vendredi 16 août 2013

Sur la Fête nationale

Sur la Fete nationale


La fête nationale de la France chrétienne et royale (double pléonasme) a lieu le 15 août.

Il n’est pas inutile d’expliquer pourquoi.

Un peu d’histoire

Sous l’ancienne monarchie, il n’y avait pas de fête nationale. En tenaient lieu les très nombreuses fêtes religieuses, dans lesquelles les peuples du royaume (expression plus juste que « le peuple », notion forgée par la révolution française), communiaient, avec les corps constitués, autour du roi, dans une même piété et ferveur. Ces fêtes étaient d’importance inégale et elles étaient célébrées avec  plus ou moins d’éclat selon cette importance. Pour le royaume prédominaient la fête de saint Michel, le 29 septembre, et celle de saint Louis, le 25 août, tous deux protecteurs de la France. S’y ajoutait à Paris la fête de sainte Geneviève, le 3 janvier, protectrice particulière de la ville.

Néanmoins, dans toute l’étendue du royaume, la fête de l’Assomption, le 15 août, était célébrée avec un faste particulier, en application des  prescriptions de ce qu’on a appelé « le vœu de Louis XIII », à savoir la consécration de la France à la très Sainte Vierge Marie (voir ci-dessous). Cette fête étant célébrée dans toute la France à la même date par un édit de l’autorité royale, on peut en bonne logique considérer qu’elle avait un caractère national même si elle n’en eut jamais l’appellation.

Cet édit fut aboli par l’assemblée législative le 14 avril 1792, entre autres mesures antireligieuses comme l'interdiction  du port du costume ecclésiastique. C’est que les acteurs de la révolution qui étaient au départ en majorité déistes, donc non chrétiens, devinrent au cours des ans, les uns succédant aux autres au prix d’une suite d’épurations sanglantes, de plus en plus viscéralement antichrétiens. On connaît les persécutions qui s’abattirent sur ceux qui faisaient profession de christianisme et qui étaient par conséquent réputés « ennemis de la révolution » : laïcs et surtout clercs, qui furent massacrés ou, au mieux, déportés. Même ceux qui avaient juré de bonne foi fidélité à la « constitution civile du clergé » (12 juillet-24 août 1790) furent assez vite tracassés, vilipendés, incités à apostasier. Le tout accompagné de ce « vandalisme » dénoncé en pure perte par l’abbé Grégoire, créateur du terme.

La première fête nationale de la France nouvelle fut la « fête de la Fédération » célébrée sur le Champ de Mars en présence du roi et de plus de 100 000 personnes par deux clercs futurs apostats : l’évêque d’Autun 
Talleyrand-Périgord et l’abbé Louis (futur baron Louis de la Restauration) entourés de 300 prêtres[1].

Vint après cela une « fête de la fondation de la république » célébrée le 1er vendémiaire de chaque année de 1793 à 1803.

Ensuite parut Napoléon.

L’Usurpateur usurpa aussi la fête du 15 août. C’était la date anniversaire de sa naissance (15 août 1769) et aussi celle de la ratification du concordat (15 août 1801)[2] rétablissant la paix avec l’Eglise catholique romaine. Le légat du pape, le cardinal Caprara, dénicha obligeamment un saint Néapolis jusqu’alors inconnu et qu’on décida de fêter le 15 août.  Ainsi la Saint Napoléon devint-elle fête nationale officielle, d’abord de 1806 à 1813 puis, sous le second Empire, de 1852 à 1870.

Ce n’est que par la loi du 6 juillet 1880 que fut instituée une fête nationale de la république, en commémoration de la fête de la fédération de 1790 (donc aussi, sans que ce soit dit, de la prise de la Bastille).[3]

Le vœu de Louis XIII

Au bout de 23 ans de mariage, la reine Anne d’Autriche n’attendait toujours pas d’enfant, ce qui fragilisait la couronne, en plaçant en position d’héritier Gaston d’Orléans, frère puîné de Louis XIII, intrigant patenté, conspirateur brouillon et poltron (il abandonna toujours ses complices).. Même si le couple s’entendait mal, et même fort mal, tous deux étaient très pieux et ils multipliaient prières et pèlerinages en vue de cette grossesse tant désirée. Et voilà qu’au début de l’année 1638, celle-ci se déclare.  D’où cet édit du 16 février consacrant le royaume, le roi et la famille royale à la Reine des cieux.

Et le 5 septembre 1638 naquit le futur Louis XIV, le Grand Roi.[4]

Voici donc le texte de cet édit, qui mérite d’être rappelé :

Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre.

A tous ceux qui ces présentes lettres verront, Salut.

Dieu qui élève les rois au trône de leur grandeur, non content de nous avoir donné l'esprit qu'il départ à tous les princes de la terre pour la conduite de leurs peuples, a voulu prendre un soin si spécial et de notre personne et de notre état, que nous ne pouvons considérer le bonheur du cours de notre règne, sans y voir autant d'effets merveilleux de sa bonté, que d'accidents qui nous pouvaient perdre.
Lorsque nous sommes entré au gouvernement de cette couronne, la faiblesse de notre âge donna sujet à quelques mauvais esprits d'en troubler la tranquillité ; mais cette main divine soutint avec tant de force la justice de notre cause que l'on vit en même temps la naissance et la fin de ces pernicieux desseins. En divers autres temps, l'artifice des hommes et la malice du diable ayant suscité et fomenté des divisions non moins dangereuses pour notre couronne que préjudiciables au repos de notre maison, il lui a plu en détourner le mal avec autant de douceur que de justice.
La rébellion de l'hérésie ayant aussi formé un parti dans l'Etat, qui n'avait d'autre but que de partager notre autorité, il s'est servi de nous pour en abattre l'orgueil, et a permis que nous ayons relevé ses saints autels en tous les lieux où la violence de cet injuste parti en avait ôté les marques.
Quand nous avons entrepris la protection de nos alliés, il a donné des succès si heureux à nos armes, qu'à la vue de toute l'Europe, contre l'espérance de tout le monde, nous les avons rétablis en la possession de leurs états dont ils avaient été dépouillés.
Si les plus grandes forces des ennemis de cette couronne, se sont ralliées pour conspirer sa ruine, il a confondu leurs ambitieux desseins pour faire voir à toutes les nations que, comme sa providence a fondé cet Etat, sa bonté le conserve et sa puissance le défend.
Tant de grâces si évidentes font que pour n'en différer pas la reconnaissance, sans attendre la paix, qui nous viendra sans doute de la même main dont nous les avons reçues, et que nous désirons avec ardeur pour en faire sentir les fruits aux peuples qui nous sont commis, nous avons cru être obligés, nous prosternant aux pieds de sa majesté divine que nous adorons en trois personnes, à ceux de la Sainte Vierge et de la sacrée croix, où nous vénérons l'accomplissement des mystères de notre Rédemption par la vie et la mort du fils de Dieu en notre chair, de nous consacrer à la grandeur de Dieu par son fils rabaissé jusqu'à nous, et à ce fils par sa mère élevée jusqu'à lui ; en la protection de laquelle nous mettons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et tous nos sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Sainte-Trinité, par son intercession et de toute la cour céleste par son autorité et exemple, nos mains n'étant pas assez pures pour présenter nos offrandes à la pureté même, nous croyons que celles qui ont été dignes de le porter, les rendront hosties agréables et c'est chose bien raisonnable qu'ayant été médiatrice de ces bienfaits, elle le soit de nos actions de grâces.
A ces causes, nous avons déclaré et déclarons que prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et de défendre avec tant de soin ce royaume contre l'effort de tous ses ennemis, que, soit qu'il souffre du fléau de la guerre ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. Et afin que la postérité ne puisse manquer à suivre nos volontés en ce sujet, pour monument et marque immortelle de la consécration présente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le grand autel de la cathédrale de Paris avec une image de la Vierge qui tienne dans ses bras celle de son précieux Fils descendu de la Croix , et où nous serons représenté aux pieds du Fils et de la Mère comme leur offrant notre couronne et notre sceptre.
Nous admonestons le sieur Archevêque de Paris et néanmoins lui enjoignons que tous les ans le jour et fête de l'Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente déclaration à la grand'messe qui se dira en son église cathédrale, et qu'après les vêpres du dit jour, il soit fait une procession en la dite église à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines et le corps de ville, avec pareille cérémonie que celle qui s'observe aux processions générales les plus solennelles ; ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises tant paroissiales que celles des monastères de la dite ville et faubourg, et en toutes les villes, bourgs et villages du dit diocèse de Paris.
Exhortons pareillement tous les archevêques et évêques de notre royaume et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales et autres églises de leur diocèse ; entendant qu'à la dite cérémonie les cours de Parlement et autres compagnies souveraines et les principaux officiers de la ville y soient présents ; et d'autant qu'il y a plusieurs épiscopales qui ne sont pas dédiées à la Vierge, nous exhortons les dits archevêques et évêques en ce cas de lui dédier la principale chapelle des dites églises pour y être fait la dite cérémonie et d'y élever un autel avec un ornement convenable à une action si célèbre et d'admonester tous nos peuples d'avoir une dévotion particulière à la Vierge, d'implorer en ce jour sa protection afin que sous une si puissante patronne notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu'il jouisse largement d'une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement à la dernière fin pour laquelle nous avons été créés ; car tel est notre bon plaisir.
Donné à Saint-Germain-en-Laye, le dixième jour de février, l'an de grâce mil six cent trente-huit, et de notre règne le vingt-huit.

C’est donc à bon droit que les royalistes légitimistes célèbrent, au lieu d’une fête républicaine et païenne, la fête, comme je le disais en commençant, de la France chrétienne et royale.

Le vœu de Louis XIII
(Philippe de Champaigne)




[1] La petite histoire conte que Talleyrand, se tournant vers son acolyte, lui aurait glissé à mi-voix : Ne me faites pas rire !
[2] Signé le 15 juillet, ratifié par le pape Pie VII le 15 août.
[3] La « Marseillaise » avait été décrétée hymne national le 14 février 1879.
[4] A certains qui parlaient de miracle, Louis XIII répondit en bougonnant : Le beau miracle qu’un mari fasse un enfant à sa femme quand il couche avec elle ! Joli mot d’esprit. N’empêche qu’il avait fallu attendre 23 ans.









2 commentaires:

  1. une france chrétienne et royale,mon chére tribus liliis vous aller me remplacer la prof d histoire de ma fille ,qui elle nous raconte le contraire,(pauvre france).paix et amour en christ.

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    1. Mon pauvre frère Julien,

      Quand je constate le degré d'inculture historique de mes petites-filles, dont l'aînée entre en seconde, je suis saisi, stupéfié, indigné... et découragé. Impossible de remonter la pente !

      L'école laïco-socialiste nous a fabriqué des générations déculturées et décervelées...

      Paix et amour en X (il le faut bien...)

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