tu
as posé une limite que les eaux ne doivent pas franchir » (Psaume 104, 9)
– (les eaux, ce sont les passions humaines désordonnées, la limite, c’est celle
de la justice-justesse). Mais à l’intérieur de ces limites, il n’y a que des
hommes, avec leur conscience, ou leur inconscience, ou leur refus de toute
conscience. Et à cela, personne ne peut rien.
On
ne peut rien pour altérer ou contraindre la conscience des hommes, mais on peut
au moins déployer toutes ses capacités pour la convaincre que « la seule
querelle qui vaille, c’est celle de l’homme ». L’homme intégral, dans
toutes ses dimensions, de A à Z, de l’alpha à l’oméga. L’homme en devenir,
l’homme fait, l’homme qui se défait. (D’ailleurs, à prendre une juste vue des
choses, l’homme est toujours en devenir). L’homme ne peut pas acquérir, à tel moment de son devenir,
le statut d’homme, et puis le perdre
ou en être dépossédé à tel autre moment de ce même devenir.
C’est
pourquoi me séduit assez la notion juridique d’homme en puissance pour caractériser cet homoncule qui n’a pas
encore vu le jour. Cela lui confère des droits potentiels, comme à un héritier
putatif qui n’a pas encore l’âge requis pour recueillir son héritage.
En
un mot, en un maître mot, ce qu’il faut par tous moyens faire triompher, c’est l’humanisme, l’humanisme intégral. Car
enfin, voilà un point sur lequel tous devraient pouvoir s’accorder, du moins je
l’espère : Anthropos pantôn metron,
« l’homme est la mesure de toutes choses ».
X Jean-François Var
Archiprêtre de l’Eglise
orthodoxe d’Europe
10 février 2009
En la fête de sainte Scholastique
[1]
Par « croyants », je n’entends pas seulement et pas nécessairement
les croyants en Dieu, mais bien
plutôt les croyants en l’homme. Il y
a nombre de croyants en Dieu, et même
de dévots, qui massacrent allégrement leur prochain au nom de Dieu ! Mille exemples nous viennent à
l’esprit sans nul besoin de faire retour à l’histoire ancienne. Toutefois croire en l’homme ne suffit pas à lui
conférer cette transcendance inaliénable qui est la marque du sacré. Il faut croire également en Dieu et en l’homme, c’est-à-dire en l’Homme-Dieu, Jésus-Christ.
D’où vient que les chrétiens sont porteurs de cet infini respect envers la
personne humaine en qui ils voient une image de Dieu. Du moins, ils devraient...
[2]
« Il y a le dogme, il y a les règles, mais il y a aussi l'économie : Dieu,
pour nous sauver, nous prend là où nous sommes, là où nous en sommes par
rapport au mystère de son amour. Dans une existence avec la mort dedans, rien
de ce qui essaie de vivre n'est fixe, ni définitif, ni absolu. La fixité,
anomalie du comportement humain, conduit au blocage ; la hâte de faire du
définitif, au remplacement de la Tradition par un pesant système d'habitudes;
la fausse absolutisation, à l'idolâtrie subtile. Et donc, la vie est toujours
au-dessus de la règle. » Mgr Jean de Saint-Denis, Cours de Droit Canon 1957-1958.
[3]
Hélas, certains extrémistes en sont venus là – par réaction, mais ce n’est pas
une excuse, à des extrémistes adverses qui proclament un droit absolu des femmes à avorter selon leur gré. Ce qui n’est pas davantage admissible
par le sens commun (note de 2014).
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