lundi 16 juillet 2012

Saint Irénée (X) : « La chair et le sang »


VÉRITABLE SENS DE LA PHRASE :
« LA CHAIR ET LE SANG NE PEUVENT HÉRITER DU ROYAUME DE DIEU »

Cette phrase de saint Paul, dans la première épître aux Corinthiens (15, 30) est répétée à l’envi par ceux que j’appelle les sarcophobes, les ennemis de la chair, qui jettent sur elle l’anathème comme si elle était sous le coup d’une culpabilité irrémissible et par conséquent vouée, non au salut, et même pas à l’enfer, mais à l’anéantissement.
Prise à la lettre, cette phrase leur donne apparemment raison. Mais ce qu’oublient ou négligent ces esprits simplistes – ou obsédés par leurs préjugés, comme les hérétiques que combat saint Irénée – c’est que s’il y a un écrivain sacré qui s’accommode mal d’une lecture au premier degré, c’est bien saint Paul. Chez lui, il y a la lettre et il y a l’esprit. C’est cette lecture spirituelle que développe saint Irénée dans cette quatrième section de la première partie du livre V de son traité, dont je donnerai d’amples extraits, vu leur importance sotériologique.

« La chair et le sang »

Saint Irénée, Contre les hérésies, livre V, chapitre 9, paragraphes 1 à 3

9, 1 C'est ce qui a été dit aussi ailleurs par l'Apôtre en ces termes : « La chair et le sang ne peuvent hériter du royaume de Dieu », (1 Corinthiens 15, 50) texte que tous les hérétiques allèguent dans leur folie et à partir duquel ils s'efforcent de prouver qu'il n'y a pas de salut pour l'ouvrage modelé par Dieu. Car ils ne comprennent pas que trois choses, ainsi que nous l'avons montré, constituent l'homme parfait : la chair, l'âme et l'esprit. L'une d'elles sauve et forme, à savoir l'esprit ; une autre est sauvée et formée, à savoir la chair ; une autre enfin se trouve entre celles-ci, à savoir l'âme, qui tantôt suit l'esprit et prend son envol grâce à lui, tantôt se laisse persuader par la chair et tombe dans des convoitises terrestres. Ceux donc qui n'ont pas l'élément qui sauve et forme en vue de la vie, ceux-là sont et se verront appeler à bon droit «sang et chair», puisqu'ils n'ont pas l'esprit de Dieu en eux. C'est d'ailleurs pourquoi ils sont dits « morts » par le Seigneur — « Laissez, dit-il, les morts ensevelir leurs morts » (Luc 9, 60) —, car ils n'ont pas l'esprit qui vivifie l'homme. 9, 9, 2 Mais ceux qui craignent Dieu, qui croient à l'avènement de son Fils et qui, par la foi, établissent à demeure dans leurs cœurs l'esprit de Dieu, ceux-là seront justement nommés hommes «purs»( Matthieu 5, 8) , «spirituels» (1 Corinthiens 2, 15 & 3, 1) et «vivant pour Dieu» (Romains 6, 11), parce qu'ils ont l'esprit du Père qui purifie l'homme et l'élève à la vie de Dieu.

Faiblesse de la chair et promptitude de l'esprit

Car si, au témoignage du Seigneur, « la chair est faible », de même aussi « l'esprit est prompt » (Matthieu 26, 41), c'est-à-dire capable d'accomplir tout ce qu'il désire. Si donc quelqu'un mélange la promptitude de l'esprit, en manière d'aiguillon, à la faiblesse de la chair, ce qui est puissant l'emportera nécessairement sur ce qui est faible : la faiblesse de la chair sera absorbée par la force de l'esprit, et un tel homme ne sera plus charnel, mais spirituel, à cause de la communion de l'esprit. Ainsi les martyrs rendent-ils témoignage et méprisent-ils la mort, non selon la faiblesse de la chair, mais selon la promptitude de l'esprit. Car la faiblesse de la chair, ainsi absorbée, fait éclater la puissance de l'esprit ; l'esprit, de son côté, en absorbant la faiblesse, reçoit en lui-même la chair en héritage. Et c'est de ces deux choses qu'est fait l'homme vivant : vivant grâce à la participation de l'esprit, homme par la substance de la chair.

Image de ce qui est terrestre et image de ce qui est céleste

9, 3 Donc, sans l'esprit de Dieu, la chair est morte, privée de vie, incapable d'hériter du royaume de Dieu ; le sang est étranger à la raison, pareil à une eau que l'on aurait répandue à terre. C'est pourquoi l'Apôtre dit : « Tel a été l'homme terrestre, tels sont aussi les hommes terrestres. »(1 Corinthiens 15, 48) Mais, là où est l'esprit du Père, là est l'homme vivant : le sang, animé par la raison, est gardé par Dieu en vue de la vengeance (Apocalypse 6, 10 &19, 2) ; la chair, possédée en héritage par l'esprit, oublie ce qu'elle est, pour acquérir la qualité de l'esprit et devenir conforme au Verbe de Dieu. C'est pourquoi l'Apôtre dit : « Tout comme nous avons porté l'image de ce qui est terrestre, portons aussi l'image de ce qui est céleste. »(1 Corinthiens 15, 49)  Quel est ce « terrestre » ? L'ouvrage modelé. Et quel est ce « céleste » ? L'esprit. De même donc, veut-il dire, que, privés de l'esprit céleste, nous avons vécu autrefois dans la vétusté de la chair (Ephésiens 2, 3), en désobéissant à Dieu, de même, maintenant que nous avons reçu l'esprit, « marchons dans une nouveauté de vie» (Romains 6, 4), en obéissant à Dieu. Ainsi donc, parce que nous ne pouvons être sauvés sans l'esprit de Dieu, l'Apôtre veut nous exhorter à conserver cet esprit de Dieu par la foi et par une vie chaste, de peur que, faute d'avoir part à ce divin esprit, nous ne perdions le royaume des cieux : voilà pourquoi il proclame que la chair à elle seule, avec le sang, ne peut hériter du royaume de Dieu.




6 commentaires:

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  2. Está claro que San Ireneo y Willermoz dicen cosas totalmente opuestas. Si el RER hubiese existido en tiempos de Ireneo, su doctrina estaría recogida como hereje.

    Y sobre la resurrección de los cuerpos gloriosos Willermoz es muy explícito al respecto:

    "Preguntamos a esos hombres carnales y materiales que no ven nada más que por los ojos de la materia, y aquellos que son lo bastante infelices como para negar la espiritualidad de su ser, y a los que también, unidos exclusivamente al sentido literal de las tradiciones religiosas, no quieren ver en la forma corporal del hombre primitivo antes de su caída más que un cuerpo de materia como el del que están actualmente revestidos, reconociendo solamente una materia más purificada. Es Jesús-Cristo mismo el que va a probarles la diferencia esencial de estas dos formas corporales y su destino, revistiéndose de una después de su resurrección, después de haber destruido la otra en la tumba".
    "Jesús-Cristo deposita en la tumba los elementos de la materia, y resucita en una forma gloriosa que ya no tiene más la apariencia de la materia, que incluso no conserva los Principios elementales, y que no es más que una envoltura inmaterial del ser esencial que quiere manifestar su acción espiritual y la hace visible a los hombres revestidos de materia".
    Tratado de las dos naturalezas, epígrafe 18.

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    1. J'ai répondu sur facebook que, contrairement à l'interprétation ci-dessus, Willermoz ne dit pas autre chose que les Pères de l'Eglise, à commencer par saint Irénée. Simplement il s'exprime avec ses termes qui ne sont pas ceux d'un théologien mais ceux d'un martinésien. Mais le fond est le même, j'en suis convaincu depuis longtemps.
      C'était aussi l'opinion de Robert Amadou. Combien je regrette qu'il ne soit plus des nôtres pour démontrer cela lumineusement.
      Je le ferai à ma façon, plus tard. Le travail est en cours.

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  3. Merci, esperamos impacientes tu trabajo.

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    1. Muchas gracias.
      Il me faut encore quelque temps. Ce devrait être prêt pour la Saint-Michel.

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  4. il va falloir aussi que j'apprenne l'espagnol :-)

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