Je ne puis mieux faire que de reproduire l'étude suivante qui est d'un expert :
Le contre-ténor et la haute-contre
Par David Le Marrec, mardi 20 juin 2006
Nombre d'ouvrages de vulgarisation effectuent une confusion
assez grossière entre contre-ténor et haute-contre, si bien que bon nombre
d'amateurs, y compris éclairés, ne savent plus où donner de la tête.
Mettons simplement les choses en place.
Entre le type d'émission et le répertoire, il est impossible
de se tromper après lecture de cette note !
Certes, il s'agit de deux voix d'homme, aiguës,
essentiellement utilisées en musique baroque. Mais à part cela...
En une phrase :
La différence est très simple : la haute-contre est un ténor aigu (avec voix mixte) du répertoire
baroque français, tandis que le contre-ténor
est un falsettiste.
Le contre-ténor est un chanteur qui
utilise la voix de fausset (également appelée voix de tête). On peut dire aussi
« falsettiste », qui a l'avantage de la clarté. Ce chanteur peut être à
l'origine ténor ou baryton, peu importe.
Il y a différentes tessitures en effet chez le contre-ténor
: on parle surtout de l'alto et du mezzo-soprano (appelés « altiste » et «
sopraniste »). On le trouve beaucoup dans la musique italienne du XVIIIe
siècle, surtout dans la musique religieuse ou dans les seconds rôles d'opéra.
Un peu dans certains opéras contemporains - depuis Britten ayant écrit pour
Deller, le redécouvreur de cette voix, le rôle d'Obéron du Songe d'une Nuit
d'Eté.
Exemples : Alfred Deller, Paul Esswood, Andreas Scholl,
Bejun Mehta, David Daniels, Philippe Jaroussky, etc.
Attention, les castrats avaient une voix plus
puissante, plus proche de la voix de femme, et ne chantaient pas forcément en
fausset. On les remplace aujourd'hui par des contre-ténors pour chanter les
opéras de Haendel, pour des affaires de vraisemblance contemporaine (un homme
ne saurait être chanté par une femme), mais ce choix n'a rien d'authentique,
leur voix n'est pas la même, seule leur tessiture est à peu près semblable .
Contrairement aux mezzos et contraltos qui ont toujours
alterné avec les castrats dans ces rôles.
La haute-contre est un ténor, vraiment
un ténor. Un ténor qui a une tessiture assez élevée (souvent des phrases à
tenir entre l'ut3 et le sol3 sans tension), un timbre assez doux. Il doit
savoir utiliser la voix mixte (mélange de voix de poitrine et de voix de tête).
Il est essentiellement utilisé pour chanter les héros de la
tragédie lyrique française des XVIIe et XVIIIe siècle, un sujet souvent abordé
ici. On n'en rencontre plus d'emplois depuis, y compris dans la musique
contemporaine.
Exemples : Howard Crook et Cyril Auvity en sont probablement
les deux meilleurs représentants. Disques recommandés : Phaëton de Lully par
Minkowski pour le premier, Callirhoé de Destouches par Niquet pour le second.
Précisons qu'on trouve aussi un autre type de ténor, en France,
essentiellement utilisé dans la musique religieuse : la voix de taille, un ténor
grave à la couleur claire, tout à fait chantable par un baryton en termes de
tessiture. Il peut partager l'affiche avec une haute-contre, comme dans les
grands motets de Delalande. Voir par exemple le magnifique disque de Paul
Colleaux (Erato 1991) où figure Jubilate Deo omnis Terra.
Pour finir, une curiosité : Gérard Lesne, qui chante à la
fois comme haute-contre et contre-ténor (altiste), et le tout sans changer
nettement son émission ! Il faut dire qu'il est autodidacte.
En bref :
Le castrat a disparu et n'a pas d'équivalent aujourd'hui. A
rapprocher des voix de femme.
Le contre-ténor utilise la voix de fausset pour chanter. On
le trouve dans le baroque italien (et un peu la musique contemporaine).
Beaucoup de rôles de castrats sont aujourd'hui tenus par des contre-ténors pour
des raisons essentiellement fantasmatiques.
La haute-contre est un ténor à la tessiture haut placée,
"à l'émission haute", et intervient uniquement dans le baroque
français, notamment les rôles de jeunes premiers dans la tragédie lyrique.
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