Le Roi est mort, vive le Roi
Avec la Ve République, le général de Gaulle avait
la haute ambition de « régler une
question vieille de cent cinquante-neuf ans ». En clair, il voulait
remettre la tête du roi sur le corps de la république et personnifier à nouveau
l’Etat. Se voulant roi de France, il subit donc leur malédiction du rejet
populaire et de l’exil. Ses marches hautaines et silencieuses dans la lande irlandaise
furent son Sainte-Hélène à lui, ou l’équivalent du Prague de Charles X ou du
Londres de Louis-Philippe ou Napoléon III. De Gaulle ne s’y était pas trompé,
se replongeant alors dans la lecture des Mémoires
d’outre-tombe et du Mémorial de
Sainte-Hélène, les deux chefs-d’œuvre absolus de l’exil
post-révolutionnaire.
Un temps, la Ve République sembla rejouer en
accéléré tous les classiques monarchiques : Pompidou mourut sur son trône,
terrassé par une maladie gardée secrète, comme l’avait été la syphilis de
François Ier ou la petite vérole de Louis XV. Giscard quitta l’Elysée sous les
huées et les insultes comme un Charles X ou Louis-Philippe. Mitterrand, sentant
sa mort prochaine, exalta « les
forces de l’esprit » ; mais comme le note pertinemment Gueniffrey,
« Mitterrand s’était moins
attaché à prendre congé des Français que de lui-même, en ajoutant un
ultime chapitre au roman de sa vie et aux contradictions et paradoxes ont elle
était pétrie».
A la limite, il se rapprochait un peu de ce Louis
XV cher à Simone Bertière, trop occupé à se mettre personnellement en règle
avec Dieu, pour s’intéresser encore aux
affaires de l’Etat.
Depuis lors, la Ve République n’est plus cette
monarchie républicaine instaurée par le Général, car la souveraineté a
largement déserté le palais de l’Elysée.
Sarkozy et Hollande vont bien, merci pour eux. Mais ils n’ont jamais été et ne seront jamais rois de France.
Eric Zemmour
Le Figaro 30 janvier 2014
Sarkozy et Hollande vont bien, merci pour eux. Mais ils n’ont jamais été et ne seront jamais rois de France.
Eric Zemmour
Le Figaro 30 janvier 2014
Extraits d’une chronique sur Les derniers jours des rois, sous
la direction de Patrice Gueniffrey (Paris, Perrin, 2014)
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