dimanche 11 mai 2014

Anniversaires royaux du 10 mai (avec des commentaires)

10 mai 1774 : décès de Louis XV (né en 1710), arrière-petit-fils de Louis XIV et son successeur, roi de France de 1715 à 1774. 

Un des rois de France les plus dénigrés car incompris. Son long règne n'a pas été des plus heureux. Il a été desservi par les circonstances autant que par ses ministres, à une exception près. 
L'enfant roi avait hérité d'une France saignée à blanc par la guerre de Succession d'Espagne, peut-être la plus nécessaire des guerres de Louis XIV car, en mettant sur le trône d'Espagne un Bourbon, son petit-fils le duc d'Anjou, devenu Philippe V (1683-1746), elle évitait la reconstitution de l'empire de Charles-Quint, qui eût été funeste à la France. Mais celle-ci n'en pouvait plus. 
Le duc d'Orléans, neveu de Louis XIV, désigné comme régent mais au pouvoir très encadré par le testament du feu roi ,s'était empressé de le faire casser par le Parlement - comme l’avaient été ceux d''Henri IV et de Louis XIII - redonnant à celui-ci un pouvoir dont il ne devait plus se départir, ce qui eut des conséquences désastreuses pour le régime. Et il n'est pas inutile de mentionner la désastreuse expérience bancaire de Law. Des historiens se sont évertués à réhabiliter le gouvernement du Régent (1710-1723), mais sans grand succès : après avoir tenté de rétablir un pouvoir partagé avec les Grands (les ducs et pairs) il était revenu à l'absolutisme qu'il avait entre temps considérablement affaibli.    
Le grand ministre de Louis XV, premier ministre de facto, fut son ancien précepteur le cardinal de Fleury (né en 1653, aux affaires de de 1726 jusqu’à sa mort en 1743) qui se montra un gouvernant de premier ordre que Chateaubriand n'hésite pas à mentionner à la suite des autres grands cardinaux-ministres Richelieu et Mazarin. Après Fleury, les choses allèrent de mal en pis. Il manqua cruellement à Louis XV l'équipe exceptionnels de ministres, les Colbert et Louvois et autres,  qui avaient assuré l’administration rigoureuse qui avait caractérisé le règne du Grand Roi. On peut citer le comte de Choiseul, bon ministre des affaires étrangères, obnubilé par la revanche à prendre sur l'Angleterre, mais lié aux parlementaires, qui étaient devenus les principaux adversaires de la monarchie et qui dut être disgracié.
La politique étrangère du roi fut  erratique, à cause de l'instabilité de l'Europe, due principalement à la fourberie et à la mégalomanie du roi de Prusse, Frédéric le Grand, qui n'hésita jamais à renier sa parole et à trahir ses alliés, dont un temps le France. Et c'est cet homme, dont les "philosophes", Voltaire en tête, avaient fait le parangon du "despote éclairé" ! D'où des renversements d'alliance devenus inévitables, mais incompris de l'opinion (qui prenait une importance croissante). D'où, entre autres guerres, la "guerre de Sept Ans " (1756-1763), considérée comme la "première guerre mondiale" car les Etats européens en lice s'y affrontèrent sur tous les continents et tous les océans. Les principaux protagonistes, la France et l'Angleterre, en sortirent épuisés ;  mais si la France n'avait pas perdu la guerre sur terre (quoi que les ennemis de la monarchie, Voltaire en tête, aient prétendu), l'Angleterre avait conquis la souveraineté des mers - qu'elle n'allait pas abdiquer de sitôt. D'où le traité de Paris (septembre 1763) où la France dut abandonner tout son empire colonial : le Canada, les Indes, les comptoirs du Sénégal...Dès lors la primauté d'Albion fut assurée pour un siècle et demi.
La personnalité du roi a été proprement calomniée. Très intelligent et instruit, il était bon et très aimable en privé. Mais il était affligé d'une grande timidité qui, jointe à un manque d'obstination dû à un certain scepticisme, l’empêchait de s'affirmer quand il eût fallu. Sa vie sexuelle dissolue qui lui valut une impopularité peu compréhensible en une époque qui ne brillait pas par l'amour de la morale (qu'on pense à Laclos, à Sade, à Crébillon...) n'avait rien à envier à celle de son illustre ancêtre dans la première partie de son règne. Mais le roi était bon chrétien et, sachant qu'il ne pouvait refréner ses ardeurs, il s'abstint toute sa vie de communier pour ne pas commettre de sacrilège.
Au demeurant, il savait pratiquer l'amitié. Et c'est ainsi que madame de Pompadour - femme de tête, femme de coeur et femme de goût, protectrice des arts et des lettres, injustement calomniée elle aussi - demeura son amie bien après avoir cessé d'être son amante.
En résumé, Louis XV ne fut pas le roi qu'il fallait à son temps. La société léguée par Louis XIV et le Régent était sans conteste une société bloquée. A une société bloquée il faut un despote : soit un despote tout court, pour la maintenir par force aussi longtemps que possible, soit un despote éclairé pour faire sauter par force les blocages, tel Pierre le Grand en Russie. Louis XV était éclairé, mais il n'était pas un despote.
Son grand acte d'autorité, qui eût probablement évité la révolution (Jean Tulard) , fut la réforme par laquelle le chancelier Maupeou décida en 1771, la dissolution des Parlements, remplacés par les conseils supérieurs nommés par le roi, l'exil de leurs membres, l’abolition de la vénalité des offices, l'égalité de tous devant la justice. Malheureusement après la mort du roi, Louis XVI rétablit les anciens Parlements, triomphants, dans leurs prérogatives et dignités. Maupeou disgrâcié eut cette phrase prémonitoire : « J'avais fait gagner au roi un procès de trois siècles. Il veut le reperdre, il est bien le maître. » L'historien Jean-Christian Petitfils indique qu'il aurait ajouté de façon bien moins sentencieuse : « il est foutu ».
Moralité : la noblesse de robe est la première responsable de la révolution. 

La seconde responsable est la faiblesse d'un roi de 20 ans jointe à son manque de discernement



Louis XV

le cardinal de Fleury 


10 mai 1774 : avènement de Louis XVI (né en 1754), roi de France de 1774 à 1791, roi des Français de 1791 à 1793. Petit-fils de Louis XV. Il devint roi en quelque sorte par défaut après le décès de son père et de ses deux frères aînés.
Comme homme privé, il était le parfait "honnête homme" de l'idéal classique. Cultivé, curieux de tout, passionné d'histoire et de géographie (il suivait avec un intérêt attentif les voyages de découverte de Bougainville), bon et doux, très pieux, mais encore plus timide et indécis que son aïeul, impressionné par le brillant de sa belle jeune épouse, complètement dépourvu de sens politique, d'autant que son christianisme était teinté de rousseauisme (croyance en la bonté innée des hommes, etc.), il n'était évidemment pas le monarque de la situation.
Sa première décision désastreuse fut l'abolition de la réforme Maupeou. 

La seconde fut la convocation des Etats généraux, opération toujours périlleuse pour la monarchie, mais encore davantage, vu la puissance de l'opinion, qu'elle l'avait été sous Henri III et sous Marie de Médicis. Encore eût-il fallu les disperser lorsqu'ils se proclamèrent Assemblée nationale ; Mirabeau avait proclamé : "Nous sommes ici par la volonté du peuple, nous n'en sortirons que par la force des baïonnettes !  " : eh bien, il fallait le prendre au mot !
Troisième et dernière décision désastreuse : le départ de Versailles pour les Tuileries. A partir de là, la monarchie était foutue, pour reprendre le mot de Maupeou. Le séjour de Paris, foyer de touts les révoltes, a toujours été néfaste aux monarques.
Louis XVI voulait "épargner le sang de son peuple" : on ne sait que trop ce qu'il est advenu, des flots de sang innocent répandu - dont le sien. Dernier roi très chrétien, il est mort en martyr de sa foi - car c'est cela que la rage révolutionnaire a voulu abattre et abolir.

Louis XVI


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