dimanche 16 septembre 2012

Saints de Géorgie I

Claude Lopez-Ginisty, administrateur du blog  http://orthodoxologie.blogspot.fr/ , a pris l'initiative louable de faire connaître les saints de Géorgie, ce pays qui fut l'un des premiers à être christianisés et, par voie de conséquence, un des plus persécutés, comme sa voisine l'Arménie.

Je me réjouis hautement de cette initiative car, à l'occasion d'un pèlerinage récent, j'ai eu un coup de coeur pour cette nation. La foi chrétienne lui est congénitale et elle refleurit avec une vivacité, une spontanéité, une sorte de jeunesse qui donnent une idée de ce que fut le printemps du christianisme. La vie du saint homme qui est relatée ici nous ramène aux temps des Pères du désert, et prouve que les récits à leur sujet que notre génération devenue sceptique considère comme légendaires ne le sont point, puisqu'ils trouvent leur exact répondant dans une existence vraiment extraordinaire qui s'est achevée il y a seulement dix-sept ans.

J'ajouterai un détail au récit. La tombe de ce saint homme suinte en abondance de l'huile miraculeuse, avec laquelle j'ai eu la grâce d'oindre tous les pèlerins qui étaient présents à ce moment-là.

dimanche 16 septembre 2012

L'Archimandrite Gabriel, né Goderdzi Ourguébadzé, est l'un des moines orthodoxes les plus renommés de Géorgie. Il est né de Vassili et Barbara Ourguébadzé le 26 Août 1929, à Tbilissi, en Géorgie. Il fut baptisé enfant à l'église de la sainte martyre Barbara, dans le  district de Navtlughi par l'ancienne "Sœur de la Miséricorde » Tamar Beguiashvili.

Le régime communiste était alors furieusement violent, la religion était persécutée, les églises étaient détruites et fermées, les gens innocents étaient assassinés et déportés.Goderdzi avait d'environ deux ans quand son père, BasileOurguébadzé, fut assassiné dans des circonstances incertaines. Après cela les membres de la famille l'appelèrentVasiko en l'honneur de son père.

Vasiko était un garçon extraordinaire, depuis son enfance, il était doté de la Grâce divine. Il avait l'habitude de construire de petites églises de cailloux et d'allumer des allumettes à l'intérieur. Barbara, sa mère (après le repos en Christ du Père Gabriel, sa mère entra au couvent de Samtavro comme moniale sous le nom d’Anna. Elle est enterrée à côté de son fils) avait peur que l'on voit les actions de son fils, car il n'était pas exclu que l'on puisse espionner leur famille qui élevait ce fils contre l'idéologie communiste.

Dans sa jeunesse, Vasiko se comportait bizarrement, il cessait souvent de jouer avec ses amis et préférait être seul et silencieux. Cependant, il avait encore un divertissement inhabituel : il avait l'habitude de prendre un petit bâton dans ses mains et de s'enfuir. Des oiseaux gazouillant se posaient sur lui, et le suivaient tout le long du chemin. Ceci surprenait tout le monde.
Vasiko était un enfant au cœur tendre. Il ne permettait pas de mettre un piège mortel pour les souris, il les prenait vivantes dans une cage et par la suite,  les libérait en dehors de la cour.

Il entra à l'école à l'âge de six ans. Il fut facile pour lui d'étudier la lecture, l'écriture et l'arithmétique, et il acquit beaucoup d'amour par sa gentillesse. Il avait sept ans lorsqu'il entendit le Nom de Dieu pour la première fois, ce qui eut un grand impact sur son esprit et  changea complètement sa vie ordinaire. Il ramassa bientôt de l'argent pour acheter l'Evangile. Ce fut le début de sa vie entièrement nouvelle. Depuis ce jour jusques à sa mort, le moine Gabriel fut rempli par une pensée et une dévotion : ne vivre que pour le Christ. Il faisait tout le temps la lecture de son Évangile et n'exprimait aucun intérêt pour quoi que ce soit d'autre; il passait peu de temps pour les leçons afin d'avoir plus de temps pour lire son Evangile. Avant d'aller au lit, il entrait dans sa chambre et priait pendant une longue période dans le coin des icônes. Quelques jours avant sa mort, le moine Gabriel s'est rappelé de la période de son enfance:

"J'étais assis sur le balcon, au deuxième étage, plongé dans mes pensées, quand une voix à l'intérieur de moi m'enjoignit de regarder le ciel. Je me suis levé, je suis venu au bord du balcon, j'ai levé les yeux et j'ai vu une grande croix érigée dans le ciel. Je ne savais pas alors, mais je sais maintenant que c'était ma croix à porter pour l'amour de Dieu et de mon peuple."

Son seul autre souvenir se réfère à la même période de son enfance: "Alors que je dormais la nuit, je me suis soudain réveillé et j'ai vu un démon avec une figure terrible en face de moi. Il me regardait plein de rage. Grâce à la miséricorde de Dieu, je n'ai pas eu peur, mais j'ai été tendu. Cependant, je n'ai rien fait pour le chasser. J'ai simplement regardé avec surprise. Il rugissait vers moi - Tu te bats contre moi, n'est-ce pas?! Et il m'a frappé avec le poing. " Lorsque Barbara entra dans la chambre, elle trouva son fils sans conscience. Mais Dieu sauva la vie de son élu.

Le petit Vasiko eut encore un certain avantage de cet accident, ce que montre le moine Gabriel dans un de ses souvenirs: "En voyant le démon, ma foi dans le Christ est devenu plus forte et j'ai dit - si le démon existe, alors Dieu existe encore plus. En outre, j'appréciais la beauté des êtres humains. "

Dieu dota le petit  Vasiko âgé de 12 ans de la puissance divine et de révélations à cause de son amour et de sa dévotion véritables.

* * *

La moniale Pélagie (ancienne higoumène du couvent de la Sainte Vierge Marie de Gurjaani, du même âge que le moine Gabriel et sa voisine) se souvient: "Un jour d'été mon oncle est venu à la maison et a dit à haute voix pour que tout le monde entende -" Gloire à Jésus-Christ, notre Seigneur, il semble qu'il préserve ses élus sur la terre ". Sur la question - "Qu'est-il arrivé? Qu'est-ce qui te surprend?" Il a répondu en racontant l'étonnante histoire  suivante: "Je marchais vers la maison le long de la vieille route de sainte Barbara. Lorsque je me suis approché de l'église de Saint-Georges détruite, j'ai vu Goderdzi, le fils de Vasiko, nettoyant l'église des gros rochers sous le soleil brûlant. Etant plongé dans le travail, il ne m'a pas remarqué pendant un certain temps. Moi aussi, voyant cela, je ne dis rien, mais quand il m'a vu, il était heureux et il m'a dit - "Viens, oncle Moukha, si tu le peux, et soulève cela" - il montrait un gros rocher. Mon oncle était appelé Moukha (chêne) pour sa force et ses capacités de lutte, son vrai nom était Georges. Moukha continua - "J'ai bien essayé, mais je n'ai pas réussi à déplacer le rocher. Vasiko dit alors "Au Nom du Christ!", il l'a pris et l'a mis avec les autres rochers rassemblés par lui hors de l'église". Notre famille était religieuse, mais en raison du régime athée les membres de la famille n'assistaient pas aux offices religieux et ne jeûnaient pas. Cependant, mon oncle a commencé sa vie chrétienne à partir de ce jour-là.


Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les pauvres gens qui n'avaient pas d'informations de la ligne de front, avaient l'habitude de venir vers Vasiko pour obtenir des nouvelles de leurs proches. Le Père Gabriel, qui n'avait que douze, donnait alors des réponses à tous les visiteurs et prêchait - "Allez à l'église, n'abandonnez pas le Christ et ne perdez pas  le salut de vos âmes". Ses paroles se révélaient toujours vraies et les gens le respectaient beaucoup. Les capacités extraordinaires de Vasiko et sa clairvoyance apparente remettaient dans le cœur des gens la confiance en l'Eglise. Le petit Vasikon'acceptait pas la louange et l'honneur des hommes et lui-même s'humiliait d'une manière très étrange - il se mettait à la poubelle et répétait haut et fort "Rappelle-toi toujours Vasiko, que tu es une poubelle et ne pense jamais beaucoup de bien de toi-même". Les membres de la famille se mettaient en colère contre Vasiko à cause d'un tel comportement et le punissaient même, mais les gens évitaient de se moquer de lui et de l'insulter.

Il est intéressant de mentionner ici un autre événement étonnant dans la jeunesse du moine Gabriel. Au cours des purges soviétiques et des persécutions, les gens cachaient les icônes dans les greniers ou dans d'autres cachettes. Beaucoup de gens devenaient moins fidèles et n'accordaient pas un juste respect aux choses sacrées. Le petit Vasiko avait l'habitude de venir vers de telles personnes et leur disait: "Vous avez une icône dans votre maison (il montrait du doigt exactement l'endroit). Vous devez soit lui accorder le respect qui lui est dû, ou me la donner. Je vais la garder. Plus tard, si vous la voulez à nouveau, venez à moi et je serai heureux de vous la rendre". Certains se sont repentis et ont gardé les icônes, d'autres, qui n'avaient pas cette intention, lui donnèrent leurs icônes. Tous ont été surpris par un tel comportement du petit garçon.Vasiko prenait soin des icônes avec un amour particulier. Finement et avec diligence les icônes existantes embellies dans son église et dans la cellule au couvent de Samtavro étonnent tout le monde. Ces belles icônes décorent presque tous les murs et le plafond, ce qui fait une impression inoubliable sur les pèlerins ou les invités. 

La vie idyllique du petit Vasiko ne dura pas longtemps. Sa mère, Barbara, était une honnête femme qui travaillait dur. Elle était belle dans sa jeunesse et elle se maria à l'âge précoce de quatorze ans. Du premier mariage elle eut trois enfants, Emma, Michael et Goderdzi-Vasiko. Puis, après la tragédie de la famille, lorsque son mari fut décédé, être une jeune femme de 22 ans s'est avéré être une situation désespérée. Elle n'avait personne pour l'aider, et elle devait travailler dur pour subvenir aux besoins de sa famille. De son second mariage, elle eut une fille - Juliette. Le moine Gabriel fut confronté à une première expérience sérieuse à l'âge de douze ans. Sa mère, bien qu'elle ne fût pas irréligieuse, ne permit pas à son fils de mener une vie religieuse. Au début, quand son fils exprima une passion inhabituelle pour la foi chrétienne, elle fut surprise. Mais quand elle fut témoin que la foi dans la vie de Vasiko prenait une forme profonde et établie, elle exigea catégoriquement que son fils renonce à son choix. "Ne te tourmente pas! Vis comme vivent les gens ordinaires! Sois religieux, mais pas au point de ne vouloir que le seul Evangile et la religion! ".

Plusieurs années plus tard, quand sa mère et ses sœurs rendirent visite au moine Gabriel, qui était gravement malade et qui mourut un an après, Barbara, sanglotant et pleurant, implora son fils: "Quelle a été ta vie, Gabriel, des tortures et rien d'autre! Tu n'as pas eu d'enfance. Il aurait beaucoup mieux valu m'écouter et prendre bon soin de toi-même, tu étais un homme, n'est-ce pas?! "En voyant pleurer la mère avec des larmes dans ses yeux, Gabriel fut désolé, désolé pour sa mère, parce qu'elle ne le comprenait toujours pas, car elle participait aux épreuves qui accablaient son fils et ses larmes étaient causées par une douleur profonde. Après une courte pause, le Père Gabriel lui répondit d'une voix basse et chaleureuse: "Je ne pouvais pas mener une vie différente."

A l'âge de douze ans non plus, il ne pouvait mener une vie différente. En ce temps-là, entendant une fois de plus le refus de son fils, Barbara en colère jeta l'Evangile dans les toilettes. Vasiko l'en retira rapidement, et le mit contre sa poitrine et il pleura en geignant d'une voix plaintive. Ce fut le dernier moment, où Vasiko fut forcé de faire un choix dans sa vie. A minuit, Vasiko prit son Évangile et abandonna sa maison. C'était la fin de l'automne. Il marcha jour et nuit et finalement atteignit la ville de Mtskheta. Tout d'abord, il vint au couvent de Samtavro. L'higoumène Anousia (Kochlamazashvili) le reçut avec amour, en lui donnant abri et nourriture. Mais elle ne pouvait pas le laisser là, car les hommes n'étaient pas autorisés à rester dans le couvent. Elle lui  offrit d'aller au  monastère de Svetitskhoveli (Pilier de vie). Vasiko pria de bon cœur en face de l'icône de la Mère de Dieu d’Iviron de Samtavro en demandant une cellule et le droit de vivre dans le monastère. Il passa 3 jours dans le monastère de Svetitskhoveli, mais le décret gouvernemental interdisait de donner abri aux adolescents pendant une longue période. Ensuite, il alla au monastère de Shio-Mghvime, où il fut accueilli pendant 3 jours et il fut ensuite accompagné au monastère de Zedazeni, où plusieurs moines d'un grand âge vivaient. Ils aimèrent tant ce jeune croyant qu'ils arrangèrent pour lui une cachette près du monastère, et l'y laissèrent pendant plusieurs semaines. En raison du contrôle strict des responsables spécialisés dans l'application de la loi, les moines furent forcés d'envoyer ce fervent croyant au monastère de Béthanie. Ils lui expliquèrent en détail comment se rendre au monastère et lui donnèrent un peu de nourriture. A Béthanie, il fut accueilli par deux moines qui y vivaient - Père George (plus tard canonisé sous le nom de saint Georges-Jean Mkheidzé) et Père Jean (plus tard canonisé sous le nom de saint Jean Maisuradzé). Les moines de Bethanie devinrent les confesseurs très aimés de Gabriel. Après avoir quitté Béthanie, on ne sait rien sur son périple.

Depuis quelque temps Vasiko était protégé par une femme bonne nommée Margo, qui vivait à Tbilissi et gagnait sa vie en disant la bonne aventure. Le petit Vasiko était désolé qu'une femme aussi bonne mène une vie fausse et vive dans le péché. Un jour, Margo tomba malade. Vasiko la calma et lui promis qu'il accepterait que les gens viennent à elle. Et, en effet, les personnes qui venaient à la diseuse de bonne aventure furent accueillies par le pieux enfant. Il prêcha l'amour de Dieu et essaya de les rendre conscients du besoin qu'il y a de mener la vie chrétienne. Dieu dota Vasiko de la faculté de prophétiser, et il parla avec les visiteurs de leurs dangers futurs et des péchés commis, dont ils ne se souvenaient pas du tout. Il leur a apprit à aller vers le prêtre pour la confession et pour recevoir une Sainte Communion. Les gens étaient étonnés par son comportement. Margo crut Vasiko, et cessa son activité de divination, et elle commença la vie chrétienne. Cela fit circuler de nombreuses rumeurs à Tbilissi ces années-là. La mère de Vasiko continuait à rechercher son fils tout ce temps, et finalement, elle trouva le lieu où il était: "S'il te plaît, reviens à la maison et vis comme tu le souhaites. Je ne vais pas empêcher ton choix", dit-elle à son fils, et elle fut très heureuse de le retrouver. Vasiko retourna ensuite à la maison. Depuis ce temps Barbara ne fut plus stricte avec son fils. Toutefois, maintes et maintes fois elle lui recommanda de mener une vie ordinaire, et de ne pas vivre seulement pour la foi.

Vasiko, avait l'habitude, au moins une fois par mois d'aller à Béthanie et d'aider les moines âgés en y faisant un travail différent dans le monastère. À l'âge de 16 ans, il alla au monastère de Martkopi en pèlerinage. Au cours de ce voyage, il rencontra un honorable moine le Père Aitala, que Père Gabriel estimait beaucoup et il se souvenait toujours de lui avec beaucoup de respect et d'amour dans les années suivantes - "Un grand moine, doué de clairvoyance".

Une histoire de plus doit être mentionnée ici dans la vie du Père Gabriel, à la même période: un jour, le gouvernement communiste décida de raser un parc public près de l'ancien cimetière de Vera, où les jeunes soldats géorgiens, tués dans la guerre pour l'indépendance de la Géorgie en 1921 avaient été enterrés. Le terrain fut nettoyé avec des bulldozers. Vasiko reçut cet acte brutal en plein cœur, de nuit il ramassa les os dans des sacs, et il les enterra à nouveau secrètement dans un endroit sûr.


En 1949, Vasiko fut appelé au service militaire dans l'armée soviétique. Il servit dans l'unité de garde-frontières de Batoumi. Malgré le régime strict, il réussit à jeûner et alla même secrètement à l'église Saint-Nicolas et y reçut les saints sacrements. Après avoir fini le service militaire obligatoire, Vasiko retourna à son domicile. Bientôt, il fut appelé à l'hôpital médical et fut interrogé au sujet de ses visions d'enfance, quand à l'âge de 12 ans, il avait vu l'esprit du mal. Après quelques jours il obtint un certificat, il fut reconnu mentalement malade et il lui fut interdit de travailler à un poste quelconque. Il reçut une pension de personne handicapée de catégorie II, ce qui était une grossière violation de la loi, parce que le patient de cette catégorie n'était pas soumis à la conscription dans les forces armées par la législation soviétique. Tout cela fut mené en accord avec la sécurité soviétique et l'idéologie du parti communiste, afin qu'une personne avec une telle conscience ne puisse pas constituer un danger pour le système communiste. A partir de ce moment-là, Vasiko continua sa vie spirituelle avec plus de dévotion. Dans la cour il construisit un logement de petite taille pour lui-même, où il vécut et mena ses activités spirituelles dans la paix et le calme. Il allait à la cathédrale de Sioni pour les prières et les sermons.

Bientôt Sa Béatitude Melchisédek III, Patriarche-Catholicos de Toute la Géorgie  tourna son attention vers le jeune croyant. Avec la bénédiction de Melchisédek III, Vasiko commença à travailler comme gardien à la Cathédrale de Sioni, et plus tard comme lecteur. En janvier 1955, il fut ordonné diacre, et le 23 février, il prononça les vœux monastiques au monastère de Kutaisi Motsameta et il fut appelé Gabriel, selon sa volonté. Trois jours après, il fut ordonné par l'évêque Gabriel  (Tchatchanidzé) hiéromoine de l'éparchie de Kutaisi-Gaenati à la cathédrale des Saints Pierre et Paul. Depuis le jour où il prononça ses vœux monastiques, le moine Gabriel travailla dur avec un amour immense et  une pleine dévotion pour Dieu et le prochain. Avec la bénédiction de Melchisédek III, il  servit d'abord dans la cathédrale de Sioni, et depuis 1960 dans le monastère de Béthanie avec son bien-aimé Père spirituel Georges et le hiéromoine Basile (Pirtskhalava).


En 1962, après la mort du Père Jean, du père George et du hiéromoine Basile (Pirtskhalava) le gouvernement ferma le monastère de Béthanie. Le moine Gabriel revint à Tbilissi, et dans la cour de sa maison, il  construisit à lui seul une église avec sept coupoles. En 1962-1965 le moine Gabriel servit dans la cathédrale de la Trinité de Tous les Saints, et il eut une petite paroisse réunie autour de lui

Il est assez difficile pour la génération contemporaine d'imaginer la capacité spirituelle inhabituelle d'un jeune moine, qui a adopté une mesure sans précédent et étonnante pendant le terrible régime communiste: il a brûlé un immense portrait de Lénine devant le Conseil des ministres lors de la manifestation du 1er mai 1965. Il a prêché avec audace au peuple épouvanté: " La gloire n'est pas nécessaire à ce mort, mais gloire au Christ, Qui a soumis la mort et nous a bénis avec une vie éternelle." Furieuse, la foule lui a jeté des pierres sans pitié. L'alarme de première catégorie (la plus élevée en Union soviétique) a été déclarée dans la ville, et seule l'intervention du célèbre huitième régiment sauva la vie du moine Gabriel. A moitié vivant et gravement touché, le moine Gabriel ayant 17 fractures du crâne et d'autres parties du corps, fut transporté en isolation à l'hôpital du département de la sécurité. Il fut condamné à mort et l'enquête n'examina le cas que de manière formelle. Mais les autorités du régime communiste avaient un intérêt particulier dans ce cas : ils exigèrent du moine Gabriel qu'il avoue la conspiration présumée dans l'Église orthodoxe géorgienne, et en retour, ils promirent d'épargner à sa vie la peine de mort. Malgré de longues tortures, le moine Gabriel fut ferme. Au contraire, durant l'interrogatoire, il traita une fois de plus Lénine de  bête, et en conséquence il fut roué de coups une fois de plus. Ces nouvelles incroyables et sensationnelles furent répandues dans les médias de masse de l'Union européenne et des États-Unis. Un tel développement fut reflété dans la politique du Kremlin, et au lieu de la condamnation à mort, le moine  Gabriel fut amené à l'asile comme malade mental. Le gouvernement soviétique prévoyait de le garder à jamais à l'hôpital psycho neurologique. Mais Dieu préserva la vie de son élu d'un tel sort. Il est intéressant de lire un extrait du diagnostic médical:

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Hôpital Psycho neurologique la ville de Tbilissi en République Socialiste Soviétique de Géorgie  19/1-1966, Tbilissi, 1 rue Electroni.
N ° 666
Patient: Vassili Ourguebadzé, né en 1929, éducation de 6è  classe. Adresse: 11 rue Tetritskaro.

Le patient est gardé dans l'hôpital psycho-neurologique de la ville le 18.VIII.1965, et il est amené de la prison pour un traitement forcé. Diagnostic: personne psychopathe, enclin à des atteintes de psychose schizophrénique. Il a été libéré de l'hôpital le 19/XI-65. Selon l'anamnèse (Ensemble des renseignements fournis au médecin par le malade ou par son entourage sur l'histoire d'une maladie ou les circonstances qui l'ont précédée/NdT), il eut une vision fantomatique de l'esprit du mal avec des cornes sur la tête à l'âge de 12 ans ... Le patient prouve que tout le mal qui se déroule dans le monde est dû au Diable. Dès l'âge de 12 ans, il a commencé à aller dans les églises, à prier, à acheter des icônes, et il a étudié la littérature d'Eglise... Il ne mangeait rien les mercredis et vendredis. Les adultes et les soldats riaient de cette absurdité: "Le mercredi Judas vendit le Christ pour 30 pièces d'argent, et le vendredi les prêtres juifs l'ont crucifié" : il  était dans un état de totale hallucination. Cela explique le fait que pour la manifestation du 1er mai 1965, il a brûlé un grand portrait de Lénine, accroché sur le bâtiment du Conseil des Ministres. Après interrogatoire, il a dit qu'il a fait cela parce que l'image de la Crucifixion du Christ devrait être accrochée là, et qu'il n'était pas possible d'idolâtrer un homme terrestre - le doute est apparu en ce qui concerne son état de santé psychique, en raison de laquelle il a été envoyé à l'expertise de psychopathie. L'examen a montré que l'équilibre du patient est désorienté dans l'espace, dans le temps, et dans l'environnement. Il se parle à lui-même à voix basse: il croit en l'existence de l'essence céleste, de Dieu et des anges, etc. Tout en parlant, l'axe principal d'un psychopathe est toujours tourné vers le fait que tout dépend de la volonté de Dieu, etc. Il est isolé des autres malades mentaux dans le département. Quand quelqu'un lui parle, il parle sûrement de Dieu, des anges, et des icônes, etc. Il est incapable de critiquer son état. Il a été traité avec la thérapie de l'aminazinophrazia et de la syptomicine, après quoi il est passé devant la commission.

Décret  N ° 42 / 1965
Président de la commission: le candidat de la médecine, médecin-chef T. Abramishvili,
Membres: J. Shalamberidzé et le médecin Kropov.

Il a été libéré de l'hôpital le 19 janvier1965 et a été pris à domicile par sa mère.
Médecin: Lezhava 19 Jan.1966.

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Une telle conclusion négative des médecins soviétiques prouve l'amour de Dieu de Père Gabriel. Il est surprenant que les fonctionnaires soviétiques aient écrit en guise de conclusion médicale, la description de Père de Gabriel concernant Dieu,  l'agréable vie vertueuse, qui fut suffisante pour les fonctionnaires du parti communiste pour le libérer et le congédier de l'hôpital psychiatrique. Lorsque que Dieu intervient dans les affaires humaines beaucoup de choses étonnantes se produisent!

Le Père Gabriel fut libéré dans les sept mois après son emprisonnement. Le célèbre académicien géorgien A. Zurabashvili a largement contribué à sa libération. Après trois décennies, lorsque le moine Gabriel servait au couvent de Samtavro, le hiéromoine Gérasime, membre de la confrérie Saint Germain d'Alaska du plus grand monastère orthodoxe d'Amérique, lui a rendu visite. Plus tard, il a publié aux Etats-Unis le livre "Un Confesseur du Christ dans la Géorgie d'aujourd'hui". Le livre se termine par les paroles suivantes: "Père Gabriel nous bénit et nous partîmes, ayant assisté au triomphe de l'Église du Nouveau Testament à notre époque. "

Malgré le fait que le sacerdoce du moine Gabriel ait été laissé intact, il fut suspendu du ministère sacerdotal. C'est pourquoi il assistait aux sermons à l'église avec la paroisse et recevait la Sainte Communion comme laïc. Il était convoqué au département de sécurité assez souvent, et rentrait chez lui battu sans pitié. Un jour, il fut battu très gravement, et il fut incapable de marcher de façon indépendante. Les agents de sécurité soviétiques, appelèrent alors les membres de la famille, et les informèrent de l'adresse où ils avaient laissé le moine.

Depuis lors, le Père Gabriel décida de changer complètement son mode de vie, qui était trop pénible pour lui. Maintenant, il fut déterminé à faire semblant d'être comme les malades mentaux et à l'extérieur de refuser son mode de vie habituel. Au lieu d'être dans le silence, il prêchait bruyamment dans les rues. Si jusques à présent il avait complètement refusé de boire du vin, maintenant il buvait parmi les gens et faisait semblant d'être ivre. Prétendre être insensé est un exploit inhabituel qui exige une force spirituelle et un esprit divin. "Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes (I Cor 1:25).

La modestie du moine Gabriel était étonnante. Sa sœur aînée Mme Emma se souvient:
- Nous n'avons pas réussi à le comprendre. Il avait une âme raffinée depuis son enfance. Après avoir été consacré en tant que prêtre, les gens le respectaient beaucoup. Lorsque le moine Gabriel revenait à la maison, il entrait dans son église et pleurait souvent d'une voix plaintive. Un jour la porte de son église était ouverte et quand je l'ai entendu pleurer, je me suis inquiétée et, entrant dans l'église, je lui ai demandé: Vasiko, mon frère, pourquoi pleures-tu? Est ce que quelque chose qui te fait mal?
- Ma sœur, le Christ est né dans une mangeoire, mais les gens me respectent et me baisent la main.

Malgré la modestie inhabituelle de Père Gabriel, de nombreuses personnalités laïques et de l'église se comportaient avec grand respect et révérence envers lui, en raison de sa grâce étonnante : l'amour, la bonté, la sagesse, la prophétie, la connaissance de quelques pensées secrètes des hommes, et la forte possession du temps, de l'espace, et de la matière.

Quatre ans avaient passé depuis que le moine Gabriel avait quitté la prison et l'asile. Les autorités communistes ne pouvaient pas supporter ses activités courageuses et sa religiosité. Il fut décidé de détruire son église, ce qui était une expression de la lutte intérieure du régime sanguinaire communiste envers le Père Gabriel. Cependant, il restaura son église trois fois. Finalement, le chef du département de la police soviétique, puis le secrétaire du comité du parti du district vinrent à lui secrètement pour demander personnellement pardon. Le Père Gabriel restaura l'église et la chapelle dans un court laps de temps, mais pas dans sa forme initiale. Au lieu de sept coupoles il mit une seule et grande coupole. À l'heure actuelle cette magnifique église est conservée dans le même état. En 1971, avec la bénédiction du Cathalicos-Patriarche de toute la Géorgie Ephrem II et du métropolite Ilia (maintenant Cathalicos-Patriarche de Géorgie, qui a ensuite dirigé le séminaire) il fut installé en tant que prêtre du couvent et séminaire de Samtavro. Il lui fut donné une vieille tour comme propriété permanente. Le Père Gabriel disait parfois avec une vraie joie: " Par la miséricorde de Notre Sauveur et de Notre-Dame et par la bénédiction de deux patriarches, j'ai reçu cette cellule".

De 1972 à 1990 Fr. Gabriel a réalisé un exploit remarquable de pèlerinage dans les églises et les monastères détruits ou abandonnés sous la pression du régime communiste. Si le chemin était long et lointain, s’il y avait un endroit géographiquement difficile ou présentant certains dangers, le Père Gabriel allait toujours seul. Sinon, il était toujours accompagné par plusieurs croyants qui l'aidaient de quelque façon. Le Père Gabriel avait coutume de dire: "[Il faut] Toujours croire que notre travail n'est pas vain. Bien que de nombreuses églises et monastères sont détruits ou fermés aujourd'hui, le saint ange envoyé par Dieu voit et écoute notre diligence et notre supplication, et apporte avec joie nos prières à Dieu, et Lui en fait prendre conscience. Nous trouvons qu'il est difficile de faire toutes ces choses maintenant. Nous allons dans la neige et la boue, recouverts d'une feuille de plastique, nous avons à prononcer des sermons, mais il viendra un temps où ces églises et monastères seront reconstruits et les offices seront rétablis "(cela semblait vraiment impossible à l'époque).

A partir de 1987, Père Gabriel choisit un très petit hangar pour son lieu d'habitation dans le Kaklovani  (une petite allée de noyers dans la cour de Samtavro). Ce petit hangar était utilisé précédemment dans le monastère comme poulailler. Plus tard, il avait été laissé sans aucune affectation. Il quittait rarement le monastère, seulement pour trois jours ou une semaine, puis de nouveau il revenait dans sa demeure. Une telle manière de vivre était, simultanément, une expression de son humilité et de son ascétisme: il est assez difficile pour un homme de s'humilier à ce point; en outre, de vivre dans un espace minuscule, où vous ne pouvez même pas vous redresser correctement et résister à des gels en hiver sans chauffage, surtout si les murs ont des failles de 2 à 3 centimètres, c'est une véritable ascèse monastique.

Le moine Gabriel vécut la plupart du temps dans le petit hangar. Il restait très rarement dans sa cellule de la vieille tour. Une fois, l'ange saint lui apparut et lui fit une révélation au sujet du morceau de Svetitskhoveli (Le pilier de vie/ Lieu où avait été ensevelie la Tunique du Christ. ndT) et lui montra exactement l'endroit, où cette sainte relique était cachée. Le moine Gabriel et les moniales prirent cette sainte relique avec révérence et le mirent dans l'église de la Transfiguration de Samtavro, où elle est conservée jusques à ce jour.
En 1990, le moine Gabriel alla au monastère de Shio-Mghvime, car il avait l'intention de mener une vie solitaire comme ermite. Là, il eut une révélation de Dieu de retourner au couvent de Samtavro et de servir les gens là-bas. A partir de ce moment-là, jusques à sa mort, le moine Gabriel vécut dans l'ancienne tour. Il admettait les pèlerins comme un confesseur et servait le prochain avec le dévouement désintéressé de ses fonctions. Au cours d'octobre/novembre 1991, la situation politique en Géorgie devint tendue, mais seul le moine Gabriel sentait le danger des malheurs à venir. Il disait: "Du sang sur l'avenue Roustaveli! Du sang! Du sang des Géorgiens."

Lorsque le combat des armes à feu avenue Roustaveli commença et qu'un géorgien tira sur un autre géorgien, le moine Gabriel sonna les cloches de Samtavro et se lamenta. Il redoubla le jeûne et refusa totalement de prendre de la nourriture. Il est difficile de décrire la façon dont avec ardeur il se lamentait et pleurait et suppliait sincèrement Dieu et Notre-Dame de sauver la Géorgie.

Le moine Gabriel ne faisait aucune différence entre les gens. Il partageait les joies et les peines de tous les gens qui venaient à lui. Combien d'entre eux ont été sauvés d'une chute dans l'abîme de ténèbres spirituelles. Avec sa capacité de prophétie, il les mettait sur le chemin de la Vérité.


Le moine Gabriel dissimulait presque entièrement son pouvoir d'accomplir des miracles. Quoi qu'il en soit, dans les cas extrêmes, comme lorsque la base de la foi chrétienne - la doctrine de l’essence de la Trinité était questionnée, il exprima la capacité de thaumaturge dont Dieu l'avait doté pour prouver la vérité divine. Un jour, il reçut la visite d'un géorgien, adepte de l'hindouisme, qui avait l'habitude d'aller en Inde et y était resté pendant une longue période et avait son maître spirituel là-bas. Le Père Gabriel prit du pain; fit le signe de la croix sur lui au nom de la Sainte Trinité et le pain éclata miraculeusement en flamme, eau et blé. "Regarde et vois: il en va de même avec la Sainte Trinité en trois hypostases: Le Père, le Fils et le Saint-Esprit" Alors Père Gabriel fit à nouveau le signe de croix et l'eau, le blé et le feu se transformèrent en pain. "Comme ce pain est entier et ne peut pas être divisée, il en va de même avec la Sainte Trinité -. Une essence et indivisible"


 Un jour, l'higoumène du monastère de Xéropotamou du Mont Athos, l'archimandrite Joseph et des moines sont arrivés en Géorgie. Ils ont visité Samtavro et ont pris la bénédiction de Père Gabriel. Mais le staretz réprimanda le père Joseph: "Comment as-tu osé dire avec un air de défi à la Vierge, qu'elle a abandonné la Géorgie ". Nous sommes sous les prières et la miséricorde de la Sainte Vierge, mais tu ne vois pas cela et tu désapprouves". En entendant cela, Père Joseph fut horrifié et  demanda pardon. Le Père Gabriel étreignit l'invité grec avec amour et l'invita à la table. Il est devenu notoire qu'avant de venir à Samtavro, les pères grecs avaient visité la cathédrale de Svetitskhoveli. La situation politique tendue et économique en Géorgie, accompagnée par les difficultés spirituelles de la nation,  récemment libéré du régime athée, était la raison pour laquelle l'archimandrite respecté exprimant son regret pour la Géorgie se dit: "Vierge Marie, Tu as abandonné la Géorgie!" .

Lors des adieux, les pères exaltés suggérèrent au moine Gabriel de se rendre au Mont Athos, mais il refusa et répondit: "Je suis ici, sur mon Athos. Je ne vais pas échanger ma Géorgie pour l'Athos". Dans la même période, le moine Gabriel reçut la visite du hiéromoine Gérasime, qui arrivait des Etats-Unis en Géorgie précisément dans ce but. Père Gérasime servait dans le monastère, fondé en Californie à Platina par le hiéromoine américain renommé Seraphim Rose. Après son retour dans son pays, le Père Gérasime et la fraternité de Platina en Californie dédia au Père Gabriel un article dans la revue américaine orthodoxe - ORTHODOX WORD.

Dans les dernières années de sa vie Père Gabriel devint gravement malade (œdème). En plus de cela, il s'était cassé la jambe et depuis ce temps jusques à sa mort, le moine Gabriel  fut couché dans son lit pendant un an et demi, et il fut incapable de marcher. Ce n'est que dans de très rares occasions, endurant des douleurs aiguës, qu'il demandait de l'aider à se lever et s'asseyait devant sa cellule. "Votre vie est ma vie. Si vous ne vous sacrifiez pas pour votre peuple, rien ne sortira", disait-il. La miséricorde de son hospitalité ne peut être oubliée. Avant de se casser la jambe, il nourrissait tout le monde avec des repas préparés par lui personnellement. Mais quand il fut incapable de cuisiner, il demanda à Mère Parascève, ou à quelqu'un d'autre, de faire cuire des repas, et avec beaucoup d'amour il invitait ceux qui venaient à lui. Il était dans un effort permanent pour amener tout le monde plus près de Dieu. Ses paroles remplies de Grâce et de puissance divines pénétraient chaleureusement dans le cœur de chacun. Sa prière était toujours accompagnée par d'abondantes larmes, et donc personne ne pouvait y être indifférent.


Dans ces années, le Père Gabriel enseignait la plupart du temps sur Dieu et l'amour du prochain, le repentir, l'humilité et la bonté. Dans la dernière année de sa vie, il changea soudain sa prédication et donna un enseignement au sujet de la Fin des Temps. "Vous verrez l'Antéchrist, vous serez persécutés et vous devrez fuir vers les montagnes. N'ayez pas peur! Comme les Israélites ne manquaient de rien dans le désert, quand ils quittèrent l'esclavage du pharaon et l'Egypte, il en sera de même pour vous, Dieu prendra soin de vous, qui irez à la montagne pour la liberté en  Christ, pour fuir l'Egypte de ce monde, et de l'esclavage du pharaon - l'Antéchrist. Vous devriez connaître ce qui vous mènera vers la Terre promise - le Paradis et vous fera briller comme le soleil."

Durant ses derniers jours le moine Gabriel prêchait et enseignait l'amour à tous ses visiteurs avec des larmes dans ses yeux: "Souvenez-vous, Dieu est amour. Ayez autant de bonté que vous le pouvez pour vous sauver par cette bonté. Soyez modestes, car Dieu accorde Sa miséricorde à Ses serviteurs humbles. Repentez-vous de vos péchés et n'attendez pas "demain", car c'est là le piège du Diable. Aimez vous les uns les autres, car l'homme sans amour ne peut pas hériter du Royaume des Cieux. 

Un jour avant sa mort le moine Gabriel dit: "Le temps est venu pour mon départ." Puis il caressa l'icône de Notre Sauveur, suspendu au-dessus de sa tête avec sa main droite, garda le silence pendant un certain temps et dit: "Je Te suis, ô Christ, depuis l'âge de 12 ans. Je suis prêt, prends-moi" Toute la nuit, jusques à 4 heures, il passa par de terribles douleurs, puis il commença à respirer bruyamment et appela: "Ma mère, ma mère, ma sœur, ma sœur." Tous vinrent du couvent, les membres de sa famille, les laïcs, un médecin et les prêtres.

Le Père Gabriel regarda l'icône de saint Nicolas de Myre avec amour. L'archevêque Daniel lut les prières des agonisants. À la fin, le Père Gabriel sourit et il mourut en paix.  C'était le 2 novembre 1995.

Selon ses dernières volontés, le moine Gabriel fut enterré dans la cour du couvent de Samtavro enveloppé de toiles de sac, selon une tradition monastique ancienne. Au cours de l'enterrement, son corps était entouré des gens qui l'aimaient. Personne ne voulut jeter de la terre sur lui et tous dispersèrent la terre près de la tombe. Ensuite, la terre elle-même se déplaça, comme le couvrant, atteignant sa poitrine et enfin son corps fut entièrement recouvert de terre. Selon sa volonté les paroles suivantes furent écrites sur sa tombe:

"La vérité est dans l'immortalité de l'Esprit" - Moine Gabriel

 De nombreuses guérisons miraculeuses sont effectuées sur la tombe du moine Gabriel. Il existe plusieurs livres publiés en Géorgie ainsi que dans les autres pays sur les enseignements, la vie et les œuvres de l'archimandrite Gabriel.

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Saint Staretz Gabriel, prie Dieu pour nous!



Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après



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