lundi 2 janvier 2012

Une correspondance de JB Willermoz

La lecture de Renaissance Traditionnelle est toujours pleine d'intérêt. Celle du dernier numéro paru (n° 163-164, juillet-octobre 2011) est particulièrement passionnante pour les maçons rectifiés.

Dominique Sappia et son équipe des Amis provençaux de Renaissance Traditionnelle ont identifié et retranscrit ce qui survit de l'abondante correspondance échangée entre Willermoz et Achard entre 1786 et 1819 (36 et 34 de part et d'autre). Le frère Achard est bien connu de l'historiographie maçonnique consacrée au Régime rectifié : c'est en sa faveur et celle de sa loge La Triple Union que JB Willermoz compléta et acheva en 1809 l'écriture du rituel de maître écossais de Saint-André. Ce personnage a été présenté dans le n° 156 (octobre 2009) de Renaisance Traditionnelle.

Au cours de cette correspondance très étendue dans le temps (33 ans, moins une interruption de 13 ans due à la Révolution française), nous voyons le "patriarche du Rectifié" prodiguer conseils, d'ordre spirituel et administratif, et parfois réprimandes, au Vénérable d'une loge en proie à des difficultés dont les loges d'aujourd'hui ne sont pas toujours exemptes : nous sommes en pays de connaissance. On y trouve en particulier des notations précises et précieuses sur ce que doit être l'esprit du Rectifié comparativement à celui des autres formes maçonniques. Tout serait à citer - et je renvoie à l'article qui procure d'abondants extraits de cet échange de correspondances. J'en extraits seulement ce membre de phrase :

"Rappelez-leur que le travail journalier du maçon est de travailler jusqu'à son dernier soupir à polir la pierre brute, en consultant souvent son miroir, et reconnaître où il en est de son travail, que leur avancement dans les connaissances maçonniques qu'ils ne trouveront pas ailleurs, dépendront toujours des progrès qu'ils feront sur eux-même à le faire, et qu'il n'aide qu'à ceux qui agissent."

Et le suivant :

"[le régime écossias rectifié] est le seul régime maçonnique, quoi qu'on puisse dire ailleurs, qui ait conservé le but primitif de l'institution..."

Cependant le trésor de ce numéro est une lettre totalement inédite de JB Willermoz intitulée Article secret annexé à ma lettre du 1er septembre 1807. (Willermoz avait donc 77 ans). Cet "article secret" (qui précède de peu la grande lettre de 1810 à Charles de Hesse qui a été qualifiée de "lettre testament"), adressé au frère Achard, présente une analyse complète, à ma connaissance plus complète que  partout ailleurs, de la Grande Profession. Elle vaut d'être lue et méditée intégralement. 

Ce qui y est partculièrement intéressant, c'est que Willermoz en détaille le mode d'emploi. Il distingue, par rapport à la Grande Profession, quatre catégories de chevaliers :

"De plus cette initiation ne peut pas convenir également à tous les chevaliers, quoique tous y aient un droit égal si les dispositions naturelles de chacun sont égales.
Elle est inutile er très inutile à un grand nombre.
Elle a des dangers pour quelques-uns.
Elle est utile à beaucoup ;
et pour quelques-uns elle est nécessaire et très nécessaire."

Willermoz détaille ensuite avec beaucoup de finesse ces quatre catégories. Il y touche en particulier les rapports de l'Ordre avec la foi chrétienne de ses membres d'une manière qui peut être encore très utile de nos jours.

(Petit point anecdotique au passage : Willermoz, au cours de cette corespondance, parle à plusieurs reprises des "hauts grades" de l'Ordre... ce qui renverse quelques idées reçues au sujet de cette terminologie...)

Conclusion : maçons rectifiés, sutout des "hauts grades", lisez sans retard ce numéro (qui contient d'autres richesses, mais je me suis limité à Willermoz).

2 commentaires:

  1. Bonjour,
    ayant participé à ce travail collaboratif, je suis ravi que cet article vous ai plu.
    L'enseignement de Willermoz n'est pas bénéfique que pour les F. du rectifié. Étant né au Rite Français Traditionnel, j'ai énormément découvert avec "Jean-Baptiste" et c'est une joie que de voir le plaisir se partager à un plus grand nombre.

    Je vous souhaite de bonnes futures lectures.
    Cordialement.

    Herve HL

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  2. J'en accepte l'augure !

    Un beau travail comme celui-là mérite d'être salué, et je suis content d'avoir pu le faire.

    Cordialement, dans l'admiration de ce "parfait maçon", comme a écrit Rbert Amadou.

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