lundi 28 mars 2011

Une homélie de saint Philarète de Moscou, à propos de l'Echelle Sainte

Durant ce temps de Carême que, cette année encore, les chrétiens de toutes confessions partagent, il est juste et salutaire de se rassasier l'âme de quelques propos spirituels.
Un des plus éminents ascètes et pères spirituels est saint Jean Climaque, qui vécut aux VIe et VIIe siècles, où il fut abbé du monastère du mont Sinaï. Son traité "L'Echelle sainte" l'a immortalisé.
Il n'est pas inutile de publier ici une homélie que le saint métropolite Philarète prononça à son sujet.




Homélie
sur Saint Jean Climaque
et

l'Echelle de la Divine Ascension

par le saint métropolite Philarète de Moscou

Au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.

Frères, à plus d'une reprise, il a été mentionné que, durant le Grand Carême, il y a d'autres commémoration en plus de celle de la Résurrection. Ainsi, en ce jour, l'Eglise glorifie le bienheureux Jean Climaque, un de ces ascètes parmi les plus grands, que l'Eglise, parlant d'eux, appelle « anges terrestres et hommes célestes. »

Ces grands ascètes étaient des gens extraordinaires. Ils commandaient aux éléments ; les bêtes sauvages leur obéissaient volontairement et prestement. Pour eux, il n'existait pas de maladie qu'ils ne puissent guérir. Ils marchaient sur les eaux comme sur la terre sèche ; tous les éléments du monde leur étaient soumis, parce qu'ils vivaient en Dieu et avaient la puissance de la grâce pour vaincre les lois de la nature terrestre. Saint Jean Climaque était un de ces ascètes.

Il a été surnommé « Climaque » (Echelle) parce qu'il a composé un ouvrage immortel, L'Echelle Sainte. Dans cet ouvrage, nous voyons comment, en trente étapes, le chrétien gravit progressivement du bas jusqu'aux hauteurs de la suprême perfection spirituelle. Nous voyons comment une vertu amène à une autre, à mesure que l'homme s'élève encore et toujours plus, et pour finir atteint ce sommet où se trouve la couronne des vertus, qui est appelée « l'amour chrétien. »

Saint Jean a composé son immortel ouvrage en particulier pour les moines, mais dans les temps, son Echelle a toujours été la lecture favorite en Russie pour quiconque de zélé voulait vivre pieusement, bien que n'étant pas moine. Le saint y démontre clairement comment l'on passe d'un échelon au suivant.

Souviens-toi, âme chrétienne, que cette ascension vers le sommet est indispensable pour quiconque aspire à sauver son âme pour l'éternité.

Lorsque nous jetons une pierre en l'air, elle monte jusqu'à ce qu'elle arrive au point où la force de propulsion cesse d'être effective. Tant qu'agit cette force, la pierre monte toujours plus haut, surmontant la force de la gravitation terrestre. Mais quand cette force de propulsion est épuisée et cesse d'agir, alors, comme vous le savez, la pierre ne reste pas suspendue en l'air. Immédiatement, elle commence à retomber, et plus loin elle retombe, plus grande sera la force de sa chute. Et cela, uniquement en raison des lois physiques de la gravitation terrestre.

Il en est de même dans la vie spirituelle. A mesure que le chrétien gravit progressivement l’Echelle, la force des travaux spirituels et ascétiques le porte. Notre Seigneur Jésus Christ a dit : « Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite. » Cela signifie que le chrétien doit être un ascète. Pas seulement le moine, mais tout chrétien. Cela doit lui en coûter pour son âme et sa vie. Il doit diriger sa vie sur la voie chrétienne, et purger son âme de toute souillure et impureté.

Mais si, pour le chrétien occupé à gravir cette échelle de perfection spirituelle par ses luttes et travaux ascétiques, soudain cessent son œuvre et son effort ascétiques, alors son âme ne restera pas à l’altitude atteinte, mais, comme la pierre, elle retombera sur terre. Et si rapide sera la chute que si, pour finir, l'homme ne reprend pas ses esprits, elle le fera s'enfoncer dans les abysses de l'Hadès.

Il est nécessaire de s'en souvenir. Les gens oublient que la voie du christianisme est véritablement un travail ascétique. Le Seigneur a dit : « Si l'on veut venir à ma suite, il faut renoncer à soi-même, prendre sa croix, et Me suivre ainsi »(Mt 16,24). Le Seigneur a beaucoup insisté sur cela. Le chrétien doit être celui qui prend sa croix, et sa vie, dès lors, doit être l'œuvre ascétique consistant à porter cette croix. Quelles que soient les circonstances extérieures de sa vie, qu'il soit moine ou laïc, cela n'a pas d'importance. Dans les deux cas, s'il ne se force pas de lui-même à entreprendre l'ascension, alors, assurément, il chutera toujours plus bas.

Et hélas, à cet égard, les gens sont dans la confusion. Par exemple, un clerc rend visite à une maison durant une période de jeûne. Cordialement et avec prévenance, on lui offre de la nourriture carémique, et on observe : « Pour vous, de la nourriture carémique, bien entendu! »A cela, un de nos hiérarques répond habituellement : « Bien sûr, puisque je suis orthodoxe. Mais qui vous a donné l'autorisation de ne pas respecter le jeûne? » Tous les jeûnes de l'Eglise, toutes les ordonnances, sont obligatoires pour tout chrétien orthodoxe. Des moines, des ascètes tels que saint Jean Climaque et ses semblables jeûnaient bien plus rigoureusement que ce que l'Eglise prescrit; mais cela faisait partie de leur ardeur spirituelle, c’était une illustration de leur travail ascétique personnel. Cela, l'Eglise ne le réclame de personne, parce que ce n'est pas dans les forces de tout un chacun. Mais l'Eglise DEMANDE à tout orthodoxe de respecter les jeûnes qu'elle a décrétés.

J'ai souvent cité des paroles de saint Séraphin de Sarov, et à nouveau je vais le citer. Un jour, une mère de famille vint le trouver, elle était soucieuse pour savoir comment arranger le meilleur mariage possible pour sa fille cadette. Alors qu'elle était près de saint Séraphin pour lui demander conseil, il lui dit : « Avant tout, assure-toi que celui que ta fille choisit comme compagnon pour la vie respecte bien les jeûnes. S'il ne le fait pas, alors c'est qu'il n'est pas chrétien, quoiqu'il puisse lui-même penser l’être. » Vous voyez comment parlait des jeûnes saint Séraphin de Sarov, le plus grand saint de l'Eglise de Russie, un homme qui, mieux que nous, connaissait ce qu'est l'Orthodoxie?

Dès lors, souvenons-nous de ceci. Saint Jean Climaque a décrit l'échelle de l'ascension spirituelle : n'oublions pas que chaque chrétien doit l'escalader. Les grands ascètes la gravissaient comme des aigles agiles ; nous ne la montons que fort péniblement. Et cependant n'oublions pas qu'à moins que nous appliquions tous nos efforts à nous corriger, nous-mêmes et nos vies, nous cesserons notre ascension, et, sans aucun doute, nous commencerons à chuter.

Amen.




1 commentaire:

  1. mon frere merci pour ces explications de grande importance.en effet il faudrait que bons nombres de freres d occident lisent ce texte ,pour voire enfin tous les tresors du christianisme ,tresors qu ils cherchent dans d autres traditions.paix et amour en christ mon frere.

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