mercredi 20 octobre 2010

Marie dans la théologie du salut selon S. Irénée


[d'après E. TONIOLO, S. Ireneo: la teologia della salvezza, in Riparazione mariana, LXI (1976) 5, 12-13]

La théologie de l'histoire signifie que Dieu a un but lorsqu'il créé le monde. Saint Irénée explique que l'histoire a un sens. De plus, après le péché, Dieu a un plan de rédemption, l'histoire devient une histoire de salut.
 
Le Plan de la création. L’accomplissement du projet de Dieu quand il créa le monde.
Cette dimension donne le sens de l’existence : la vie existe pour un but, un projet divin. Ce but est l’Incarnation : Dieu fait homme pour que les hommes participent de la vie divine. Or, l’Incarnation advient par Marie.
 
Le Plan de la rédemption. Le salut après le péché.
Cette dimension donne l’espérance dans le combat spirituel. Le Christ reprend Adam ; la croix reprend l’arbre de la chute, Marie reprend Ève. C’est une
« régénération ». C’est aussi une « récapitulation » où tout retrouve son sens et son orientation, dans le Christ.
 
Nous voyons donc que Marie se situe au sommet de la « théologie de l’Histoire »*
 
Marie terre vierge
« Si Adam fut créé par la terre vierge, non encore travaillée, donc par la vertu et la puissance de Dieu (cf. Gn 2, 4b-7), le nouvel Adam aussi doit avoir ses origines d’une terre vierge, par la même puissance et la vertu de Dieu. Marie est cette terre vierge dont Christ se fait "premier-né".»
(IRENEE DE LYON, Contre les hérésies, III 18,7)
 
Marie mère du nouvel Adam
Marie transmet au Christ toute la réalité humaine d’Adam, pour qu’il soit le nouvel Adam, le Fils de l’homme, le « résumé » de tous les hommes depuis le premier.
(Cf. IRENEE DE LYON, Démonstration de la Prédication apostolique § 32)
 
Adam, tenté par Satan, désobéit et chuta, le Christ tenté aussi par Satan, resta fidèle, pour que là où le péché avait abondé surabondât la grâce. Or, la présence et la fonction de Marie dans la réalisation du Salut a été nécessaire et décisive.
 
Marie "avocate"
Irénée utilise des expressions fortes:
« Car il fallait qu’Adam fût récapitulé dans le Christ, afin que ce qui était mortel fût englouti par l’immortalité, et il fallait qu’Ève le fût aussi en Marie, afin qu’une Vierge, en se faisant l’avocate d’une vierge, détruisît la désobéissance d’une vierge par l’obéissance d’une Vierge. »
(IRENEE DE LYON, Démonstration de la Prédication apostolique § 33)
 
Quand à l’Annonciation Marie parle avec l’ange Gabriel et se montre obéissante, elle défend le genre humain, solidaire, elle est «avocate» d’Eve.
(cf. IRENEE DE LYON, Contre les hérésies III,19,1)
 
Marie défait les noeuds, Marie "cause du salut"
Marie, en accueillant le Salut, est définie "cause de salut" pour ceux à qui Ève avait causé la mort. Marie sait défaire les nœuds de la désobéissance et de la mort.
« Car, de même qu’Ève, ayant pour époux Adam, et cependant encore vierge – car ils étaient nus tous les deux dans le paradis et n’en avaient point honte (Gn 2,25), parce que, créés peu auparavant, ils n’avaient pas de notion de la procréation : il leur fallait d’abord grandir, et seulement ensuite se multiplier (Gn 1,28) – de même donc qu’Ève, en désobéissant, devint cause de mort pour elle-même et pour tout le genre humain, de même Marie, ayant pour époux celui qui lui avait été destiné par avance, et cependant Vierge, devint, en obéissant, cause de salut (cf. He 5,9) pour elle-même et pour tout le genre humain.
C’est pour cette raison que la Loi donne à celle qui est fiancée à un homme, bien qu’elle soit encore vierge, le nom d’épouse de celui qui l’a prise pour fiancée (Dt 22,23-24), signifiant de la sorte le retournement qui s’opère de Marie à Ève.
Car ce qui a été lié ne peut être délié que si l’on refait en sens inverse les boucles du nœud. »
(IRENEE DE LYON, Contre les hérésies, III,22,4)
 
Dans son sein virginal, Marie engendre le Christ et régénère tous les hommes
Comme vraie mère, Marie garantit que Dieu a tout assumé de nous jusqu’à devenir "Fils de l’homme", donc nous sommes entièrement assumés et entièrement sauvés. Comme Vierge divinement féconde, Marie garantit que c’est Dieu qui est né d’elle, et qu’ensuite il sauve vraiment : avec sa puissance divine.
(cf. IRENEE DE LYON, Contre les hérésies V, 19,1)
 
Marie, de son sein virginal, a engendré le Christ, la Tête du corps, à un moment spécial de l’histoire. Dans le Christ, Marie a régénéré pour Dieu tous les membres de l’humanité, autrement dit, son sein maternel reste la source permanente de la régénération des hommes en Dieu.
« Ils ont prêché l’Emmanuel né de la Vierge (Cf. Is 7,14) : par là ils faisaient […] que lui, le Pur, ouvrirait d’une manière pure le sein pur qui régénère les hommes en Dieu et qu’il a lui-même fait pur ; que, s’étant fait cela même que nous sommes, il n’en serait pas moins le "Dieu fort" (Is 9,6), celui qui possède une connaissance inexprimable (Is 53,11) »
(IRENEE DE LYON, Contre les hérésies IV 33, 11)
 
 
Source : http://www.mariedenazareth.com/


Suite de Raimon Panikkar bientôt

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